Bergogliomania


Quand les vaticanistes prennent leurs désirs pour des réalités: la preuve par John Allen (2/2/2016)

 

J'ai trouvé cet article chez Teresa (ICI). Il est question de John Allen (que je crois connaître assez bien pour avoir traduit, à une autre époque, beaucoup de ses articles... avant d'en avoir définitivement assez!), et Teresa n'est pas tendre, dénonçant l'aveuglement (les mots qu'elle utilise sont encore plus forts) d'un journaliste intelligent auquel la " Bergoglidolatry" a fait perdre toute mesure.
Même si les lecteurs français ne connaissent pas, ou peu, John Allen ancien journaliste-vedette du "navire-amiral du catho-progrssisme" d'Outre-Atlantique, le <National Catholic Reporter>, désormais passé à <Crux>, un portail qui se dit "catholique", l'article est intéressant car il désigne une forme de journalisme qui se répand depuis maintenant trois ans parmi les "observateurs" de l'actualité vaticane comme une gigantesque tache d'huile (et qui atteint de nombreux blogs de la cathosphère).
Normal puisque quelques "leaders", dont Allen fait partie, imposent le ton, et qu'il faut beaucoup de courage pour résister, les pressions des employeurs devant être fortes.
L'opportunisme et le conformisme le disputent chez les journalistes atteints à l'aveuglement et à la mauvais foi.
Voici donc un commentaire d'Edward Peters, un canoniste américain, paru sur le portail <www.catholicworldreport.com> à propos du dernier article de John Allen sur Crux (qu'il n'est pas absolument nécessaire de lire en entier).

Le silence n'est pas une preuve de quoi que ce soit,
alors pourquoi prétendre le contraire?


www.catholicworldreport.com
24 janvier 2016
Ma traduction

Ces remarques sont une critique de journalistes qui semblent prendre le silence du pape sur diverses questions comme preuve de ce qu'eux-mêmes pensent qu'il veut dire sur lesdites questions.

* * *

Ce qui suit n'est pas des pensées sur François mais plutôt sur un récent article de John Allen à propos de François.

Allen, rédacteur adjoint du site de nouvelles en ligne <Crux>, a récemment déclaré que «Francçois expérimente (ndt: le mot anglais est "pionneers", ce qui se passe de traduction) une voix miséricordieuse à opposer à l'avortement, au mariage homosexuel». Mettant de côté des questions quant à ce que l'adjectif omniprésent et apparemment malléable à l'infini "miséricordieux" signifie ici, ce que je retire de son titre, c'est l'affirmation d'Allen que François a récemment fait ou dit quelque chose qui "expérimente" de nouvelles voies à opposer l'avortement et au soi-disant mariage homosexuel. Cette affirmation retient mon attention, naturellement, mais serait-ce prouvé par ce qu'Allen écrit dans son article?
Allen cite quatre faits.

1. Marche pour la vie de 2016 (le 22 janvier 2016 à Whashington, ndt).
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Allen écrit: «Quant à la Marche pour la vie, François n'a donné aucune approbation directe, mais les leaders américains du mouvement pro-vie disent qu'ils sont convaincus qu'il les soutient»
Pardon? Cette phrase dit que François n'a rien dit, ni fait quoi que ce soit, au sujet de la Marche pour la vie, rapportant seulement que quelques militants pro-vie estiment que le pape les soutient. Le cas échéant, cette phrase n'est pas une affirmation à propos de François, c'est une affirmation à propos des pro-vie.

François n'est évidemment pas obligé de participer à la Marche pour la vie (aucun pape ne l'a fait); il n'est pas obligé d'envoyer un message de soutien (bien que d'autres papes l'aient fait); il n'est même pas obligé de mentionner la Marche pour la vie s'il ne le souhaite pas. Mais, s'il n'y a pas participé, ne l'a pas salué, et ne l'a même pas mentionnée, comment au juste cette série de non-actions est-elle la preuve que le pape "expérimente" une nouvelle façon de s'opposer à l'avortement? Si une exégèse voit l'opinion de l'un dans les mots de l'autre, qu'en est-il quand, littéralement, il n'y a pas de mots de l'un à lire, mais qu'un message est deviné de toute façon à partir de ces mots?

2. Family Day en Italie.
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Allen: «En ce qui concerne le Family Day en Italie, François s'est servi d'un discours aux juges de la principale Cour du Vatican [sic], prononcé vendredi, pour réitérer qu' "il ne peut y avoir aucune confusion entre la famille voulue par Dieu et tout autre type d'union", ce qui a été pris au niveau local comme un feu vert pour la résistance à la mesure sur les unions civiles».

Désolé, mais, comme ci-dessus, François n'a pas mentionné le Family Day, il n'a pas mentionné les membres du Parlement italien ou leur projet de loi, et il n'a rien dit d'autre sur le mariage ou la famille que ce que tout catholique aurait pu dire dans une conversation informelle. Comment, alors, les remarques de François à la Rote romaine "expériment"-elles une nouvelle façon de s'opposer au "mariage gay", en Italie ou ailleurs?

3. Absolution de l'avortement.
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Allen rappelle l'extension décidée par le Pape en Septembre des facultés de remettre le péché/crime d'avortement. Cet acte papal, bien qu'il ait été annoncé maladroitement et était probablement à certains égards canoniquement redondant, était une initiative du Pape en matière d'avortement. Jusqu'ici, très bien. Mais l'affirmation d'Allen est, apparemment, que le pardon de l'avortement "expérimente" une nouvelle façon de s'opposer à l'avortement. Si cette logique n'est pas évidente pour vous, lecteur, eh bien, elle n'est pas claire pour moi non plus. J'ai besoin d'une explication ou d'un argument pour comprendre le lien qu'Allen pense que le pape voit entre «pardonner les offenses» et «s'opposer aux offenses».

4. Mémorial coréen de l'avortement.
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Allen écrit: «Lors d'un voyage en Corée du Sud, le souverain pontife a ajouté une visite impromptue à un 'cimetière' symbolique pour les victimes de l'avortement, dans un établissement catholique de soins de santé à l'extérieur de Séoul, formé par une colline herbeuse parsemée de petites croix blanches et couronnée par une statue de la Sainte Famille ... Il est remarquable que François n'ait rien dit durant cette visite».
Une fois de plus, le 'non-commentaire' de François est offert comme preuve de ce qu'il est censé avoir voulu dire.

Certes, la visite d'un monument commémoratif est généralement une expression de ce qui est commémoré là, mais dans la tradition catholique, nous nous appuyons généralement sur des mots pour donner un sens à des actions. Un morceau de pain n'est pas béni silencieusement par un prêtre, mais des mots de consécration sont prononcés dessus afin que les gens sachent ce que signifie le geste eucharistique. Aux dires d'Allen, le pape n'a pas besoin d'avoir dit quoi que ce soit à propos de l'avortement parce que "son visage hanté, angoissé, disait tout". Peut-être, je n'y étais pas. Peut-être qu'un regard de douleur papale est une nouvelle façon qu'il «expérimente» pour s'opposer à l'avortement. Mais Allen a déjà tiré plus de sens des silences du pape que la prudence ne l'impose, donc on me pardonnera, je l'espère, une certaine réticence à prendre ce silence comme «expérimentant» une nouvelle façon de s'opposer à l'avortement.

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Je conclus comme j'ai commencé. Ces remarques ne sont pas une critique de François - de quel côté il est sur la gravité de l'avortement et sur l'impossibilité du "mariage gay" (même si sa manière cache parfois son message) ne fait aucun doute (??) et il n'a pas l'obligation de se livrer à des actes spécifiques pour s'y opposer.
Mais mes remarques sont une critique de journalistes qui ces jours-ci semblent avoir une certaine propension à offrir le silence du pape sur différentes questions comme preuve de ce qu'ils pensent qu'il veut dire sur lesdites questions.
Puis-je suggérer, à la place, que le silence est souvent, surtout... juste du silence.