La messe de le Cène du Seigneur disparue !...


au moins du calendrier officiel. Les précisions et les interrogations de Giuseppe Nardi (4/3/2016)



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Le 21 janvier dernier, le bulletin VIS nous informait que par un décret signé du cardinal Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin, le Pape décidait (selon sa prérogative indéniable) d’un changement dans le rite du lavement des pieds du Jeudi Saint, lors de la messe de la Cène du Seigneur (in Cena Domini), spécifiant que « désormais les personnes désignées pourront être également choisies dans toutes les composantes du peuple de Dieu et non plus strictement parmi ses membres masculins » .
Le décret concernait donc exclusivement les modalités , et pas le lieu.
Je citais à l’époque un article de 2013 du Père Scalese, qui lui soulevait bel et bien le problème du lieu (cf. Changement du rite du lavement des pieds).

Dernier développement : selon le calendrier des évènements présidés par le Pape en mars, que vient de publier la Préfecture de la maison Pontificale (cf. www.vatican.va/various/prefettura...), la Messe de la Cène du Seigneur a tout simplement disparu…

La dernière Cène aurait-elle disparu des célébrations pontificales ?


Giuseppe Nardi
www.katholisches.info
1er mars 2016
Traduction d'Isabelle


Le Jeudi saint de cette année encore, le pape François ne célébrera pas la Cène du Seigneur dans la Basilique de Latran, la cathédrale de Rome et la « mère de toutes les églises », mais dans un lieu inconnu à ce jour.

L’Office des célébrations liturgiques du Souverain Pontife a rendu public hier le calendrier des cérémonies pontificales jusqu’au premier dimanche après Pâques. Pour le Jeudi saint, on y signale, à 9h30, la messe chrismale dans la basilique Saint-Pierre. En ce qui concerne la Missa in Cena Domini, aucune mention n’en est faite, ni sur la page du site internet officiel du Saint-Siège ni sur la page du Vatican Information Service (VIS). Et le premier jour du Triduum Sacrum n’apparaît pas non plus dans "l’Osservatore Romano" d’aujourd’hui (édition du 29 février/1er mars), qui publie lui aussi le calendrier des célébrations pontificales. Il semblerait donc que le Jeudi Saint, avec la dernière Cène, ait disparu des célébrations pontificales.

Il n’en est évidemment rien. L’absence d’indication laisse présager plutôt que le pape François, comme il l’a fait les trois années précédentes, célébrera la liturgie du Jeudi saint en privé.


LES SACREMENTS ÉCLIPSÉS PAR LE LAVEMENT DES PIEDS
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L’institution du sacrement de l’ordre (le sacerdoce) et du sacrement de l’autel (l’eucharistie) passe une nouvelle fois au second plan derrière le geste du lavement des pieds. Le lien particulier qui unit la célébration liturgique à l’église cathédrale du diocèse s’efface au profit d’une visite en prison (2013 et 2015) ou dans une institution pour personnes handicapées (2014).

Cette visite par le pape de prisons, d’institutions pour personnes âgées ou handicapées est non seulement bien accueillie mais lui vaut des éloges. Il met ainsi lui-même en pratique ce qu’il demande aux autres : dépasser la culture du déchet et éviter toute discrimination. Les critiques font cependant valoir que le pape peut visiter ces établissements et ces institutions à tout moment de l’année, alors que la liturgie du Jeudi saint n’est célébrée qu’un seul soir de l’année liturgique et exprime de manière particulière le lien de l’évêque avec sa communauté. C’est pour cette raison que la célébration est liée à la cathédrale et revêt, pour l’église, une importance liturgique exceptionnelle.

A cause de ses « extravagances » (ou « sorties de route », comme a dit Francisco Fernandez de <la Cigona>), le pape François a essuyé, les années précédentes, des critiques émanant de cercles liés aux traditionnalistes. Les catholiques conservateurs n’osent émettre aucune critique à l’égard du pape alors que les catholiques progressistes sont enthousiasmés par tout ce qui s’écarte de la tradition.

Ce que l’on critique surtout, c’est le fait que le pape, sans raison compréhensible, « se dérobe » aux fidèles de son diocèse et de l’Eglise universelle. De même, s’il est vrai que le lavement des pieds est un signe important d’humilité et de l’amour du prochain mis en pratique, il n’en est pas pour autant l’élément le plus important de la liturgie du Jeudi saint, mais doit se comprendre en relation avec l’institution des sacrements. Le service qui s’y exprime signifie, certes, un service de tous, mais au premier chef le service des frères dans la foi.


DÉSERTER L’ÉGLISE-CATHÉDRALE : UNE « ANOMALIE »
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Au cours des années précédentes, on a critiqué aussi le fait que François lave les pieds non seulement à des hommes et des femmes, mais aussi à des adeptes d’autres religions. «Le lavement de pieds peut donner l’impression d’être un vademecum de l’engagement social. Cette impression est tout à fait fausse. Si on veut le bien comprendre, Pierre, le pape, se montre ici comme le servus servorum , comme le serviteur des serviteurs de Dieu. Par l’éviction d’éléments plus importants de la liturgie du jeudi saint, tout acquiert un arrière-goût amer, qui laisse insatisfait », selon les mots de la page du site catholique <Dotta ignoranza>, à propos des « libertés liturgiques douteuses du pape ».

« Sous François, jamais encore l’importante liturgie du jeudi saint n’a été célébrée publiquement par le pape. Maintenant il s’esquive pour la quatrième fois consécutive. La liturgie du Jeudi saint, sous ce pontificat, semble être devenue invisible », commente pour sa part <Messa in Latino>.

Choisir, plutôt que l’église-cathédrale, une autre église ou une chapelle dans le but de souligner le lien avec la communauté ou avec des personnes en situation particulière, est louable et compréhensible, d’après <Dotta ignoranza>, mais n’en représente pas moins, pour les trois jours saints, « une anomalie » .
Une prison, un home pour personnes âgées, une institution, pour personnes handicapés pourraient aussi bien bénéficier de la visite du pape entre la messe chrismale et la Messa in Coena Domini. « Le temps ne manquerait pas pour cela. A propos, peut-être le pape pourrait-il visiter cette année un centre pour la vie ou un centre d’assistance aux femmes enceintes, tenu par un mouvement pro-vie où on lutte chaque jour pour la vie des enfants à naître et où l’on résiste à ‘la culture du déchet’. Nous y serions immédiatement favorables, -- mais de grâce, avant la liturgie du Jeudi saint ».