"Dieu ou rien": réflexions du card. Müller (II)

Traduction de la deuxème partie de la présentation du cardinal Müller, à l'occasion de la publication en allemand du livre du cardinal Sarah

>>> "Dieu ou rien": réflexions du card. Müller (I)

 

Dieu ou rien.
Réflexions sur le livre du cardinal Robert Sarah

Par le cardinal Gerhard Müller
www.vatican.va
Traduction par Isabelle


Les parents du cardinal ont finalement vu leur fils Robert, prêtre et donc pasteur, devenir un professeur de théologie et, à 33 ans, archevêque de la capitale. Chaque jour, ils ont eu peur pour lui : souvent menacé de mort, devant les puissants de ce monde, il rendait courageusement témoignage à l’amour, à l’humilité et à la miséricorde de Jésus. Telle est l’identité chrétienne : la vraie liberté, le vrai bonheur de l’homme et sa béatitude éternelle découlent de la croix du Christ.

Pour les parents, son départ pour Rome fut source de douleur du fait de la séparation, mais aussi source de légitime fierté, parce que leur fils devenait un proche collaborateur du pape dans le gouvernement de l’Eglise universelle. Humainement parlant, on pourrait tenir l’itinéraire qui a conduit Robert Sarah d’un village oublié de la périphérie d’un empire colonial jusqu’au centre de l’Eglise universelle à Rome pour une variante africaine du rêve américain : « De plongeur à millionnaire ». Cette trajectoire suggère plutôt la comparaison avec le chemin qui a mené les simples pêcheurs du lac de Génésareth vers Jésus, qui en fit ses apôtres et les envoya dans le monde entier. Dans le rêve de devenir millionnaire, le matérialisme est la motivation suprême. Dans le capitalisme idéologique, l’argent n’est pas un moyen en vue d’un but, mais il est lui-même son propre but. L’argent devient Dieu et combien de victimes humaines n’a-t-on pas déjà sacrifié sur l’autel du capitalisme !

L’histoire du « fils de fermier africain qui devient cardinal de la sainte Eglise Romaine » nous met face à une conception spirituelle de l’homme. Le critère d’une vie réussie n’est pas l’abondance matérielle mais le trésor dans le ciel. « Que sert à l’homme de gagner le monde entier s’il se perd ou se ruine lui-même ? » (Luc 9, 25). Le chrétien a la liberté de se sacrifier pour d’autres et ainsi de devenir riche dans l’amour. Une mère qui continue d’offrir, au prix de sacrifices, beaucoup d’amour à son enfant malade ou mourant est plus riche qu’une autre, dont les enfants se vantent de leur gros compte en banque, mais ne veulent rien savoir de leur mère, vieille femme malade qui trouble leur vie de jouissance.

Quand il était étudiant en théologie, puis au cours de ses études supérieures en France, à Jérusalem et à Rome, Robert Sarah eut des professeurs excellents et d’une grande conviction spirituelle. Ils l’ont conduit à penser et juger par lui-même, grâce à l’équilibre de la formation intellectuelle, humaine et spirituelle. Le Ccrdinal Sarah devint ainsi l’un des plus éminents intellectuels du monde catholique. Au sein du Collège cardinalice, sa voix est écoutée. Son intelligence lucide et son jugement sûr en matière de foi sont d’une grande aide pour le Saint-Père.

Celui qui vient d’une Eglise persécutée n’appartient pas à cette race d’opportunistes, qui, à toutes les époques de l’histoire de l’Eglise, se sont poussés dans ce qu’ils considéraient comme le centre du pouvoir. Être cardinal de l’Eglise romaine, cela signifie être au service du pasteur universel de l’Eglise et non pas tirer orgueil de sa proximité avec lui. Cette manière d’agir, de parler et de se mettre soi-même en scène en se conformant aux lois de la société médiatique est condamnée par le pape François qui y voit une pensée mondaine. A Fribourg, Benoît XVI avait parlé de la nécessité de mettre un terme à la « mondanisation » de l’Eglise, sans que son appel fût entendu de ceux qu’il concernait. « La tentation mondaine est un fléau. Dans l’Eglise, on ne doit pas parler de promotion humaine mais simplement d’une imitation du Fils de Dieu dans son humilité et sa miséricorde », dit le cardinal Sarah (cf. chap. 2 du livre).

A travers le monde, l’Eglise est l’unique avocate des pauvres. Son but n’est pas l’adaptation de l’Afrique au style de vie mondain, nihiliste et cynique d’une Europe ou d’une Amérique du Nord, devenues étrangères à la foi. Toute l’aide sociale que prodigue l’Eglise n’a pas pour but de transformer les pauvres en millionnaires, pour qu’ils découvrent dans l’argent le but de l’existence et perdent ainsi, dans les cieux, le trésor qui n’est pas détruit, comme toutes les richesses de ce monde, par la rouille et les mites. Elle vise plutôt à procurer à tous une vie digne et à ne pas refuser aux pauvres la richesse de la grâce et de la miséricorde de Dieu. « La faim de pain doit disparaître ; la faim de Dieu doit rester vive », disait jadis Jean-Paul II dans les bidonvilles de Lima. Celui qui ne reconnaît pas la faim que les hommes ont de Dieu, les abandonne à leur plus terrible misère. Certaines associations caritatives catholiques ont aujourd’hui du mal à parler de Dieu. Elles veulent se limiter à des activités purement humanitaires pour échapper au reproche de prosélytisme. Et certains représentants et employés de ces associations sur le terrain ne participent pas à la vie religieuse, qu’ils considèrent comme un vestige de l’obscurantisme de leurs frères et sœurs africains et asiatiques. Dans Evangelii Gaudium, le pape François, quant à lui, a dit sa douleur devant une manière extrêmement perverse de discriminer les pauvres : celle-ci oppose, à leur faim spirituelle de Dieu, de la grâce et des sacrements, l’indifférence et le contentement de soi borné de gens éclairés ; et elle les réduit, dans un sens matérialiste, à des êtres à qui il faut seulement donner, pour les apaiser, de quoi boire et de quoi manger. Au tentateur démoniaque qui voulait que Jésus changeât des pierres en pain, le vrai Messie a répondu : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4, 4). L’« option préférentielle pour les pauvres » consiste dans le souci de leur ouverture à Dieu ; de là découle aussi l’option générale pour la participation matérielle et culturelle à la vie de la communauté. L’objection banale et irréfléchie selon laquelle l’espérance en Dieu paralyserait l’engagement sur la terre se réfute par l’exemple des saints, connus et inconnus, qui ont illustré par leur vie l’unité de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain, de l’orientation sur Dieu et de la responsabilité à l’égard du monde. Le cardinal cite Damien De Veuster, qui a sacrifié sa vie pour les lépreux sur une île du Pacifique et Mère Teresa, qui était présente auprès des pauvres de Calcutta. En définitive, le bilan des idéologues qui ont voulu instaurer un royaume de bien-être purement terrestre en s’opposant à la foi en Dieu ne s’avère pas seulement décevant mais terrible, rien qu’à considérer le seul XXème siècle. Qui s’étonne de l’indifférence des politiciens et des faiseurs d’opinion occidentaux à l’égard des actes effroyables de violence contre les chrétiens d’Afrique et du Proche-Orient, si le but est la déchristianisation de l’Europe et du monde entier ? Selon la représentation qu’en ont les ennemis de l’Eglise, les droits de l’homme ne sont-ils pas divisibles ?

Avec le cardinal Sarah se fait entendre la voix, compétente et convaincante, des jeunes églises catholiques d’Afrique, églises dynamiques et en plein essor.
Vers 1900, il y avait en Afrique deux millions de catholiques, un siècle plus tard ils sont près de deux cents millions. Vers 1900, 97 % des allemands se disaient de confession chrétienne ; en 2015, ils sont environ 60 %. L’Afrique est définitivement sortie du statut de redevable. Porter les fruits abondants de la véritable mission, celle qui part du Dieu trinitaire et veut introduire tous les hommes dans la communion d’amour avec lui, est devenu une responsabilité partagée, qui unit tous les chrétiens du monde sur tous les continents et laisse apparaître l’Eglise dans sa véritable catholicité. L’Eglise est missionnaire dans son essence, sous peine de faillir à sa tâche, comme le pape François ne se lasse pas de le répéter.

L’enjeu n’est pas de dépasser le sentiment de supériorité culturelle des Européens (depuis les Lumières et la foi libérale dans le progrès), en se contentant du constat paternaliste qu’Africains et Asiatiques ont comblé leur retard. Au contraire, la foi chrétienne, qui affirme que Dieu a créé l’homme à son image et à sa ressemblance, est par principe incompatible avec la prétention d’une partie de l’humanité d’être supérieure à une autre, sur les plans politique et culturel, et d’exercer le leadership dans le monde, la communauté internationale ou même l’Eglise universelle. Pour se faire entendre comme théologien et comme cardinal dans l’Eglise universelle, Robert Sarah n’avait pas besoin de couper ses racines africaines ni de trahir son amour pour ses parents et sa patrie ou de cacher son identité de fils de l’Afrique noire. Il comprend la culture africaine antérieure à sa rencontre avec la mission chrétienne comme un chemin guidé par Dieu vers l’Evangile du Royaume de Dieu. L’idée d’une prétendue équivalence des religions avec la révélation de Dieu dans le Christ se révèle un pur produit du relativisme occidental, qui conteste la possibilité d’une révélation surnaturelle. En réalité, les religions, avec toutes leurs déficiences dues au péché originel, sont le témoignage de la révélation naturelle du même Dieu qui, dans le Christ, réalise lui-même dans l’Histoire son plan de salut et qui, pour accomplir sa volonté universelle de salut dans son fils unique, c’est-à-dire Dieu lui-même, n’a pas besoin d’une théorie pluraliste des religions (à la Jacques Dupuis, ou John Hick). Le même Dieu qui n’a pas manqué de se manifester dans l’œuvre de sa création et dans la conscience morale de tous les hommes, s’est révélé comme salut de tous les hommes dans l’incarnation du Verbe ainsi que dans la Croix et la Résurrection du Christ ; c’est lui qui mènera le monde à sa perfection dans le Christ (Rom. 1, 18 s.; Actes 17, 22-34). C’est pourquoi le cardinal Sarah parle aussi de la foi à l’unique Dieu Très-Haut dans la culture africaine, là-même où elle est recouverte par le polythéisme de la vie quotidienne. Jusqu’à travers le culte des ancêtres, se manifeste la reconnaissance de l’unité du genre humain et de sa solidarité dans le salut. Cela peut constituer un point départ non négligeable pour la reconnaissance surnaturelle de l’Eglise qui unit les générations ; et cela peut aussi relier à une expérience anthropologique fondamentale la pensée de la communion des saints.

A l’intérêt exotique des spécialistes européens des religions pour des phénomènes comme les rites d’initiation, alors qu’eux-mêmes sont devenus étrangers à leur propre foi, le cardinal oppose une fin de non recevoir. Il le sait lui-même d’expérience : ces rites, avec leurs épreuves physiques, ne contribuent pas à transformer réellement l’homme en une personne libre et responsable, car ils sont basés sur le mensonge, la violence et la peur. Il n’offrent ainsi aucune base véritable pour répondre aux questions existentielles et ne conduisent pas à assumer des responsabilités dans le monde et la société. Ce que l’on appelle à tort circoncision des jeunes filles n’est rien d’autre qu’une sévère mutilation et, par conséquent, un empiètement sur les droits naturels de l’homme ; elle n’a rien de commun avec la circoncision rituelle des garçons dans l’ancienne alliance et dans le judaïsme. En appeler à une tradition religieuse ou même à la liberté religieuse n’a pas de sens : on n’a pas affaire ici à un acte religieux au sens d’un culte rendu à Dieu, mais à une éclatante violation de la loi morale naturelle, dans laquelle la volonté divine de sauver les hommes se manifeste déjà fondamentalement, précisément aussi dans la mesure où elle est orientée vers la révélation de Dieu dans le Christ et vers la communication de l’Esprit-Saint.

Le cardinal Sarah a vécu lui-même, avec une grande vigilance intellectuelle et beaucoup d’empathie spirituelle, toute la situation de crise qui a affecté l’Eglise après le concile. Il sait que la responsabilité n’en incombe pas à l’authentique enseignement de Vatican II, mais à l’instrumentalisation idéologique et politique d’un soi-disant « esprit du Concile », qui était toutefois un esprit d’idéologies progressistes. Dans le schéma moderniste d’évolution, la révélation et le dogme de l’Eglise ne sont que des étapes provisoires, historiquement conditionnées, au terme desquelles se trouve l’auto-divinisation de l’homme. La révélation dans le Christ et l’histoire des siècles passés n’auraient été ainsi qu’un prélude à une compréhension de Dieu, du monde et de l’Eglise, où l’homme lui-même serait à la fois sujet et objet de la révélation. Tel est l’arrière-plan authentique de la thèse qui voit dans la « réalité de la vie » la véritable source de la révélation ; l’Ecriture et la tradition sont alors réduites à des étapes historiques qu’abolirait le point de vue supérieur de l’esprit absolu advenant à soi dans l’homme. Le depositum fidei (1 Tim 6, 20), l’intégralité de la vérité de la révélation, auquel toute l’Eglise et, en particulier, le magistère du pape et des évêques doit rester fidèle, est remplacé par l’opinion majoritaire issue des medias, où s’exprimerait un soi-disant sensus fidei du peuple de Dieu. En réalité, dans le sensus fidei du peuple de Dieu ne se produit aucune révélation nouvelle ; mais c’est en lui que se garde pleinement la révélation du salut divin en Jésus-Christ, accompli « une fois pour toutes » (Hebr. 10, 10) et qui s’applique à l’humanité d’aujourd’hui et de demain. La question n’est donc pas d’adapter la révélation au monde mais de gagner le monde à Dieu.

Au lieu d’étudier l’Ecriture et la Tradition, les étudiants en théologie et les instituts de recherche avec leurs sondages d’opinion sur la morale sexuelle ne font que gaspiller leur temps et l’argent qui provient du denier du culte. Leur seule détermination est de remettre le magistère « sur la bonne voie », comme si la vie de l’Eglise devait obéir aux lois qui régissent les assemblées politiques. Sans doute, les protagonistes ne sont ils pas eux-mêmes conscients de la portée réelle de pareille théorie et rendent-ils leur position inoffensive, pour endormir les esprits naïfs, en parlant d’une problématique purement pastorale.

Au Concile, la foi catholique aurait pu se métamorphoser à nouveau en cette gnose qu’elle avait surmontée victorieusement aux IIme et IIIme siècles. De même, le christianisme historique aurait pu se transformer en une variante de l’idéalisme d’inspiration hégélienne. Depuis cette époque, il y a, à l’intérieur de l’Eglise et pourtant aussi contre elle, deux orientations idéologiques exclusives l’une de l’autre mais qui, malgré leur antagonisme, agissent de concert contre les principes fondamentaux de la foi catholique. Ce sont les deux orientations de l’intégrisme et du modernisme, qui se vendent aussi sous d’autres étiquettes. Par facilité, on les confond avec les catégories politiques de « conservateur » et « libéral », sans remarquer que la politique concerne le pouvoir mondain et ce qui est faisable (machbar) par l’homme, alors que l’Eglise se préoccupe de la vérité révélée par Dieu sur l’homme et de son salut éternel en Dieu. Selon le cardinal Sarah, l’Eglise se détruirait elle-même, si elle se livrait au jeu politico-médiatique du pouvoir. Au lieu de lui demander la vérité qui vient de la révélation définitive dans le Christ, les idéologies veulent faire de l’Eglise un adversaire ou, au contraire, un allié du naturalisme, dans ses variantes libérales, nationalistes ou communistes.

Dans la ligne du magistère des derniers papes, en particulier de Jean-Paul II et de Benoît XVI, et aussi dans l’esprit du pape François, il faut rassembler l’Eglise dans la foi catholique et surmonter la scission politico-idéologique en son sein. Une nouvelle évangélisation est nécessaire, par-delà la pure« sacramentalisation » (administration des sacrements, sans foi personnelle), dans la mesure où, en Europe, on se contente souvent de maintenir les statistiques de pratique religieuse. Un dialogue global entre foi et raison est pour cela décisif. Dans ce contexte, je souhaiterais recommander l’ouvrage du philosophe berlinois Volker Gerhardt, Der Sinn des Sinns. Versuch über das Göttliche (3me éd., Berlin 2015) : dans la tradition de la philosophie transcendantale, l’auteur y élabore le projet d’une théologie naturelle ou rationnelle en vue de ce dialogue.

L’expérience de la présence aimante de Dieu pour nous et dès lors aussi la dignité de l’homme en tant que « personne face à Dieu » amènent le cardinal Sarah à entrer en débat avec une « culture » pour laquelle la mort est une pierre d’angle et ne représente que le revers sordide de son nihilisme athée. La déchristianisation est poussée jusque dans les racines anthropologiques. Si l’homme, dans son être physique, spirituel et intellectuel, n’est que le produit d’une construction idéologique et ne doit son existence qu’à l’arbitraire d’intérêts sociaux et de groupes de pression idéologiques et non pas à la bonté du Créateur, toute morale perd son fondement. La loi morale fondamentale, propre à une nature intellectuelle et morale, inscrite par Dieu dans la conscience de chaque homme, même s’il ne connaît pas les dix commandements à la lettre, dit : « Il faut faire le bien et éviter le mal » (Rom. 2, 14 s.)

Le programme d’éradication de la morale et de diffusion généralisée de l’athéisme a transformé la loi morale fondamentale en son contraire. Tuer un enfant dans le sein maternel devient alors un droit de la femme ; éliminer un grand malade ou un mourant devient un acte de compassion ; les milliards dépensés à la promotion de l’avortement et de la contraception sont déclarés relever de la lutte contre la misère, afin que les ressources naturelles restent réservées aux riches et ne soient pas consommées par une foule de pauvres ; l’auto-destruction par les drogues est un acte de libre disposition de soi ; le trafic de femmes des pays pauvres n’est que mollement combattu, quand on ne le minimise pas en en rendant responsables les femmes elles-mêmes. Le crime à l’échelle mondiale que représente la prostitution forcée ou la contrainte de femmes pauvres à des relations sexuelles avec de riches débauchés est même rendu convenable par la revendication de légaliser la prostitution. L’industrie du sexe et de la pornographie, qui rapporte des milliards, n’est rien d’autre qu’une exploitation d’hommes que l’on prive de leur dignité de personne. Elle se range honteusement parmi les plus grands crimes de l’humanité.

A l’idéologie du gender, l’auteur reproche son manque de cohérence argumentative ; cette idéologie est le produit du féminisme radical et de la soi-disant révolution sexuelle des années 68, qui ne visent pas à la participation équitable de tous les hommes et femmes à la vie intellectuelle et culturelle, mais à la destruction de l’identité corporelle et intellectuelle de l’être humain en tant qu’homme et femme.

En ce qui concerne l’homosexualité qui reçoit une importance absolument hors de proportion au regard des questions qui mettent en jeu le destin de l’humanité, l’Eglise est la seule à défendre la dignité de chaque être humain. L’Eglise refuse de jouer avec les êtres humains concernés et les protège contre les idéologues qui voudraient se servir d’eux, pour prouver que l’homme n’est pas créé par Dieu, mais qu’il ne représente qu’un produit socialement déterminé par lui-même et par autrui, manipulable à volonté. La dignité humaine et les droits civiques de ces personnes ne sont même pas en question. Mais si l’on met sur un pied d’égalité, d’un point de vue légal et au regard de la considération sociale, le mariage d’un homme et d’une femme et d’autre part une relation homosexuelle, le mariage, dans son essence, comme communauté de corps, de vie et d’amour entre un homme et une femme, est détruit. L’avenir biologique, spirituel et culturel de l’humanité est gravement compromis. Voilà la vérité qui se dévoile derrière un brouillard de propagande et d’agitation. Le mobile de l’idéologie du gender et du féminisme radical n’est pas la reconnaissance de la dignité personnelle d’un prochain qui éprouve des tendances homosexuelles ; cette idéologie vise à la destruction du mariage entre l’homme et la femme et, par là, à la destruction de la famille qui naît naturellement de l’alliance de vie entre l’homme et la femme, comme père et mère de leurs enfants communs.

Que les organisations internationales et les Etats adeptes du gender lient l’aide au développement en Afrique à l’adoption de cette idéologie destructive n’est qu’une forme subtile de néo-colonialisme. « Ils n’ont qu’à mourir de faim, s’ils ne se soumettent pas à notre lavage de cerveau » : tel est le chantage non déguisé. Le démon de la présomption européo-anglo-saxonne se lève à nouveau lorsque des étudiants de pays pauvres se voient donner des cours de « gender mainstreaming » et de « mise au pas » (Gleichschaltung), évidemment financés avec l’argent public occidental, pour que, rentrés au pays, ils amènent les anciens à s’aligner, eux qui sont encore prisonniers de leur pensée prérationnelle et de leurs tabous, ignorant les sagesses de l’idéologie du gender.

à suivre...