Pas de tapis rouge pour François en Pologne


Alors qu'il s'apprête à s'envoler pour la Pologne, à l'occasion des JMJ, les positions immigrationistes du Pape, sa fixation sur les pauvres, lui ont aliéné l'Eglise polonaise, et une partie de l'opinion publique (27/7/2016)



Au retour de son voyage-éclair à Lesbos, en avril dernier, le pape ramène dans son avion 3 familles de réfugiés musulmans (source).

Précisons tout de suite : cet article, issu de Fox News, dont les positions "conservatrices" sont régulièrement dénoncées, sinon tournées en dérision par les "libéraux", risque de faire s'étouffer les bien-pensants. Je m’en excuse (!!!) par avance auprès d’eux, leur conseillant éventuellement de ne pas poursuivre la lecture, tout en regrettant qu’ils ne réservent pas leurs quolibets à la désinformation quasi-unanime et sur des sujets autrement plus graves (voir ce qui vient de se passer à Saint-Etienne du Rouvray) que nous inflige jour après jour la grande presse ... à l'exception de Fox News, justement (qui a certainement son propre agenda, c'est un autre sujet).
Disons que cet article ne fait que rétablir un tout petit peu l’équilibre.

Du reste, du temps du Pontificat de Benoît XVI, personne ne s'indignait quand "nos" médias relataient complaisamment, comme s'il s'agisait d'un fait neutre, ou d'une calamité climatique, toutes les menaces anticipées qui devaient "accueillir" le pape à chacun de ses voyages à l'étanger, mettant en cause jusqu'à sa sécurité, et dont la presse locale se faisaient abandamment l'écho (rien de tel ici: je n'ai vu aucun écho en France des critiques de la presse polonaise).
On en trouverait de multiples exemples en feuilletant ces pages, et Georg Gänswein en a lui-même témoigné, confiant à ce sujet à Angela Ambogetti :"je ne pouvait pas entrer dans une route où il n'y avait pas de décombres, il fallait d'abord nettoyer la route" (cf. benoit-et-moi.fr/2014-I/actualites/benoit-xvi-raconte-par-georg-gaenswein). Par exemple, avant le voyage de 2010 au Royaume-Uni, les menaces avaient été telles que des catholiques britanniques avaient pris l'initiative d'ouvrir un site "Protect the Pope", en réponse à un site haineux, ouvert par des activistes gays, "Protest the Pope", (cf. benoit-et-moi.fr/ete2010).

À la veille du voyage du Pape François en Pologne, le pays lui refuse le tapis-rouge


26 juillet 2016
Don Snyder
www.foxnews.com
Traduction d'Anna

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Le Pape François arrive mercredi en Pologne, mais le pays natal du saint Pape Jean-Paul II - le plus populaire des prédécesseurs contemporains de François - ne va pas dérouler le tapis rouge au pontife dont l'agenda social lui a aliéné beaucoup de monde dans cette nation conservatrice.

François sera à Cracovie pour célébrer les Journées mondiales de la jeunesse, - un événement initié il y a plus de 30 ans par le Pape Jean-Paul II - où convergent des centaines de milliers de jeunes venant du monde entier. Mais à la différence du fils bien-aimé que la nation d'Europe de l’Est a envoyé au Vatican, François reçoit un accueil glacial.
« Le Pape, un hôte inoportun », était le titre d'un article au début de ce mois dans la Gazeta Wyborcza, le journal à plus gros tirage de Pologne.

La rencontre, qui a lieu cette année dans cette ville méridionale de Pologne du 27 au 31 juillet, se tient tous les deux ou trois ans dans des villes différentes. En 2013, la ville d'accueil était Rio de Janeiro, au Brésil.
Les évêques polonais ont fait circuler une lettre annonçant l'événement, qui a été lue dans les églises du Pays le 3 Juillet. La lettre faisait trois fois l'éloge du défunt Pape Jean-Paul II mais ne faisait aucune mention du pape François.
« Ici en Pologne - un pays fidèle au pape - nous avons une situation insolite », écrit la journaliste Katarzyna Wisniewska. « Personne ici n'attend le pape ».
Dans un Pays de 38 millions d'habitants, dont 92 pour cent s'identifient comme catholiques romains, le Pape Jean-Paul II, né Karol Jozef Wojtyla à Wadowice en Pologne, canonisé en 2014, est parmi les figures les plus aimées de l'histoire.
Les positions socialo-libérales de François se heurtent à l'orientation conservatrice de l'Église polonaise et son alignement avec le Parti d'extrême droite Loi et Justice au gouvernement. Le soutien de l'Église à Loi et Justice a été un facteur important de la victoire écrasante aux élections nationales de 2015.
Le parti nationaliste est engagé dans la défense de l'identité catholique d'une Pologne homogène.

« François est perçu comme quelqu'un d'étrange, un étranger (alien) », et les Polonais ne se reconnaissent pas dans un Pape argentin », dit à Fox News le journaliste Adam Szostklewicz, qui écrit sur l'Église et les affaires internationales pour le magazine hebdomadaire Polityka.

Le Pape, qui a ramené au Vatican avec lui 12 réfugiés syriens après avoir visité le camp de réfugiés de l'île grecque de Lesbos en avril dernier, a exhorté les nations européennes à accueillir davantage de réfugiés musulmans des zones de guerre du Moyen Orient et d'Afghanistan.
Dans son premier discours dans le Pays, devant un public comprenant le président Andrzej Duda au Château Wawel de Cracovie, le pape devrait renouveler son soutien au réfugiés. Trois jours plus tard, un jeune Syrien parlera pendant une messe présidée par le pape.
Les Polonais rejettent cet appel papal. Selon un étude récente de CBOS, un des principaux instituts de sondages, 70% des Polonais ne veulent pas de réfugiés musulmans,
« Ce n'est pas un secret que le message de François est ignoré par le clergé Polonais » écrivait Jaroslaw Makowski dans le numéro du 31 mai de l'édition polonaise de Newsweek magazine.
D'après le Père Pawel Guzinski, un prêtre dominicain au franc-parler, l'Église polonaise gravite davantage autour de papes comme Jean-Paul II et Benoît XVI, pour qui l'obéissance à la doctrine catholique est primordiale.
« Pour le Pape François, son engagement pour les pauvres et les défavorisés est le plus important, tandis que la doctrine reste en arrière-plan », dit Guzinski.

L'Église polonaise est aussi inquiète au sujet de la vague de sécularisme de l’Occident.
Dans un discours à Radom, l'Évêque Piotr Libera a assimilé le sécularisme au multiculturalisme.
« C'est une politique de gauche dans laquelle toutes les religions et cultures sont également importantes », a-t-il dit. « Sauf celle où ils ont grandi. La religion chrétienne, celle du Christ ».
Cette orientation est en opposition avec la vision internationaliste du Pape François.
« Certains Évêques polonais craignent vraiment ce que le Pape François va prêcher pendant les JMJ en Pologne », dit Stanislaw Obirek, professeur d'histoire à l'Université de Varsovie et ancien prêtre jésuite.

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Donald Snyder a été journaliste à NBC pendant 27 ans et est écrivain freelance depuis sa retraite. Il est spécialiste de l'Allemagne et de l'Europe Orientale.