Les noces de Cana


L'homélie dominicale du Père Scalese (17/1/2016).

>>> L'évangile de la semaine dernière (Le Baptême de Jésus): Bon retour, Père Scalese!

>>> Image ci-dessous: Icône de l'église SS. Pietro e Paolo à Ponticelli, Naples (*)



Père Scalese
http://querculanus.blogspot.fr/2016/01/nozze-di-cana.html
Dimanche 17 janvier
(Ma traduction)

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Nous avons déjà commencé le "Temps Ordinaire"; mais le deuxième dimanche de ce temps liturgique montre encore des traces du mystère de l'Epiphanie. Dimanche prochain, nous commencerons la lecture progressive de l'évangile de Luc; aujourd'hui, en revanche, la liturgie propose à nouveau un passage de l'évangile de Jean: les noces de Cana (cf. Annexe). Nous connaissons très bien cette histoire; et même, nous sommes habitués à l'entendre, car c'est l'un des évangiles utilisés pour les célébrations de la Bienheureuse Vierge Marie: nous le lisons effectivement chaque année pour notre fête patronale, Notre-Dame de la Divine Providence. En ces occasions, nous insistons d'habitude sur le rôle joué à Cana par la mère de Jésus, qui est le rôle qu'elle joue dans l'économie du salut, c'est-à-dire un rôle de médiation: c'est elle qui en quelque sorte oblige Jésus à intervenir. Eh bien, en faisant cela, nous négligeons souvent beaucoup d'autres aspects de l'histoire.

Nous pensons généralement que le mariage à Cana est important juste parce que c'est le premier miracle de Jésus. Mais si nous lisons attentivement l'Evangile, nous nous rendons compte que Jean pose les choses différemment: «Jésus fit cela comme le début de ses signes à Cana en Galilée et ainsi manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui». Vous voyez? Le changement de l'eau en vin n'est pas juste un acte merveilleux, mais un signe par lequel Jésus se révèle, révèle son identité, manifeste sa gloire (c'est pourquoi nous disions que nous sommes encore dans le climat de l'Epiphanie, la manifestation du Seigneur). Dans l'évangile de Jean, nous trouvons sept signes; les noces de Cana en constituent le début: le «début», pas seulement le premier, mais l'archétype, c'est-à-dire, l'exemple, le modèle de tous les autres signes. Dans ce récit, tout est important: nous devons considérer à la fois l'ensemble et les détails; chaque aspect a sa propre signification.

Tout d'abord, considérons le contexte du passage. Il est situé au début du quatrième évangile. Cet évangile s'ouvre avec les mêmes mots que le premier livre de la Bible: «Au commencement ...». La Genèse raconte la création du monde, qui dure sept jours. De la même façon, Jean commence son évangile en relatant la première semaine du ministère public de Jésus. C'est une sorte de «nouvelle création». Les noces de Cana se passent à la fin de cette semaine d'ouverture, le septième jour; mais l'histoire commence avec la phrase «Le troisième jour» (le troisième après le récit précédent, c'est-à-dire la rencontre de Jésus avec Nathanaël). Eh bien, le troisième jour est le jour de l'alliance: Dieu avait dit à Moïse dans le désert: «Le troisième jour, le Seigneur descendra sur le mont Sinaï devant les yeux de tout le peuple» (Ex 19:11).
L'alliance entre Dieu et son peuple est généralement comparée dans l'Ancien Testament à un mariage: donc, à Cana une nouvelle alliance est sur le point d'être faite entre Dieu et l'humanité, entre le Christ et l'Eglise. Sur le mont Sinaï Dieu avait révélé sa gloire en donnant sa loi, les dix commandements; à Cana Jésus révèle sa gloire en donnant le vin nouveau.

Quel est ce vin nouveau, ou mieux ce «bon vin» (littéralement, «beau vin»)? C'est l'Évangile, la nouvelle loi, la nouvelle alliance que Jésus est venu établir. L'évangile nous dit qu'«il y avait six jarres de pierre, destinées aux purifications des Juifs». Noteez: les jarres sont six; il en manque une pour atteindre le chiffre de la perfection, sept. Elles sont faites de pierre, comme les tables de la loi de Moïse. Elles servent pour les rites de purification des Juifs, mais elles sont pour l'instant vides. Cela semble exactement la représentation de l'ancienne alliance, imparfaite et incapable de sauver. Jésus ordonne que les jarres soieint remplies à ras bord: cela signifie que l'ancienne alliance ne doit pas être abolie, mais remplie, complétée, menée à sa plénitude. De quoi manquait l'ancienne alliance? Jésus dit aux serviteurs de remplir les jarres d''eau: dans le quatrième évangile, l'eau est généralement un symbole de l'Esprit. Et c'est précisément ce dont l'ancienne alliance avait besoin; et Jésus est venu l'accomplir avec le don de l'Esprit Saint. Et à partir de ce don du «bon vin», la nouvelle alliance jaillit.

Jésus dit aux serviteurs de porter le vin au maître du repas. Celui-ci apprécie le vin, mais il ne sait pas d'où il vient, tandis que les serviteurs le savent. Seuls les serviteurs connaissent l'origine du bon vin: il n'y a pas besoin d'être des personnes importantes pour savoir les choses importantes; seuls les petits savent souvent ce qui compte vraiment. Il faut être serviteurs pour voir les miracles. Mais les serviteurs ont pu faire l'expérience de la puissance de Dieu, parce qu'ils ont fait exactement ce que Jésus leur a dit. Comme les serviteurs inutiles (Lc 17:10), faisons ce que nous dit le Seigneur, afin que nous aussi puissions voir ses merveilles.

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Annexe:
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Lecture du jour: Jean 2,1-11
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. Or, on manqua de vin.
La mère de Jésus lui dit: «Ils n’ont pas de vin». Jésus lui répond: «Femme, que me veux-tu? Mon heure n’est pas encore venue».
Sa mère dit à ceux qui servaient: «Tout ce qu’il vous dira, faites-le».
Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres). Jésus dit à ceux qui servaient: «Remplissez d’eau les jarres». Et ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit: « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas». Ils lui en portèrent. Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié et lui dit: « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant».
Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

Note du Père Scalese

Je ne peux que conseiller à tous la vision du site de cette paroisse: elle contient beaucoup de belles choses à découvrir. le curé, comme l'évangéliste "scribe devenu disciple du Royaume des Cieux" a su extraire de son trésor "des choses nouvelles et des choses antiques" (Mt 13:52)

(ndt: au moment où je mets en ligne, le site est inaccessible)