Hérésie et sédévacantisme


Pour le Père Hunwicke, c'est non! François est bien le Pape. Certes! (20/1/2016)

 

Une fois n'est pas coutume. Je vais reproduire en entier, non pas l'homélie elle-même du 18 janvier à Sainte Marthe (introuvable, de toute façon dans son jus, ce qui est compréhensible, compte tenu de la forme approximative rendant la transcription mot à mot presque impossible), mais le compte-rendu qu'en donne - non sans mérite, donc! - Radio Vatican en langue française.
L'homélie a été souvent évoquée, mais pas citée - au moins à ma connaissance. On peut supposer que la source, ici, est insoupçonnable: elle permettra à chacun de se faire sa propre opinion, et on ne pourra pas m'accuser de "citations tronquées" (ou alors, c'est radio vatican qui tronque... ou censure!). Elle est VRAIMENT à lire (RV a rajouté les sous-titres, les soulignements sont de moi):


PAPE FRANÇOIS: NE JAMAIS SE CONTENTER DE DIRE "ON A TOUJOURS FAIT COMME ÇA"

Les chrétiens bloqués au “On a toujours fait comme ça” ont un coeur fermé aux surprises de l’Esprit Saint et n’arriveront jamais à la plénitude de la vérité parce qu’ils sont idolâtres et rebelles : le Pape a martelé cette conviction lors de la messe matinale à Sainte-Marthe, ce lundi 18 janvier 2016.

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Ouvrir le cœur à la nouveauté de l’Esprit Saint
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Dans la première lecture, Saul est rejeté par Dieu comme roi d’Israël, parce qu’il préfère écouter le peuple plus que la volonté du Seigneur et Lui désobeit. Le peuple, après une victoire dans la bataille, voulait faire un sacrifice à Dieu avec son meilleur bétail, parce que, dit- il en substance, «on a toujours fait comme ça». Mais Dieu, cette fois, ne le voulait pas. Le prophète Samuel réprouvera Saul : «Le Seigneur aime-t-il les holocaustes et les sacrifices autant que l’obéissance à sa parole ?», lui demande-t-il.
C’est la même chose, a observé le Pape François, que nous enseigne Jésus dans l’Évangile : les docteurs de la loi lui répondaient que ses disciples ne déjeunaient pas comme on avait toujours fait jusque là. Et Jésus répond avec ce principe de vie : «Personne ne coud un morceau de vieux tissu sur un vêtement neuf (…) et personne ne verse du vin neuf dans de vieilles outres, sinon le vin contaminera les autres et on perdra le vin et les outres.»
« Qu’est-ce que cela signifie ? Que la loi change ?, s’est interrogé le Pape. Non ! Mais la loi est au service de l’homme, qui est au service de Dieu et pour cela, l’homme doit avoir le cœur ouvert. Dire "on a toujours fait comme ça", c’est avoir le cœur fermé, et Jésus nous a dit : "Je vous enverra l’Esprit Saint, et Il vous conduira vers la pleine vérité" ! Si tu as le cœur fermé à la nouveauté de l’Esprit, tu n’arriveras jamais à la pleine vérité ! Et ta vie chrétienne sera une vie moitié-moitié, une vie bricolée, avec des choses neuves, mais sur une structure qui n’est pas ouverte à la voix du Seigneur. Un cœur fermé, parce que tu n’es pas capable de changer les outres ».

Chrétiens obstinés et rebelles
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«Cela, a souligné le Pape, a été le péché du roi Saul, pour lequel il a été rejeté. C’est le péché de nombreux chrétiens qui se rattachent à ce qui a toujours été fait et ne laissent pas changer les outres. Et ils finissent avec un vie moitié-moitié, bricolée, sans sens.» Le péché, c’est avoir un «cœur fermé», qui «n’écoute pas la voix du Seigneur, qui n’est pas ouvert à la nouveauté du Seigneur, à l’Esprit qui toujours nous surprend». La rébellion, dit Samuel, est un «péché de divination», et l’obstination est une idolâtrie.

«Les chrétiens obstinés dans le "on a toujours fait comme ça, c’est le chemin, c’est la voie", pèchent. Et l’obstination est aussi un péché, un péché d’idolâtrie. La voie, c’est “ouvrir le coeur à l’Esprit Saint, discerner quelle est la volonté de Dieu.»

Des habitudes qui doivent se renouveler
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«C’était l’habitude au temps de Jésus, a affirmé le Pape, que les bons israélites jeûnent. Mais il y a une autre réalité : il y a l’Esprit Saint qui nous conduit à la pleine vérité. Et pour cela, Il a besoin de cœurs ouverts, de cœurs qui ne sont pas obstinés dans le péché d’idolâtrie de soi-même, parce que je crois plus important ce que moi je pense, plutôt que cette surprise de l’Esprit Saint.»
«Ceci est le message que l’Église nous donne aujourd’hui. Ceci est ce que Jésus dit si fort : "du vin nouveau dans des outres neuves". Face aux nouveautés de l’Esprit, aux surprises de Dieu, les habitudes doivent aussi se renouveler. Que le Seigneur nous donne la grâce d’un cœur ouvert, d’un cœur ouvert à la voix de l’Esprit, qui sache faire le différence entre ce qui ne doit plus changer, parce que c’est un fondement, et ce que l’on doit changer pour pouvoir recevoir la nouveauté de l’Esprit Saint.»

Pour une fois, je trouve que c'est très clair.
Ceux qui s'obstinent à ne pas voir à QUI il s'en prend, une fois de plus (avec une acrimonie croissante, qui contraste avec la miséricorde dont il fait profession, et surtout la bienveillance qu'il témoigne tout spécialement aux athées et représentants des autres religions) et il veut en venir, sont de mauvaise foi, ou alors ils ont vraiment des problèmes de compréhension qui relèvent de la pathologie.

Cette homélie a attiré un commentaire (très modéré et sage) du Père Hunwicke. Je crois utile de le reproduire: on lit beaucoup, sur les blogs "conservateurs" que nous vivons des "temps de désorientation". Ce dont nous avons besoin, ce sont donc les paroles d'un bon pasteur - un bon prêtre - pour nous "orienter", justement. Peu osent s'exprimer, nous savons pourquoi. Donc, les commentaires du Père Hunwicke sont pour moi particulièrement bienvenus.

Encore le Pape François, je le crains.


Fr Hunwicke
19 janvier 2016
liturgicalnotes.blogspot.co.uk
Ma traduction


Comme la plupart des lecteurs, je me sens rarement, voire jamais, sûr de ce que notre Saint-Père a vraiment voulu dire. Ajouté à cela notre inclination naturelle à traiter avec respect tout ce qu'un Pontife romain dit (même quand il parle dans un registre Magistériel "bas"). Par conséquent, je n'ai pas envie de me joindre aux critiques généralisées de déclarations comme son homélie d'hier (lundi), dans laquelle il a parlé d'acceptation de nouvel enseignement, ou de «surprises», de l'Esprit Saint, de «vin nouveau», et ainsi de suite.
Mais je vais vous rappeler quelque chose que nous savons, et que nous sommes tenus de croire, parce que c'est l'enseignement dogmatique d'un concile œcuménique (Vatican I), rédigé avec clarté.

Le Saint-Esprit n'a pas été promis aux successeurs de Pierre afin que, par son révélation, ils puissent révéler un nouvel enseignement

MAIS

afin que, par son assistance, ils puissent dévotement garder et fidèlement énoncer la révélation transmise par les Apôtres, ou en d'autres termes, le dépôt de la foi. "


Si le Pape François, ou n'importe quel pape, devait un jour enseigner en opposition à cette déclaration doctrinale, il enseignerait l'hérésie. Un pape est tout aussi soumis à la DOCTRINE CATHOLIQUE que je le suis et que vous l'êtes.

Il est donc du devoir de chacun de nous d'interpréter ses paroles dans une herméneutique telle qu'on puisse les lire comme n'étant pas contraires à ce qui a été enseigné par Vatican I .

La conclusion du Père Hunwicke est évidemment destinée à calmer le jeu.
Elle s'éclaire un peu mieux avec le billet suivant, daté du 19 janvier:


Sédévacantisme et autres références à notre Saint Père comme "le pape apparent", ou "le co-Pape" (ndt: sans doute dans les commentaires à ses articles)... je ne le permets pas. Des papes ont été hérétiques avant, mais ils n'ont jamais cessé d'être papes, même s'ils ont été condamnés par un Concile oecuménique et/ou frappés d'anathème par leur propre successeur. Le sédévacantisme est une absurdité. Non pas que - même dans les analyses les plus pessimistes - le Pape François ait jamais enseigné l'hérésie de façon quasi-Magistérielle. Ce que je dis, c'est que, même s'il le faisait, il ne cesserait pas d'être Pape. C'était, et cela restera, la politique constante de ce blog.

Clin d'oeil ironique final, il renvoie le lecteur au blog de Mgr Williamson, ajoutant, non sans humour: "Serait-il un crypto moderniste? "
Précisons que Mgr Williamson a clairement désigné le sédévacantisme comme une hérésie (voir ICI)