François et Padre Pio


Tout les sépare, dit Antonio Socci, alors que sur décision du Pape a lieu une exposition exceptionnelle de sa dépouille dans la basilique St Pierre, à l'occasion du Jubilé (7/2/2016).

>>> Des articles reliés à padre Pio sur ce site: tinyurl.com/gvt23w4

 

En parcourant les pages d'actualités de Google à la recherche d'une photo pour illuster cet article, je tombe sur un titre du site <Aleteia>, reprenant une "enquête" du vaticaniste de l'hedo italien "Panorama", Ignazio Ingrao. Le titre de l'article est "Quels liens unissent le pape François et Padre Pio?" (j'avoue que ce titre ne m'a pas donné envie d'aller plus loin...)

Justement (on n'est pas vraiment surpris, à vrai dire...), Antonio Socci ne voit aucun lien, mais plutôt une opposition frontale sur tous les sujets - sans parler de la récupération supposée du saint le plus populaire d'Italie, pour booster une affluence faiblarde au Jubilé de la Miséricorde (pari gagné, du reste!).

Antonio Socci évoque ici des épisodes de la vie politique italienne de l'après-guerre (les mêmes qui servent de cadre au "petit monde de don Camillo"), et on pourra objecter que son analyse "date", au moins sur ce point. Pas tellement, en fait. Aujourd'hui, nous pensons à juste titre que la "démocratie", telle que nous la connaissons en occident, est loin d'être le paradis auquel ses partisans avaient cru (en partie parce qu'elle a été subvertie). Mais dans le contexte de l'époque, la défaite des communistes en Italie, aux élection de 1948, face à la démocratie chrétienne soutenue par Pie XII (et donc par l'Eglise... ) et défendue alors par Padre Pio, a épargné au pays (et même à une partie de l'Europe) de basculer dans le camp de l'URSS. Et même avec notre regard d'aujourd'hui, si ce n'était pas les prémisses du paradis, c'était vraiment un moindre mal.


Pourquoi Padre Pio est l'opposé de Bergoglio
(le retour des pèlerins à Rome pour la Saint stigmatisé)


www.antoniosocci.com
7 février 2016
Ma traduction

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Le "complot pour changer le catholicisme" (titre du New York Times), autrement dit le projet du pape argentin de transformer l'Eglise en une succursale de "Repubblica" et de Greenpeace, a reçu l'approbation enthousiaste de tous les ennemis les plus acharnés depuis toujours de la foi catholique.
Mais pour réussir, il a absolument besoin de montrer également le soutien du peuple catholique. Sauf que ce peuple est du côté opposé des progressistes bergogliens et - bien que bombardé par les médias - préfère Padre Pio aux "gauchistes".
Ce n'est pas par hasard qu'en 2014, il a divisé par deux sa participation aux audiences de Bergoglio et qu'en 2015, il a à nouveau divisé par deux celle de 2014. Une véritable fuite.
C'est pourquoi au Vatican, ils ont concocté l'idée d'un nouveau Jubilé: il fallait endiguer la chute drastique des présences autour du pape Bergoglio.

TROUVAILLES "MÉDIÉVALES"
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Bien sûr, le Jubilé est un rite né au Moyen Age, il a fait émerger Luther et il est à l'opposé de l'état d'esprit de Bergoglio, lequel aime davantage la compagnie d'Eugenio Scalfari ou du centre social Leoncavallo ou de Fidel Castro ou des théologiens de la libération que ce peuple catholique wojtylien et ratzingerien.
Mais l'objectif était de montrer qu'autour de Bergoglio, il y avait un plébiscite permanent: pour l'obtenir, il en arrive à supporter même l'"odeur" des brebis catholiques.
Pourtant, le jubilé s'est avéré être un flop, dès le départ. Le peuple chrétien a perçu sa naissance "en éprouvette", à des fins "politiques", extérieures à la tradition (la bulle est même ambigüe sur les indulgences). Et la comparaison avec l'affluence au Jubilé de l'an 2000, avec Jean-Paul II, a été d'emblée dévastatrice pour Bergoglio.
Même le Family Day, le 30 Janvier, a montré que le peuple catholique aime et suit encore les enseignements de Jean-Paul II et de Benoît XVI: ce peuple a en effet trouvé à Rome l'hostilité glacée du pape argentin qui l'a obstinément ignoré et boycotté.
Comment faire, alors, pour "contraindre" le peuple de Dieu à servir de "tapisserie" aux triomphes mondains de Bergoglio?
L'idée est une fois de plus venue de Mgr Fisichella, très zélé pour plaire au souverain: puisque le cœur du peuple bat pour les saints de la tradition, apportons à Rome les reliques du saint le plus populaire et le plus aimé, Padre Pio.
Et en effet, les gens sont venus en masse: hier plus de 80 mille personnes, une marée de fidèles.
Le site de "Repubblica" a titré comiquement "Foule à Saint-Pierre pour le Pape."
Mais - malgré les efforts de propagande de ce journal - tout le monde sait que la foule immense n'était pas Place Saint-Pierre pour Bergoglio (en effet, sa dernière audience mercredi dernier était semi-déserte): ils étaient là pour Padre Pio.
L'événement est exceptionnel pour de nombreuses raisons, et crée beaucoup d'embarras.

MÉPRIS D'AUJOURD'HUI
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Avant tout pour les médias et les intellectuels laïcs qui voient Padre Pio et la religiosité populaire catholique comme la peste [1]. Sauf que cette fois, il est difficile de les ridiculiser parce que c'est leur chouchou, Bergoglio, qui a voulu cette initiative.
L'Oscar du laïcisme revient à "Il fatto Quotidiano" avec le titre méprisant publiée vendredi: «On n'a pas besoin de l'ISIS, notre Moyen Age est ici avec Padre Pio» (ndt: cf. Sur les traces de Padre Pio).
Passons sur la référence à l'ISIS ... Ce qui sent le moisi, c'est cette grossière idée du Moyen Age. On pourrait répondre qu'en fait, le Moyen Age est toujours parmi nous, nous ayant laissé un immense patrimoine artistique (dont nous jouissons et sur lequel nous faisons du profit).
Mais il est parmi nous aussi parce que les hôpitaux, les universités, les banques et les cathédrales ont été inventés précisément par le "sombre" Moyen Age. Tout comme l'idée d'Europe, les libertés communales, l'économie de marché et la souveraineté populaire.
La culture classique nous a été transmise par le "méchant" Moyen Age et c'est encore là que sont nées aussi la technologie et la science, en même temps que la musique (dans sa forme moderne).
Même la Divine Comédie - dont certains laïcs croient peut-être que c'est Roberto Benigni qui en a accouché (ndt: récemment, il a monté un "one man show" où il lisait des passages du chef-d'oeuvre de la littérature italienne, et François l'a même cité dans une homélie) - vient du génie médiéval de Dante Alighieri qui ainsi - littéralement - "inventa" la langue italienne.

MÉPRIS D'HIER
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Celui d'aujourd'hui, rassemblé autour de Padre Pio, c'est le même peuple catholique qui, il y a 70 ans était raillé par les intellectuels "éclairés" qui se moquaient de l'Italie (ndt: Italietta - l'équivalent de "la France franchouillarde") des processions et des "madones pèlerines".
Et tandis que les "intellectuels" (qui avaient souvent été fascistes) se rangeaient derrière le Front populaire de Togliatti (Secrétaire du PCI) et Staline, lesquels préparaient à l'Italie un avenir digne de la Tchécoslovaquie, le peuple humble et paysan, écoutant les curés et Pie XII, sauva le pays et, en votant pour la Démocratie Chrétienne, le plaça pour toujours dans l'occident de la démocratie et de la liberté (ndt: voir préambule).
C'est pourquoi un vrai libéral, Benedetto Croce, après le 18 Avril 1948, pouvait dire à cette intelligentsia: «Bénissez-les, les béguines dont vous riez, parce que sans elles, aujourd'hui, vous ne seriez pas libres».
Bref, tandis que les intellectuels "éclairés" étaient pour la plupart du côté de ceux qui menaçaient la liberté et la civilisation, le peuple méprisé des dévots et des simples vit juste et sauva le pays.
On le dut aussi à des personnalités comme Padre Pio qui dans cette élection décisive se donna beaucoup de mal pour que le communisme fût vaincu.

HORREUR COMMUNISTE

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Padre Pio connaissait bien les crimes des régimes communistes, les dévastations spirituelles de l'athéisme marxiste, et les mensonges des partis communistes qui trompaient les pauvres. Et il ne se taisait pas.
Pour cela aussi, le saint Capucin est l'exact opposé de Bergoglio qui ne manque jamais une occasion de "flirter" avec les pires tyrans communistes, qu'il s'agisse des frères Castro à Cuba (où le pape argentin a snobé les dissidents et les persécutés et rendu hommage au despote) ou bien du honteux régime communiste chinois, un régime génocidaire, auquel Bergoglio a adressé ces jours-ci une interview pour le moins embarrassante à l'agence "Asia Times".
Dans cette interview, il est resté totalement silencieux sur les problèmes de la liberté, et de la liberté religieuse, mais surtout il a prononcé «des mots - comme l'observe Sandro Magister - d'absolution forcenée du passé, du présent et du futur de la Chine, exhortée à être "miséricordieuse envers elle-même" et à "accepter son propre chmin tel qu'il a été" comme "l'eau qui coule" et purifie tout, même ces millions de victimes que le pape n'a jamais mentionnées, même pas de façon voilée».
Une déclaration accueillie avec enthousiasme par les oppresseurs communistes. Les bourreaux préférés aux victimes.

Mais Padre Pio et Bergoglio sont à l'opposé principalement parce que Padre Pio représente justement cette Eglise catholique fidèle à sa doctrine et à la tradition que Bergoglio veut démolire.

MISÉRICORDE
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Le nom même du frère du Gargano (ndt: région des Pouilles dont Padre Pio est originaire) - Pio, nom pris à l'entrée dans la vie religieuse - entendait honorer saint Pie X, c'est-à-dire ce Pape qui lutta le plus contre le modernisme, justement ce pape détesté par les progressistes au pouvoir aujourd'hui dans les salles du Vatican.
Bergoglio prétend avoir fait porter à Rome pour le Jubilé, la dépouille de Padre Pio comme symbole de la miséricorde. Mais la miséricorde témoignée par Padre Pio - contrairement à celle de Bergoglio - était indissociable de la justice et de la vérité.
Padre Pio en effet, disait craindre la miséricorde, parce qu'on peut en abuser. Son enseignement reflète celui de Jean-Paul II (avec Sainte Faustine) et de Benoît XVI.
Le saint moine ajoutait: «La Charité sans la Vérité et sans la Justice qui est Vérité, ne peut pas exister. Dieu est vérité avant même d'être Charité».
Mots rebutants pour le parti bergoglien cajolé par la gauche caviar. Du reste, tout comme Padre Pio fut "persécuté" par certains ecclésiastiques "éclairés", aujourd'hui Bergoglio frappe durement les enfants spirituels les plus authentiques de Padre Pio, c'est-à-dire ces frères franciscains de l'Immaculée du Père Stefano Maria Manelli que le pape argentin a désormais presque anéantis.

Aujourd'hui Padre Pio est "utilisé" par Bergoglio comme attraction pour faire foule autour de lui, mais de l'autre côté du Tibre, ils risquent d'être déroutés par ses "surprises". Il pourrait même faire le miracle d'en convertir quelques-uns, au Vatican.

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Note
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[1] Rien de nouveau. En 2008, le corps de Padre Pio avait été exhumé, pour être exposé à San Giovanni Rotondo, suscitant déjà de vives polémiques... médiatiques.
L'envoyée de l'époque de la Croix à Rome déplorait que, "l'image de ce vieillard barbu, au visage de grand-père sévère et rassurant tout à la fois, issu du bout du monde (les Pouilles), en dit long sur la difficulté des Italiens à se construire une identité dans l’Europe de ce début de troisième millénaire".
Et elle ajoutait "je connais certains amis catholiques italiens qui regrettent amèrement que leur Eglise, à encourager parfois ce type de piété, ne les y aide pas plus..."
C'était au temps de Benoît XVI...
(benoit-et-moi.fr/2008-II)