Quand P. de Villiers a rencontré le card Ratzinger

Un extrait de son livre tout juste sorti "Le moment est venu de dire ce que j'ai vu"


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Présentation du livre sur le site de l'éditeur: www.albin-michel.fr

 

Chapitre: Le Krach de la transcendance
Pages 251-252

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(...)
Le 19 septembre 1996, lorsque le pape Jean-Paul II vient à Saint-Laurent sur-Sèvre pour commémorer le millénaire de la France, l'esplanade est déserte. Le pape prononce un beau discours « aux jeunes et à la population » devant une assistance d'une centaine de fidèles, chargés du service d'ordre. En effet, le nouvel évêque de Luçon, monseigneur Garnier, par crainte de débordements d'enthousiasme, a jugé nécessaire d'interdire la présence des chrétiens de Vendée. Je me souviens de ma rencontre avec le pape, à l'entrée de la basilique, il avait l'air tout étonné et fit savoir son incompréhension.

Dix ans plus tard, le dimanche 2 avril 2006, le nouvel évêque, monseigneur Santier, délivre une homélie retentissante pour clôturer le synode de Vendée, à La Roche-sur-Yon. Il fait « repentance pour l'emprise de l'Église catholique en Vendée ». Il confesse : « Dans le passé, en Vendée, l'Eglise était très présente, elle occupait l'espace social et laissait peu de place à des manières de penser et de vivre la vie humaine et la foi d'une manière différente. Au nom de l'Église, comme évêque, je vous demande pardon. »

Tout cela m'a aidé à comprendre le pape Benoît XVI, que j'avais rencontré pendant un long moment à Rome, avec le sénateur Bernard Seillier, le 28 janvier 1993. Il nous parlait d'une véritable tornade qui s'était abattue sur la chrétienté, d'une immense apostasie silencieuse : « C'est le vide qui s'est propagé, le désert spirituel. On a perdu bien souvent la dignité et le mystère du sacré. On a dépouillé les églises de leurs splendeurs. Beaucoup de clercs ont réduit la liturgie au langage et aux gestes de la vie de tous les jours par le moyen de salutations, de signes d'amitié. »

Il se lamentait sur « l'effrayant appauvrissement qui se manifeste là où l'on chasse la beauté. On a une liturgie en show. Je suis convaincu, ajoutait-il, que la crise de l'Église que nous vivons aujourd'hui repose largement sur la désintégration de la liturgie ». Et le cardinal Ratzinger d'ajouter : « En refusant de reconnaitre ses racines chrétiennes, l'Europe se refuse à elle-même. Elle se renie. »