Les périphéries de François


A propos de la mort du leader italien d'extrême-gauche Marco Pannella - militant de toujours pour l’avortement, contre l’Eglise trop présente, pour la libération des drogues douces, le divorce, l'euthanasie - et de son amitié avec le Pape (21/5/2016).



Peu importe que les lecteurs français ne le connaissent pas, ou juste de nom: ce qui suit (et la photo ci-dessus, plus éloquente que de nombreux discours!!) explique tout ce qu'il suffit de connaître à son sujet (1). Et les louanges unanimes qui ont accompagné la nouvelle de sa mort, jusque dans la plus haute hiérarchie ecclésiastique, sans parler de la lettre qu'il a adressée au Pape quasiment sur son lit de mort, en disent long sur l'ambiance qui règne dans l'"église de François".

Voici donc les commentaires et explications d'Antonio Socci, Maurizio Blondet et Riccardo Cascioli, juste pour réfléchir... et rompre le choeur des louanges, parmi lesquelles le commentaire stupéfiant du Père Lombardi.

Le premier à réagir a été il me semble Antonio Socci. Maurizio Blondet a élargi cette réflexion à la société en général, et écrit un article au vitriol, aussi pessimiste qu'hélas réaliste. Et Riccardo Cascioli conclut dans la Bussola de ce matin, avec son bon sens et sa modération habituels, ce petit tour d'horizon.

Antonio Socci

L'incroyable éloge funèbre vatican à Marco Pannella...


https://www.facebook.com
20 mai 2016
(ma traduction - les majuscules sont de Socci, les caractères gras de moi)

* * *

Très surpris, je rapporte cette déclaration de père Federico Lombardi, "Porte-Parole" du Pape Bergoglio. Lombardi a jugé utile de commenter la mort de Marco Pannella (ndt: on a du mal à imaginer qu'il n'agissait pas sur ordre de son patron!) et de le faire en ces termes:

«Je me souviens de lui avec ESTIME ET SYMPATHIE, pensant qu'IL NOUS LAISSE UN HÉRITAGE HUMAIN ET SPIRITUELLE IMPORTANT, de rapports francs, d'expression libre et d'ENGAGEMENT civil et politique GÉNÉREUX, pour les autres, et EN PARTICULIER POUR LES FAIBLES ET LES NÉCESSITEUX de solidarité. Pannella est une personne avec laquelle nous nous sommes trouvés souvent dans le passé sur des positions différentes, mais dont on ne pouvait pas ne pas apprécier l'engagement total et désintéressé POUR DE NOBLES CAUSES».

Je ne fais pas de commentaires. Il me suffit de souligner (avec les majuscules) les expressions qu'aujourd'hui, de nombreux catholiques ont trouvé déconcertantes.
En admettant - évidemment - qu'à chaque être humain qui meurt est due la "piété" et que - de nous chrétiens - il est juste d'attendre aussi la prière, y avait-il vraiment besoin d'un commentaire du "porte-Parole du pape" et d'un commentaire de cette sorte?
Ne devait-on pas observer la sage règle du silence (de prière) au moins devant la mort, ou du moins une certaine sobriété ?

Au Vatican - à l'ère du spectacle bergoglien - sont-ils tellement obsédés par la présence dans les médias qu'ils n'ont pas résisté à la tentation de se mettre devant les micros, même s'agissant de la mort ?
On en viendrait presque à se demander pourquoi Lombardi - s'il était si impatient "d'être sur la nouvelle" - n'a pas commenté aussi la mort de Lino Toffolo (chanteur et cabaretiste italien né en 1934, ndt), disparu lui aussi aujourd'hui.
Ou - pour s'en tenir aux nouvelles - pourquoi il n'a pas commenté la tragédie de l'avion égyptien tombé avec 66 personnes à bord....
Le Vatican bavard qui commente la nouvelle du jour, c'est aussi celui qui depuis trois ans est obstinément muet sur la tragédie d'Asia Bibi, pauvre martyre chrétienne!
Pannella a fait l'éloge de Bergoglio pour sa sensibilité envers les détenus. Mais bien sûr, on ne trouve pas trace de la sollicitude de Bergoglio pour les prisonniers chrétiens, qui croupissent dans une prison sordide à cause de leur foi.
L'hommage du Vatican à Pannella est - à bien y regarder - un hommage à l'esprit du temps, un hommage au monde et à la mondanité. Et la raison est évidente. Lombardi dit que Pannella avait «une très grande admiration» pour le Pape Bergoglio...
Je le crois ! Un Pape qui enfin assène de durs coups à cette Église catholique que Pannella a toujours combattue, ne pouvait que l'enthousiasmer. Pour la même raison qu'il enthousiasme Scalfari...
Mais on dirait qu'au Vatican, ils ne se demandent pas pourquoi tant d'applaudissements passionnés arrivent à Bergoglio de la part tous les ennemis de l'Église et de la foi catholique. Et même, ils considèrent cela comme un succès. En réalité, c'en est un, mais pour l'homme Bergoglio. L'applaudissement du monde est un succès mondain pour lui, mais c'est un désastre pour l'Église.

Au Vatican, l'applaudissement pour Bergoglio est donc devenu le critère du Bien et du Mal. Les pauvres catholiques qui suivent la foi reçue et enseignée jusqu'à Benoît XVI, sont des "doctrinaires" et des "pharisiens" qui doivent être bastonnés quotidiennement par Bergoglio.
Pannella et Scalfari, en revanche, sont des âmes élues (et la Bonino et Napolitano - toujours selon Bergoglio - sont les italiens modèles que nous devrions imiter).
À CE POINT (AU MOINS POUR LA CLARTÉ), ON EN VIENT PRESQUE À PRÉFÉRER PANNELLA, ADVERSAIRE DÉCLARÉ DE L'ÉGLISE, À CES CLÉRICAUX QUI N'ONT PAS LE COURAGE DE LA VÉRITÉ...
ON EN VIENT À PRÉFÉRER L'HOSTILITÉ D'UN ENNEMI EXPLICITE COMME PANNELLA, QUI A COMBATTU SA BATAILLE DÉVASTATRICE LAÏCISTE À VISAGE OUVERT, AU CLÉRICALISME BERGOGLIEN QUI DÉMOLIT L'ÉGLISE DE L'INTÉRIEUR EN DONNANT À ENTENDRE QU'IL VEUT LA MODERNISER; LE DEUXIÈME EST PLUS PERNICIEUX!
AU MOINS, PANNELLA, QUI AVAIT LA FIERTÉ DE SA TERRIBLE IDÉOLOGIE ANTICATHOLIQUE, N'ÉTAIT PAS UN "TIÈDE" COMME CES CATHOLIQUES QUI ONT HONTE DE LEUR FOI ET À LA FIN ONT HONTE DU CHRIST.

Maurizio Blondet

Mission Accomplished


www.maurizioblondet.it
19 mai 2016
Trduction d'Anna

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Le chœur officiel des lamentations, à l'unisson, sans même une voix discordante, nous dit que Marco Giacinto Pannella a désormais complété sa mission. Ici, il ne lui restait désormais plus rien à faire. Divorce, avortement, drogue libre, noces homosexuelles font désormais partie de la coutume consolidée de tous: tous les partis, de « droite » et « gauche », tous les médias, Confindustria (version italienne du MEDEF, ndt), l’Union Européenne - même le Vatican les considèrent désormais comme des « batailles libérales et de civilisation ». Le Père Lombardi, chef de la salle de presse vaticane, s'est incliné devant l' « héritage humain et spirituel » laissé par Pannella et son « engagement total et désintéressé pour des causes nobles ».
Au fond, désormais, même le pape a épousé le radicalisme: plus même que Pannella, il déteste les catholiques car « ils font des enfants comme des lapins », il déclare qu' « un Dieu catholique n'existe pas », et dans son dernier document Amoris Lætitia il a lancé un hymne à l'amour libre: dans la section "Amour Passionné" il a en effet écrit:
« Le problème, c’est d’être assez libre pour accepter que le plaisir trouve d’autres formes d’expression dans les différents moments de la vie, selon les besoins de l’amour mutuel (…) pour ne pas nous trouver piégés dans une expérience très limitée qui nous ferme les perspectives. » (n. 149)

Que nous manque-t-il désormais? Les mères porteuses, l'euthanasie, l'élimination des handicapés? Des détails. La société, désormais mûre, ouverte par les « batailles civiles et libertaires » précédentes, désormais tout à fait « occidentale », c'est à dire émancipée sans scrupules, sans plus de résidus superstitieux, s'empressera d'accepter aussi ces conquêtes-là. Désormais c'est la société liquide, des nomades de la jouissance immédiate, de la liberté totale des mœurs qui est aussi liberté de consommer – « société sans classes, sans État, sans nation, sans spiritualité religieuse traditionnelle, sans frontières et sans limites » que nous ont demandé d'être l'UE, l'OTAN, l’OMC (organisation mondiale du commerce, en anglais WTO, World Trade Organisation), le FMI, et la liberté de commerce, même charnel. Porn Culture, mode et publicité, voilà l'horizon ultime du progrès. Il n'y avait plus besoin de Pannella, désormais, pour continuer la bataille il y a des "espoirs" plus jeunes: les Pussy Riots, Niki Vendola, Cirinnà (la députée dont la loi sur le mariage gay à l’italienne porte le nom, ndt), mais aussi Melloni, Berlusconi, Enzo Bianchi et Mgr Charamsa (le prélat qui a fait son outing en octobre 2015, juste avant l’ouverture du Synode, cf. benoit-et-moi.fr/2015-II/actualite/pressions-gays-sur-le-synode).
Mission Accomplished, Pannella.

Bon. Juste pour une provocation gratuite, afin de déranger avec une note fausse le chœur officiel trop monocorde, je me limiterai à rapporter ici une phrase qui n'est même pas de moi, mais de Costanzo Preve, le dernier philosophe marxiste:

« Quant aux radicaux, Pannella et Bonino, personnellement je ne les considère pas comme une force politique, mais comme un élément culturel de profonde corruption civile et humaine, l'avant-garde d'un individualisme extrême et anomique. En termes simples, répugnants. »

Riccardo Cascioli

Pannella, santo subito


www.lanuovabq.it
21 mai 2016
Ma traduction

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Par une curieuse coïncidence, hier matin , dans l'homélie habituelle à Sainte Marthe, François a commenté le passage de l'Evangile de Marc où Jésus explique l'indissolubilité du mariage, indiquant que la compréhension pour les pécheurs va de pair avec l'affirmation de la vérité sans compromis. Je dis une curieuse coïncidence parce que cette importante distinction vient le jour où l'on a vu un délire total s'emparer de la haute hiérarchie ecclésiastique pour commenter la mort de Marco Pannella, où ce qui semble clair est la confusion entre la piété - et dans certains cas l'amitié - envers un défunt, et le jugement historique au sujet de ce que ledit défunt a réalisé dans sa vie.

On est heureux (?) de savoir que le pape a offert son amitié à Pannella et qu'un autre prélat lui a rendu visite jusqu'à la fin, afin - nous l'espérons - de lui donner une chance de se racheter avant de comparaître devant le Juge Suprême. C'st le signe d'une humanité rendue nouvelle par le Christ, pointant directement vers le cœur de l'homme pour lui offrir le salut. Et sans doute, même chez Pannella, on pouvait saisir au moins un rayon de ce désir d'éternité dont est fait chaque homme. Quelque chose qu'on peut également percevoir par la lettre adressée à François et rendue publique hier (2)

Mais ce qui a été dit et écrit par d'illustres ecclésiastiques en guise d'évaluation politique et sociale de Pannella est objectivement un scandale, qui répugne à la conscience des chrétiens. Il y a eu une sorte de béatification sur le terrain pour un personnage universellement célébré par les médias et par les politiques comme protagoniste d'un changement culturel de l'Italie qu'on peut définir comme déchristianisation. Peut-on supporter le spectacle d'évêques et d'intellectuels catholique qui encensent et présentent comme modèle quelqu'un qui a essayé toute sa vie d'éliminer toute présence chrétienne? Déconcertants, les commentaires de quelques évêques qui exploitent péniblement chaque occasion, juste pour se montrer, mais les mots qui ont créé la plus authentique confusion, aussi en raison du rôle qu'il occupe, sont ceux du porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi: «C'est une personne - a-t-il dit entre autre à Tv2000 - qui nous laisse un bel héritage du point de vue spirituel et humain, pour la franchise des rapports, la liberté d'expression et surtout le dévouement totalement désintéressé aux causes nobles. Il avait un engagement politique et social qui ne cherchait pas son propre intérêt, mais il était attentif aux problèmes des plus faibles».

Bel héritage spirituel? Dévouement à de nobles causes? Attentif aux problèmes des plus faibles? Des mots à ne pas y croire, sur les lèvres du porte-parole du Vatican. Contraception, divorce, avortement, insémination artificielle, euthanasie, drogues libres, expérimentation sur embryon: sont-ce là les nobles causes que nous célébrons? Je connais déjà la réponse: c'est vrai, mais il s'est également occupé des prisonniers, de la faim dans le monde, de la persécution religieuse. En somme, il aurait fait des choses partageables et des choses non partageables. A noter également l'utilisation de cette terminologie: on ne dit jamaist «bon» et «mauvais», ce qui implique un jugement clair et définitif sur les actions, mais on partage ou non, «nous étions d'accord sur certaines choses et pas d'autres», «nous nous sommes battus dans les rangs opposés», c'est-à-dire que nous sommes dans le domaine des opinions, l'une vaut l'autre.

Alors il faut dire clairement que mettre sur le même plan le divorce et l'avortement d'une part et le problème des prisons de l'autre, est une insulte à la réalité. La destruction de la famille et le mépris pour la vie, poursuivis avec acharnement pendant soixante ans, montrent une volonté de renverser l'ordre de la création et sont la principale cause de la crise économique, sociale et morale dans laquelle nous sommes. Pannella a représenté en Italie le 'bélier' (dans le sens de poutre très lourde dont on se servait pour faire une brèche dans une fortification, ndt) de cette idéologie relativiste et nihiliste qui mène notre civilisation au suicide. Peut-on mettre cela sur le même plan qu'une attention, même justifiée, au problème des prisonniers?

Pour ne parler que d'avortement, nous devons aux campagnes de Pannella six millions d'enfants tués en 38 ans, les êtres humains les plus faibles et les plus vulnérables dans l'absolu (l'avortement est la plus grande menace pour la paix mondiale, disait Sainte Teresa de Calcutta). S'il y avait vraiment une justice, il aurait mérité un procès pour crimes contre l' humanité, et à la place, nous avons même le porte-parole du Vatican qui exalte son «dévouement à de nobles causes».

Bien sûr, on pouvait apprécier sa franchise, sa cohérence, sa gentillesse (?), et même le désintéressement dans la poursuite de ses idéaux. De beaux traits de sa personnalité si on les compare à l'opportunisme et à la lâcheté d'un grand nombre de ses adversaires présumés, mais celles-ci ne sont pas des valeurs en soi, le problème, ce sont les idéaux. Le diable aussi est fort, cohérent et terriblement convaincant, seul Jésus a su lui résister totalement; mais y a-t-il un évêque qui pour ces raisons est prêt à en faire l'éloge public?

Il y a un autre aspect paradoxal dans tous ces éloges venant d'hommes d'Eglise. Pannella s'est battu pour la situation des prisons, pour certaines minorités religieuses persécutées, pour la faim dans le monde. C'est vrai, mais est-ce une raison pour que les catholiques se l'approprient? En fin de compte, ce que font les radicaux, c'est dénoncer, en hurlant qu'il y a un problème et demander que l'État intervienne - ou quelqu'un en son nom. Mais la méthode de l'Eglise n'est pas la dénonciation, c'est la présence et le partage. De cette façon, la vie change vraiment et le monde devient plus humain, et pas avec les campagnes radicales. Depuis des siècles, les missionnaires vont dans les régions les plus reculées du monde et avec l'annonce de l'Evangile qui libère l'homme, ils ont donné la plus grande contribution à la lutte contre la faim; dans de nombreux pays, les chrétiens ont affronté et affrontent le martyre pour témoigner la Vérité (la Vérité si obstinément combattue par Pannella & Cie), et la dignité de l'homme; et dans les prisons italiennes, il y a des centaines de volontaires catholiques qui ont donné l'espoir à de nombreux détenus, non pas d'une cellule plus grande (si nécessaire), mais d'être pardonnés du mal accompli et de renaître à une vie nouvelle.

Si on veut vraiment prouver qu'on aimaitPannella, en plus d'espérer qu'au moins le dernier moment , il a confié son âme à la miséricorde de Dieu, nous pouvons seulement prier pour lui. Si possible en silence.

* * *

PS: Pour dire les temps étranges que nous vivons, voici les histoires parallèles de deux prêtres: le premier, don Salvatore Lazzara, aumônier militaire, sur son profil Facebook a eu des mots critiques sur l'intervention du père Lombardi sur Pannella, concluant: «L'héritage spirituel important de Pannella, c'est le sang de centaines de milliers d'enfants tués dans le sein de leurs mères». Quelques heures passent et un deuxième post apparaît, où - contraint par des ordres supérieurs - don Salvatore indique le texte intégral du discours du Père Lombardi. Pendant ce temps à Palerme un autre prêtre, don Fabrizio Fiorentino, écrit un post de teneur opposée: «Ainsi va le monde: au lieu du cardinal Bagnasco, c'est Pannella qui meurt. A lui, oui, j'aurais confié la direction des évêques italiens». Le premier commentaire dit: «40 minutes d'applaudissements». Pour lui, aucune requête de supérieurs. Tout commentaire est superflu.

NDT

(1) Voici ce que dit le Monde:

Le chef historique du Parti radical italien, Marco Pannella, s’est éteint, a annoncé, jeudi 19 mai, l’agence de presse italienne ANSA. Il avait été admis dans une clinique de Rome mercredi. M. Pannella était âgé de 86 ans. Malade, amaigri, condamné par deux tumeurs, il ne quittait plus son appartement romain de la via della Panetteria.
M. Pannella avait fondé le Parti radical en 1955 et
avait été, tout à la fois, antimilitariste, anticlérical, fédéraliste européen, libéral, non violent, admirateur de Gandhi, député de 1976 à 1992, partisan de la désobéissance civile et de l’euthanasie, pratiquant la grève de la faim jusqu’aux limites extrêmes de ses forces.
Il avait milité contre la guerre du Vietnam, pour l’avortement, contre l’Eglise trop présente, pour la libération des drogues douces et le divorce.
...

Sa notice wikipedia précise par ailleurs:

Pannella n'a jamais été marié et n'a pas eu d'enfant...
En 2010, lors d'une interview,
il a évoqué sa bisexualité et déclaré avoir eu « trois ou quatre » relations significatives avec d'autres hommes.

Mais qui suis-je pour juger?!!!

*

(2) Voici le fac-similé de la lettre, reproduit dans La Repubblica:


Cher Pape François
Je t'écris de ma chambre au dernier étage - près du ciel - pour te dire qu'en réalité, j'étais près de toi à Lesbos quand tu embrassais la chair martyrisée de ces femmes, de ces enfants, et de ces hommes que personne ne veut accueillir en Europe.
Cela, c'est l'évangile que j'aime et que je veux continuer à vivre aux côtés des derniers, ceux que tout le monde rejette.
Cela, c'est la passion et le vent de "l'Esprit" (ndt: entre guillemets) qui fait bouger le monde. Je le vois de ma petite fenêtre avec les plantes devenues folles qui s'agitent et les mouettes qui l'accompagnent.
En ce moment, je ne peux plus sortir, mais je suis auprès de toi dans toutes les sorties que toi tu fais. Une idée fixe m'accompagne encore aujourd'hui: "Spes contra spem" (j'espère contre toute espérance, ndt).
Cher Pape François, je suis plus avancé que toi dans les années, mais je crois que toi aussi, tu te trouves à vivre "spes contra spem" (*)

Je t'aime, vraiment (TI VOGLIO BENE DAVVERO)
Ton Marc

PS: J'ai dans la main la croix que portait Mgr Romero, et je ne parviens pas à m'en détacher.

(*) St Paul, Lettre aux Romains, 4.18