Le "Nouveau Schülerkreis"

De jeunes théologiens sont prêts à reprendre le flambeau, et c'est une très bonne nouvelle. A la veille de la rencontre annuelle des élèves de Joseph Ratzinger/Benoît XVI, Andrea Gagliarducci s'entretient avec l'une d'entre eux

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Michaela Hastetter, membre du Nouveau Ratzinger Schülerkreis
Photo: Andrea Gagliarducci

Les jeunes du Schülerkreis, un laboratoire œcuménique

www.acistampa.com
CASTEL GANDOLFO, le 29 Août 2015
Andrea Gagliarducci
(ma traduction)

Dans la «famille théologique» du Schülerkreis, une «nouveau» Schülerkreis s'est constitué en 2008, avec de jeunes théologiens, spécialistes de la pensée de Benoît XVI, qui n'ont pas été élèves du pape émérite, mais qui étudient cette pensée et la développent. Un groupe de 31 jeunes théologiens, qui jouissent de l'amitié des élèves de Benoît XVI, et qui apprennent beaucoup à l'école de leurs débats animés, nous dit Michaela Hastetter, théologienne pastorale, l'un des membres du groupe. Un laboratoire œcuménique, parce que parmi eux il y a aussi de jeunes théologiens orthodoxes.


Quel est le but principal du «Nouveau Schülerkreis»?

- Nous n'avons pas pris personnellement l'initiative de former un nouveau cercle d'élèves de Ratzinger. Cette initiative est venue des ex-élèves de Benoît XVI, dans le but de conduire la théologie du Pape émérite vers l'avenir à travers de jeunes théologiens qui l'ont étudiée et développée, en continuité avec le Schülerkreis. Pour nous, il est essentiel de transmettre ce patrimoine que Joseph Ratzinger / Benoît XVI nous a laissé, et d'ouvrir une nouvelle façon d'accéder à cette richesse. Ce qui signifie non seulement conserver les pensées de Joseph Ratzinger, mais aussi les approfondir, les développer, les maintenir vivantes, pour qu'elles puissent porter leurs fruits aussi dans le futur. Ceci est important dans un horizon œcuménique, comme une contribution à l'unité des chrétiens, parce que dès le début, nous sommes un groupe œcuménique: il n'y a pas que des catholiques, qui appartiennet au Nouveau Schülerkreis, mais aussi de jeunes théologiens orthodoxes.

La théologie de Benoît XVI est très riche et très profonde. De quelle manière les membres du «Nouveau Schülerkreis» entendent-ils la développer? Y a-t-il des idées de recherche, des sujets de discussion qui ont émergé ces dernières années?

- Le «Nouveau Schülerkreis» a une approche essentiellement scientifique de la théologie de Benoît XVI, et elle la développe dans le milieu universitaire, dans l'enseignement, mais aussi dans plusieurs symposiums. Par exemple, nous avons organisé deux colloques en Afrique sur la trilogie sur Jésus de Nazareth, et nous en avons fait un autre en Allemagne, sur la visite qu'y a fait le pape Benoît en 2011. Les colloques sont ouverts à tout le peuple de Dieu, tout le monde peut y participer, pas seulement les théologiens. Certains d'entre nous encouragent également des cercles de lecture, dans les paroisses et d'autres endroits, sur la pensée de Ratzinger. Au cours des dernières années, nous avons couvert plusieurs sujets, si variés qu'on ne peut pas délimiter de thèmes spécifiques. Chaque membre a bien sûr son choix spécifique de recherche: théologie et politique, monde moderne, foi et raison, Église, liberté, eschatologie ... je dirais que les thèmes sont variés comme la théologie elle-même de Benoît XVI est variée.

Y a-t-il une question que vous avez considéré davantage?

- Nous pouvons dire que dans notre groupe, le domaine de l'exégèse n'est pas encore très élaboré, et l'histoire n'a pas non plus reçu une grande attention ... nous avons parlé plutôt de questions systématiques. Mais, dernièrement, nous avons travaillé ensemble et publié un ouvrage collectif sur la théologie du ministère pétrinien et sur la contribution à l'unité. Le livre "Dienst und Einheit" a été publié pour le 80e anniversaire du Père Stephan Horn, qui est un expert en œcuménisme.

Dans un monde dominé par la sociologie, comme pensez-vous que la recherche théologique se développera dans l'avenir? Et de quelle manière la théologie de Ratzinger peut-elle aider les jeunes chercheurs à mieux comprendre le monde?

- Ceci est une vaste question. Il est vrai qu'aujourd'hui, dans de nombreuses parties du milieu universitaire, la méthode sociologique scientifique domine. Chez Ratzinger nous trouvons une correction de cette approche seulement empirique, seulement sociologique. Lui voit le danger d'uns nouvelle domination de l'homo faber, c'est-à-dire de l'homme qui veut tout faire et pense qu'il peut tout faire. La prépondérance mise sur l'action de Dieu que nous trouvons chez Ratzinger, par exemple déjà dans son «Introduction au christianisme», pourrait être qualifiée de leitmotiv de sa théologie. Selon Benoît XVI, il y a toujours une primauté des actions de Dieu, et les actions de l'homme viennent seulement après. Et ce leitmotiv de la primauté de Dieu libère d'un immense réductionnisme au monde visible, au tangible, à ce qu'ont peut expérimenter.

On dit souvent que la mission a besoin d'engagement social et de prêtres de rue plutôt que de théologie. Êtes-vous d'accord? Comment la théologie peut-elle aider les chrétiens à être de meilleurs missionnaires et à avoir plus de poids dans la société?

- Je dirais que les prêtres de rue et les théologiens ne sont pas une contradiction. L'un n'exclut pas l'autre. Pour reprendre Paul VI, les théologiens doivent être témoins. Et prolongeant ces mots dans le sens de Benoît XVI, les témoins doivent aussi donner la preuve de ce qu'ils témoignent. Nous le trouvons chez saint Pierre, dans sa première Lettre (1 Pierre 3,5) - une des références bibliques préférés dans les œuvres de Joseph Ratzinger / Benoît XVI: «Soyez toujours prêts à répondre à quiconque vous demande raison de l'espérance qui est en vous». La charité et la raison ne sont pas mutuellement exclusives. L'une aide l'autre à vivre dans le monde moderne.