"Gestes" pontificaux


Le blogueur hispanisant catholique tendance tradi, et très critique de François, qui signe ses articles du pseudo «Fray Gerundio» revient sur la fameuse lettre où le pape raconte à un petit correspondant italien ses propres souvenirs d’enfant de chœur, liés à l'ancienne messe (6/3/2016).

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Voir aussi au sujet du livre "Dear Pope Francis" dont la lettre est tirée:
¤ Avec François, les sixties sont de retour
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Souvenirs d'enfance d'un futur Pape


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Autres articles de Fray Gerundio traduits par Carlota:
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Des idolâtres obstinés face aux surprises de Dieu
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Luther, le collègue

 

(Carlota)

Fray Gerundio revient sur le fameux petit livre où le Pape François répond à des questions d’enfants et notamment celle qui amène le Souverain Pontife à évoquer la « messe d’autrefois » et montre, si l’on ne veut pas aller plus loin, que 1) l’enfant Bergoglio était un « petit chenapan », 2) qu’il ne semblait pas baigner dans une ambiance familiale particulièrement pieuse, 3) qu’il n’avait pas été très attentif au caté ou qu’il n’avait pas eu un prêtre très attentif à sa formation, 4) qu’il manquait de curiosité intellectuelle par rapport à la magnifique et si logique langue latine, et de fierté de pouvoir pratiquer la langue de ses lointains ancêtres romains, 5) que pour lui, rendu à l’âge d’un grand-père ou d’un arrière-grand père, il a gardé l’esprit des pédagogues dits modernes et de la déconstruction (comprenne qui voudra). Malheureusement, il n’y a pas que cela, dans ces réponses qui paraissent anodines, même si c’est déjà pas mal, surtout pour un ouvrage qui est censé être destiné aux enfants.
Mais c’est vrai qu’ils ne lisent plus beaucoup…un dessin animé et un jeu informatique vont peut-être suivre ?!
Original ici fraygerundiodetormes.wordpress.com.

« Gestes » pontificaux


Comme mes novices ne connaissent pas le [bon] castillan j’ai dû leur donner une petite conférence sur la signification des « gestes » et de là j’en suis venu à leur commenter certains « gestes » pontificaux car ce sont ceux qui m’inquiètent le plus. Le « geste » est un mouvement du visage qui exprime clairement l’état de l’âme. Avoir une expression aigrie du visage, parler avec les yeux, froncer les sourcils… sont des mouvements du visage qui parlent seuls et d’eux-mêmes, sans qu’on n’est besoin de mots pour les expliquer.

Mais le « geste » en vient à être aussi, même si le dictionnaire ne le reprend pas dans son entière acceptation, un moyen d’agir qui révèle ce que quelqu’un pense sur quelque chose. Et il le dit ainsi mieux qu’avec un discours complet. Une expression du visage déplaisante est sans doute une démonstration de dégoût ou de dédain. Une expression du visage méprisante, c’est une sorte d’irrévérence et de dénigrement qui se fait et il est question de millisecondes. J'ai signalé à mes novices, - pour qu’ils le comprennent bien -, que les expressions du visage pontificales ne requièrent pas, qu’ensuite, le Père Lombardi vienne les réinterpréter, les « herméneutiser » et leur jeter dessus de la vaseline. Ces expressions se comprennent tout seules et par elles-mêmes, sans interprète.

Ce Pape est plein d’expressions du visage. Des expressions d’amour et euphoriques pour ce qu’il aime. Des expressions d’outrage, de moquerie ou de déconsidération, envers ce qu’il déteste et envers celui qui l’énerve. Oui assurément car bien qu’il parle tellement de miséricorde et de pardon, il lui vient toujours une expression de ressentiment et de rancœur face à ce qu’il déprécie. Il semble que dans ces cas-là l’odeur de la brebis ait été troquée contre l’odeur de la moutarde.


Ces jours-ci vient de sortir le déjà fameux livre des réponses du Pape aux questions choisies de nombreux enfants du monde entier. Ces questions d’enfants ont été élaborées par leurs aînés, elles ont été choisies par les courtisans de la Curie et ont reçu des réponses, bien avant que soient connues les questions. On va dire que j'ai très mauvais esprit, mais je ne résiste pas à la tentation de penser que bien des questions ont été mises à profit pour mettre subrepticement quelques réponses pensées au préalable. D’abord je réponds, ensuite j’interroge.

Je m’imagine les architectes du livre en conversation: profitons-en pour mettre une petite chose sur la Messe Traditionnelle... Comment faisons-nous ? Ça c’est bien: un enfant demande au Pape s’il a été enfant de chœur; et François, - qui pour cela n’a pas besoin de conseillers, répond en donnant un grand coup de mépris pour cette Messe.

Et c’est ainsi que dans un livre de questions insipides, avec des réponses géniales, apparaît d’un coup, comme par magie un geste de plus du Souverain Pontife, qui à ce moment-là entre dans un processus de psychanalyse et se rappelle son enfance, faisant voir que pour le pauvre enfant Bergoglio durant cette messe-là, le temps lui semblait mortel, parce qu’il s’ennuyait beaucoup, que les enfant ne comprenaient rien, que le curé tournait le dos, que le livre était très lourd et qu’il fallait le changer de place.

 
Cher Alessio,
oui, j'étais enfant de chœur. Et toi ? Quel rôle as-tu parmi les enfants de chœur ? C'est plus facile d'être enfant de choeur maintenant, tu sais. Sache que quand j'étais enfant, la messe était célébrée différemment d'aujourd'hui. À l'époque, le prêtre était face à l'autel, qui était contre le mur, et non pas face au peuple. Puis le livre avec lequel il disait la messe, le missel, était placé sur le côté droit de l'autel. Mais avant la lecture de l'Evangile, il devait toujours être déplacé sur le côté gauche. C'était mon rôle, je devais le transporter de droite à gauche puis de gauche à droite. C'était fatiguant ! Le livre était lourd ! Je le prenais avec toute mon énergie, mais je n'étais pas si fort : une fois, je l'ai pris et je suis tombé, de sorte que le prêtre a dû m'aider. Voilà une tâche que je réalisais ! La messe n'était pas en italien alors. Le prêtre parlait, mais je n'y comprenais rien, de même que mes amis. Alors, pour nous amuser, nous imitions le prêtre en déformant des mots pour créer des énonciations étranges en espagnol. Nous nous amusions, et nous aimions vraiment servir la messe.


Il semble que l’enfant Bergoglio était très peu pieux, car j’ai connu dans mon enfance beaucoup d’enfants qui souhaitaient servir la Messe. Et qui comprenaient le charme de la Messe, ils avaient été éduquées dans la beauté de la Messe et se sentaient fiers d’être des enfants de chœur. Ils ne passaient pas leur temps à s’amuser et à imiter le curé. L’enfant argentin était enchanté par la danse mais il s’ennuyait à la Messe. Comme c’est bien.
Ce n’est qu’un exemple. Des gestes par ci, des gestes par là. Certains de plus gros calibre, d’autres de moindre importante. Mais tous destructeurs de la saine doctrine.

Je ne résiste pas à donner un autre exemple de ces jours-ci. Si pour louer la miséricorde de Dieu et sa capacité de pardon, on dit qu’on n'a pas besoin de dire ses péchés (cf. Sandro Magister: La confession selon François ) et seulement de se repentir, on est en train de bombarder directement la doctrine de l’intégrité de la confession. On voit que lorsque l’enfant Bergoglio servait la Messe, en s’ennuyant, il n’a pas non plus bien appris le Catéchisme d’alors qui mettait comme condition d’une confession bien faite: dire les péchés au confesseur. Sûr que cet enfant peu pieux pensait déjà à l’époque : si je suis Pape, je supprimerai ces bêtises.

Cette semaine nous fêtons ( ?) le troisième anniversaire du démantèlement. Lombardi continue à interpréter, et énormément d’autres à être déroutés. D’autres enfin, s’en réjouissent.
Cela semble une éternité...et le virus continue à tuer des gens.

Conclusion (Carlota)

Quel est le but de la réflexion sur le latin et sur les enfants de chœur qui « singeaient le curé » dans des messes de l’ « ancien temps »? Cette réflexion est en plus exagérée car un gamin qui parle l’italien (de Lombardie ou de Ligurie) à la maison, l’espagnol à l’école et celui de Buenos Aires dans la rue, ne peut pas - surtout à cet âge, et s’il a un minimum de désir d’apprendre -, ne rien comprendre aux termes de la messe en latin, tellement les mots sont apparentés. Mais encore faut-il le vouloir ? Bref si le but est de montrer que le Pape est devenu Pape, malgré tous ces (et ses) défauts, cette réflexion sur la Messe Traditionnelle était encore plus inutile. Elle n’arrive doncpas par hasard.

Mais alors pourquoi tant d’acharnement ? Se poser la question, n’est-ce pas déjà y répondre ? Quand l’« insignifiant » dérange à ce point, - insignifiant numériquement parlant en ce qui concerne le nombre de messes dites selon la forme extraordinaire du rite latin aujourd’hui et dans le monde par rapport au nombre de messes dites dans la forme ordinaire, même si le nombre est partout en constante augmentation -, c’est bien que le problème n’est pas là.

Certains de dire que c’est donc un beau signe d’encouragement pour la Messe Traditionnelle et ce qu’elle symbolise. Merci donc au Pape de mettre en avant cette Messe, même par un exemple a contrario et, même si l’on aurait aimé que cela ne passe pas par un livre d’enfants (une « manipulation » s’il y a une, qui rappelle certains régimes « totalitaires » déclarés ou non en tant que tels, d’hier et d’aujourd’hui).

« Mais, si quelqu'un scandalisait un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu'on suspendît à son cou une meule de moulin, et qu'on le jetât au fond de la mer » (Matthieu 18,6).
Il y a toutes sortes de scandales…