François, un pape "extraverti"


Il s'adresse aux protestants, aux musulmans et aux athées plus qu'aux catholiques. C'est "un pape qui risque de finir non pas en odeur de sainteté, mais en odeur de publicité"... L'écrivain et journaliste italien Marcello Veneziani a écrit cette très pertinente réflexion au lendemain de la visite du Pape à Lund à l'occasion du cinquième centenaire de la réforme (7/11/2016)

 

Selon sa notice Wikipedia en italien, Marcello Veneziani (né en 1955) est "considéré comme l'un des intellectuels de droite les plus représentatifs: il a tenté de réévaluer de façon significative l'oeuvre du penseur traditionaliste Julius Evola".
Il est actuellement chroniqueur à l'heddomadaire Il Tempo.

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Marcello Veneziani
1/11/2016
www.iltempo.it
Ma traduction

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Comment définir François du point de vue théologique et pastoral, humain et caractériel? Un Pape extraverti. Mais pas tant dans le sens courant du terme, c'est-à-dire une personne communicative, sociable. Plutôt dans un sens plus étroitement lié à sa mission de Pape. Le pape Bergoglio est un Pape tout projeté vers l'extérieur, il s'adresse moins aux fidèles catholiques et davantage aux protestants ou aux musulmans, dont il secourt et adopte des familles au Vatican; il se préoccupe plus de l'accueil des migrants que de la nouvelle pauvreté des populations de chez nous, dialogue plus avec les athées qu'avec les théologiens, lit plus des journaux comme la Reppublica que l'Osservatore Romano ou l'Avvenire (ndt: qui lui sont pourtant désormais tout acquis...).

Certains diront que c'est la mission évangélique de se préoccuper davantage de la brebis perdue que du troupeau et de mieux prendre soin des éloignés que des frères voisins. Un pape ne doit pas s'enfermer derrière les portes de bronze d'une Église en crise, mais sortir à découvert, parler au monde. C'est ce que disent ses défenseurs. Mais c'est ici qu'il y a un problème: sommes-nous sûrs qu'un pape à usage externe rapproche de la foi et du christianisme les plus éloignés et les réfractaires? A en juger par les données, les perceptions et les faits, l'effet est exactement inverse.

Le Pape s'éloigne des fidèles sans rendre plus proches de la foi et de l'Église les athées, les agnostiques ou les croyants d'autres religions. Il démotive les uns sans motiver les seconds dans la foi.
Alors, que reste-t-il de son pontificat, de ses dialogue constants avec les protestants, les musulmans, les athées et les sceptiques? Il reste sa popularité médiatique, indépendamment du sentiment religieux. Et puis plus rien.

Il ne nous semble pas que le passage d'un pape «introverti» et cultivé, attaché à la doctrine chrétienne et à la tradition, comme le fut Ratzinger, à un extraverti et un peu histrion, ouvert au monde et à ceux qui ne sont pas chrétiens, ait muté, freiné, inversé, la tendance à la déchristianisation. Au contraire. D'où le sentiment qu'un Pape extraverti laisse ses brebis s'échapper de la bergerie sans en amener de nouvelles à la maison. Pour reprendre les mots de Longanese (Leo Longanese, 1905-1957, journaliste et essayiste italien anticonformiste), c'est un pape qui risque de finir non pas en odeur de sainteté, mais en odeur de publicité.