Le Christ et le centurion

La censure imposée par le diocèse de Vittorio Veneto au chant des chasseurs alpins italiens suggèrent cette réflexion à Carlota

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Censure ecclésiastique en Italie

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Ci-dessous: Cette image insolite, plus éloquente que tous les discours, intitulée "Ce Noël-là", est l'oeuvre du général des Alpins Roberto Rossini

Le Christ n’a pas demandé au centurion de déposer son glaive !

(Carlota)

« Rend nos armes fortes contre quiconque menace notre patrie, notre drapeau, notre civilisation chrétienne millénaire »

Cette prière des chasseurs [trans]alpins est intemporelle, et même si elle a été composée à une époque où des soldats catholiques italiens affrontaient des soldats catholiques autrichiens et que cette Première Guerre Mondiale, bien orchestrée par les ennemis de l’Église et notamment les francs-maçons, allait détruire plus que durablement l’équilibre en Europe en dépeçant en particulier l’empire catholique austro-hongrois…

Comme parfaits « idiots utiles » (il y en a partout et à tous les niveaux !), certains utilisent le « tendre l’autre joue » et le « mourir par l’épée» des Évangiles à mauvais escient et c’est lamentable, comme il serait tout aussi lamentable de confondre César avec Dieu.

Nous devrions pourtant nous rappeler cet officier subalterne qui demandait au Christ de guérir son esclave et qui a cru sans avoir vu. Et bien, le Seigneur ne lui a pas dit, à ce centurion qui représentait pourtant le bras armé de la puissance occupante romaine: « abandonne ton glaive et suis-moi » :
« Et Jésus, ayant entendu ces choses, s’étonna admiratif; et se tournant vers la foule qui le suivait, il dit: Je vous dis que je n'ai pas trouvé, même en Israël, une si grande foi » (Luc 7, 9 ou Mt 8,10).

Ne mélangeons pas tout ! Jeanne, notre Jeanne, a su, elle, très bien faire la différence.

Ne mélangeons pas tout, certes les militaires ne sont pas les milices célestes d’un saint Gabriel, mais ils sont des êtres de chair et de sang et ont aussi le droit d’être clairement soutenus, pour accomplir leur devoir, en le demandant avec des mots qui correspondent à leur raison d’être.

Ne mélangeons pas tout comme certains évêques français qui le 15 août dernier n’ont pas cru devoir faire sonner les cloches dans leur diocèse pour les chrétiens d’Orient qui eux ne peuvent plus faire sonner les leurs.

Mais que ces « prudents » aillent jusqu’au bout de leur raisonnement et qu’ils composent une prière à faire dire aux soldats catholiques transalpins ou d’ailleurs : « Ô, Seigneur, rend nos armes faibles, contre quiconque menace notre patrie, notre drapeau, notre civilisation chrétienne millénaire » ! Et qu’ils demandent le désarmement de toutes les anciennes nations chrétiennes et qu’ils aillent accompagner nos frères chrétiens d’Orient désarmés avant de nous accompagner quand ce sera un jour notre tour…

Faudrait-il pour être bons catholiques que les soldats cherchent à mourir pour mourir au lieu de mourir les armes à la main, mais en protégeant les plus faibles de leur patrie charnelle qu’ils devraient être chargés de protéger, sinon pourquoi une armée ? Et l’on voit que l’on en arrive encore une fois dans notre pauvre siècle lobotomisé à une inversion des choses !

Faudrait-il encore, pour être de bons catholiques, glorifier les utopistes (même animés de bons intentions, comme l’enfer en est pavé), quels qu’ils soient, agissant ou suiveurs, et qui livrent sciemment ou par renoncements successifs, les agneaux aux bouchers !

Et pourtant, il faut aussi prier pour eux ! Mais c’est d’abord au centurion et à ses successeurs, que je penserai en premier lieu et que je sois pardonnée pour l’avoir dit!

Je terminerai par un poème (ma traduction non officielle, faute de mieux) de Calderón de la Barca (1600-1681) qui en plus d’être le grand dramaturge de l’honneur et de la parole donnée du Siècle d’Or espagnol, fut aussi prêtre, après d’avoir été soldat.
Poème extrait de la pièce « Le siège de Breda » (www.cervantesvirtual.com).
Il fait écho aux paroles du Centurion qui étonnèrent tant notre Seigneur…

 
Cette armée que tu vois, marchant dans le gel et dans la chaleur
C'est la meilleure république et la plus politique du monde,
Celle où personne n'attend d'être préféré par la noblesse dont il hérite,
Sinon par celle qu'il acquiert, parce qu'ici le sang dépasse le lieu de naissance
Et sans regarder comment l'on nait, l'on regarde comme l'on procède.

Ici être dans le besoin n'est pas une infamie ;
Et si un soldat est homme d'honneur, pauvre et dénudé,
Il est de meilleure qualité que le plus galant et le plus brillant
Parce qu'ici ce qui me préoccupe,
Ce n'est pas le vêtir qui orne la poitrine,
C'est que la poitrine orne le vêtir.

Et ainsi de modestie remplis, les plus vieux tu verras
Essayant d'être le plus en ayant les apparences du moins

Ici le plus grand exploit c'est d'obéir,
Et le moyen pour le faire c'est ni de demander ni de refuser.

Ici, enfin, la courtoisie, le bien traité, la vérité,
La fermeté, la loyauté, l'honneur, la générosité,
L'autorité, la parole donnée, la constance, la patience,
L'humilité et l'obéissance, la réputation, l'honneur et la vie
Sont le capital des pauvres soldats ;
Que dans les bonnes ou les mauvaises fortunes
L'armée n'est rien de moins qu'une religion d'hommes d'honneur.