Amoris laetitia: une supplique au Pape


Un groupe d'intellectuels et pasteurs catholiques lui demande de réfuter définitivement certains passages explicitement en conflit avec la doctrine catholique (12/7/2016)

>>> Image ci-contre: colombes.diocese92.fr

 



Voici un communiqué paru aujourd'hui sur le blog du très influent vaticaniste du National Catholic Register, Edward Pentin.
La nouvelle est reprise sur plusieurs blogs de sensibilité "traditionaliste", notamment anglophones (dont Rorate Caeli), et sur Corrispondenza Romana.

C'est une initiative importante, qui risque de faire grincer pas mal de dents... Reste à voir si elle va être âprement critiquée publiquement par la garde prétorienne de François, ou purement et simplement ignorée, pour réduire son impact au négligeable.

Un groupe d'intellectuels, prélats et pasteurs catholiques a envoyé un appel au Collège des Cardinaux afin qu'ils demandent à Sa Sainteté le Pape François de rejeter ce qu'ils considèrent comme des propositions erronées contenues dans Amoris lætitia.

Dans un communiqué publié aujourd'hui, les 45 signataires de l'appel disent qu'Amoris Laetitia - l'Exhortation Apostolique post-synodale du Pape sur le récent Synode sur la famille, publié en Avril - contient «un certain nombre de déclarations qui peuvent être comprises dans un sens qui est contraire à la foi et à la morale catholique».

Le document de 13 pages, traduit en six langues et envoyé au cardinal Angelo Sodano, doyen du Collège des cardinaux, ainsi qu'individuellement aux 218 cardinaux et patriarches cite 19 passages dans l'exhortation qui «semblent entrer en conflit avec la foi et la morale catholique».

Les signataires anonymes - décrits comme des prélats catholiques, des universitaires, des professeurs, des auteurs, et des religieux de diverses universités pontificales, séminaires, collèges, instituts théologiques, ordres religieux et diocèses du monde entier - dressent ensuite la liste des «censures théologiques applicables, précisant la nature et le degré d'erreur» contenus dans Amoris laetitia.
Une censure théologique est un jugement selon lequel une proposition concernant la foi ou la morale catholique est contraire à la foi ou au moins douteuse.
La déclaration dit que ceux qui ont signé l'appel ont demandé au Collège des Cardinaux, en leur qualité de conseillers officiels du pape, «d'approcher le Saint-Père, lui demandant de répudier les erreurs répertoriées dans le document d'une manière définitive et finale, et d'affirmer avec autorité qu'Amoris Lætitia n'exige qu'aucune d'elles ne soit crue ou considérée comme probablement vraie».

«Nous n'accusons pas le Pape d'hérésie», dit l'un des signataires, Joseph Shaw, qui fait aussi fonction de porte-parole des auteurs, «mais nous considérons que de nombreuses propositions dans Amoris lætitia peuvent être considérées comme hérétiques sur la base d'une lecture normale du texte. Des affirmations ultérieures relèveraient d'autres censures théologiques établies, [comme étant] entre autre, scandaleuses, erronées dans la foi, et ambigues».

Le climat est tel dans une grande partie de l'Église d'aujourd'hui, que l'un des principaux responsables de l'appel dit au <National Catholic Register> que la plupart des signataires préfèrent rester publiquement anonymes (ndt: ce qui signifie seulement que leur nom ne sera pas publié dans les médias) parce qu'ils «ont peur des représailles, ou sont préoccupés des répercussions sur leur communauté religieuse, ou, s'ils ont une carrière universitaire et une famille, craignent de perdre leur emploi».

Parmi les problèmes qu'ils citent dans l'exhortation, les signataires pensent qu'Amoris laetitia "sape" l'enseignement de l'Église sur l' admission aux sacrements pour les catholiques divorcés et remariés civilement. Ils pensent également qu'AL est en contradiction avec l'enseignement de l'Église selon lequel tous les commandements peuvent être respectés avec la grâce de Dieu, et que certains actes sont toujours mauvais.
Joseph Shaw, chercheur à l'Université d'Oxford, dit que les signataires espèrent qu' «en demandant à notre Saint-Père une répudiation définitive de ces erreurs, nous pourrons aider à dissiper la confusion déjà provoquée par Amoris laetitia parmi les pasteurs et les fidèles laïcs».