JMJ: la presse polonaise (de gauche) fan du Pape!!


La preuve par la photo de "une" d'un des principaux quotidiens de Pologne, la 'Gazeta Wyborcza', équivalent polonais de 'Libération', et l'éditorial en première page... (2/8/2016)


B.F., mon correspondant polonophile et polonophone (cf. L'énigme François) nous apporte ce précieux témoignage de "l'intérieur".
Très éclairant: la connivence à l'échelle globale de la presse "libérale-libertaire", pourtant férocement critique de l'Eglise, dans le soutien inconditionnel au Pape, est un fait indéniable, et qui devrait alerter les catholiques de bonne volonté qui, au nom d'un loyalisme confinant désormais à l'aveuglement, ne parviennentpas à faire la distinction entre l'institution de la papauté et la personne de Jorge Mario Bergoglio...


(BF)

Voici la une de l’édition du 30 et 31 juillet 2016 (week-end de la fin des JMJ) du quotidien de la gauche libérale libertaire Gazeta Wyborcza et second quotidien de Pologne en terme de diffusion (tirage moyen en 2016: 230 000 exemplaire; exemplaires vendu en moyenne 140 000)
Remarquez , la publicité au dessus du titre qui propose aux lecteurs d’acheter le journal pour la somme de 14,99 zlotys (au lieu de 3,50 zlotys) avec une médaille commémorative de la première visite du Pape François en Pologne. C’est très fort pour un journal qui a une ligne très anticléricale et très à gauche en matière de moeurs. Enfin, il n’y a pas de petits profits.

Le gros titre : RESTE AVEC NOUS!
Le sous titre : Est-ce que la visite de François transformera ma Pologne ?
Des voix de gauche, de droite et du centre pages 12 et 15

Sous le portrait du Pape: un édito de Jaroslaw Mikolajewski, titre de l’article: Une révolution silencieuse comme la pluie.

Une révolution silencieuse comme la pluie


Gazeta Wyborcza
30/31 juillet 2016
Jaroslaw Mikolajewski
Traduction par BF

* * *

En trois jours, une révolution a eu lieu. Silencieuse comme la pluie. Nous sommes tels des fleurs fanées sur lesquelles la bruine serait tombée.

L'ambiance est tellement cordiale que nous nous sommes rendu compte combien nous a attristé la méchante politique. Pour toute réponse nous avions la colère et maintenant nous avons une fraternité alternative, joyeuse et intelligente. ”Voulez-vous changer ?”demande François aux jeunes gens. “Nous voulons !”

L’essence de ces deux mondes fut Jasna Gora (à Czestochowa - Ndt). : le contraste d'un pape humain et de politiciens aux faces de carton. Et la rencontre de Blonia (à Cracovie - Ndt) - l'union de François avec cette foule multiculturelle si moquée, si diverse et unie par le destin, les difficultés, les espoirs, comme Dieu ou bien la Nature l'a créée.

Grâce à François, on a montré ce que l'Eglise avait enterré pendant des siècles. Que le plus important c'est l'homme. Même aux yeux de Dieu, qui ne veut pas être assis sur un trône. C'est un moment important. La rencontre – la rencontre de l’humanisme religieux et laïque. Nous avions oublié que les gens vivant sans dogmes et ceux dont les dogmes construisent l'identité, ont un dogme commun : la miséricorde ou la solidarité.

Le Pape n'a pas dit de choses nouvelles mais le fait que ce soit justement lui qui les ait dites, avec tant d’authenticité, à ce moment de l'histoire, en présence de ceux qui nous attristent, fait de ces paroles une source vive.

Au début, il s'est confronté avec le préjugé qui veut qu' un Pape Polonais et un Pape Argentin ce sont deux valeurs différentes. Avec gratitude, il rappelle Wojtyla et souligne ses pensées que nous avons négligées – la valeur de l’histoire nationale comme humanisme et non comme nationalisme. Et c'est ainsi que pour beaucoup de Polonais il n'y a plus “notre Pape” et le Pape “qui n'est pas des nôtres” ; il y a le Pape grand frère et le Pape Petit frère.

Le Pape ne fait pas la leçon, il sculpte seulement l'imagination avec une lame subtile.

Il ne dit pas “Ne soyez pas antisémites”, mais compare les Polonais aux Juifs revenant de Babylone.

Il ne dit pas “ Vous n'aidez pas les réfugiés” mais fait appel à la solidarité et rappelle que nous sommes aussi des émigrants. Il parle de la protection de la vie, il ne parle pas de l'avortement. Ils ne parle pas des divorces mais de la résolution des problèmes. Il parle des mots “s'il te plaît”, ”merci”, “pardon”.

Il dit qu'il est important de toucher tendrement le visage de quelqu'un.

A Auschwitz il enseigne le courage du silence.

Il rappelle que dans la vie, il y a aussi la mort, mais que la victoire sur la mort existe.

Il reconnaît que parfois l'homme chute mais que le plus important est qu'il se relève. Et pour appuyer ces paroles, il tombe et se relève. Sous les yeux des présidents et des ministres qui ne s'inclinent pas devant les balles.