L'Evangile selon François


Au tour de Chris Ferrara, sur le site The Remnant, de nous faire partager les réflexions - mesurées- que lui inspirent les curieuses exégèses papales (6/1/2016)

>>> Cf.
Hérésie papale?

 

Dernier épisode en date de l'Évangile selon François:
le Christ "demande pardon" pour son "escapade".


Chris Ferrara
The Remnant
4 janvier 2016
Traduction par Anna


Depuis presque trois ans, dans ses sermons quotidiens à la Maison Sainte Marthe, François a fourni à l'assemblée et au monde ses lectures très personnelles des événements de l'Évangile. Celles-ci sont en général livrées de manière improvisée, car François a tendance à considérer avec mépris les textes préparés. Comme nous l'avons vu à maintes reprises, François croit clairement qu'il est plus "pastoral" de dire simplement ce qu'il pense, sans égard pour les implications doctrinales ou le risque de scandale. Le résultat a souvent été, pour le moins, stupéfiant.

Les lecteurs se souviendront de ces exemples mémorables d'exégèse grossière tels que l'affirmation que Marie Immaculée et sans péché s'est «peut-être sentie trompée en voyant son Fils sur la Croix ("Mensonge! J'ai été trompée!")» [1], que le Christ a juste fait semblant d'être fâché avec ses disciples («Jésus ne se met pas en colère, il fait mine») [2], et que Matthieu s'est accroché à son argent lorsque le Christ l'a appelé («Non, non, pas moi! Non, ces sous sont à moi!») [3], au lieu de répondre immédiatement à l'appel de Notre Seigneur comme le rapporte l'Évangile (Matt. 9, 9-13).

Il y a eu aussi cette étonnante intention de prière dans un sermon sur la vie de Jésus [4]: «Seigneur accorde-nous une identité Chrétienne, que Vous aviez». Dire que Jésus avait une «identité Chrétienne», au lieu de «Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant» comme l'a reconnu le premier des Papes (voir Matthieu, 16, 16), suggère qu'il n'est pas divin mais simplement un homme superlatif dont nous devrions imiter le suprême exemple chrétien.
En fait, dans la même homélie improvisée François a déclaré: «L'autorité de Jésus - et l'autorité du Chrétien - vient de sa capacité à comprendre les choses de l'Esprit, à parler le langage de l'Esprit. Elle vient de cette onction de l'Esprit Saint… ». Ce qui implique que tout Chrétien peut être «oint» de la manière unique dont Jésus l'a étéit (voir Actes 10, 37-38), ou que Jésus n'avait pas d'autorité en vertu de Sa propre divinité, mais seulement celle de tout Chrétien «oint».

Pour involontaires qu'elles soient, ce qui émerge de ces improvisations est une réduction implicite du Dieu-Homme à un Messie qui est simplement une créature exaltée dont l'enseignement sublime et l'exemple moral conduisent les hommes à Dieu le Père. C'est la vision du Christ nourrie des Lumières, tenue par les Unitariens et par John Locke, qui évitaient soigneusement toute affirmation de l'existence du Dieu Trine ou que le Christ est la deuxième divine Personne de la Sainte Trinité.

La toute dernière improvisation de François à ce sujet ne fait qu'accroître la difficulté. Prêchant sur les Retrouvailles au Temple, voilà ce que François a dit:

Au lieu de revenir à la maison avec les siens, il s’était arrêté à Jérusalem dans le Temple, causant une grande peine à Marie et à Joseph qui ne le trouvaient plus. Pour cette “escapade”, Jésus a dû aussi probablement faire des excuses à ses parents. L’Évangile ne le dit pas, mais je crois que nous pouvons le supposer.


Tout enfant bien catéchisé sait que Jésus, loin d'avoir demandé pardon, a fait des reproche à ses parents d'une manière qui constituait une révélation précoce de Sa divinité: «Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu'il me faut m'occuper des choses de mon Père?» (Luc, 2, 49).
Pourtant, François réduit allègrement cet événement marquant à une escapade enfantine pour laquelle Jésus a dû demander pardon. Selon ce point de vue, l'affirmation si importante «Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu'il me faut m'occuper des choses de mon Père?» serait le pire genre d'insolence et de manque de respect envers l'autorité parentale.

Or, on ne doit pas demander le pardon de quelqu'un à moins de l'avoir gravement offensé, tandis que Jésus, étant divin, était incapable de faire du tort à quiconque, encore moins à ses parents. Pire, dire que Jésus devait demander pardon pour son comportement c'est suggérer qu'il avait péché contre Marie et Joseph et était donc obligé de leur demander pardon.

La question est de savoir: François est-il dans la confusion au sujet de la divinité de Jésus? Voit-il le Christ comme le Dieu-Homme dont le sacrifice de Lui-même au Père, étant d'infinie valeur, a racheté tous les péchés jamais commis ou à commettre? Ou bien a-t-il une conception inférieure du Messie, ne se rendant peut-être même pas compte de l'avoir?
Je laisse aux commentateurs le soin de suggérer une explication raisonnable de cette homélie, qui soit conforme à la divinité du Christ et à une lecture orthodoxe de l'Évangile.

NDT


[1] Homélie à Sainte Marthe. Le site du Vatican en donne une version très expurgée.

[2] Homélie du 29 novembre 2013. Expurgée là encore sur le site du Vatican en français, plus détaillée sur le site CNA)

[3] Interview à la revue jésuite "La Civiltà cattolica" par le Père Spadaro, en septembre 2013, page 4 (ICI)

[4] Homélie du 2 septembre 2014, rapportée ICI par Chris Ferrara . Même remarque pour le compte rendu officiel sur le site du Vatican.