La miséricorde sans la crainte de Dieu

Ettore Gotti-Tedeschi s'adresse respectueusement au Pape, à travers le blog de Sandro Magister.

 

Sandro Magister a publié hier sur son blog multilingue <www.chiesa> un article intitulé LES INDULGENCES ET LE PURGATOIRE? FRANÇOIS LES A REMISÉS AU GRENIER, qui commence en ces termes:

C’étaient des éléments constitutifs de tous les jubilés. Mais pas de celui-ci. Le pape n’en parle plus, comme s’ils faisaient de l’ombre à la primauté absolue de la miséricorde

Simultanément, on peut lire sur son blog en italien <Settimo cielo> deux réactions "à chaud" à cet article.
Parmi elles, celle d'Ettore Gotti-Tedeschi, qui formule respectueusement sa perplexité.

Trop de miséricorde.
Une supplique au Pape de Gotti Tedeschi

19 décembre
Settimo Cielo
Ma traduction


LA MISÉRICORDE SANS LA «CRAINTE DE DIEU»

* * *

Sainteté,

Aujourd'hui, après avoir entendu et lu de nombreux commentaires sur l'ouverture de l'Année Sainte «de la miséricorde», j'ai lu ce passage de l'Evangile de Jean:

«Et tout comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut aussi que le Fils de l'homme soit élevé
afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle.
En effet, Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle.
Dieu, en effet, n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.
Celui qui croit en lui n'est pas jugé, mais celui qui ne croit pas est déjà jugé parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Et voici quel est ce jugement: la lumière est venue dans le monde et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière parce que leur manière d'agir était mauvaise.
En effet, toute personne qui fait le mal déteste la lumière, et elle ne vient pas à la lumière pour éviter que ses actes soient dévoilés.
Mais celui qui agit conformément à la vérité vient à la lumière afin qu'il soit évident que ce qu'il a fait, il l'a fait en Dieu.»
(Jean 3:14-21)


Et je réfléchissais. Il est vrai que la miséricorde de Dieu est infinie en soi. Mais dans quelle mesure sommes-nous certains qu'elle l'est aussi dans ses effets? Dieu peut pardonner, toujours, une infinité de fois, mais sommes-nous certains qu'il nous pardonnera une infinité de fois?

Je pensais: Dieu, tout en étant depuis toujours infiniment miséricordieux, a permis la damnation de l'ange rebelle et de ses troupes, et il l'a fait au premier péché commis par eux.

Et j'ai continué à réfléchir: il est vrai que Dieu est miséricordieux, mais est-il vrai qu'il est juste, ou non? La fameuse «crainte de Dieu» ne servait-elle pas à nous faire abandonner l'illusion que nous pouvons abuser de sa miséricorde, en continuant à l'offenser?

Pourquoi ne pas expliquer aussi cela?
Je rappelle de mémoire quelques phrases célèbres.

Saint-Basile a écrit que se référer à Dieu miséricordieux, et non pas également juste, signifie le considérer comme complice de nos iniquités.

Saint Augustin a dit que le seul espoir de la miséricorde a trompé et a perdu beaucoup d'âmes.

Saint Alphonse de Liguori a dit que la certitude de la miséricorde de Dieu envoie plus d'âmes en enfer que Sa justice, parce que se fier imprudemment à sa miséricorde, sans se repentir et lutter contre le péché, entraîne la perdition.

«Deus non irridetur» (on ne se moque pas de Dieu).
Alors pourquoi ne pas enseigner que la miséricorde de Dieu consiste accueillir le pécheur repenti? Est-ce implicite, Sainteté?

Avec dévouement, votre

Ettore Gotti Tedeschi