L'immigrationisme forcené de François


Un cardinal ose élever la voix: Dominik Duka, archevêque de Prague. Mais où veut en venir le Pape? (11/5/2016)

>>> Cf. fr.wikipedia.org/wiki/Dominik_Duka

 


Une lectrice me transmet cette information passée relativement inaperçue, publiée hier sur le site de La Croix (www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi):

« La sensibilité du pape François sur les questions sociales est différente de la nôtre, en Europe », a affirmé le cardinal Dominik Duka, archevêque de Prague dans un entretien au quotidien tchèque Lidove Noviny le 6 mai, au sujet de la crise des migrants.
« Le pape François est populaire pour plusieurs raisons. Il vient d’Amérique latine, où le fossé entre les riches et les pauvres est plus important... Saint Jean-Paul II était aussi capable d’attirer l’attention des foules, mais il parlait dans une situation complètement différente. Il était Européen avant tout. Il connaissait l’histoire du nazisme et du communisme, il savait combien la lutte pour la liberté était dure... Lorsque vous comparez le langage de ces deux papes (Jean-Paul II et Benoît XVI) et leurs mots les plus fréquents, vous voyez de grandes différences »
Évoquant le récent voyage du pape sur l’île grecque de Lesbos et sa décision de ramener des réfugiés au Vatican, le cardinal Duka s’est montré sceptique: «C’était seulement un geste. Lorsque les médias montrent le pape en train de rencontrer des réfugiés, moi aussi j’ai envie de pleurer et de dire: nous devons aider ces personnes. Pourtant, ce n’est pas une solution globale. Le pape envoie le cardinal Pietro Parolin à l’ONU pour demander une intervention humanitaire mais les médias ne montrent pas cela, ils se focalisent sur le pape».
L’archevêque de Prague a réservé ses mots les plus durs à la chancelière allemande, Angela Merkel, accusée de pousser les pays européens à une « culture de l’accueil » à l’intention des réfugiés, divisant et mettant en danger les populations.



Ce qu'il faut bien appeler l'obssession immigrationiste du Pape, perceptible dès le tout début de son Pontificat avec la visite-symbole à Lampedusa de juillet 2013, et qui a trouvé depuis de multiples confirmations, en mots et en gestes, dont la dernière à Lesbos, a inspiré à l'un des jeunes contributeurs du blog Campari & de Maistre cette intéressante réflexion.

Que d'erreurs dans l'immigrationisme de François


Alessandro Rico
www.campariedemaistre.com
Ma traduction

* * *

Il circule à Rome une anecdote amusante à propos de la brise qui souffle souvent sur la Piazza del Gesù, où a été érigée l'église, siège traditionnelle des Jésuites.
Il était une fois Satan et le vent, qui un jour se rencontrèrent justement Piazza del Gesu, et se mirent à converser et le discours devenait de plus en plus intéressant, mais à un moment donné le diable dit au vent: «je pars un instant, pour parler aux jésuites; toi, attends-moi ici, à mon retour, nous continuerons à bavarder». Et le vent attend encore.
C'est une blague, bien sûr.
Si l'on voulait être charitable avec le pape "noir" (nom traditionnellement donné au général des jésuites, mais ici il semble que le qualificatif s'applique au Pape jésuite, ndt), on pourrait dire que les "bergogliades" sont vraiment le fruit de l'Esprit Saint: comme le vent (justement), dont vous ne savez pas d'où il vient ni où il va. La dernière sortie de François avait un parfum lutherkinguien: je fais un rêve, qu'en Europe, tout le monde a le droit de migrer. On ne sait pas exactement si Bergoglio espère subrepticement, ou au moins donne pour acquis, que la crise humanitaire dans le tiers Monde va durer éternellement. Mais le plus inquiétant est ailleurs.

Quand il exprime son souhait que l'Occident accueille les milliers, les millions d'immigrés (réfugiés de guerre, affamés, ou tout simplement des gens à la recherche de bonne fortune) qui viennent de régions du monde à large majorité musulmanes, le pontife a-t-il également à l'esprit la façon de défendre ce qui reste de la chrétienté de la perspective d'un «remplacement ethnique»? Quelque chose qui aille au-delà des appels génériques à l'intégration, qui jusqu'à présent ont produit les 'banlieue' (en français dans le texte, sans 's' final) Molembeek et Torpignattara? Pas besoin d'invoquer de sombres complots pour se rendre compte que, quand bien même ce serait une conséquence involontaire d'une générosité alimentée par un sentiment de culpabilité mal placé, l'ouverture inconditionnelle des frontières politiques pourrait nous piéger dans un 'cul de sac' (idem).

D'un côté, il y a une crise, économique, culturelle, morale, d'un Occident qui produit de moins en moins de familles et d'enfants. De l'autre il y a des peuples attirés par notre opulence, qui pour eux est tout sauf à son crépuscule; et personne ne doute que leur énergie, leur "laboriosité" (?), leur capacité d'adaptation, les avantagent dans la lutte pour la survie et la prolifération. Y a-t-il si loin de la société multiethnique et multiculturelle à l'échange ethnique et culturel? Est-il vraiment nécessaire que l'Islam poursuive délibérément un projet politique d'«invasion» d'une Europe affaiblie, ou suffit-il de bouger un seul engrenage pour déclencher le mécanisme?

Ici, il ne s'agit pas de la crainte que les califes de l'ISIS hissent leur drapeau sur Saint-Pierre. Le scénario est peut-être plus proche de la «soumission» subtile, silencieuse, inaperçue, à une ancienne minorité qui prend progressivement le dessus (à la Houellebecq). Ou peut-être allons-nous vers la disparition définitive des cultures, des nations, des différences. A Londres, le maire musulman pakistanais est déjà une réalité. Un très brave homme, sans doute (? nous n'en savons rien...), ressemblant bien plus au progressiste anglais 'liberal' qu'à l'imam saoudien radical.
Mais dans tout cela, les perspectives pour le christianisme ne semblent pas roses. Parce que si la soumission arrivait par un homme portant turban et cimeterre, il va sans dire qu'il y aurait de moins en moins de monde pour suivre l'Angelus des successeurs Bergoglio. Si au contraire, la fascination décadente du progressisme occidental, tout de droits civils et de laïcité, finissait par séduire aussi les exilés du Moyen-Orient, l'idéal maçonnique aurait gagné. Celui qui regarde d'un bon oeil les mariages mixtes et le melting pot, parce que le métissage ethnique et culturel produit une non-nation malléable et souple, plus facile à gouverner - pour le bien, évidemment: le despotisme, depuis que le monde est monde, est «éclairé».

Reste alors à voir quelle est la position du pape, quelle est sa stratégie à long terme. Les hypothèses en jeu ne sont pas enthousiasmantes.
Ou bien Bergoglio ne sait pas ce qu'il dit, en d'autres termes il se trompe purement et simplement, auquel cas il conviendrait de se souvenir - davantage que ce que souhaiterait un catholique - que le «dogme de l'infaillibilité papale» n'est pas l'équivalent ecclésiastique de «Mussolini a toujours raison». Etabli définitivement en 1870, le dogme décrète qu'un pape ne peut pas se tromper quand il parle ex cathedra, c'est-à-dire quand il proclame un nouvel article de foi ou sanctionne une doctrine comme fruit de la Révélation, en exerçant le ministère pétrinien. On a du mal à croire que le changement climatique, l'anticapitalisme et le mondialisme peuvent être englobés dans cette catégorie.

Dans la seconde hypothèse, François est parfaitement conscient de ce qu'il fait, mais alors on ne comprends pas vraiment comment il peut penser que c'est dans l'intérêt de l'Eglise et du christianisme.

Passent encore les flèches tiersmondiste, avec cette idolâtrie latente du pauvre qui à la limite laisse soupçonner que, comme les communistes, Bergoglio aime tellement les pauvres qu'il en veut davantage.
Passent même les curieux arguments de Laudato Sii, qui oscillent entre ruralisme traditionaliste et écologisme moderniste, sans compter que le 'plat' de la subsidiarité, l'élément central de la doctrine sociale, pleure ou au moins a les yeux qui brillent un peu. Mais vouloir se remettre avec armes et bagages à l'élite libérale et maçonnique est une issue que nous préférerions éviter. Et pourtant, François fait tout pour ne pas se soustraire aux passerelles des prix internationaux imprégnés d'humanitarisme hypocrite, aux accords avec les dirigeants politiques et les personnalités publiques plus proches d'Arcigay (association militante italienne qui lutte pour "les droits des personnes LGBT", créée en 1980, ndt) que des paroisses.

Voilà pourquoi il y a tout lieu de craindre que le «nouvel humanisme» proclamé par le Pape ne soit finalement terriblement confus: Bergoglio veut-il mettre la personne au centre de la société, dans la ligne de ses prédécesseurs, ou l'homme abstrait de l'idéologie de la franc-maçonnerie éclairée?

L'allure oscillante de ce pontificat semble plonger dans la confusion plutôt que conforter les catholiques égarés.
Un jour, François se déchaîne contre la réduction de l'Eglise à une ONG, un autre jour, il joue le rôle du Secrétaire des Nations Unies; un jour, il dénonce l'idéologie du genre, un autre, il débite un long discours pastoral qui, en fin de compte, ne prend pas de position définie sur la question des sacrements aux divorcés remariés, ajoutant au désordre. Maintenant, il est vrai que le Christ fut un signe de contradiction. Mais peut-on dire et se dédire, affirmer et nier, montrer et cacher? Peut-être que l'Évangile, quand il exhorte: «Que votre oui soit oui, et votre non soit non» aurait dû préciser: «Mais pas les deux ensemble».

NDT

(1) L'article de Marie Malzac met en lien une biographie abrégée de ce prélat atypique (né en 1943, dominicain, devenu "prêtre clandestin" en 1975, à l'ère communiste; évêque de Hradec Králové jusqu'à sa nomination à Prague, "il a su insuffler un réel dynamisme à ce diocèse d'un million d'habitants, dont 600 000 catholiques: 250 prêtres y exercent leur ministère, tandis que 20 séminaristes s'y préparent") écrite par Frédéric Mounier en février 2010, au moment où Mgr Duka venait d'être nommé par Benoît XVI archevêque de Prague (il devait être créé cardinal par le même Benoît XVI le 18 février 2012)