La miséricorde selon Benoît XVI

Deux courts extraits, à relire et à méditer à la veille du Synode et de l'Année de la Miséricorde décrétée par son successeur

Dieu ne peut tout pas simplement ignorer l'ensemble de la désobéissance des hommes, tout le mal de l'histoire, il ne peut pas le traiter comme une chose de peu d'importance et insignifiante. Une telle sorte de «miséricorde», de «pardon inconditionnel» serait cette «grâce à bon marché», contre laquelle Dietrich Bonhoeffer s'est élevé avec raison, face à l'abîme du mal de son temps. L'injustice, le mal comme réalité, ne peut pas être simplement ignoré, ne peut pas être laissé là. Il doit être éliminé, vaincu. C'est là, seulement, la vraie miséricorde. Et puisque les hommes n'en sont pas capables, Dieu lui-même s'en charge maintenant - c'est là la bonté «inconditionnelle» de Dieu, une bonté qui ne peut jamais être en contradiction avec la vérité et la justice qui lui est liée.

(Joseph Ratzinger, Jésus de Nazareth , vol. II, édition Parole et Silence 2012, page 160).

La miséricorde du Christ n'est pas une grâce à bon marché, elle ne suppose pas la banalisation du mal. Le Christ porte dans son corps et sur son âme tout le poids du mal, toute sa force destructrice. Il brûle et transforme le mal dans la souffrance, dans le feu de son amour qui souffre. Le jour de la vengeance et de l'année de grâce coïncident avec le mystère pascal, dans le Christ mort et ressuscité. Telle est la vengeance de Dieu: lui-même, en la personne du Fils, souffre pour nous. Plus nous sommes touchés par la miséricorde du Seigneur, plus nous devenons solidaires de sa souffrance - et plus nous somme prêts à compléter dans notre chair "ce qu'il manque aux épreuves du Christ" (Col 1, 24)

(Joseph Ratzinger, Homélie 'Missa pro eligendo Romano Pontifice', 18 avril 2005).