La lutte est une forme de témoignage

Glané sur la Bussola: attention à ne pas céder à l'angélisme, quand deux périls mortels nous menacent: l'islam(isme) et le 'gender' (25/7/2015)

 
Les hommes semblent s'être mis en tête l'idée étrange que dans toutes les circonstances imaginables, ils pourraient conserver tous leurs biens, exclusivement et uniquement en refusant de les défendre. Il semble même qu'ils seraient en mesure de mettre un terme ... au règne de la violence et de l'orgueil simplement en ne faisant rien. Mais ce serait bon pour tout le monde si tous abandonnaient cette illusion.
(Gilbert Keith Chesterton)

Le «buonisme» de certains catholiques et les deux périls mortels

www.lanuovabq.it
Giuseppe Zola
23 juillet 2015
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Je suis en train de lire "Les heureux et les damnés" , dans lequel Scott Fitzgerald prophétisait, en 1922, l'avènement des temps tragiques du non-sens et, parallèlement, quelques essais de l'immense Chesterton, qui avait prédit, avec 80-90 ans d'avance, où nous conduirait la pensée de l'homme moderne après qu'il ait congédié Dieu de son propre contexte existentiel. Mais alors que le premier ne voyait pas d'issue, GKC était si incisif et si impitoyable dans l'analyse des erreurs de la mentalité d'aujourd'hui qu'il laissait le lecteur rempli de certitudes, parce que le dessein de Dieu est plus grand que nos idéologies diaboliques.

Dans l'un des articles de Chesterton, écrit en 1936, quelques mois avant sa mort, on peut lire un jugement (à propos du pacifisme, mais il s'applique à tout) qui semble totalement applicable à notre époque: «Il y a une hypothèse absurde, qui aujourd'hui se consolide dans les esprits de beaucoup, et qui n'a rien à voir avec le concept philosophique de pacifisme .... C'est l'idée que l'absence de lutte, en soi, empêcherait les autres de combattre ou de s'emparer sans coup férir, de ce dont ils auraient envie».
Et, plus loin, GKC réaffirme: «les hommes semblent s'être mis en tête l'idée étrange que dans toutes les circonstances imaginables, ils pourraient conserver tous leurs biens, exclusivement et uniquement en refusant de les défendre. Il semble même qu'ils seraient en mesure de mettre un terme ... au règne de la violence et de l'orgueil simplement en ne faisant rien. Mais ce serait bon pour tout le monde si tous abandonnaient cette illusion».
Je pense que les paroles que je viens de citer peuvent refléter ce qui se passe dans le monde occidental et dans une grande partie du monde catholique. Je vais donner quelques exemples.

C'est une nouvelle qui date d'hier: dans une petite ville non loin de Madrid, le maire socialiste a fait abattre un innocent chemin de croix reliant la périphérie du village à un petit sanctuaire. La raison donnée par la mairesse était la suivante: «le chemin de croix est un manque de respect envers les résidents qui ne professent aucune religion ou professent la religion islamique». Cette motivation incroyable arrive au moment où les islamistes de l'Isis progressent dans leur invasion en perpétrant des massacres de toutes sortes, au moment où "Charlie Hebdo" lui-même annonce qu'il ne publiera plus de caricatures de Mahomet, au moment où des terroristes islamistes enlèvent 3 journalistes espagnols (je me demande si la mairesse s'est sentie offensée) et où les islamistes enlèvent quatre travailleurs italiens. Autrement dit, alors que l'Occident est sous l'attaque de l'Isis, qui est maintenant à quelques centaines de kilomètres de l'Italie et de l'Espagne, une mairesse (socialiste) d'un petit village espagnol a des scrupules car elle a peur d'offenser ces très sensibles islamistes avec les stations inoffensives d'un chemin de croix. La bêtise dénoncée par Chesterton s'est concrétisée.

Dans le monde catholique cette mentalité naïve est enveloppé d'une sorte de «buonisme», qui n'a rien à voir avec ce qui est prêché dans l'Evangile, qui nous ordonne d'être candides comme des colombes, mais aussi rusés comme des serpents (Matthieu, 10, 16). Ce buonisme en arrive même à dire qu'il faut seulement le témoignage et non pas la lutte, comme si la lutte au nom de Christ n'était pas une forme de témoignage, et comme si le témoignage n'exigeait pas, presque toujours, une lutte, au moins avec soi-même. Le peuple chrétien a besoin d'être exhorté et consolé, mais il a aussi besoin d'être défendu quand il le faut, comme l'ont fait tant de grands Papes et tant de Saints. J'ai pensé que, sans le sang versé par tous nos frères à Lépante et à Vienne, depuis des siècles, nous ne pourrions plus témoigner librement du fait du Christ. Il est vrai que, même dans le goulag, des saints chrétiens ont témoigné du Christ, mais il serait stupide de ne pas éviter le goulag aussi longtemps que c'est possible. Et j'ai pensé aussi que si l'Occident n'arrête pas l'Isis, c'est probablement parce que quelqu'un veut qu'il en soit ainsi, pour que personne ne se soucie plus des chrétiens. D'autant moins certains maires espagnols - et italiens... (ndt: et d'ailleurs)

La vérité est que nous sommes entourés par deux périls mortels, devant lesquels nous ne pouvons pas «ne rien faire» et, surtout, nous nous devons «nous défendre» par la responsabilité que nous avons envers nous-mêmes et envers nos enfants et nos petits-enfants. A l'Ouest, il y a le danger du «gender», qui bouleverse l'anthropologie telle qu'elle est voulue par le fait de l'existence, et qui risque de ruiner des générations entières. A l'Est avance le péril de l'Islam (nous devons avoir le courage de lui donner ce nom), qui menace de nous anéantir à la fois culturellement et physiquement.
Qu'attendons-nous pour écouter les sages paroles de Chesterton?