L'Occident malade de son relativisisme


En marge des évènements tragiques de Nice, une réflexion qui tente d'aller au-delà des faits, et qui relance un avertissemnt lancé à de multiples reprises par Benoît XVI. Qui aujourd'hui est capable de dire des mots aussi forts avec une autorité intellectuelle et spirituelle comme la sienne? (16/7/2016)

L'article qui suit a été écrit au lendemain des attentats de Bruxelles, mais il n'a évidemment (et hélas) rien perdu de son actualité.

L'Occident, et l'Europe en particulier, a mené une guerre contre la religion chrétienne et spécialement, catholique. Il a travaillé dur pour expulser Dieu de la place publique. Il a approuvé des lois et des politiques de pure et simple mise hors la loi du christianisme. En retour, il trouve le territoire de ses propres villes occupé par des groupes religieux et dans les quartiers de ses métropoles se forme la relève de ses bourreaux. En cela, l'Occident a même été grandement aidé par les catholiques eux-mêmes, qui l'ont interprété comme un exemple de saine laïcité. Ils se sont limités à dénoncer les formes les plus extrêmes de laïcisme et pendant ce temps, la laïcité se transformait en laïcisme systématique sous leurs yeux et avec leur coopération.

Le relativisme qui ouvre les portes à leur domination


Le "camion fou" de la Promenade des Anglais, Nice, 14/7/2016.

Stefano Fontana
25 mars 2016
www.lanuovabq.it
ma traduction

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Après le massacre tragique de Bruxelles - dans la continuité de la série apocalyptique d'attentats terroristes djihadistes, de Charlie Hebdo en janvier au Bataclan en novembre 2015 - l'expression circule à nouveau «nous sommes en guerre». Mais il s'agit d'une guerre civile, selon les célèbres indications de Carl Schmitt, dans la mesure où les agresseurs sont en général européens. De nouvelle génération, mais européens. Une nouvelle guerre civile européenne, après celle racontée par Ernst Nolte?

Dans la complexité des problèmes (et des pouvoirs) qui sont derrière des événements tragiques similaires, il y en a un qui doit être mis spécialement en lumière. Ce qui désarme l'Occident, c'est sa philosophie de vie et en particulier la manière dont il considère la religion et les religions. Voilà ce qui le rend faible et vulnérable, et cela explique comment il se fait qu'il se soit créé des ennemis chez lui, et accepte d'être colonisé de l'intérieur.

L'Observatoire Cardinal Van Thuan vient de publier deux textes sur le problème des «nouvelles guerres de religion»: le septième rapport sur la Doctrine Sociale de l'Eglise dans le monde intitulé "Guerre di religione, guerre alla religione" et le livre "Le Nuove guerre di religione" (ed. Cantagalli).
La thèse générale qui y est défendue est la suivante: l'Occident fait SA guerre à la religion et, de cette manière, il se désarme face aux attaques terroristes sur fond religieux, surtout celles d'empreinte islamique (ndt: y en a-t-il d'autres?). On sait que derrière ces phénomènes, il n'y a pas seulement la religion, mais il est superficiel de nier que le djihadisme est une religion.

L'Occident, et l'Europe en particulier, a mené une guerre contre la religion chrétienne et spécialement, catholique. Il a travaillé dur pour expulser Dieu de la place publique. Il a approuvé des lois et des politiques de pure et simple mise hors la loi du christianisme. En retour, il trouve le territoire de ses propres villes occupé par des groupes religieux et dans les quartiers de ses métropoles se forme la relève de ses bourreaux. En cela, l'Occident a même été grandement aidé par les catholiques eux-mêmes, qui l'ont interprété comme un exemple de saine laïcité. Ils se sont limités à dénoncer les formes les plus extrêmes de laïcisme et pendant ce temps, la laïcité se transformait en laïcisme systématique sous leurs yeux et avec leur coopération.

La lutte contre la religion chrétienne et catholique en particulier a été menée au nom d'un indifférentisme religieux selon lequel toutes les religions sont égales, parce qu'elles sont toutes des choix non motivés et non conformes à la raison, cette raison si chère à l'Occident qui pourtant, aujourd'hui, ne sait pas donner les raisons des massacres terroristes. Si toutes les religions sont égales, toutes ont le droit d'accéder sur notre continent et toutes ont le droit de s'installer dans les quartiers de nos villes. Toutes ont aussi le droit de ne pas s'intégrer et de mener leur vie comme des îles dans la mer. L'échec du multiculturalisme a son origine précisément dans notre indifférentisme religieux.

Les requêtes adressées aux nouveaux arrivants sont de plus en plus réduites, presque minimes, voire inexistantes, parce que la raison politique occidentale, qui n'est plus soutenue par la religion chrétienne, à laquelle elle a déclaré la guerre, a perdu la passion pour la vérité, et n'est plus en mesure d'exiger que les nouveaux arrivants respectent aucune de ses valeurs liées à la personne, à la famille, à la vie sociale et à la politique. Et même, elle cède et réforme ses propres lois en fonction des exigences religieuses des nouveaux citoyens d'importation, au point d'insérer des éléments de la loi islamique dans son propre système juridique. Du reste, comment pourrait-il en être autrement quand c'est d'abord tout simplement notre société occidentale qui démolit ses propres valeurs? Après avoir détruit la famille, avec quels arguments peut-on dire non à la polygamie?

Comme dans les précédents attentats terroristes de matrice islamique, les politiques européens font étalage de décision et de fermeté dans la défense de nos valeurs, mais personne ne sait désormais en quoi elles consistent. Au centre de leurs déclarations de ces jours-ci, il y a la valeur de la liberté. Mais la conception occidentale de la liberté est vraiment notre talon d' Achille, c'est là qu'est l'accès non contrôlé par lequel il passe de tout. Bien autre chose que Schengen. Il est impossible de trouver la force morale de défendre une liberté vide de contenu comme la nôtre. Personne n'est prêt à souffrir, se battre ou mourir pour une coquille vide.

Si nous la défendons telle qu'elle est, nous ne réussissons à rien d'autre que contribuer davantage à notre dissolution. En effet, elle ne nous permet pas d'endiguer d'autres visions de la vie parce que, dans ce cas , nous nierions le principe même de la liberté. Pour évaluer les religions, la liberté ne suffit pas, il faut la vérité, un concept que l'Occident a oublié depuis longtemps. Pour la vérité, oui, les gens peuvent être disposés à souffrir, à se battre et même à mourir. La vérité, oui, nous permettrait d'accueillir et d'intégrer vraiment. De cette façon, au contraire, il se crée une panique qui va au détriment du vrai accueil et de la vraie intégration. Il n'y a pas d'intégration sans fixer des limites à l'intégration. S'il n'y a pas de limites, cela signifie qu'il n'y a pas non plus de critères. Et les critères, comme les limites, sont avant tout intérieurs. L'Europe est faible à l'intérieur.