Le Pape: éloge de la cohabitation prématrimoniale



Décidément, le discours de François en ouverture du congrès diocésain de Rome, le 16 juin dernier, n'en finit pas de livrer des (mauvaises) surprises... (22/6/2016)


>>> Le discours dans sa version "officielle" (en italien): w2.vatican.va

>>> Voir aussi: Benoît XVI: éloge de la chasteté prématrimoniale



Dans ce discours en grande partie improvisé, le Pape a enchaîné les erreurs, approximations et déclarations surprenantes, voire hétérodoxes (Antonio Socci et Phil Lawler en ont dressé la liste ici: Nouvelles et inquiétantes perles bergogliennes).
Parmi elles, celle qui a suscité le plus de réactions (mais dans un milieu très circonscrit, il faut le dire, la plupart des gens sont indifférents parce que non informés, ce qui explique en partie la popularité dont le Pape continue à jouir) concerne la prétendue "nullité" de "la plupart" des mariages sacramentaux.
Mais il y avait pire. François a fait publiquement l'éloge de ce que - il n'y a pas si longtemps - on appelait "concubinage" (mot désormais prohibé, remplacé par le plus politiquement correct "cohabitation"). Justifiant ainsi un comportement considéré jusqu'à présent par l'Eglise comme gravement peccamineux, et cautionnant de sa haute autorité morale (laquelle, il faut le rappeler, tient non à sa personne mais à son ministère) une pratique qui met en danger la stabilité de la famille - donc de la Société - et l'irresponsabilté des pères.

A noter: presque une semaine après avoir été prononcé, le discours n'est toujours disponible qu'en italien (et après moult "retouches", semble-t-il) sur le site du Vatican, et n'a été traduit en français (à ma connaissance) ni sur Zenit, ni sur Radio Vatican en langue française.

La grave erreur de Bergoglio sur le mariage et la cohabitation


Francesco Filipazzi
www.campariedemaistre.com
20 juin 2016
Ma traduction

* * *

«Et Jésus lui dit : "Moi non plus je ne te condamne pas, va, et désormais ne pèche plus».
Dans cette simple phrase de l'Evangile de Jean est contenu à peu près tout le sens de la doctrine chrétienne sur le péché. Le Christ n'est pas venu dire que les péchés ne sont pas des péchés, mais qu'Il peut pardonner parce que nous avons besoin de pardon, à condition toutefois d'éviter le péché à l'avenir, de le détester.
A propos de la condition de péché, un certain nombre de polémiques se sont déclenchées à la suite du discours décidément imprudent de François (au point qu'il a dû être corrigé et censuré par le bureau de presse, et non par nous, vieilles commères pélagiennes) sur le mariage et la cohabitation, prononcé le 16 Juin dernier .

Laissant de côté la phrase sur les mariages nuls, péniblement revue et corrigée dans la version écrite, le discours sur les unions libres a laissé beaucoup de nos lecteurs bouche bée.
Bergoglio a dit:

«Un fait social à Buenos Aires: j'ai interdit de faire des mariages religieux, à Buenos Aires, dans les cas que nous appelons “matrimonios de apuro”, mariages "pressés" [de réparation], quand un enfant est attendu. Maintenant , les choses sont en train de changer, mais il y a ceci: tout doit être socialement en règle, l'enfant arrive, faisons le mariage. J'ai interdit de le faire, parce qu'ils ne sont pas libres, ils ne sont pas libres! Peut-être qu'ils s'aiment. Et j'ai vu quelques beaux cas, où ensuite, après deux ou trois ans, ils se sont mariés, et je les ai vus entrer dans l'église, le papa, la maman et l'enfant par la main. Mais ils savaient bien ce qu'ils faisaient».

Il a dit ensuite, au sujet des expériences connues de cohabitation dans la campagne argentine:

«Pourtant, je dis vraiment que j'ai vu beaucoup de fidèlité dans ces cohabitations, beaucoup de fidèlité; et je suis sûr que c'est un vrai mariage, ils ont la grâce du mariage, justement pour la fidélité qu'ils ont. Mais il y a des superstitions locales. »

Les phrases apparaissent déroutantes, puisque l'Église a toujours qualifié la cohabitation d'illicite et, en ce qui concerne la progéniture hors mariage, on parle du droit des enfants à trouver rapidement le juste accueil dans la famille chrétienne, qui est uniquement celle sacramentelle. Donc, si l'archevêque de Buenos Aires voulait proposer un chemin de foi chrétienne, il devait proposer, dans le cas du mariage 'différé', une vie séparée des deux parents, certainement pas de vivre ensemble. L'hypothèse selon laquelle «il vaut mieux cohabiter d'abord» est totalement anti-chrétienne. D'autant plus que, comme le font remarquer nos lecteurs, plusieurs questions plus que licites surgissent.

Ceux qui ne se sont pas mariés, quel choix ont-ils fait? Et les enfants? Ont-ils eu malgré tout un père, une mère, une famille? Il n'est pas incongru de penser qu'un certain nombre de couples ne se sont pas mariés, privant ainsi le nouveau-né d'une famille chrétienne.
Il semble également assez clair que cette "pratique pastorale" mise en œuvre à Buenos Aires pourra encourager les grossesses extra-conjugales, déresponsabilisant totalement les parents et surtout les pères. À une époque où les programmes de télévision passent des émissions comme «Enceinte à 16 ans», il aurait mieux valu proposer quelque chose de différent.

Il y a ensuite le discours sur les filles-mères (ndt: "ragazze-madre"). Combien sont abandonnés par les pères qui ne font pas leur devoir? Et cette pratique bergoglienne n'est-elle pas un bel applaudissement à ces hommes irresponsables?

Il semble, malheureusement, que le pape actuel ait une idée du péché qui n'est pas vraiment orthodoxe.
Amoris Laetitia avait déjà parlé de la possibilité de vivre dans la grâce de Dieu, même si on se trouve dans un état objectif de péché. Dans le discours de jeudi, il a répété un argument similaire. La cohabitation, c'est-à-dire une condition objective de péché, est présenté comme une prémisse d'un bon mariage. Ce qui est décidément immoral, parce que - comme nous l'avons déjà expliqué en nous référant à Jean-Paul II - la seule prémisse positive au mariage est la chasteté. Du péché, il ne peut pas naître le bien et surtout il n'existe pas de bien partiel. Il y a le bien et il y a le mal.

Aujourd'hui, malheureusement - et le dire nous déchire -, la prédication de François donne l'impression que le péché n'est plus un péché, et par suite, s'il n'y a pas plus de péché, il n'y a pas besoin de se repentir, il n'y a pas besoin de pardon, il n'y a pas besoin de salut. Donc, plus besoin de la Croix, plus besoin de Jésus (même plus besoin du Pape).
Malheureusement Bergoglio se prête à cela, mais comme le disait Spaemann, il y a une limite au supportable. Aujourd'hui, nous vivons à l'ère de désespoir, nous avons besoin de repentir, de pardon, de salut. Nous avons besoin de la Croix. Nous voulons Dieu.