Un hérétique au Conseil pontifical pour la culture

Le Père Pablo d’Ors, nommé l’an dernier par François comme consultant au dicastère dirigé par le cardinal Ravasi, épinglé par deux évêques espagnols pour ses propos dans l’hebdomadaire ‘Vida Nueva’

 

Il y a à peu près un an, François nommait comme consultant au Conseil Pontifical pour la culture un prêtre espagnol "de frontière", un "intellectuel" issu de la grande bourgeoisie "éclairée", le père Pablo D’Ors, au parcours plutôt atypique (encore que, de nos jours, pas si atypique que cela, malheureusement...) et aux opinions résolument libérales, en particulier sur le thème du sacerdoce féminin.
Sur La Bussola, Lorenzo Bertocchi exprimait de sérieuses réserves, et en esquissait un portrait sans concession, que j'avais à l'époque traduit.

Il se définit comme «écrivain mystique, érotique et comique», il s'appelle Pablo D'ors (petit-fils du célèbre critique d'art espagnol Eugenio d'Ors), il est actuellement prêtre du diocèse de Madrid. Il a récemment été nommé consultant du Conseil pontifical pour la Culture, le dicastère dirigé par le cardinal Ravasi, celui de la Cour des Gentils.
«Pourquoi le Pape François m'a choisi? Mystère - a-t-il déclaré à la Repubblica http://www.repubblica.it/cultura/2014/11/05/news/padre_d_ors_apriamo_la_chiesa_alle_donne_sacerdote-99803784/ - Il a peut-être demandé: Qui est le prêtre le plus marginal à Madrid?».

De cette interview, nous apprenons qu'avant d'être consacré, il a passé une vie «riche d'amour, de lecture, de voyages, y compris téméraires» et cela l'a aidé pour sa vocation mûrie à 27 ans. Oui, parce que «connaître l'amour humain vous aide à mieux connaître l'amour divin».
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(benoit-et-moi.fr/2014-II/actualites/curie-la-purge-continue)



Paolo D'ors a récemment de nouveau fait parler de lui, pour avoir publié dans la revue espagnole Vida Nueva un article où il formule des idées qui font plus que flirter avec l'hérésie, au point de susciter la réaction d’au moins deux évêques.
Pour qu’ils aient osé critiquer quelqu’un qui a été choisi par le Pape, il faut que l’amertume soit grande, et la situation grave...

(Carlota)

En Espagne l’affaire a fait quelque bruit, justifié.
Elle concerne un prêtre espagnol Pablo d’Ors, consultant auprès du Conseil Pontifical pour la Culture (CPC) ; au moment de sa nomination en plus d’être aumônier pour les malades dans un hôpital madrilène, il était aussi écrivain et animateur de séances contemplatives notamment en lien avec le yoga (cf. www.yogaenred.com/tag/pablo-dors) .

Mais Pablo d’Ors a fait se dresser deux évêques espagnols contre l’article «hérétique» qu’il a publié dans l’hebdomadaire espagnol « Vida Nueva » - une revue fondée en 1958, qui se veut « une voix engagée dans l’église, une voix significative dans la société et une voix libre »… tout un programme.
Mgr Munilla, évêque de Saint Sébastien, Pays Basque espagnol avait déjà condamné cet article dans une émission de radio. C’est maintenant au tour de Mgr Rico Pavés, évêque auxiliaire de Getafe (Diocèse des environs de Madrid, créé en 1991), de poser les bonnes questions:

Dieu se fait tout petit

25/07/15
infocatolica.com
Traduction par Carlota
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Quand j’étais séminariste, j’ai eu l’occasion de visiter la Chapelle Royale de Grenade, avec un condisciple. Tandis que nous regardions une pièce du musée, une touriste étrangère nous a demandé ce qu’elle représentait. L’objet était un miroir d’Isabelle la Catholique transformé en ostensoir pour l’exposition du Saint Sacrement. Avec des mots simples nous avons essayé de lui expliquer que c’était là qu’était placé le Corps du Seigneur. Après nous avoir écoutés, elle a dit « Comme Dieu est petit ! », puis elle a fait demi-tour et nous a laissés.

Les années ont passé, mais cet épisode m’est souvent revenu en mémoire. Parfois pour essayer d’illustrer le mystère ineffable du salut et la « folie inégalable » de l’amour de Dieu pour les hommes. Il manquait assurément un petit rien à cette touriste : le Fils de Dieu, qui étant riche se fit pauvre, a porté son amour jusqu’à l’extrême et nous a laissé le mémorial de sa Pâque, en se faisant petit dans l’Eucharistie.
À d’autres occasions, j’y repensais pour remercier Dieu du don immérité de la foi par laquelle je peux confesser ce que les yeux ne voient pas. Sans foi les sacrements ne se comprennent pas comme on le lit bien dans les écrits attribués à Denys l’Aréopagite: « Si une personne qui ne croit pas entrait dans nos célébrations et voyait ce que nous faisons, elle rirait aux éclats. Ce qui ne doit pas nous surprendre, car comme dit le prophète Isaïe : si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas ».

Aujourd’hui je me rappelle cet épisode [de l’ostensoir de Grenade] alors que je lis avec tristesse et préoccupation l’article de Pablo d’Ors intitulé « Y aura-t-il dans l’Église quelqu’un qui osera ? ». Tristesse à retrouver en si peu d’espace un catalogue aussi volumineux d’erreurs doctrinales dont les conséquences sont dramatiques pour la vie des Chrétiens. Préoccupation, en notant que celui qui signe l’article est un écrivain et un prêtre, et depuis peu, un consultant du Conseil Pontifical pour la Culture.

Sans donner plus de preuve que sa propre perception, l’auteur affirme sous forme apodictique que « les sacrements de l’Église ne signifient pratiquement plus rien pour la majorité de ceux qui y participent encore » ; il soutient que « beaucoup des comportements des prêtres et des laïcs durant la célébration eucharistiques sont fondamentalement magiques, non religieux » ; et, comme argument, il demande au lecteur s’il peut s’imaginer « les apôtres s’agenouillant devant le pain ou Jésus recueillant les miettes du plateau » (sic) ; il accuse la doctrine de l’ex opere operato (*) d’avoir détaché le sujet du signe, le dégénérant et le chosifiant ; il explique l’Eucharistie à partir du pain comme « symbole de Dieu » dont la signification est «couper et distribuer consciemment le pain » d’où il déduit que la réserve eucharistique dans le tabernacle manque de sens, et il considère comme preuve de notre mentalité magique le fait de penser que Dieu est plus dans le tabernacle qu’en dehors du tabernacle. L’auteur propose de « tout expliquer comme si on ne l’avait jamais expliqué », et de présenter les sacrements « comme des symboles et des rites de valeur universelle, valables pour tous, chrétiens ou non » (ndt : nous y voilà, CQFD !) en montrant le christianisme comme « une religion et un humanisme inclusif, ni excluant ni exclusif ». Mais il se demande à la fin : « Y aura-t-il quelqu’un dans l’Église qui ose appliquer cette solution ? »

Rencontrer en si peu de lignes tant de sottises produit un énorme chagrin. L’auteur sait-il ce que l’Église catholique entend par sacrement ? Ignore-t-il la différence avec les rites magiques ? Sait-il que le caractère sacré des sacrements ne repose pas de manière primaire sur la signification que nous leur donnons mais en étant né de la volonté salvatrice du Christ pour nous communiquer sa Vie ? Pourquoi ne mentionne-t-il même pas une seule fois le mot foi, ni le verbe croire ? Pense-t-il que les sacrements peuvent se comprendre sans foi ? Peut –être ne connaît-il pas l’enseignement de l’Église sur la présence permanente du Christ dans l’Eucharistie, sur la réserve eucharistique et le culte du à ce Sacrement d’Amour en dehors de la Sainte Messe ?
Comment est-il possible, qu’alors que près de cinquante ans se sont écoulés depuis l’encyclique Mysterium Fidei (Paul VI, 1965) on continue aujourd’hui à diffuser les mêmes propositions déficientes à propos de l’Eucharistie et des sacrements, qui ont déjà été rejetées par le pape Paul VI ?

Dans les temps qui courent, c’est peut-être cela la seule audace nécessaire : croire avec l’Église, croire au sein de l’Église.

+ José Rico Pavés, évêque auxiliaire de Getafe.

* * *

(*) Ex opere operato (en dehors de l’œuvre opérée), ce qui veut dire qu’un sacrement validement administré est indépendant des dispositions morales du prêtre ou du sujet qui reçoit, il vient de Dieu et non de l’homme. Les dispositions nécessaires à ce sacrement ne sont pas une cause, mais une condition nécessaire.