Synode, une autre lecture de la Relatio Finale

Un lecteur de Marco Tosatti fait appel aux statistiques et scrute les chiffres. Il voit apparaître un panorama très différent de celui qui est présenté par les médias
>>> Cf.
Synode, relatio finale: les passages controversés (paragraphes 74, 84, 85, 86)

C'est une interprétation intéressante mais, disons, optimiste....

 

Synode. Votes inversés?

san-pietro-e-dintorni
Marco Tosatti
26 octobre 2015
Traduction d'Anna

* * * *

Nous avons reçu la lettre d'une personne experte en statistiques, qui nous propose une interprétation intéressante du récent vote sur la Relatio finale du Synode des Évêques. Elle est intéressante car complètement différente de celle accréditée jusqu'ici concernant ceux qui ont voté pour et/ou contre, et pourquoi.
Il en ressort une image profondément différente du panorama actuel, qui déplace l'intérêt du thème des divorcés remariés vers celui des unions homosexuelles et de l'idéologie gender, où le texte est très net, avec une grande majorité de consensus.

L'auteur se réfère aux résultats publiés par le site officiel du Saint Siège. Voici son texte:

En analysant le vote par paragraphes on remarque que les pères synodaux qui se sont opposés aux formulations ont certainement été nombreux (le maximum étant les 31% de "non" sur le paragraphe 85). On est toutefois très loin du clivage dont parlent les médias lorsqu'ils affirment que sur le thème des divorcés remariés, le texte est passé à un vote près.
Eh bien, que signifie le fait que moins d'un tiers des pères ait voté "non"? Cela signifie que la frange victorieuse des "oui" est justement celle des "conservateurs", c'est à dire de ceux qui ont voulu un texte n'introduisant rien de nouveau par rapport au magistère ("Familiaris Consortio" a été évoquée à juste titre, et est reproposée aux paragraphes 84 et 85). (NDT: Dans la même ligne on pourrait peut-être lire la déclaration du Cardinal Pell, d'après qui il est significatif que dans le texte on ne parle absolument pas de communion).

Que l'aile de la "discontinuité" soit sortie vaincue et que, mécontente, elle ait voté "non" on le comprend si l'on examine les autres paragraphes où le désaccord est élevé et dépasse 10% (14%). Il s'agit, premièrement, du paragraphe 76, qui a posé une lourde pierre tombale sur une "voie ecclésiale" pour l'idéologie du "gender" et sur les hypothèses d’ouvertures de l'Église envers l'idéologie "gay".

S'agissant d'un paragraphe lapidaire et radical, il est mathématiquement certain que ces 14% sont entièrement issus de l'aile "ouverturiste". On peut donc supposer que les 31% de "non" aux paragraphes 85 et les 27% de "non" au paragraphe 84 sont constitués, pour environ la moitié, du désaccord manifesté par ceux qui n'ont pas digéré le paragraphe 76. La moitié restante est composée en partie, encore un fois, des "ouverturistes déçus" et dans une moindre partie de ces pères conservateurs qui, tout en approuvant la substance des paragraphes 84 et 85, ont toutefois désapprouvé le fait que leur sens n'ait pas été plus clairement explicité, afin d'éviter que quelques-uns puissent mal l'interpréter, par malice ou involontairement.

Comment puis-je affirmer cela? C'est en analysant le vote relatif au paragraphe 86. Le paragraphe 86 est en effet la clé pour lire correctement le n.84 et le n.85, là où il prescrit que "puisqu'il n'y a pas de gradualité dans la loi…" il est alors nécessaire que "le discernement ne puisse pas faire abstraction des exigences de vérité et de charité de l'Évangile…".
Il s'agit de doctrine traditionnelle à l'état pur, que les conservateurs les plus soucieux de l'effet médiatique voulaient voir insérée dans le corps du n.85, afin d'éviter qu’à l’ère de Twitter, ceux qui n'arrivent pas à lire plus de dix lignes à la fois ne soient victimes d'un malentendu ou bien "en profitent" ("ci marciassero", comme on dit à Rome).

Le vote négatif sur le n. 85 est donc essentiellement, je le répète, un désaccord [à attribuer] entièrement aux "novateurs".

En résumé, il est donc raisonnable de penser que la situation de la Relatio Finalis, en ce qui concerne les thèmes de morale conjugale les plus suivis par le grand public, s’établit comme suit:

a) la position sur la discipline des sacrements aux divorcés remariés est en ligne avec le magistère précédent et a été soutenue par une très large majorité (je l'estime à 75%) des pères synodaux. Un vote qui s'inscrit dans la continuité et, dans ce sens, un vote à large dominante conservatrice.

b) la position a été contrée par une minorité (je l'estime à 25%) d'"ouverturistes" ou "novateurs". Il s'agit d'un pourcentage physiologique et non pas pathologique.

c) la position a été contrée par une très petite minorité de pères conservateurs (5%), qui sans être en désaccord avec la substance, ont eu des perplexités sur la forme.

Il y a finalement une fermeture sur le thème gay, qui est pratiquement d'un Concile Œcuménique et restera dans l'histoire de l'Église. C'est le vrai événement, silencieux comme une étoile qui explose au loin, le jour, mais dont on s'aperçoit après, dans la nuit, et qui confirme que l'Église est le signe de contradiction de toujours et que, dans la tempête, elle garde le cap.