Le mal est dans le coeur humain

Antonio Socci commente l'homélie du pape du 19 novembre à Sainte Marthe, et juge sévèrement sa volonté de tout ramener à des problèmes économiques et son refus de parler du péché originel

 

On trouvera une synthèse en français de l'homélie matinale de Sainte Marthe du 20 novembre ici: www.zenit.org/fr/articles/aujourd-hui-jesus-pleure-homelie
Le titre est évidemmment un jeu de mot autour du "Grand canal" vénitien.

Le grand banal
(à propos du discours d'aujourd'hui du Pape sur la guerre)

www.antoniosocci.com
19 novembre 2015
Ma traduction


On attendait un mot du pape Bergoglio, qui aille au-delà du babillage de l'interview à Tv2000 sur le massacre de Paris et aujourd'hui, il y bien eu un discours.
Mais encore une fois nous nous retrouvons déçus par la superficialité et l'ambiguïté de ce qu'il dit, qui ne communique pas un regard vraiment catholique sur le monde.
Et ainsi, en ces moments dramatiques que nous vivons, il manque la seule lumière qui pourrait éclairer l'horizon de tous: la voix profonde et vraie de l'Eglise.
Dans le discours d'aujourd'hui, le seul concept qu'il a exprimé est celui-ci: maudits soient ceux qui font la guerre, la faute incombe à ceux qui vendent des armes.
Si cela était vrai, il suffirait de fermer les industries d'armement et le monde deviendrait un paradis sur terre. Comme si le premier homicide de l'histoire n'avait pas été consommé par Caïn, bien avant que soient construites les usines d'armement. Comme si le problème était la ferraille, plutôt que le cœur humain qui utilise cette ferraille, de même qu'il utilise le bâton, la machette et même les mains pour faire le mal.
Mais comment peut-on expliquer la guerre toujours et seulement avec la vieille antienne marxisante des intérêts économiques, comme si c'étaient l'économie et le commerce des armes qui expliquaient tout et étaient le secret de l'histoire humaine?
Et surtout, nous sortons d'un siècle de génocide où les massacres et les guerres étaient les plus antiéconomiquess que l'on puisse concervoir. Et nous avons vu des génocides comme au Rwanda, où on s'est battus à la machette, donc sans ventes de fusils ou de canons.

LE MAL EST DANS LE CŒUR HUMAIN!
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Aujourd'hui, nous voyons dans le monde, les chrétiens persécutés et massacrés par le mal qui empoisonne le cœur des persécuteurs essentiellement à travers les Etats et leurs lois iniques, et non pas directement par les armes qui certes ne tirent pas toutes seules, mais doivent avoir derrière elles des coeurs homicides. Et beaucoup d'innocents sont soumis à des cruautés insupportables sans aucu motif économique, sinon une volonté mauvaise de domination.
Bergoglio a-t-il jamais entendu parler du péché originel et de la présence de Satan dans le monde? Ne sait-il pas que le poison est là?
Les terroristes islamiques, par exemple, sont des kamikazes, donc ils ne poursuivent aucune commodité terrestre, leur fureur fanatique n'a aucun intérêt économique, c'est du fanatisme idéologique et religieux pur. Pourquoi Bergoglio ne parle-t-il pas de ce fanatisme?
Ses paroles n'expliquent nullement pourquoi - par exemple - à l'heure actuelle, la place Saint-Pierre, le Vatican et d'autres lieux catholiques sont des cibles possibles de la violence et des attaques. Le Saint-Siège n'est en guerre avec personne, pourquoi alors est-il menacé de graves attentats? C'est cette réalité dramatique qui montre l'inconsistence des discours comme celui que Bergoglio a fait aujourd'hui.
Pourquoi ne parle-t-il pas du rapport irésolu de l'islam avec la raison et la violence, comme l'a fait Benoît XVI à Ratisbonne? Et pourquoi ne rappelle-t-il pas l'Occident à ses racines chrétiennes? Pourquoi ne dénonce-t-il pas les désastres causés par la haine idéologique de ces racines?
Pourquoi Bergoglio ne voit-il pas que tout le XXe siècle a été ravagée par des idéologies anti-chrétiennes qui ont coûté des millions et des millions de morts?
Et quelle logique a son discours?

Un lecteur m'a écrit à propos des mots de Bergoglio aujourd'hui:
«Voyons si j'ai bien compris: il faut arrêter l'agresseur injuste, mais sans bombarder. Encore moins en faisant la guerre, parce que ceux qui font la guerre sont maudits. Bien sûr, il peut y avoir beaucoup de justifications pour faire la guerre, mais pour cette troisième guerre mondiale, il n'y a aucune justification. Jésus pleure, demandons nous aussi la grâce de pleurer. Sous la substance, il manque une lecture cohérente de la réalité (tant pis pour le principe de non-contradiction); il manque donc une position, une réponse. La réponse serait les larmes. Lesquelles, sans une lecture cohérente de la réalité, se traduisent par une expression purement déclamatoire et émotionnelle. C'est indéfendable».

C'est du péché et de la nécessité de la conversion au Christ que le Pape devrait parler. Et non pas faire ces considérations banales de talk show télévisuel.
C'est le Salut apporté par le Christ que nous avons besoin d'entendre annoncer! La vraie tragédie, c'est de ne pas avoir le Christ et donc de ne pas connaître le sens et la valeur de la vie!
La plus grande tragédie, qui fait saigner le cœur le Jésus-Christ, c'est la perdition éternelle des hommes!
Est-il possible qu'un pape ne parvienne pas à dire cela?

Voici une page éclairante de Bruce Marshall, un grand écrivain catholique, montrant ce qu'est l'optique vraie de l'Église:
«L'église des mormons, est très ancienne et très sage, et elle a prêché l'Evangile dans la glace et dans le feu, dans le chaud et dans la neige. Elle n'est pas surprise de voir le péché et le désordre du monde: elle est surprise d'y voir la vertu. Et elle sait, parce quelle regarde la réalité dans le miroir de Dieu, qu'il y a quelque chose de pire qu'un million de jeunes morts sur le champ de bataille, et c'est la mort d'un seul vieillard dans un état d'impénitence finale».