Objectif atteint


Une autre "lecture", par le Père Scalese, de la médiatisation des affaires de pédophilie: réduire l'Eglise à l'impuissance et à l'insignifiance sociale (2/7/2016)

 

Objectif atteint


Père Giovanni Scalese CRSP
querculanus.blogspot.fr
1er juillet 2016
Ma traduction

Porte des enfers (*)

On a appris il y a quelques jours la nouvelle que dans le diocèse de Montréal, au Canada, à partir de Septembre, les prêtres ne pourront plus s'approcher seuls des enfants: ils pourront le faire uniquement en présence d'un témoin (ndt: cf. www.journaldemontreal.com/2016/06/23/les-pretres-ne-pourront-plus-etre-seuls-avec-des-enfants).
Il s'agit d'une décision ecclésiastique, en non pas civile: le diocèse, évidemment épuisé par les dédomagements millionnaires payés pour les causes d'abus [les affaire de pédohilie], cherche maintenant à assurer ses arrières. On peut donc même comprendre la mesure; mais cela n'enlève rien au fait qu'elle provoque aussi une grande tristesse.

En pratique, la grande campagne médiatique contre les prêtres pédophiles - qui a atteint son apogée en 2010, précisément au cours de l'Année sacerdotale, et qui semblait s'être atténuée avec l'avènement du nouveau pontificat - a obtenu le résultat escompté, celui de discréditer de façon généralisée et définitive le clergé catholique. Désormais, disons-le clairement, tout le monde - et je souligne tout le monde, même les catholiques les plus traditionalistes - sont convaincus que les prêtres - tous, sans exception - sont des pédophiles. Par charité (pour l'amour du ciel?), vous pouvez aussi nourrir de l'estime et du respect pour certains prêtres, en particulier pour ceux que vous connaissez personnellement; mais dans le fond reste la conviction, ou du moins le soupçon, que même ces prêtres, que vous connaissez et estimez, sont au plus profond d'eux-mêmes des pédophiles comme les autres. Maintenant, même s'il s'agit du jugement, quoique injuste, que les gens nourrissent sur notre compte, on peut le regretter; mais on peut également l'accepter, dans un esprit de pénitence, comme la croix que nous avons à porter en ce temps que nous vivons. Le vrai problème est ailleurs. Le problème est que de cette manière plus aucun prêtre n'osera s'approcher des enfants et des jeunes en général; il se limitera à faire un travail de bureau, beaucoup moins risqué. On l'accusera peut-être d'en être réduit à faire le bureaucrate; mais au moins on ne pourra plus l'accuser d'être un pédophile.
Vous comprenez, pourtant, que ce sera (ou plutôt, dans de nombreux endroits, c'est déjà) la fin de toutes les activités de l'Eglise pour la jeunesse. Le problème n'est pas tant le sacrement de la Pénitence: pour cela, il suffit de revenir à l'utilisation des vieux confessionnaux, avec grille (si on les avait inventés, il y avait sûrement un motif ...) dans l'église, sous les yeux de tous; et le problème sera résolu. Le problème, ce sont toutes les activités pastorales qui voyaient le prêtre au milieu des jeunes. Peut-être qu'on pouvait même les considérer comme des activités peu qualifiées, une perte de temps; mais elles avaient malgré tout une profonde valeur éducative et constituent encore une forte présence de l'Eglise dans la société. Et qui rêvera d'avoir le groupe d'enfants de chœur ou d'éclaireurs, ou d'organiser une randonnée, des vacances ou une classe verte? A partir de maintenant, le prêtre se limitera à célébrer la messe; le catéchisme pour la première communion, on le fera faire aux mamans; les jeunes, une fois le catéchisme terminé, ne mettront plus les pieds dans la paroisse et n'auront plus aucune occasion dans leur vie de rencontrer un prêtre. Et ensuite, on se plandra (c'est déjà le cas) que les jeunes sont abandonnés, qu'ils n'ont plus de points de référence, qu'ils grandissent sans valeurs, etc. etc.
C'est exactement ce que voulaient ceux qui ont promu la campagne martelante contre les abus du clergé. Pensez-vous qu'ils se soucient des victimes? Si tel était le cas, ile se seraient intéressés à la pédophilie largement répandue dans les autres religions, dans la famille, à l'école, dans le sport et, surtout, à la pédophilie de haut vol (rock stars, réalisateurs, musiciens, membres du parlement, ministres, chefs d'Etat et de gouvernement ...); mais non, cette pédophilie-là, personne ne s'y intéresse. Dans ces affaires, il n'y a pas de victimes à défendre; dans ces affaire, on pouvait tranquillement couvrir, cacher, dissimuler (pensez à la BBC ...). Tout au plus, quand la nouvelles arrivait à la surface et ne pouvait plus être ignorée,il s'agissait d'un cas isolé (comme ce devrait être); personne ne songeait à criminaliser la catégorie.
Ce qui donne à réfléchir, alors, c'est qu'en même temps que la campagne contre les abus du clergé, une autre campagne a été menée, pour les «droits civils», parmi lesquels, tôt ou tard, on arrivera à inclure également la pédophilie. On a déjà commencé à entendre une voix murmurée revendiquant le droit des enfants à avoir leur propre sexualité ... Dans certains pays, ils ont même fondé des partis politiques qui proposent la légalisation de la pédophilie. Il y a encore autre chose: on va vers le dédouanement de la pédophilie et, en même temps, elle constitue un motif de criminalisation pour le clergé. Il n'y a qu'une seule explication: de toute évidence, la pédophilie était juste une excuse: le véritable objectif était d'attaquer l'Eglise, l'empêcher d'exercer librement sa mission, et ainsi déchristianiser la société.
Objectif atteint.

* * *

Ndt:
(*) Illustration: Une sculpture du "Parc des monstres" à Bomarzo, en Italie (La porte de l'Ogre, encore appelée "Entrée des enfers")