Spotlight


"Politiquement correct" et hostilité envers la religion catholique primés aux Oscars (5/3/2016, mise à jour le 6/3)



Les films primés aux Oscars, sont habituellement un concentré de politiquement correct. C'est un phénomène évident, et qui prend chaque année une ampleur croissante.
"The Revenant", récompensé cette année à travers le prix du meilleur acteur attribué à l'ami du Pape (qui l'a reçu récemment "comme un chef d'état, cf. Leonardo DiCaprio chez le pape), Leonardo DiCaprio, a fourni à ce dernier, sur la scène d'Hollywood, une tribune planétaire pour un plaidoyer passionné en faveur de la thèse du réchauffement climatique.
Quant à "Spotligth", oscar du meilleur film, qui dénonce une fois de plus la pédophilie dans l'Eglise - dont on peut voir avec les accusations portées en ce moment contre le cardinal Barbarin, qu'elle n'a pas quitté l'actualité, sans pour autant nuire à l'image de François ... tiens, une autre étrangeté, et une autre différence avec Benoît XVI! - comment ne pas y voir, plus qu'une volonté de faire éclater LA vérité (!!) une nouvelle machine de guerre contre la religion catholique?
Et pourtant, de façon incompréhensible (inconscience? hypocrisie? désir de ne pas susciter de polémique? applatissement devant le "monde"?) le film a reçu une recension plutôt élogieuse de plusieurs instances catholiques, notamment l'Osservatore Romano, qui sous la plume de Lucetta Scaraffia, a salué une trame "fascinante", voyant dans le film "un signe positif" et affirmant "Ce n'est pas un film anti-catholique" (cf. www.ansa.it).

Il n'est pas question de nier l'abomination des crimes pédophiles commis par une minorité de prêtres immondes. Encore faut-il en admettre et en montrer tous les aspects, même les plus déplaisants (càd en l'occurence "politiquement incorrects"). C'est le prix à payer lorsqu'on prétend et proclame urbi et orbi qu'on recherche "LA" vérité. Cela ne semble pas être le cas ici.

Voici un extrait, publié par Rorate Caeli, d'un article percutant de Juan Manuel de Prada, paru le 28 février sur le site espagnol ABC. Je n'ai pas réussi à trouver l'original (*)
Ceux qui lisent l'italien liront aussi le bon article de la Bussola.


"Spotlight"?
Rempli de malice et masquant les causes profondes de la crise pédophile


Juan Manuel de Prada
ABC (Madrid)
28 février 2016 (extraits)
M traduction

* * *

Le cinéma américain a cessé d'être mémorable depuis longtemps; pourtant, comme cela arrive avec des étoiles mortes qui ont autrefois brillé de tout leur éclat, il produit de temps en temps des étincelles qui maintiennent en vie l'illusion de sa puissance. La plupart des films qui ont été nommés pour la cérémonie des Oscars cette année n'ont rien été d'autre que des sous-produits créés dans le but d'aplanir le chemin à l'ingénierie sociale conçue par le Globalisme, selon la formule établie par Rousseau: «Corriger les opinions des hommes, et leurs moeurs seront purifiées d'elles-mêmes».

Ainsi, par exemple, parmi les films nominés, nous trouvons une apologie de l'homosexualité ("Carol") du transsexualisme ("The Danish Girl"); mais il est de plus en plus rare de trouver (en dehors du cinéma strictement fait pour accompagner les popcorns) des films qui ne fournissent pas, sous une forme grossière ou subtile, une grosse ration de pâté globaliste.

Parmi les films les plus acclamés de cette année figurait par exemple, "Spotlight", un film dénué de talent artistique qui prétend être une dénonciation aseptique des pratiques pédophiles parmi le clergé catholique, à travers la reconstitution d'une enquête journalistique dans le diocèse de Boston. Le film donne un tel sentiment de «neutralité» qu'il a été salué par le catholicisme Zombie; cependant, il est rempli de malice (malveillance), à travars la représentation angélique des personnages (pas un seul des journalistes ne professe un milligramme d'aversion pour l'Eglise!), et des manipulations (spins) polémiques d'une malveillance calculée, comme l'intervention d'un "expert" qui assure qu'un quart des prêtres sont (fatalisme statistique!) toujours des pédophiles.

Plus encore. "Spotlight" n'établit (quelle surprise!) aucun lien entre pédophilie et homosexualité, et ne remarque pas non plus que, dans de nombreux diocèses américains, il y avait des évêques monstrueux qui, pour former leur propre clique, rejetaient systématiquement tout séminariste qui montrait le moindre signe de virilité.


Mise à jour le 6/3

Carlota a trouvé et traduit l'original en espagnol de l'article.
Il s'agit plus largement d'une critique cinématographique des films primés aux Oscars, parue initialement sur le journal ©ABC, disponible sur la page Facebook de l’auteur, et repris sur Religion en Libertad.



OPINIONS ET COUTUMES
Juan Manuel de Prada

* * *

Le cinéma américain a cessé depuis longtemps d’être mémorable ; mais comme il arrive avec les étoiles déjà mortes mais qui on beaucoup brillé, de temps en temps il lance encore des fusées éclairantes qui maintiennent vivant et de force le mirage. Beaucoup des films qui se disputaient cette année les Oscars n’étaient que des sous-produits lancés pour faciliter l’ingénierie sociale conçue par le mondialisme, selon la formule forgée par Rousseau : « Redressez les opinions des hommes et leurs mœurs s'épureront d'elles-mêmes » (ndt : « le Contrat Social »). Ainsi, par exemple, parmi les films nommés nous avons trouvé des apologies de l’homosexualisme [« Carol »] et du transexualisme [« The danish girl »]; mais c’est chaque fois plus rare de trouver(en dehors du cinéma strictement « pop corn ») des films qui ne glissent pas d’une manière grossière ou subreptice une ration plus que pleine de tambouille mondialiste.

Parmi les films les plus acclamés cette année figurait, par exemple, Spotlight (feu des projecteurs), un téléfilm privé de talent artistique qui se prétend une dénonciation effectuée de façon aseptique des pratiques pédophiles parmi le clergé catholique, par l’intermédiaire de la reconstitution d’une enquête journalistique dans le diocèse de Boston. Le film a une apparence tellement « neutre » qu’il a été applaudi depuis les bancs du catholicisme zombi ; mais il est plein d’insidieuses subtilités, qui incluent la configuration séraphique des personnages (pas même un seul parmi les journalistes qui professe un milligramme d’aversion contre l’Église !) et des orientations argumentaires bien mesurées et tordues, comme l’intervention d’un « expert » qui assure que le quart des prêtres sont toujours, par fatalisme statistique, des pédérastes. Pour le reste, Spotlight n’établit (ô surprise !) aucun lien entre la pédérastie et l’homosexualité, ni ne signale que dans beaucoup de diocèses américains il y a eu des évêques félons qui, pour se constituer leur clique, refoulaient systématiquement tout séminariste offrant le plus minime indice de virilité.

Nous ne nierons pas que parmi les films nommés il y en ait quelques-uns de méritoires.
« El Renacido » (titre espagnol, « The Revenant » avec Di Caprio) , comme tout le cinéma de Iñárritu (Alejandro González Iñárritu, le réalisateur mexicain) est plutôt anodin et gentillet, mais les décors naturels, l’emploi d’un objectif grand angle et l’introduction constante de plans enveloppants dans le plus pur style Terrence Mallick arrivent à tapisser de grandeur un film plus que moyen [de plus, Richard C. Sarafian nous avait déjà raconté l’histoire dans « L’homme d’une terre sauvage » (film de 1971 avec Richard Harris dans le rôle principal, titre original « Man in the Wilderness », titre français « Le convoi sauvage ») bien que là, le pardon l’eût emporté sur la vengeance] ; quant à Leonardo Di Caprio, il passe tout le film à se traîner au sol et à émettre des grognements, ce qui en définitive ne nous est pas apparu comme une raison suffisante pour le récompenser [de l’Oscar du meilleur acteur]

Mais le meilleur de la moisson ce sont « Room » - l’histoire d’un enfant qui doit vivre caché dans une pièce - et « Brooklyn » [ndt: sorties prévues en France le 9 mars].
« Room » dans sa désolante simplicité est un film notable, bien qu’il ne soit pas exempt de pièges, qui nous émeut et surprend autant pas les truculences qu’il cache que par les délicatesses qu’il montre ; et il est magnifiquement interprété. Mais si nous devions n’en garder qu’un, parmi tant de menu fretin d’occasion - un titre qui nous a interpelé - , nous devrions mettre en avant « Brooklyn », une œuvre en apparence simple et conventionnelle, dont émerge un très vivant dilemme moral et humain, de ceux que le cinéma ne sait plus évoquer parce qu’il a perdu le sens de l’humain, pour se transformer en un instrument de l’ingénierie sociale ou (dans le plus bénin des cas) en divertissement idiotisant. « Brooklyn » nous restitue le parfum du cinéma classique qui aspire à éclairer la vérité humaine ; et il consacre une actrice super douée, l’Irlandaise Saoirse Ronan.
Et le film ne prétend même pas corriger nos opinions pour « épurer » nos coutumes, comme le récite la consigne du mondialisme qu’Hollywood a fait sienne.