Un Pape anticlérical

C'est un comble... mais c'est désormais un fait avéré. Les détails et les tentatives d'explication d'Antonio Socci

 

Nous savons que depuis le 13 mars 2013, les médias jouent "le Pape contre l'Eglise". Et nous savons aussi que sur ce point, le Pape lui-même se montre un collaborateur aussi zélé qu'efficace, ne perdant pas une occasion de "taper" sur l'Eglise-institution.
L'exemple à ce jour le plus spectaculaire (et le plus incroyable!) date d'il y a presque un an, avec le fameux discours de "voeux" à la Curie Romaine de décembre 2014.
Mais il n'a pas besoin d'occasions aussi solennelles pour exprimer sa réprobation, son mépris et son hostilité, et formuler publiquement de graves accusations, de préférence génériques (et nous l'espérons, souvent privées de fondement): il le fait presque quotidiennement dans ses homélies matinales à Santa Marta. Au point de susciter non seulement le découragement, mais une exaspération croissante chez beaucoup d'hommes d'Eglise (c'était le sujet de l'article qu'a traduit Isabelle et que je viens de publier), qui "cherchent en Elle une mère et n'y trouvent plus qu'une marâtre", comme me l'a dit un prêtre ami.
Antonio Socci passe en revue les derniers exemples de ce comportement inédit, au moins parmi les Papes récents. Et tente de les expliquer.

Il y a une machine à fange contre l'Église au Vatican

www.antoniosocci.com
20 novembre 2015
Ma traduction


Voici un titre ce matin sur le site ultrabergoglien "Vatican Insider": «François: L'Eglise ne doit pas vénérer les "saints pot-de-vin"».
Et le sous-titre: «Le Pontife à Santa Marta: les prêtres, les évêques et les cardinaux "ne doivent pas être attachés à l'argent et au pouvoir", ils doivent rester à l'écart de la dégradation de la "corruption"».

Sommes-nous conscients de la gravité de ces mots et du grave soupçon généralisé qu'ils propagent?

Ce bombardement bergoglien est désormais systématique depuis un certain temps.
Quel en est le motif?
Certainement pas celui de faire le nettoyage.
En effet Bergoglio a un pouvoir absolu, immédiat et universel sur toute l'Eglise: si donc il a connaissance de pots de vin d'ecclésiastiques, ou d'autres abus de ce genre, il a tous les moyens et pouvoirs pour intervenir.
En outre - contrairement à ce qui se passe dans l'Administration de l'Etat et dans l'Administration publique - le type de pouvoir dont il dispose lui permet même d'éloigner (et immédiatement) d'éventuels membres du clergé incorrects ou corrompus, sans avoir de raisons à donner, même pour de simples soupçons ou rumeurs, de sorte qu'il peut vraiment faire ce qu'il veut.
Mais Bergoglio ne fait pas cela.
Il semble au contraire préférer le démasquage public et généralisé.
Pourquoi?
On pourrait identifier deux raisons.

La première: Bergoglio veut se venger d'avoir été mis en minorité dans les deux synodes et de ne pas avoir pu imposer - pour l'instant - ses réformes hétérodoxes. Alors aujourd'hui, il le fait payer au monde ecclésiastique.
Cela est évident dans un passage particulièrement grave de l'homélie d'aujourd'hui quand Bergoglio dit: «Ces chefs des prêtres, ces scribes étaient attachés à l'argent, au pouvoir, et avaient oublié l'esprit. Et pour se justifier et dire qu'ils avaient raison, qu'ils étaient bons, ils avait remplacé l'esprit de liberté du Seigneur par la rigidité».
Il est bien connu qu'il utilise le terme "rigidité" pour fustiger ceux qui le rappellent à la fidélité à la doctrine catholique. Mais l'insinuation que cette "rigidité", c'est-à-dire la fidélité à la loi de Dieu, est un masque pour couvrir l'attachement à "l'argent et au pouvoir" est très grave.

La seconde: Bergoglio alimente son propre culte de la personnalité et l'instrument, très savoureux pour les médias laïcs, qui collaborent avec lui avec enthousiasme, est de se représenter lui-même comme le seul qui soit pur et sans tache dans le tas de fumier que serait l'Eglise corrompue et mondanisée.
Bref, il humilie l'Eglise pour se rehausser lui-même. Le contraire de ce que devrait faire un pape (humilier sa personne pour rehausser le ministère pétrinien et l'Église)

Parfois, les nouvelles fournissent des prétextes qui lui permettent ces invectives, mais, comme nous l'avons vu aujourd'hui, ils ne sont même pas nécessaires: le comité de ce matin lui a permis de retrouver les grands titres des journaux après les balbutiements des derniers jours sur les attentats, qui l'avaient mis en difficulté.

Que ce soit bien clair, même s'il y avait des épisodes concrets et des responsables à punir, ce constant bastonnage indifférencié de l'Eglise par Bergoglio serait injuste. Le nettoyage, très bien, mais pas la fange généralisée.
En effet, un père de famille qui aurait connaissance de quelque méfait d'un de ses enfants, interviendrait directement pour le reprendre et le punir à la maison, il n'irait pas sur la place pour couvrir de boue injustement et faussement toute sa famille, sa femme et tous ses autres enfants, leur donnant même honte de sortir de chez eux.
Étendre le discrédit de façon généralisée et indifférenciée sur l'Église, sur toute l'Église (prêtres, évêques et cardinaux) a toujours été une caractéristique de la narration anti-cléricale et anti-catholique.
Aujourd'hui, nous avons un évêque de Rome qui le fait systématiquement.

Il y a de plus en plus d'hommes d'Eglise qui trouvent ce comportement inacceptable, surtout à un moment si grave, quand les gens auraient besoin du phare lumineux de l'Eglise du Christ.
Ce bombardement les met en graves difficultés dans l'accomplissement de leur mission qui est d'enseigner la Vérité et de réconforter avec la lumière de la foi.
Beaucoup de prêtres, d'évêques et de cardinaux souffrent que l'"évêque de Rome" accomplisse cette opération avec la très puissante collaboration des médias laïcistes, qui sont désireux de discréditer toute l'Église, applaudissant au contraire Bergoglio, dénigreur de l'Église visible qu'il semble détester de tout son être.

Un véritable homme de Dieu comme le cardinal Biffi a écrit: «L'Église est pour nous tous une mère à vénérer, à écouter, à aimer, pas une femme égarée à remettre sur le droit chemin ...».
Pour Bergoglio - comme pour tous les "réformateurs" du genre Luther - elle est au contraire une femme égarée.
Ratzinger disait que l'Église a besoin de saints, pas de réformateurs, lesquels ont toujours causé d'immenses désastres. Mais Bergoglio se prend au contraire pour le grand réformateur de l'Eglise.

Récemment à Florence, nous l'avons entendu dire: «Je veux une Église comme ci, je veux une Église comme ça...»
Il a oublié que l'Eglise n'est pas à lui, et personne, pas même un pape, ne peut dire: «Je veux une Eglise», parce que l'Église est l'Épouse du Christ: c'est Lui qui est allé sur la Croix et seul le Christ peut dire comment il la veut.
Bergoglio oublie qu'il est seulement un serviteur du Roi, chargé de garder et de défende son Épouse pro tempore. Il est un simple écuyer.
Il ne peut pas imposer sa loi à l'Epouse du roi. Il ne peut pas la couvrir de boue de la sorte, il ne lui est pas non plus permis d'aller sur la pace pour en faire une "femme publique". Parce que le roi reviendra et demandera des comptes, sévèrement, aux serviteurs sur la façon dont ils ont gardé et défendu Son Epouse.

Il y a une dernière phrase prononcée hier par Bergoglio qui mérite l'attention: «Il y a toujours eu dans l'Eglise la tentation de la corruption».
C'est vrai.
Bergoglio devrait cependant se rappeler que la première et la plus grave "corruption" qui menace toujours l'Eglise est l'hérésie, c'est-à-dire la corruption de la vérité, l'infidélité au Christ et la trahison de Sa Parole.
Le mandat que Jésus-Christ a donné à Pierre et aux autres Apôtres n'est pas en premier celui relatif aux "pots de vin" (pour cela, il suffit des Dix Commandements lesquels- je voudrais le rappeler - sont en vigueur tous les dix, cher Pape Bergoglio).
Le mandat du Christ à Pierre et aux Apôtres est de confirmer les chrétiens dans la juste foi catholique!
Ainsi, les pasteurs ne peuvent pas être objets de scandale pour les gens.
Ceux qui pervertissent la Sainte Doctrine, qui est la vie de l'âme, ont toujours été considérés par l'Eglise et les saints Pères comme le vrai danger mortel pour l'Eglise. Nous aimerions que le pape Bergoglio enseigne d'abord cela.