Renzi: l'homme de main des "pouvoirs forts"


Deux articles de Maercello Foa, l'un de février 2014, le jour du début du mandat du "Premier" italien sortant, et l'autre d'aujourd'hui, pour en illuster la fin. C'était prévisible!! (5/12/2016)

 

En Italie, le référendum portant sur une réforme constitutionnelle, dont tout le monde a oublié les questions, mais qui s'était transformé, par l'engagement personnel de Matteo Renzi en plébiscite pour ou contre sa personne, a vu une forte participation, inhabituelle en Italie, et la victoire écrasante du NON (contraignant Renzi à la démission) avec 60% des suffrages.
Commentant brièvement le résultat, Antonio Socci note sur sa page Facebook que tous ceux qui au cours des dernières années, avaient enfourché l'idéologie laïciste et anti-famille ont été balayés par les électeurs: Zapatero, Cameron, Obama/Hilary Clinton, Hollande, et aujourd'hui, Renzi.
Et il conclut: "L'agenda Obama en Occident a été mis au rebut. Beaucoup espèrent que ce sera aussi le cas dans l'Eglise".

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Marcello Foa, un journaliste italien très bien informé et un excellent observateur de la politique internationale, longtemps éditorialiste à Il Giornale, qui dirige aujourd'hui un groupe éditorial suisse, et qui est une mine d'information, et d'analyse politique intelligente, fait une autre analyse, complémentaire.
En février 2014, au moment précis où Matteo Renzi succédait à Enrico Letta à la tête du gouvernement italien, Marcello Foa lui avait consacré un article prophétique, comme les faits le prouvent aujourd'hui, qui mérite vraiment d'être relu avec le recul de presque trois ans (ma traduction ici: benoit-et-moi.fr/2014-I/actualites/les-vrais-maitres-du-monde).
Il y dénonçait l'"imposture" Renzi, qui loin d'être l'homme neuf et énergique capable de redresser l'Italie que les médias désinformateurs présentaient, n'était autre qu'une émanation des pouvoirs transnationaux qui, dans l'ombre, tirent les ficelles partout dans les soi-disant démocraties occidentales.
A cet égard, un passage de l'article est particulièrement révélateur:

J'ai découvert Renzi en février 2009, quand il était juste le président de la province de Florence, entièrement inconnu au niveau national.
Je l'ai découvert parce que le magazine «Time» lui avait consacré un article le présentant comme «l'Obama italien».
Le monde de la presse est mon monde, comme ceui du «spin», et je connais très bien la logique de la presse américaine. Il est absolument invraisemblable qu'un envoyé spécial parachuté à Rome depuis Washington puisse connaître, grâce à son flair, la potentialité d'un très jeune président de Province. Lorsque ces miracles se produisent il y a une raison, c'est-à-dire que quelqu'un a fait en sorte que le bon tuyau arrive de manière appropriée à la rédaction de l'hebdomadaire. Et un article dans «Time» est une consécration; le viatique pour grimper encore plus haut, ou au moins essayer.
Et c'est ce qui s'est passé.


Trois ans après, Marcello Foa écrit en quelque sorte la conclusion de son article de février 2014. Et l'histoire - ou plutôt, le vote du peuple italien - lui a donné raison!

Triomphe inimaginable! Et c'est la fin du premier ministre esbroufeur


Marcello Foa
blog.ilgiornale.it/foa...
5 décembre 2016
Ma traduction

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Un résultat aussi net était inimaginable, et cette fois les sondages se sont trompés par excès de prudence. Le NON n'a pas seulement gagné, il triomphe avec des marges abyssales.

Et il est extrêmement significatif que la participation ait été très élevée. Ce fut vraiment un vote populaire, ne laissant aucune place à l'interprétation et à l'ambiguïté.

Les Italiens ont rejeté une réforme constitutionnelle qui, si elle avait été approuvée, aurait compromis quelques-uns des principes fondateurs de la démocratie et de la République. Et en même temps, ils ont irrévocablement rejeté un premier ministre, Matteo Renzi, qu'il y a un peu moins de trois ans, s'était présenté comme un innovateur extraordinaire et était considéré par beaucoup comme le seul véritable espoir pour l'Italie, mais qui avec le passage du temps a montré son vrai visage, celui d'un premier ministre esbroufeur, traître, convaincu qu'il peut tromper et illusionner tout le monde avec son bagout extraordinaire mais illusoire. Une "bombe" comme l'avaient appelé ses camarades de classe.

Pendant un certain temps les Italiens l'ont écouté, et lui ont même fait confiance, mais quand les promesses, les annonces grandiloquentes sur l'Italie qui repart, sur le chômage qui baisse, sur les "rosiconi" (patois romain, que je traduirais par "envieux") qui perdent, n'ont trouvé aucune résonnance dans la vie quotidienne, cette confiance s'est transformée d'abord en perplexité, puis en méfiance et dans les cas extrêmes en véritable haine.

La perspective de donner à un premier ministre de cet acabit des pouvoirs qui n'ont pas d'équivalent dans les démocraties occidentales était inacceptable pour la grande majorité des électeurs. Et le fait que Renzi se soit personnellement engagé avec l'ardeur d'un gladiateur et en faisant un usage intensif d'une propagande qui s'est révélée envahissante et martelante rend sa défaite encore plus cuisante et significative.

C'est un non à la réforme, et un non à la personne. Matteo Renzi, politiquement, est fini.

Les italiens, par contre, s'associent au message déjà formulé avec force par les Britanniques en choisissant le Brexit et les Américains en élisant Donald Trump. Et pas seulement parce qu'une fois de plus les intimidation et le "spin" à travers les médias traditionnels s'est avéré inefficace. Les vieilles règles de la propagande et de la manipulation pour influencer et intimider le peuple, ne sont plus aussi efficaces qu'autrefois.

Les Italiens ont dit NON à l'establishment et aux élites transnationales et européennes qui ont gouverné la mondialisation, l'Europe et, de fait, également l'Italie, limitant sa souveraineté et sa capacité de changer.

Les Italiens, comme les Américains, et comme les Britanniques, veulent un vrai changement, ils veulent être à nouveau maîtres de leur propre destin.
Et cela, c'est bel et bien une révolution.