Mr Messy a encore frappé

Les protagonistes du Synode portraiturés comme les personnages d'une série de livres en anglais pour enfants sur un blog que j'aime bien... Premier de la liste, le pape, alias M. Pagaille, ou Mr Messy. Il justifie bien son pseudo par la pagaille qui s'installe au Synode: 12 évêques lui ont écrit pour lui exprimer leur inquiétude ( Mise à jour, 21h30: les précisions du cardinal Pell)

Digression...

Le dernier article du blog (un de mes préférés) "That the bones you have crushed may thrill" est saupoudré d'une touche d'humour typiquement "british".
L'auteur, un anglais justement, s'est servi de la série célèbre de livres pour enfants, écrits et dessinés par Roger Hargreaves (1935-1988), "Mr Men" (il y a une version en français, présentée ici: fr.wikipedia.org/wiki/Monsieur_Madame). "Destiné à un très jeune lectorat, chaque livre met en scène sur quelques pages les aventures humoristiques d'un personnage à chaque fois différent, identifié par une caractéristique particulière (Monsieur Lent, Monsieur Grand, Madame Proprette...) et dessiné dans un style très simple et vivement coloré".
Cet artifice amusant permet au blogueur de dresser une galerie de portraits savoureux des protagonistes du Synode.

Voici le début de l'article (traduction d'Anna):

Le Vatican s'est associé avec les livres pour enfants de la série Mr Men pour permettre aux parents catholiques de raconter l'histoire du Synode sur la Famille à leurs enfants.
Vos enfants peuvent à présent suivre, et revivre, les moments importants du Synode avec les personnages de Mr Men. Le livre a été écrit mais pas encore publié. Les personnages ont toutefois déjà paru et vous pouvez ainsi raconter à vos petits bouts de choux toute l'histoire officielle. Les parent vont évidemment s'étonner que "l'histoire du Synode" soit rendue publique avant la conclusion Synode, mais le cardinal Lorenzo Baldisseri a assuré que l'histoire pré-écrite du Synode est absolument fiable et qu'elle reflètera rétrospectivement la réalité.


Suit une galerie de personnages, chacun identifié par son image, son nom anglais dans la série des "Mr Men", et le nom correspondant en français.
Tout cela est très amusant, et parmi les figurines colorées, plusieurs sont particulièrement pertinentes.
Echantillon:

le cardinal Baldisseri alias Mr Topsy Tury - Monsieur à l'envers (spécialiste en théologie àl'envers)

 

le cardinal Napier alias Mr Chatterbox - M. Bavard (Il est toujours sur Twitter)

 

le Père Antonio Spadaro SJ alias Mr Nosey - M. Fouineur, ou "Nez-Partout" (tous les journalistes sont comme ça, surtout ce méchant Edward Pentin)

 

le cardinal Marx alias Mr Rude - Monsieur Mal-élevé, (tonitruant, éhonté, controversé, plein de fric mais toujours notre bon ami en Allemagne)

 

le cardinal Walter Kasper alias Mr Tickle - Monsieur Chatouille, (tout le monde aime M. Chatouille)

 

Etc..

Il y a aussi Mgr Athanasius Schneider alias Mr Brave - Monsieur Courageux (pas invité au synode parce que le courage n'est pas pour les Chrétiens), le Cardinal Raymond Burke, alias Mr Perfect - M. Parfait (pas invité parce que personne n'aime M. Parfait), le Cardinal Robert Sarah alias Mr Strong - M. Fort... et le Pape Émérite Benoît alias Mr Clever - M. Intelligent (pas invité car les ex-Papes "spécialistes en logos" n'ont rien à dire à l'homme moderne).

 

Mais je garde le meilleur (!!) pour la fin, qui est en réalité le premier nom de la liste, car c'est lui le vrai premier rôle de la distribution.... le Pape François, alias Mr Messy - Monsieur Pagaille .

 

Arrivons au but...

A l'occasion de ce synode - je demande par avance pardon pour mon impertinence -, M. Pagaille a encore frappé. Et il a bien mérité son surnom!!! Mais cette fois, il va avoir du mal à gérer, car y a des résistances au plus haut niveau.
Au point que, selon ce que nous apprend aujourd'hui Sandro Magister sur son blog mutilingue chiesa.espresso.repubblica.it, treize cardinaux parmi les Pères Synodaux (le cardinal Vingt-Trois figure dans la liste, mais la Croix a déjà dit qu'il démentait...) lui ont écrit une lettre pour lui exprimer leurs inquiétudes. Cette lettre lui a été remise le 5 octobre par le cardinal Pell (lui-même signataire) dans la salle des débats.
Magister précise:

Dans cette lettre, concise et très claire, les treize cardinaux soumettaient à l'attention du pape les sérieuses "préoccupations" que leur inspiraient, ainsi qu’à d’autres pères synodaux, les procédures du synode, qui leur paraissent "conçues pour faciliter l’obtention de résultats prédéterminés à propos de questions importantes et controversées", et l'"Instrumentum laboris", considéré comme inadapté en tant que "texte guide et base d’un document final".


Toujours selon Sandro Magister, le pape a depuis lors repoussé toutes leurs demandes.
On n'imagine pas que cela aurait pu se passer sous Benoît XVI...
Bref, c'est vraiment la pagaille.

* * *

>>> Dernière minute: Il paraît qu'il y aura une Relation Finale. Sans doute a-t-elle été arrachée de haute lutte. La pagaille se confirme.
Et quand on pense que sous le Pontificat de Benoît XVI, on parlait constamment de bourdes, de couacs, de maladresses, de fautes de COMMUNICATION!!!

Mise à jour (21h30)

Les précisions du cardinal Pell

La lettre des cardinaux a immédiatement suscité une véritable tornade de mises au points, dénégations, critiques et démentis. Ce n'est plus la pagaille, c'est le chaos!
Au point que Sandro Magister a dû ajouter une note préliminaire à son article explosif.
La lettre existe sans aucun doute, peut-être pas sous la forme initialement présentée par lui (qui l'admet lui-même, très loyalement). La liste des signataires pourrait également être revue....
La fuite de la lettre est une machination.
Le bon et honnête journaliste qu'est Marco Tosatti apporte dans la soirée quelques précisions bien nécessaires, et dit son sentiment personnel.
Voici ce qu'il écrit, sur son blog SanPietro e dintorni:

Le cardinal George Pell, préfet du Secrétariat du Vatican de l'Economie et des Finances, à travers un porte-parole, a fait la lumière sur la fameuse lettre remise au Pape. Au minimum, sa déclaration clarifie deux choses deux choses: que la lettre existe; et que le cardinal lui-même en est signataire.
Voir l'article du National Catholic Register (Edward Pentin):

«Un porte-parole pour le cardinal Pell a dit qu'il y a un large accord au Synode sur la majorité des points, mais de toute évidence quelque désaccord existe, car une minorité d'éléments veut changer l'enseignement de l'Eglise sur les dispositions appropriées nécessaires pour recevoir la communion. Évidemment, il n'y a aucune possibilité de changement sur cette doctrine. Une lettre privée doit rester privée, mais il semble qu'il y a des erreurs dans le contenu et la liste des signataires. Le cardinal est conscient que chez beaucoup de Pères synodaux, les préoccupations demeurent quant à la composition du comité chargé de rédiger les rapports finaux et le processus par lequel il sera présenté aux Pères synodaux et sera voté».


C'est tout.

On peut faire quelques commentaires.
Avant tout: qu'écrire au pape en exprimant des craintes et des préoccupations, et même des critiques, mettant visage et signature, est un acte de grande loyauté et - compte tenu des temps et des personnes - de courage. Certainement plus en ligne avec ce que François dit qu'il préfère que les intrigues et les complots en coulisses.
Personnellement, après plusieurs décennies d'expérience du monde de l'Église, je peux dire que les actes de ce genre sont, hélas, très rares, dans le monde clérical. Pell a raison de dire qu'une lettre privée doit le rester. Mais elle a été divulguée. Par qui? On peut penser que l'auteur de la fuite a "attrappé plusieurs pigeons avec une seule pierre".
Il a essayé de rendre moins crédible le collègue qui l'a lancée, une des peu nombreuses voix critiques et indépendantes sur l'Eglise, provoquant les démentis de certains des signataires présumés.
Qui se sont vus - selon le pigeon (?) - mis sur une liste d'adversaires et de critiques possibles de la gestion du Synode, et donc du Pape.
Et naturellement, il a fourni une occasion en or aux nombreux laudatores temporis agentis de crier à la fronde et au complot.

Cela dit, peut-être serait-il vraiment opportun que la lettre soit rendue publique. Au fond, une lettre appartient à celui qui la reçoit, et à ce stade, il serait plus sain et plus transparent de la publier.Afin qu'en ces temps confus, le Peuple de Dieu puisse juger si les éventuelles notes sont raisonnables ou non. Certains de celles de la lettre diffusée subrepticement semblent tout sauf infondées.