Pourquoi François a-t-il bonne presse?


C'est une question qu'il est légitime de se poser. Rappelons que, du temps de Benoît XVI, c'était carrément une affirmation - à laquelle les "spécialistes" avançaient de nombreuses justifications: "Pourquoi Benoît a mauvaise presse" (15/7/2016)

 

"Pourquoi le Pape a mauvaise presse" est le titre d'un livre de Bernard Lecomte publié en 2010 (cf. LA MAUVAISE PRESSE DE BENOÎT XVI, benoit-et-moi.fr/2010-I)
J'écrivais à l'époque:

«L'argumentation de Bernard Lecomte ne tient pas debout, car elle repose sur un postulat erroné: le Pape a mauvaise "presse" (en réalité: il est détesté) parce qu'il ne sait pas "communiquer", ou du moins que son mode de communication n'est pas celui des medias. Ou alors, parce que les journalistes (certains, pas lui!) sont nuls».

Je n'ai pas changé d'avis, au moins sur la première partie.
Dans un entretien publié à l'époque sur un site suisse, Lecomte affirmait également:

«On ne s'improvise pas grand communicateur à 84 ans. Mais je suis profondément convaincu que son successeur devra changer de communication».

Eh bien, il est en train de le faire! Et avec quel résultat! (petite parenthèse: décidément, Bernard Lecomte, qui en 2005 voyait déjà en Benoît XVI "le dernier pape européen" est un authentique prophète. A moins que, plus simplement, le programme qu'il défendait, qui était celui de la "mafia de Saint Gall" et qui s'est réalisé le 13 mars 2013, ne soit qu'un intermède).

* * *

L'article qui suit, issu du site <Italia Oggi>, qui part du remplacement du Père Lombardi comme directeur de la Salle de presse par un laïc américain membre de l'Opus Dei, Greg Burke (et une journaliste espagnole, Paloma Garcia Ovejero, parité homme-femme oblige!!), qualifie le Pape actuel avec un nom barbare emprunté au jargon des affaires, "désintermédiateur".
Avant de le lire, il convient de rappeler que un récent billet (Nouvelles et inquiétantes perles bergogliennes), Antonio Socci relevait les propos pour le moins étonnants du Pape s'exprimant a braccio en ouverture du Congrès ecclésial du diocèse du diocèse de Rome (voir la version officielle sur le site du Vatican, en vo et en français).
Entre autre:

«(...) Il a enfilé une incroyable série de "perles" à la limite du blasphème: Jésus qui, dans l'épisode de la femme adultère «fait un peu l'idiot» ("fa un po' lo scemo") expression inouïe que le site du Vatican a changé en «fait celui qui n'a pas compris» ("Gesù si fa un po’ il finto tonto)", mais il y a l'enregistrement video ...) ».

François est allé jusqu'à dire que «Jésus fait un peu l'idiot»


Goffredo Pistelli
Italia Oggi
14 juillet 2016
Ma traduction

* * *

L'arrivée de Greg Burke, journaliste américain de 56 ans, à la tête de la salle de presse du Vatican, a été accueillie par les médias comme un signal clair de renforcement de la communication papale.
En réalité, François, grand communicateur, semble ne pas avoir besoin d'appareil. Il "désintermédie", c'est-à-dire qu'il s'adresse directement à son public, caractéristique distinctive du leadership moderne selon les experts. La salle de presse et les bureaux de la Curie servent, le cas échéant, à tempérer ou à corriger certaines déclarations a braccio dans lequel la "vis" polémique, ou l'italien imparfait, créent parfois l'embarras: comme dans un discours sur le récit évangélique de la femme adultère, où, comme le dit l'écrivain Antonio Socci, le «Gesù fa un po' lo scemo» prononcé par le pape, est devenu «fait celui qui n'a pas compris» sur le site du Saint-Siège.

D'autre part, le consensus qui l'accompagne, à l'intérieur et à l'extérieur de l'Église, consent à François d'avoir une très bonne presse. Un exemple en est le cas des Scholas Occurrentes, réseau mondial d'écoles «de citoyenneté», fondée par l'archevêque de Buenos Aires, en 2013, et que Bergoglio a érigé en "Fondation Papale" (cf. Le pape et le nombre "666"). Des écoles que François continue à suivre de près, au point de prendre stylo et papier pour pousser les dirigeants, en Juin, à refuser un financement public par le président argentin Mauricio Macri.

Les écoles "de rencontre" et leur gestion sont pourtant, depuis quelques semaines, l'objet de dures controverses en Argentine. Dans un programme TV à succès, le journaliste Jorge Lanata a avancé de nombreux doutes, parlant de sponsors qui attendaient une audience privée avec le Pape, de relations opaques avec le gouvernement de Cristina Kirchner pour la construction du siège central, et même de relations avec le dirigeant d'une ONG, qui a à son tour été mis en examen pour relations avec le narcotrafic. Une enquête ignorée par les médias du monde entier.

Le site religieux de La Stampa, <Vatican Insider>, qui fait autorité, a en revanche rapporté une interview de François le journal argentin La Nacion, où le pape se réfère en ces termes aux cardinaux qui «résistent» à son action: «Les clous, on les élimine en tirant vers le haut. Ou on les met au repos, de côté, quand arrive l'âge de la retraite » (cf. Un pape qui divise)
Un ton bien peu miséricordieux, au beau milieu du Jubilé de la miséricorde, mais tombé dans le vide. A Bergoglio le "désintermédiateur", les médias pardonnent tout. Comme l'histoire des deux membres de la commission des affaires économiques, Francesca Chaouqui et Vallejo Balda, condamnés il y a quelques jours pour l'affaire Vatileaks: qui se souvient que ces nominations, c'est lui, François, qui les a voulues?