Les exclus de François


Fray Gerundio commente avec son humour inimitable deux initiatives papales datant du 11 novembre: le jubilé des sans-abris, et la visite à des prêtres défroqués. (21/11/2016)


11 novembre: "Le Pape François et les personnes de la rue, Salle Paul VI"
Photo et article sur
Radio Vatican.


Le 11 novembre dernier, selon un site d’information laïc et pas forcément connu pour sa piété le pape François « ouvrait en grand les portes du Vatican à des personnes vivant à la rue. Pendant trois jours, du vendredi 11 au dimanche 13 novembre, ils sont 6 000, venus de toute l'Europe, accueillis par le souverain pontife pour le jubilé des sans-abri ».

Le même jour, La Croix rapportait que « Dans le cadre des "vendredis de la miséricorde", le pape François s’est rendu dans l’après-midi du vendredi 11 novembre dans le quartier de Ponte di Nona, à l’extrême est de Rome où il a rencontré, dans un appartement, sept familles toutes fondées par d’anciens prêtres ayant quitté le sacerdoce ». Il s’agissait, selon le Vatican d’ « Un signe de proximité et d’affection à ces jeunes qui ont fait un choix pas toujours accepté par leurs frères prêtres et la famille »

Fray Ferundio rend compte de ces deux évènements soigneusement mis en scène, de la manière que l’on peut imaginer: avec un humour féroce. Une occasion pour lui de réfléchir sur les notions d’inclusion/exclusion, et sur la conception qu’en a le Pape .

Les exclus de François


Fray Gerundio
19 novembre 2016
Traduction de Carlota

* * *

Quand notre Seigneur Jésus Christ a dit que « le Royaume des Cieux appartient aux pauvres d’esprit» (Matthieu 5-3), ses paroles ont été parfaitement comprises. C’est ainsi que l’Église l’a compris pendant des siècles. La doctrine bergoglienne n’avait pas encore été inventée, une doctrine qui n’est rien de plus qu’un marxisme de faubourg né de la haine des autres. C’est pourquoi aujourd’hui, avec le nouveau vent herméneutique,on comprend la prédication du Seigneur d’une façon différente. On n’arrête pas de parler des exclus et de ce qu’il faut faire pour les accueillir. Mais, moi ce que j’en dis, c’est qu’au moment où ces exclus on les inclut, ils cessent, de ce fait même, d’être exclus. Et par conséquent on ne devrait plus les prendre en pitié. Une fois de plus, l’espace est supérieur au temps, comme le dit l’Einstein de Buenos Aires.

Bien que cela sonne très bien cet inclure et ce ne-pas-exclure, ce qui est sûr c’est que si l’on inclut quelque chose c’est parce qu’on exclut autre chose. Tout au moins dans les mathématiques classiques, même si ce n’est pas la normalité dans la comptabilité des politiques, des partis et de cette bande de dénonciateurs des péchés capitaux, les utopistes sans vergogne de notre temps.
Ce que j’en dis, c’est à propos de l’information, - préparée et réalisée d’une manière si exquise -, du Jubilée des Sans-Toit (cf. vidéo de Rome Reports) et de la Messe célébrée spécialement pour eux il y a quelques jours. Une grande quantité de pauvres sont venus à la célébration. Le chroniqueur dit que ces pauvres étaient plus de 4000 venus de toute l’Europe. Cela faisait plaisir de voir leurs visages, jouissant du moment où ils pourraient toucher le bord de la tunique de Bergoglio [!!] qui passait en procession parmi eux avec un visage quelque peu aigre. Venez à moi, bénis de mon Père, vous qui avez été exclus par le Système Capitaliste.
Et pour en rajouter encore plus sur le sujet, et leur faire prendre conscience du côté où ils devaient diriger leurs haines, François leur a, en même temps, demandé pardon. Pardon pour les chrétiens qui voient un pauvre et qui regardent d’un autre côté. Plus le progrès augmente, plus l’exclusion augmente (cf. www.romereports.com). C’est ainsi que l’Oracle parle. Moi, qui suis un moine inculte en ce qui concerne l’économie, je crois que plus le progrès augmente, plus augmente la possibilité de ce que beaucoup de Sans-Toit puissent travailler. S’il n’y a pas de progrès il n’y a pas de travail. Et s’il n’y a pas de travail il n’y a pas de Toit. C’est ce qu’a confirmé Frère Pésète [ndt: Le surnom du moine peut nous laisser supposer qu’il est peut-être l’économe du couvent !] qui s’y entend beaucoup sur le sujet.
J’ai déjà commenté à maintes reprises, que Bergoglio veut nous faire croire que dans l’Église, et dans la Chrétienté en général, personne ne s’est occupé des pauvres jusqu’à ce qu’il arrive, lui. Quelque chose qui a sa part de vérité bien que j’y apporterais quelques nuances. Personne ne s’est préoccupé des pauvres comme lui, parce que personne n’a fait des pauvres (ces exclus du système capitaliste) une bannière télévisée populiste et électoraliste. L’Église a pris soin des pauvres sans tout ce baratin, sans que la main gauche sache ce que fait la main droite, et sans les utopiques présupposés marxistes. Le Seigneur le savait très bien et c’est pour cela qu’il disait : «Vous aurez toujours des pauvres parmi vous» (Mat 26-11). Le plan qui consiste à en finir avec la pauvreté de façon absolue est une utopie. C’est vrai que le marxisme en a fini avec la pauvreté de beaucoup de millions d’êtres humains, mais cela a été par la voie rapide (ndt: expéditive !). Même si l’on sait bien que les communistes étaient les meilleurs catholiques qu’il y ait sur terre (2). Les pauvres petits. On les emmenait dans un autre quartier pour qu’ils ne souffrent pas. Et c’est que les catho-communistes (tant pis pour la redondance) croyaient en une Autre Vie.

J’ai fait le commentaire suivant à mes frères conventuels : ces exclus, - une fois arrivés au Vatican, n’étaient déjà plus exclus. Ils sont tous venus à cette célébration parce qu’ils connaissaient quelqu’un, ils avaient un tuyau, ils ont pu avoir une recommandation ou ils ont pu recevoir de l’argent pour le voyage. Comme on peut le voir sur l’enregistrement, tous, ou presque tous, avaient des portables pour faire des selfies au passage du cortège pontifical. Sans doute parce qu’ils connaissaient quelqu’un qui leur avait laissé les portables pour l’occasion, enfin c’est ce que j’en dis, moi. Parce que si ce sont des Sans-Toit, ils doivent être sans portable. Les prêtres avec des aubes et des étoles d’apparence crasseuse, seraient plutôt, eux, sur la liste des sans-shampoing. Ceux-là sont a priori des auto-exclus.
Quitte à dire la vérité, les exclus authentiques sont ces pauvres qui n’ont pas pu faire partie de 4000 venus à Rome. Ils ne connaissaient personne, personne ne les a invités à voyager, aucun prêtre ami ne les a encouragés à venir, aucun bureau papal ne leur a proposé la possibilité de voyager jusqu’à la Cité Éternelle. Ils sont restés sans invitation. Personne ne leur a rien dit. Comme ce paralytique de la piscine qui a dit au Seigneur : Je n’ai personne. Personne ne les a inclus dans le voyage à Rome. Ils sont restés complètement exclus. De là on déduit en logique mathématique que tous les exclus n’ont pas été inclus. Ou dit autrement qu’il y a des exclus VIP. De là, la grande farce du Démagogue de service.
Mais il y a plus. Quand le Seigneur nous a dit qu’il fallait sortir aux croisements des chemins et amener tous les pauvres, les boiteux, les estropiés, … au Banquet de Noce, il s’est beaucoup inquiété que l’on s’assure qu’ils portaient le vêtement adéquat. À tel point que lorsqu’il surprit l’un d’entre eux sans le costume requis, il l’envoya au cachot (Mat 22-1 à 22-14). François s’en est-il préoccupé, de savoir si ces Sans-Toit étaient réellement catholiques, avant de distribuer la Sainte Communion de façon si grossière et mercantile comme on peut l’apprécier dans la vidéo ? Parce que si c’est vrai que dans l’exercice de la charité il ne faut pas regarder qui est qui, dans le Sacrement de l’Eucharistie le costume propre est requis. Oui, ce costume que François veut faire disparaître, en donnant ses leçons particulières de théologie et critères de vérité, dans l’encyclique [en fait l'exhortation apostolique] inspirée Amoris Laetitia. L’atelier de tailleur de Bergoglio est comme le pagne de Tarzan. C’est ainsi que le comprennent aussi ses limiers (3) prêts à recevoir le cardinalat avec la couleur rouge, celle du martyre. Oui, Rome paie des traîtres aux temps qui sont les nôtres.

Et puisque nous y sommes, nous pouvons faire référence à une autre visite à ses exclus particuliers. Cette fois dans leurs propres maisons et devant les caméras de télévision, évidemment (vidéo ici). Une visite que rend le Souverain Pontife à ceux qui un jour ont abandonné leur sacerdoce. Pour les encourager à aller de l’avant. Pour bénir (et embrasser) leurs épouses et leurs enfants. Pour …leur demander pardon peut-être ?... Ou pour continuer à semer le doute et la contradiction.
Ceux qui sont restés fidèles à leur sacerdoce au milieu d’énormes difficultés, n’est-ce pas eux qui seront les véritables exclus ? Ou bien est-ce qu’il en résulte, avec les nouveaux airs du pape, que ceux qui n’ont pas trahi leur vocation ne méritent pas une parole d’encouragement et de récompense pour leur fidélité ? Quelle miséricorde sous-jacente y a-t-il dans cette visite apparemment inoffensive ? (4)

Pour le moment, les quatre cardinaux qui lui ont demandé des explications du fait de sa doctrine ambiguë qui met en danger la foi, sont exclus. Il n'en fait aucun cas, il ne les regarde pas en face, et avec son silence il les méprise. Il leur envoie des petits messages entremêlés de menace (cf. l’interview qu’il a accordée à l’Avvenire). [Le site Aleteia propose la traduction en français du compte-rendu insoupçonnable d’Andrea Tornielli]. Il n’ose pas leur répondre directement et clairement. Je crois qu’ils (les 4 cardinaux) auraient du se déguiser en femmes évêques suédoises lesbiennes avant de présenter leurs doutes. Il leur aurait répondu aussitôt et il les aurait appelé[e]s au téléphone.

Encore heureux que se termine ces jours-ci l’Année « Sainte » [ndr : dans le texte de Fray Gerundio, sainte est en caractères barrés, le logiciel que j’utilise ici ne me permet pas de gérer ce format] de la Miséricorde Sélective.
Frère Malachie est heureux, parce qu’il dit que maintenant c’est l’Année Sainte de la Justice qui vient.
Qu’il en soit ainsi.

Notes de Carlota


(1) Sans être un économiste marxiste ou au contraire ultra libéral, on peut néanmoins se dire que la brièveté de l’argumentaire qui consiste à mettre en parallèle progrès et absence de travail, ne permet pas d’expliquer suffisamment clairement un phénomène particulièrement complexe et qui est apparu à tous les moments de l’humanité même à l’époque du soc de charrue par rapport à l’araire, etc.

(2) Certains lecteurs de penser peut-être que l’auteur prend trop à la lettre les paroles du Pape, - qui a pourtant bien accolé le terme communiste à celui qui lui est normalement antinomique, comme l’histoire récente, celle du XXème siècle l’a montré et comme en ont témoigné des milliers de martyrs déjà béatifiés ou canonisés ou à venir, sans oublier l’exemple donné par les « éclairés des Lumières » de la Révolution Française matrice de bien des actions telles que celles suggérés par le Frère Gerundio.

(3) L’auteur a mis en lien un article en espagnol se référant à cet article en anglais où le néo-ardinal étatsunien Cupich sonnait l’alerte contre les évêques qui s’opposaient au pape… : « ceux qui s’opposent au Souverain Pontife ou travaillent contre lui ne comprennent pas ce que cela signifie d’être un évêque de l’Église Catholique ».

(4) Certains de penser que c’est un cheminement du Pape pour arriver à faire admettre le mariage pour les prêtres catholiques latins…Les « bons âmes » diront que c’est pour palier au manque de prêtres et aux absences de vocation dues au célibat imposé, voire que cela éviterait certains abus…Ben voyons !