Avec les séminaristes du diocèse de Carpi

Bref récit et deux belles photos

Photo de droite, avec Benoît XVI, l'évêque, Mgr Cavina

Le Pape Benoît rencontre des prêtres et des séminaristes de Carpi

Marco Mancini
30 octobre 2015
ACI Stampa
(ma traduction)


C'est une rencontre spéciale, qui a eu lieu au Vatican dans l'après-midi du jeudi 29 Octobre, pour un groupe de 16 prêtres et séminaristes du diocèse de Carpi, conduits par l'évêque Mgr Francesco Cavina: le Pape émérite Benoît XVI a rejoint le groupe près de la grotte de Lourdes dans les Jardins du Vatican, puis, s'est ensuite entretenu avec eux dans sa résidence - le monastère Mater Ecclesiae - pendant près d'une heure.

"Il voulait tout savoir sur chacun de nous, nos histoires, nos parcours de vie et de vocation", a raconté l'une des personnes présentes.

"Le pape émérite est extrêmement lucide (!) - a ajouté Mgr Cavina - il a une excellente mémoire. Il a été très affectueux avec tous, demandé des informations à chacun des séminaristes sur le cours de ses étude, les sujets et les auteurs qu'il étudie. Il se souvenait aussi parfaitement des difficultés rencontrées dans mon diocèse à cause du tremblement de terre (*) et a une nouvelle fois exprimé sa proximité ".

NDT

(*) Le 20 mai 2012, un séisme de magnitude 6 avait ravagé la région, dans le nord de l'Italie, causant de nombreux dégâts, et un prêtre étant mort pendant l’effondrement de son église, écrasé par une poutre.
Le 26 juin suivant (il n'était pas venu avant, ne voulant pas gêner les secours, nos hommes politiques devraient en prendre de la graine), le Pape se rendait sur place, pour témoigner son soutien aux victimes et les assurer de sa prière.

Je ne peux résister à l'envie de reproduire ici, dans ma traduction d'alors, le très beau et très émouvant discours qu'il avait prononcé à cette occasion:

Chers frères et sœurs,

Merci pour votre accueil!
Dès les premiers jours du tremblement de terre qui vous a touchés, je suis toujours resté proche de vous par la prière et l'intérêt. Mais quand j'ai vu que l'épreuve était devenue plus dure, j'ai ressenti de plus en plus fortement le besoin de venir en personne parmi vous. Et je remercie le Seigneur qui me l'a concédé!

Je vous salue donc avec une grande affection, vous tous, réunis ici, et j'embrasse par la pensée et le cœur tous les villages, toutes les populations, qui ont subi des dégats du tremblement de terre, en particulier les familles et les communautés qui pleurent les défunts: que le Seigneur les accueille dans sa paix. J'aurais voulu visiter toutes les communautés pour me rendre présent de manière personnelle et concrète, mais vous savez combien cela aurait été difficile. En ce moment, cependant, je voudrais que chacun, dans tous les villages, sente combien le cœur du Pape est proche de votre coeur pour vous consoler, mais surtout pour vous encourager et vous soutenir.

Je salue le Ministre Représentant du Gouvernement, le Chef du Département de la protection civile , et l'honorable Vasco Errani, président de la Région de l'Emilie-Romagne, que je remercie pour les paroles qu'il m'a adressées au nom des institutions et de la communauté civile. Je voudrais remercier ensuite le Cardinal Carlo Caffarra, archevêque de Bologne, pour les paroles aimables qu'il m'a adressées, dont émerge la force de vos cœurs, qui n'ont pas de fissures, mais sont profondément unis dans la foi et l'espoir. Je salue et remercie les frères évêques et prêtres, les représentants des diverses réalités religieuses et sociales, les forces de l'ordre, les bénévoles: il est important d'offrir un exemple concret de solidarité et d'unité.

Comme je vous le disais, j'ai ressenti le besoin de venir, ne serait-ce qu'un bref instant, au milieu de vous.
Déjà quand j'étais à Milan au début du mois, pour la Rencontre mondiale des Familles, j'aurais voulu vous rendre visite, et mes pensées se sont souvent tournées vers vous. Je savais en effet qu'en plus de subir les conséquences matérielles, vous étiez éprouvés dans l'âme par la poursuite des secousses, encore fortes, ainsi que par la perte de certains bâtiments symboliques de vos villes, et parmi eux, de façon particulière, de tant d'églises. Ici, à Rovereto di Novi, dans l'effondrement de l'église - que je viens de voir - don Ivan Martini a perdu la vie. Rendant hommage à sa mémoire, j'adresse un salut spécial à vous, chers prêtres, et à tous vos frères, qui manifestez ainsi, comme cela a déjà eu lieu dans d'autres moments difficiles de l'histoire de cette terre, votre amour généreux pour le peuple de Dieu.

Comme vous le savez, nous, prêtres, - mais aussi les religieux et de nombreux laïcs - nous prions tous les jours avec le «bréviaire», qui contient la Liturgie des Heures, la prière de l'Eglise qui rythme la journée. Nous prions avec les Psaumes, selon un ordre qui est le même pour toute l'Eglise catholique à travers le monde.
Pourquoi vous dis-je cela? Parce qu'en ces jours, j'ai rencontré, en priant le psaume 46, cette expression:
«Dieu est notre refuge et notre force, / il s'est montré aide sans faille dans les angoisses / Ne craignons donc pas si la terre tremble / où les montagnes vacillent au fond de la mer» (Ps. 46.2 à 3).

Combien de fois ai-je lu ces paroles? D'innombrables fois, je suis prêtre depuis 61 ans! Pourtant, dans des moments comme celui-ci, elles frappent fortement, parce qu'elles touchent au vif, donnant la parole à une expérience que vous vivez maintenant, et que tous ceux qui prient partagent.
Mais - voyez-vous - ces paroles du Psaume ne me touchent pas seulement parce qu'elles utilisent l'image du tremblement de terre, mais surtout pour ce qu'elles affirment au sujet de notre attitude intérieure face au bouleversement de la nature: une attitude de grande sécurité, basée sur le roc stable, inébranlable, qui est Dieu. Nous «ne craignons pas si la terre tremble» - dit le Psalmiste - parce que «Dieu est notre refuge et notre force», il est «l'aide sans faille dans les difficultés».

Chers frères et sœurs, ces mots semblent en contradiction avec la peur qu'inévitablement l'on éprouve après une expérience comme celle que vous avez vécue. Une réaction immédiate, qui peut s'imprimer plus profondément, si le phénomène se prolonge. Mais, en réalité, le Psaume ne fait pas référence à ce type de peur, et la sécurité qu'il affirme n'est pas celle de surhommes qui ne sont pas touchés par les sentiments normaux. La sécurité dont il parle est celle de la foi, pour laquelle, oui, il peut y avoir la peur, l'anxiété - Jésus lui-même l'a éprouvée - mais surtout il y a la certitude que Dieu est avec moi; comme l'enfant qui sait toujours pouvoir compter sur sa maman et son papa, parce qu'il se sent aimé, désiré, quoi qu'il arrive. Ainsi sommes-nous devant Dieu: petits, fragiles, mais en sécurité dans ses mains, c'est--à-dire confiants en son amour, qui est solide comme un roc. Cet amour, nous le voyons dans le Christ crucifié, qui est le signe dans le même temps de la tristesse et de l'amour. C'est la révélation de Dieu amour, solidaire avec nous jusqu'à l'humiliation extrême.

Sur ce roc, et avec une ferme espérance, on peut construire, on peut reconstruire.
Sur les décombres de l'après-guerre - pas seulement matérielles - l'Italie a été reconstruite certes grâce aux aides reçues, mais surtout grâce à la foi de beaucoup de gens animés par un esprit de véritable solidarité, par la volonté de donner un avenir aux familles, un avenir de liberté et de paix.
Vous êtes des gens que tous les Italiens estiment pour votre humanité, votre sociabilité, votre caractère à la fois laborieux et jovial. Tout cela est aujourd'hui mis à rude épreuve par cette situation, mais elle ne doit ni ne peut toucher ce que vous êtes en tant que peuple, votre histoire et votre culture. Restez fidèles à votre vocation de gens fraternels et solidaires, et affrontez toutes chose avec patience et détermination, en repoussant les tentations qui sont malheureusement associées à ces moments de faiblesse et de besoin.

La situation que vous rencontrez a mis en lumière un aspect dont je voudrais qu'il soit bien présent dans votre esprit et votre cœur: vous n'êtes pas et vous ne serez pas seuls! Ces jours-ci, au milieu de tant de destructions et de douleur, vous avez vu et entendu combienbeaucoup de gens se sont activés pour vous exprimer proximité, solidarité, affection; et cela à travers de nombreux signes, et aides concrètes.
Ma présence parmi vous veut être l'un de ces signes d'amour et d'espérance. Regardant votre terre, j'ai éprouvé une profonde émotion devant tant de blessures, mais j'ai aussi vu beaucoup de mains qui veulent les soigner avec vous; j'ai vu que la vie recommence, veut recommencer avec force et courage, et c'est le signe le plus beau et lumineux .

De cet endroit, je voudrais lancer un fort appel aux institutions, à chaque citoyen, à être, malgré les difficultés du moment, comme le Bon Samaritain de l'Evangile qui ne passe pas indifférent à ceux qui en ont besoin, mais avec amour, se penche, secourt, reste proche, prenant en charge jusqu'au bout les besoins d'autrui (cf. Lc 10,29-37). L'Eglise vous est proche vous sera proche avec sa prière et l'aide concrète de ses organisations, en particulier de la Caritas, qui s'engage également à la reconstruction du tissu communautaires des paroisses.

Chers amis, je bénis tous et chacun, et je vous porte avec une grande affection dans mon cœur.