L'effet Bergoglio au Sénat américain

Le lendemain du discours où il a été acclamé, le Sénat a enterré un projet de loi visant à interdire les avortements après 20 semaines

 

Il serait évidemment injuste d'en attribuer la faute à François. Mais ses propos généraux en s'adressant au Congrés (qui l'a acclamé) le 24 septembre dernier n'étaient peut-être pas à la hauteur des enjeux dramatiques des débats en cours sur les thèmes de la morale et de la vie. Et son admonestation aux évêques, accusés par lui d'avoir des mots trop durs, peuvent laisser un goût amer aux défenseurs de la vie. Le Pape a perdu une occasion de faire directement une déclaration forte, qui aurait peut-être pu influencer les sénateurs, et changer le cours des choses.

Bref, le pape a parlé, il a été acclamé (et les médias ont adoré) mais force est de constater qu'il n'a pas vraiment été entendu. Une Eglise qui s'adapte au monde est une Eglise qui ne compte plus dans le débat public.

Voici ce qu'en dit Marco Tosatti sur son blog personnel.

Le Pape, le Sénat américain, l'avortement ...


Marco Tosatti
San Pietro e dintorni
26/09/2015
(ma traduction)

* * *

Ils ont encensé le pape lors d'une session commune, au Congrès des Etats-Unis. Et le lendemain, juste pour montrer à quel point ils ont compris son message, les Sénateurs ont enterré un projet de loi qui visait à prévenir les avortements après 20 semaines de vie, une loi qui selon LIFEnews aurait aidé à sauver dix-huit mille enfants chaque année.

Le Sénat a voté pour dépasser l'obstructionisme des démocrates contre le “Pain Capable Unborn Child Protection Act”. Le vote a eu lieu un jour après que François ait parlé aux représentants du peuple américain; et à un moment où l'opinion publique a été ébranlée par la publication de dix vidéos tournées clandestinement, où les responsables de "Planned Parenthood", le géant de l'avortement aux États-Unis et dans le monde, parlent des gains réalisés par la vente d'organes de bébés avortés, dont certains sont extraits alors que le cœur bat encore. Les yeux et les gonades sont parmi les plus prisés.

L'appel du chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, n'a pas suffi: «Ce que je demande à chaque collègue, c'est cela: regardez dans votre cœur, et aidez-nous à nous dresser en faveur de la vie la plus innocente». Pour bloquer l'obstructionisme des démocrates, et passer directement au vote, il fallait 60 voix: 54 ont été obtenues, contre 42. Trois démocrates et deux républicains ont changé de camp.

Quoi qu'il en soit, le président américain, Barack Obama, ardent défenseur de Planned Parenthood a menacé d'utiliser le veto présidentiel, dans le cas d'une approbation de la loi. Il est probable que le pape ne l'a pas su (??), et c'est mieux ainsi (?); une déception de moins.
Et les pauvres évêques américains se sont faits tancer parce qu'ils se servent de mots trop durs.
Mais ils sont en bonne compagnie. Celle de Saint-Paul; lequel d'un point de vue pastoral, ne semblait pas être un imbécile, mais de temps en temps, il n'épargnait certainement pas les mots.