Un Congrès à Rome et un "Appel au Synode".

le 30 septembre, en présence des cardinaux Burke et Caffara. Présentation par Giuseppe Rusconi. Et l'appel aux Pères Synodaux relayé en France par l'Homme Nouveau.

Giuseppe Rusconi me fait l'amitié de me signaler régulièrement les articles de son blog Rosso Porpora; il vient de m'adresser un document (le second sur le sujet) confirmant la tenue prochaine à Rome d'un Congrès pré-synodal décrit dans l'affiche ci-dessus (cliquez), auquel participeront les cardinaux Burke et Caffara.
On trouvera ma traduction ci-dessous.

Je relaie volontiers par la même occasion l'"Appel au Synode" que me transmet aujourd'hui l'Homme Nouveau, co-organisateur de l'évènement, avec en particulier le journal en ligne que mes lecteurs connaissent bien "La Nuova Bussola" (dont le directeur, Riccardo Cascioli, animera les débats), et également la revue "Il Timone" - dont Vittorio Messori reste un éminent collaborateur.

Demeurer dans la vérité du Christ


(Giuseppe Rusconi)

Nous sommes à seulement deux semaines d'un Congrès qui constituera à coup sûr un moment pré-synodal important: celui organisé à Rome à l'Angelicum, avec pour intervenants les Cardinaux Caffara et Burke, l'archevêque Vasil' et le professeur Kampowski (de l'Institut Jean Paul II). Introduite par le recteur, le père Adam, et modéré par Riccardo Cascioli (rédacteur en chef de la Nuova Bussola), la rencontre se terminera par la présentation d'un appel aux Pères synodaux. De nombreuses adhésions de prêtres et de laïcs engagés dans la défense de la doctrine sociale de l'Eglise continuent à arriver: dans la salle seront également présents d'autres cardinaux.

Ce sont des jours où le débat est très serré au sein de l'Eglise en matière de doctrine et de pastorale du mariage, et également de miséricorde.
Par exemple, les propos du doyen de la Rote romaine, Mgr Pio Vito Pinto, sur les objectifs de la réforme du droit canon pour les causes de déclaration de nullité du mariage (Motu Proprio 'Mitis Iudex Dominus Jesus') suscitent une profonde réflexion et encore plus de préoccupation:
«(François) "donne le vrai coup d'envoi à sa réforme, plaçant au centre les pauvres càd les divorcésremariés et tenus à l'écart et considérés comme éloignés, et demandant aux évêques une véritable metanoia. Autrement dit une «conversion», un changement de mentalité qui les convainque de suivre l'invitation du Christ, présent dans leur frère, l'évêque de Rome, pour passer du petit nombre de quelques milliers de nullité à celui, démesuré, des malheureux qui pourraient avoir une déclaration de nullité (...) mais qui sont exclus par le système actuel».
(cf. www.osservatoreromano.va)

Parmi les orateurs de la conférence, il y aura les cardinaux Burke et Caffara dont nous reproduisons certains passages particulièrement significatifs, en relation avec l'âpre débat en cours, de leur contribution au livre "Demeurer dans la vérité du Christ" (Artège 2014).

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QELQUES PASSAGES DE L'ESSAI DU CARDINAL RAYMOND BURKE:

. Il doit être clair dès le départ que la demande de nullité du mariage implique, dans la plupart des cas, une situation humaine complexe sur laquelle les parties cherchent un jugement objectif. (...) La majorité des demandes de déclaration de nullité du mariage impliquent des actes complexes de l'intellect et de la volonté, qui doivent être étudiés avec l'objectivité nécessaire, afin qu'un vrai mariage ne soit pas faussement déclaré invalide.

. Il est particulièrement étonnant qu'aujourd'hui, malgré tant de proclamations des droits de la personne humaine, on trouve un manque d'attention dans les procédures judiciaires soigneusement développées, à travers lesquelles sont scrupuleusement préservés et promus les droits de toutes les parties, dans une affaire concernant leur propre salut. Je me réfère au droit à un jugement, conforme à la vérité, au sujet de la nullité présumée de leur mariage. À cet égard, je suis particulièrement préoccupé par le fait que, dans une matière si délicate et importante, on suggère fréquemment que le processus judiciaire scrupuleux soit remplacé par une procédure administrative rapide.

. Une éventuelle simplification du processus de déclaration de nullité du mariage doit respecter sa finalité, à savoir la recherche de la vérité d'un fait juridique affirmé. Il est bon de rappeler les paroles du Pape saint Jean-Paul II et du pape Benoît XVI sur la fausse miséricorde qui ne se soucie pas de la vérité et ne peut donc pas servir la charité, qui a pour seul but le salut des âmes.

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QUELQUES PASSAGES DE L'ESSAI DU CARDINAL CARLO CAFFARA:

. L'Église ne peut pas penser que ce qui se passe (les jeunes qui ne sont pas mariés, mais vivent ensemble, l'introduction dans les systèmes juridiques du soi-disant mariage homosexuel, les divorces de plus en plus facilités par les lois) est un processus historique dont elle doit simplement prendre acte et auquel elle doit donc, en substance, s'adapter. Mais il est d'une importance cruciale que le synode trouve et parcoure la voie adéquate pour donner au monde une véritable annonce évangilique sur le mariage et la famille. La question de la méthode est décisive.

. La légitimation, par l'Église d'une vie vécue more coniugali avec une personne qui n'est pas son conjoint, met en cause non seulement l'éthique sexuelle, mais aussil'anthropologie même de la sexualité.

. La résolution de ne plus pécher implique l'intention de vivre dans une forme de vie qui ne soit plus en contradiction avec l'indissolubilité du mariage. Parler d'un parcours pénitentiel, qui n'exige pas cette décision, est dramatiquement contradictoire: après le parcours pénitentiel, je suis légitimé à rester dans le même état de vie dont je me repens!

. L'admission à l'Eucharistie des divorcés remariés induirait non seulement chez les fidèles, mais aussi chez toute personne attentive, l'idée qu'au fond, il n'existe aucun mariage indissoluble. Le «pour toujours», auquel tout véritable amour ne peut pas ne pas aspirer, est une illusion. Il ne fait aucun doute que cela est contraire à la parole de Jésus sur le mariage.

Présentation par "L'Homme Nouveau"

« Demeurer dans la vérité du Christ »

C’est le titre du colloque international qui se tiendra à l’Université Pontificale Saint-Thomas d’Aquin, le 30 septembre en préparation du Synode sur la Famille s’ouvrant quatre jours après.
Les conférenciers (le cardinal Carlo Caffarra, le cardinal Raymond Leo Burke, Mgr Cyril Vasil’, le professeur Stephan Kampowski) demanderont une réaffirmation claire et intégrale de la tradition catholique sur les problèmes de la vie, de la famille et de l’éducation. Le colloque organisé par La Nuova Bussola Quotidiana, Il Timone, L’Homme nouveau, Dignitatis Humanæ Institute, Infovaticana, se terminera par la présentation de l’Appel au Synode (texte joint).
Cette initiative se situe dans la ligne des interventions de 5 cardinaux dans Demeurer dans la vérité du Christ (Artège 2014), de 11 cardinaux dans Mariage et Famille (Artège, septembre 2015) et de 11 cardinaux et évêques africains dans La Nouvelle patrie du Christ : L’Afrique (Ignatius Press, septembre 2015.

Nous vous invitons vivement à vous joindre à l’Appel au Synode en faisant part de votre adhésion: communication@hommenouveau.fr

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« J’adhère formellement et soutiens absolument cet Appel aux Pères synodaux » (Robert, Cardinal Sarah)

Appel au Synode

Chers Pères synodaux,

Il est clair que « la famille et le mariage n’ont jamais été aussi agressés qu’ils ne le sont de nos jours », et que la culture dominante et le pouvoir exercé par les médias « s’attaquent à la famille de toutes parts et la laissent couverte de blessures » (Pape François, le 25 octobre 2014). La raison principale est celle-ci : du fait de son identité, de sa responsabilité éducative, et de ses finalités, la famille empêche que s’exerce un contrôle social de ses membres, en même temps qu’elle représente l’institution qui résiste le mieux au pouvoir dominant.
L’enjeu pour l’humanité tout entière est considérable : « Les ténèbres qui entourent aujourd’hui la conception même de l’homme, assombrissent en premier lieu et directement la réalité et les expressions qui lui sont connaturelles. La personne et la famille vont de pair en ce qui concerne tant l’estime et la reconnaissance de leur dignité, que les attaques et les tentatives de désagrégation à leur égard. La grandeur et la sagesse de Dieu se manifestent dans ses œuvres. Toutefois, il semble aujourd’hui que les ennemis de Dieu, plutôt que d’attaquer en face l’Auteur de la création, préfèrent Le frapper à travers ses œuvres. Et l’homme est le point culminant, le sommet de ses œuvres visibles. [...] Parmi les vérités obscurcies dans le cœur de l’homme en raison de la sécularisation croissante et de l’hédonisme dominant, celles qui concernent la famille sont particulièrement touchées. Autour de la famille et de la vie se déroule aujourd’hui la lutte fondamentale pour la dignité de l’homme » (Jean-Paul II, 3 octobre 1997). La guerre contre la famille n’est pas seulement culturelle : c’est aussi une guerre sociale, économique, juridique, doctrinale, qui vise même le domaine sacramentel. Si bien que sa défense exige un magistère spécifique, fort et clair. Un magistère qui réaffirme les préceptes de la loi naturelle – que l’Evangile n’abolit pas mais perfectionne – et qui conduise les catholiques à la nécessaire défense de la famille, qui leur revient, en outre, en raison de leur responsabilité concernant le bien commun de la société et de tous ceux qui la composent.
La réflexion profonde à laquelle se livre actuellement l’Eglise au sujet de la famille, avec deux Synodes consacrés à ce thème, représente le nœud du moment historique présent. Ce serait une grave erreur d’accepter le statut que les forces aujourd’hui dominantes dans le monde (l’idéologie dominante anti-chrétienne, l’agression des sectes protestantes les plus radicales, les autres religions) voudraient imposer à l’Église, en la cantonnant à des pratiques de dévotion et de bienfaisance, mais en considérant comme intolérable qu’elle prétende délivrer une proposition globale pour l’existence de l’homme comme tel.
Rien n’est plus nécessaire aujourd’hui pour la société que l’Église et que les chrétiens vivent la nouveauté de la famille chrétienne et en expriment les convictions profondes ou la doctrine qui est impliquée dans l’expérience familiale. « Ce qui nous est demandé, c’est de reconnaître combien il est beau, vrai et bon de former une famille, d’être une famille aujourd’hui ; combien c’est indispensable pour la vie du monde, pour l’avenir de l’humanité. Il nous est demandé de mettre en évidence le plan lumineux de Dieu sur la famille et d’aider les conjoints à le vivre avec joie dans leur existence, en les accompagnant au milieu de toutes leurs difficultés, avec une pastorale intelligente, courageuse, pleine d’amour » (Pape François, Consistoire du 20 février 2014).

C’est pourquoi, Chers Pères synodaux, nous vous demandons de faire en sorte que de ce Synode émane une nouvelle proposition de l’intégralité de la tradition catholique sur les problèmes de la vie, de la famille, de l’éducation, pour permettre au peuple chrétien d’aujourd’hui d’approfondir son identité propre afin de s’acquitter adéquatement de sa mission. Comme l’a rappelé Jean-Paul II : « A la base de tout l’ordre social se trouve donc ce principe d’unité et d’indissolubilité du mariage, principe sur lequel se fonde l’institution de la famille et toute la vie familiale » (4 octobre 1997). Cette prise de conscience implique un jugement culturel sur la mentalité dominante, sans lequel il est difficile d'être authentiquement charitable.
Nous vous demandons de dépasser l’opposition abstraite entre vérité et charité, entre doctrine et pastorale, qui n’a aucun fondement du point de vue de l’expérience de l’Eglise, parce que la vérité s’exprime dans le monde tant comme jugement sur les positions que comme charité pour les personnes.
Nous vous demandons d’entrer dans toutes les problématiques particulières, y compris les plus douloureuses, prises non comme des points totalisants mais comme des points qui expriment chacun la totalité de la position. En particulier, il est impensable que l’Église assume l’équivalence de fait, et encore moins de droit, entre une relation et un couple hétérosexuel et un rapport de nature homosexuelle, car ce serait la subversion de la loi naturelle et du plan d’amour du Dieu créateur.
Nous vous demandons de donner, lors du Synode, la place qui lui revient, à l’expérience de ces familles qui vivent et qui témoignent de la beauté d’un amour indissoluble, et qui sont capables d’attirer et d’éclairer les nombreuses familles vivant dans les ténèbres.