Les menaces d'un bergoglien zélé


De passage à Madrid, le doyen de la Rote romaine, Mgr Vito Pinto, menace les quatre cardinaux frondeurs auteurs des "dubia " de se voir ôter la barrette. Décidément, il ne fait pas bon s'opposer au pape, en ces temps de miséricorde… (30/11/2016)



La menace, pour le moment, est purement rhétorique, du moins on l’espère (avec François, tout est possible… mais il y aurait pour lui beaucoup plus à perdre qu’à gagner!); toutefois le simple fait qu’elle soit formulée par un haut dignitaire ecclésiastique comme Vito Pinto, doyen de la Rote Romaine et président de la Cour d’appel de l’Etat de la Cité du Vatican, de surcroît courtisan zélé du Pape, dont il est réputé proche (cf. benoit-et-moi.fr/2015-II) et qui l’a nommé président de la commission chargée d’élaborer la procédure accélérée de déclaration de nullité de mariage; et surtout que ledit Pinto l’indique comme une possibilité, est une justification supplémentaire de la peur qui règne dans les cercles élevés de l’Eglise, et explique – en partie ! – le silence d’une grande partie des cardinaux.

En tout cas, je ne me souviens de rien de tel sous le règne de Benoît XVI - et pour cause: malgré les innombrables outrages, internes et externes, personne n’élevait la voix pour défendre le Pape, et a fortiori, personne n’a jamais été "menacé" de quoi que ce soit…
Mais c’est Benoît XVI qui était le Pape rigide et l’inflexible gardien du dogme, alors que François est le Pape de l’ouverture, de la tendresse, du pardon et de la main tendue.
Il est vrai qu’aujourd‘hui, tout est, littéralement, sens dessus dessous, et le spectre des couleurs est inversé. Plutôt que les "nuances" évoquées par le Pape, on dirait que le blanc est devenu le noir, et vice-versa.

Comme me le dit Carlota qui a bien voulu traduire cet article : « Mieux vaut actuellement être luthérien, pour ne citer que cette confession religieuse, que catholique, quand on ose, comme Saint Paul le fit à si bon escient en son temps, interroger le successeur de Pierre… ».

Mgr Vito Pinto: «Les quatre cardinaux qui ont écrit au Pape pourraient perdre le cardinalat»


29/11/2016
infocatolica.com
Traduction de Carlota

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Mgr Pío Vito Pinto, Doyen de la plus haute autorité de l’Église en matière de procès en nullité [matrimoniale] a prononcé une conférence à l’Université ecclésiastique Saint Damase de Madrid. De manière énergique, il a dit que les quatre cardinaux qui ont demandé au Pape François d’éclaircir des "doutes " sur son exhortation apostolique Amoris Laetitia, ont causé un grave scandale en publiant cette lettre dans les médias.
Dans des déclaration à Religión Confidencial Pio Vito a affirmé que ces quatre cardinaux, de même que d’autres personnes à l’intérieur de l’Église qui remettent en question la réforme du Pape François et son exhortation apostolique Amoris Laetita, mettent en fait en question « deux synodes d’évêques sur le mariage et la famille. Non pas un synode mais deux ! Un ordinaire et un autre extraordinaire. On ne peut douter de l’action du Saint Esprit » [ndt: il a bon dos !!].
Les cardinaux Walter Brandmüller, Raymond Burke, Carlo Caffarra et Joachim Meisner ont interrogé le Saint Père sur des doutes à propos d’Amoris Laetitia. Le Pape François ne leur a pas répondu et les prélats ont rendu publique la lettre dans les médias.

« Quelle Église défendent ces cardinaux ? Le Pape est fidèle à la doctrine du Christ. Ce qu’ils ont fait, c’est un scandale très grave qui même pourrait amener le Saint Père à leur retirer leur chapeau de cardinal comme cela s’est déjà passé dans un autre moment de l’Église » a affirmé Pio Vito à son correspondant du Confidencial.
Le Doyen de la Rote Romaine nuance: «Ce qui ne veut pas dire le Pape va leur retirer leur condition de cardinal, mais il pourrait le faire».
Durant la conférence, Pío Vito a indiqué très clairement à l’assistance que le Pape n’a pas répondu directement à ces quatre cardinaux, mais « indirectement il leur a dit qu’ils voient les choses en noir ou en blanc, quand dans l’Église il y a des nuances de couleurs ».

Peu de catholiques demandent la nullité.
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Religión Confidencial a également demandé à Mgr Pío Vito s’il n’est pas préférable de tendre la main aux divorcés remariés et de leur concéder la nullité matrimoniale, pour qu’ils puissent se marier à l’Église et ainsi recevoir l’Eucharistie, avant qu’ils ne la reçoivent en étant unis civilement.
« La réforme du processus matrimonial par le Pape François veut atteindre plus de personnes. Le pourcentage de personnes qui demandent la nullité matrimoniale est très faible. Le Pape a dit que la communion n’est pas seulement pour les bons catholiques. François dit : "comment atteindre les personnes les plus exclues ? " Beaucoup de personnes, avec la réforme du Pape pourront demander la nullité, mais d’autres non », a expliqué le Doyen de la Rote Romaine.
Dans ce sens, il a insisté sur la clef du pontificat de François, reprise dans le §4 de la Bulle Misericordiae Vultus qu’il a écrite à l’occasion du Jubilée de la Miséricorde :
« Les paroles riches de sens que saint Jean XXIII a prononcées à l’ouverture du Concile pour montrer le chemin à parcourir reviennent en mémoire: "Aujourd’hui, l’Épouse du Christ, l’Église, préfère recourir au remède de la miséricorde plutôt que de brandir les armes de la sévérité … L’Eglise catholique, en brandissant le flambeau de la vérité religieuse, veut se montrer la mère très aimante de tous, bienveillante, patiente, pleine d’indulgence et de bonté à l’égard de ses fils séparés"».

Différence avec les protestants
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Par rapport à l’opinion de certaines voix pour qui l’Église pourrait embrasser la réforme protestante, le Doyen de la Rote explique que « Luther a détruit la foi catholique des apôtres. L’Église catholique croit que dans l’Eucharistie Jésus Christ est présent, et le protestantisme ne croit pas dans la présence réelle du Christ dans la communion. C’est la grande différence.

À ce sujet et durant la conférence, il a rappelé qu’au cours du synode des évêques, des pères synodaux avaient demandé au Saint Père un nouveau traité de théologie sur le mariage et que François l’avait écarté car il avait dit que déjà les autres papes avaient rendu très claire la théologie du mariage.
Il a rappelé le point central du message du Pape François: c’est d’atteindre toutes ces personnes qui se sont senties, ou se sentent, écartées ou blessées par l’Église. Il a signalé aussi qu’actuellement beaucoup de gens communient sans faire de distinction. « Une religieuse m’a dit qu’il y a des personnes divorcées ou qui vivent ensemble qui communient. Et qu’est ce que doit faire l’Église, dire toi, oui, et toi, non ? Le Pape François veut une Église très proche du peuple » .


Commentaire de Carlota


Quand Jésus s’est vu présenter une femme adultère, ses derniers mots n’ont-ils pas été, après le départ de ceux qui accusaient la femme : « Ne pèche plus » (Jean 8-4 à 8-11). Or il est difficile de dire « ne pèche plus » dans un monde où le péché est mal défini. Certes, entre le noir et le blanc il y a d’autres couleurs mais le blanc mélangé au noir devient gris…l’indifférenciation…

Comme cela doit être plus facile de jeter l’éponge et d’user de la « miséricordine » à tous les étages…Et pourtant est-ce vraiment la solution pour que la Révolution du Christ touche tous les hommes…ceux qui sont loin comme ceux qui sont près de l’Église ?
Et comme cela doit être difficile d’être un prêtre de terrain aujourd’hui, pris entre deux feux, les fidèles qui n’ont pas l’enseignement qui leur permet de juger avec autant de repères que leurs ancêtres de ce qui est bien et de ce qui est mal (ce qui n’empêche pas de pécher mais c’est peut-être plus en connaissance de cause) et une certaine hiérarchie ecclésiale qui leur refuse le droit de s’interroger pour ne pas placer trop haut le curseur du bien et du mal…car nous avons tous des circonstances atténuantes puisque nous ne sommes que des créatures et par définition imparfaites. Mais le jugement dernier n’est pas de ce monde. Ah, c’est vrai qu’on nous dit aussi aujourd’hui que l’Enfer est quasiment vide…