Très longue interview du card. Muller à Die Zeit


... traduite par Isabelle. Il aborde de multiples sujets sensibles, du Synode sur la famille à ses relations avec ses confrères allemands, du Pape à son rôle en tant que préfet, du fondamentalisme islamique à la théologie de la libération, sans esquiver les accusations de la presse allemande (4/1/2016)

>>> Cf. Le cardinal Müller répond à "die Zeit"

 

« L’Église n'est pas un club de philosophes »

C'est l'Allemand le plus puissant du Vatican.
Echange avec le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Gerhard Ludwig Müller à propos des vérités éternelles, de la découverte des scandales financiers, des sentiments anti-romains et de la raison pour laquelle le pape François n'est pas un hérétique.

Interview: Evelyn Finger
Die Zeit
30 décembre 2015
Traduction par Isabelle


DIE ZEIT: Monsieur le cardinal, pouvons-nous vous demander comment vous avez fêté Noël ?
Gerhard Ludwig Kardinal Müller: A Noël, j'étais là où je devais être : dans la basilique Saint-Pierre, aux côtés du Saint-Père. Avec les gens de ma maison, je célèbre toujours Noël avec des prières, des chants et la lecture de l'Evangile de la Nativité, d'une manière qui réjouit un cœur allemand.

ZEIT: Une année dramatique s'achève pour les chrétiens. Qu'est ce qui fut, pour vous, le plus important en 2015 ?
Le cardinal Müller: La chose la plus importante aux yeux de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF) est toujours la même: nous avons le devoir de servir le Saint-Père dans sa fonction magistérielle et de nous préoccuper des « délits » commis contre la foi ou la sainteté des sacrements. Nous, c'est-à-dire non seulement les 45 collaborateurs de nos trois sections (doctrine de la foi, discipline et questions matrimoniales), mais aussi les quelque 25 cardinaux et évêques qui en sont membres, auxquels s'ajoutent 30 consulteurs théologiques à Rome.

ZEIT: C'est le pape Benoît XVI qui vous a appelé à la charge de préfet de la CDF. Qu'est ce qui a changé pour vous sous le pape François ?
Le cardinal Müller: Ma mission n'a pas changé. La Congrégation est au service du magistère universel de l’Église, une charge qu'elle reçoit du pape, selon des règles et des statuts approuvés. Chaque pape est le successeur de l'apôtre Pierre. Il représente « le principe et le fondement perpétuel et visible » de l’unité de l’Église dans la foi, comme l'a spécifié le Concile Vatican II. Mais de même que Jésus appela, en Pierre, une personne humaine particulière, avec ses forces et ses faiblesses, les papes eux aussi remplissent leur mission selon leurs personnalités. Ils ne sont pas des fonctionnaires interchangeables. Les deux papes pour lesquels je coordonne le travail de la Congrégation sont des personnalités différentes. Et cela enrichit l’Église.

ZEIT: Le pape François a entrepris de rénover son Eglise, et la Curie en particulier. Qu'est ce qui doit changer d'après vous ?
Le cardinal Müller: Le renouvellement de l'Eglise ne peut être le programme particulier d'un seul pape. Il constitue la mission permanente de tout chrétien, qui veut être un authentique disciple du Christ, par-delà un attachement purement extérieur au christianisme. Mais il y a aussi des défis spécifiques à une époque donnée que l’Église doit sans cesse relever.

ZEIT: Qu'est-ce que cela signifie pour la curie, dont le pape a répertorié les « maladies » à Noël 2014 ?
Le cardinal Müller: Celui qui a bien écouté aura remarqué qu'il était lui-même invité à un examen de conscience. Le pape a parlé de tentations spirituelles, comme un maître des exercices dans la tradition du fondateur de son ordre, saint Ignace de Loyola. Personne ne devrait donc se sentir conforté dans ses préjugés et ses clichés. La curie est un instrument qui doit aider au gouvernement de l'Eglise. Elle ne se trouve pas au centre de l’Église. Partout où est célébrée l'eucharistie, là se trouve le centre, – fût-ce dans une misérable hutte de la jungle. L'attention démesurée que les medias accordent à la curie plutôt qu'à l'Evangile est la meilleure preuve qu'un changement de perspective est nécessaire ! Les collaborateurs de la curie doivent être remplis de l'esprit de Pierre et le servir dans la personne des papes. Celui qui, en dépit de ses propres faiblesses, peut dire à Jésus avec Pierre : « Oui, Seigneur, tu sais bien que je t'aime », celui-là seul peut assister le pape, successeur de Pierre, avec des conseils et des jugements avisés.

ZEIT:Le processus des réformes romaines, en particulier la réforme des finances, fait sans cesse les gros titres. Dernièrement on a parlé de vous dans le magazine Bild (1) .
Le cardinal Müller: Cela me laisse indifférent. Je n'ai pas été appelé à la préfecture de la CDF pour me préoccuper d'une problématique aussi secondaire que les soi-disant « finances du Vatican », à plus forte raison dans des institutions séculières qui n'appartiennent pas à la curie. Pour cela, il y en a d'autres qui en sont plus capables et le font plus volontiers. Depuis 1965, notre Congrégation est presque entièrement libérée de la gestion de ses biens, jadis considérables, de manière à pouvoir se consacrer totalement à sa mission spirituelle et théologique.

ZEIT: Y a-t-il eu réellement une perquisition à la CDF ? Et une découverte suspecte de 20 000 Euro ?
Le cardinal Müller: Les élucubrations des journalistes-enquêteurs de la presse à sensation sont sans fondement et servent seulement à entraver notre véritable mission. Ce qui est significatif, c'est de voir cette promptitude à accorder du crédit à ce qui est ridicule plutôt qu'à ce qui est sérieux. Nous avons un message de joie pour les hommes de bonne volonté, pas un message d'une joie malsaine pour les méchants.

ZEIT: Votre Congrégation est la plus ancienne de la curie. Jadis elle était redoutée dans toute l'Europe, portant le nom de la « Sainte Inquisition ». Pourquoi existe-t-elle toujours ?
Le cardinal Müller: L'actuelle CDF diffère de l'ancienne Inquisition romaine, non seulement quant au nom mais aussi quant à ses missions. Elle existe sous cette forme depuis 1965, parce que de nos jours également le pape ne peut diriger seul l’Église universelle et s'appuie pour cela sur l'aide de l’Église romaine. Depuis le XVIe siècle, le Collège cardinalice, qui était auparavant collectivement compétent pour toutes les questions, a formé différentes sections. Il y a aujourd'hui dix congrégations ; une nouvelle congrégation pour le mariage et la famille vient d'être fondée. C'est vrai: quand notre congrégation vit le jour, en 1542, l’Église vivait des temps difficiles, les papes et les mouvements de la réforme s'affrontaient les uns les autres. A propos de l'Inquisition historique, il faudrait opérer un discernement critique entre l'historicité des faits et les légendes anti-catholiques. Mais aujourd'hui, nous ne vivons plus à l'ère du confessionnalisme mais à l'ère de l'œcuménisme!

ZEIT: Vous dites cela en tant que gardien de la doctrine de la foi? Qu'est-ce que l'œcuménisme ?
Le cardinal Müller: L'œcuménisme signifie que les chrétiens de différentes confessions essaient de découvrir ce qui leur est commun et d'être ensemble témoins de Jésus Christ.

ZEIT: Malgré la phrase du credo de votre Eglise qui dit : « Je crois à la sainte Eglise catholique » ?
Le cardinal Müller: L'épithète « catholique » apparaît dans toutes les professions de foi de la chrétienté, bien avant la séparation du XVIe siècle. Cependant, ce sont précisément les grandes différences dogmatiques et liturgiques qui le montrent: la voie conduisant à une plus grande unité est nécessaire.

ZEIT: Que reste-t-il encore des débuts ?
Le cardinal Müller: Justement, ce qu'on ne lie pas immédiatement aux noms de Galileo Galilei et de Giordano Bruno. A l'époque, alors que naissait une compréhension nouvelle de la nature, il fallait délimiter les domaines de compétence propres des sciences empiriques, de la philosophie et de la théologie. Aujourd'hui, notre travail est un travail de théologiens, au service du magistère, une confrontation avec les grands tournants de l'histoire de la pensée. Malgré tout ce que les gens dans leurs fantasmes continuent d'associer au mot « Inquisition », notre congrégation a subi une métamorphose et n'est plus d'abord un tribunal. Depuis le Concile Vatican II, notre tâche principale est de promouvoir la doctrine de la foi, sa compréhension et sa transmission. Nous avons pour cela deux commissions internationales: l'une pour la théologie systématique et une autre pour la théologie biblique. Les thèmes de leurs travaux sont, la plupart du temps, donnés par le pape lui-même, à moins qu'ils ne soient proposés par les membres.

ZEIT: Vous êtes maintenant à Rome depuis plusieurs années. Comme Allemand, vous êtes-vous bien acclimaté ici ?
Le cardinal Müller: L'Allemagne reste ma patrie, avec sa culture, sa langue et son histoire, mes amis et parents. Je ne me suis pas établi ici pour satisfaire une passion des voyages ou un amour exotique pour l'Italie, mais parce que j'ai été appelé à un service particulier. L'activité pastorale de prêtre ou d'évêque me comble d'ailleurs plus que l'étude des documents, la rédaction de textes ou même l'action en justice. Mais il me plaît aussi de renouer avec le travail scientifique qui m'a occupé longtemps, quand nous discutons de quelque point actuel par ex. dans la commission biblique.

ZEIT: Qu'appréciez-vous particulièrement dans le nouveau pape ?
Le cardinal Müller
: Pour répondre à des questions aussi personnelles, je suis devenu de plus en plus prudent ces derniers temps. J'ai appris par l'expérience tout ce que l'on a pu inventer à ce propos. Son engagement pour les pauvres me réjouit. Comme son attachement inébranlable à la conviction que la périphérie, entendue théologiquement, n'est pas la marge, mais le centre. L'espérance de l'humanité est Jésus-Christ, – non pas la Bourse de New-York. La foi, fût-elle aussi petite qu'un grain de moutarde, a une portée éternelle. Et nous ne pouvons pas emporter l'argent avec nous, même dans les valises les plus grandes.

ZEIT: Vous êtes l'ami d'un grand théologien de la libération et vous avez récemment écrit avec lui un livre sur la pauvreté. Pourquoi ?
Le cardinal Müller: Si j'ai une grande estime pour l'engagement et pour l'œuvre de Gustavo Guttierez, ce n'est pas pour marquer des points dans les cercles de la gauche libérale en Allemagne. Mais parce que, au cours d'environ vingt longs séjours en Amérique latine, j'ai pu me convaincre, de mes propres yeux, de l'action bénéfique d'une théologie de la libération bien comprise. A l'occasion de mon élévation au cardinalat, j'ai reçu, au lieu de cadeaux, des dons pour environ 160 000 EURO et j'ai pu les verser pour des projets de coopération sur place.

ZEIT: En Allemagne, on vous perçoit souvent comme un conservateur et on vous critique pour cela. Cette étiquette vous dérange-t-elle ?
Le cardinal Müller: « Conservateur » est un slogan qui sert à disqualifier un adversaire supposé. Ou bien cela permet de se montrer comme un avant-gardiste brillant, en vertu de la croyance en un progrès linéaire. Ce dont l’Église doit se préoccuper, c'est de garder fidèlement la parole de Dieu et, dans le même temps, d'annoncer l'Evangile aujourd'hui. Nous devons donner des réponses à ceux qui nous interrogent sur ce qui fonde rationnellement notre espérance. C'est là le moment dynamique, dialogique et missionnaire de la tradition apostolique, dont le contenu est la présence de Dieu dans sa PAROLE. C'est en Lui que notre quête de la vérité et de la vie trouve sa fin.

ZEIT: La CDF définit, encore aujourd'hui, ce qui est vrai et donc catholique. Et elle sanctionne le cas échéant ce qui est non-catholique, parfois en retirant le droit d'enseigner.
Le cardinal Müller: Définir les expressions de la profession de foi de l’Église relève du magistère du pape et des évêques. Notre congrégation est à leur service. Ainsi nous protégeons aussi la foi contre les fausses doctrines ou les tendances schismatiques. Et nous devons élever la voix contre la sécularisation intérieure à l’Église. Jésus demande : « Qui dites-vous que je suis ? » Et Pierre répond, au nom de toute l’Église : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » – C'est là le cœur et le fondement de notre profession de foi. Cela ne peut pas être aplati.

ZEIT: Que signifie « aplatir » ?
Le cardinal Müller: Quand on dit : « Après tout, le christianisme est un ensemble de valeurs humaines, quelque peu teintées de sentiment religieux », je dis : « Très bien ! Mais ce n'est pas la substance de la foi chrétienne ! »

ZEIT: Mais plutôt ?
Le cardinal Müller: Que Jésus de Nazareth est vrai Dieu et vrai homme, parole éternelle de Dieu, qui a pris « notre chair » – avec tous les abîmes, avec notre condition mortelle. Mais il est aussi la cause de notre libération du péché et de la mort. Il a ouvert la porte de la vie éternelle. La CDF doit garder la cohérence interne de cette profession de foi. Elle garantit, pourrait-on dire, la qualité d'une théologie qui repose sur les fondements de la foi catholique.

ZEIT: Trouvez-vous cela, après deux ans d'affrontements virulents entre évêques catholiques sur le mariage et la famille, plus difficile qu'auparavant ?
Le cardinal Müller: Le synode des évêques était pénible, car ce qui était en jeu, c'était ce qui nous est prescrit par Dieu dans le sacrement de mariage et comment cela peut être fidèlement vécu au sein de la société actuelle. Le mariage est une idée de Dieu, qu'il a réellement gravée lui-même, en vertu de la création et de la rédemption, dans la nature sexuellement différenciée de l'homme et, au plan de la grâce, dans sa relation à Dieu. Ainsi, le mariage n'est pas un modèle sociologique du passé, qui doit être imposé à l'homme de l'extérieur ou même être infligé de force. Acte de foi et contenu de la foi sont liés l'un à l'autre, comme le but du voyage et l'itinéraire qui y conduit avec un système de navigation sans faille. Nous devions montrer que le mariage est le chemin dessiné par Dieu sur nos cartes routières, qui conduit à la perfection dans l'amour.

ZEIT: Qu'est-ce que l'amour ?
Le cardinal Müller: Ce n'est pas la simple possibilité de satisfaire des besoins physiques ou spirituels, mais la rencontre personnelle et totale de l'homme et de la femme, comme la forme la plus haute de la réalisation de la volonté du créateur. La Bible dit de l'homme qu'il quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme. Ce n'est pas un pur phénomène social ou un désir sexuel, mais un accomplissement spirituel et personnel, un abandon total et définitif à l'autre. C'est cet évangile du mariage que nous voulions à nouveau mettre en lumière

ZEIT: Le questionnaire du Vatican diffusé parmi les catholiques du monde avait donné comme résultat: oui, cet idéal vaut toujours, mais la réalité est différente. Il y a des catholiques homosexuels qui veulent vivre ensemble, des divorcés qui veulent communier. Eprouvez-vous de la fierté que le cercle synodal germanique, après une longue dissension, ait trouvé un compromis ?
Le cardinal Müller: Ce n'était pas un compromis. Cela serait une fausse catégorie, car la foi n'est pas la combinaison d'opinions humaines sur Dieu, mais l'obéissance de toute l’Église à la parole de Dieu. L'essence du mariage, c'est de pouvoir dire « oui » à une personne de l'autre sexe, exclusivement et pour toujours. Dans le mariage, on ne peut pas séparer amour et corporéité, fidélité et sexualité. A cela, les conceptions laïcisées du christianisme ne changent rien. Même lorsque, au plan humain, les conjoints vivent séparés l'un de l'autre, le mariage sacramentel n'en continue pas moins d'exister, exprimant la plus grande fidélité de Dieu. Cela dépasse la compréhension purement humaine.

ZEIT: Le pape François répète toujours qu'au centre de la vie chrétienne se trouvent, non pas la doctrine ni le dogme, mais Jésus et sa miséricorde. Êtes-vous d'accord avec lui ?
Le cardinal Müller: Le pape François a son propre style de prédication et de pastorale, qui convainc des millions de gens. Mais il souligne toujours que toutes ses paroles et tous ses gestes doivent être interprétés dans le cadre de la profession de foi catholique. La doctrine de la foi n'est pas une théorie construite par les hommes. Si importantes que puissent être la philosophie et la recherche scientifique pour la compréhension de la vérité révélée de Dieu, c'est Jésus qui est, dans sa personne, le maître et la doctrine du Royaume de Dieu. La doctrine de la foi ne signifie rien d'autre que la parole de Dieu – dans la profession et dans la vie de l’Église.

ZEIT: Qu'est-ce que l’Église ?
Le cardinal Müller: L’Église est la maison et le peuple de Dieu, elle est le corps du Christ et le temple de l'Esprit-Saint. Elle est ainsi tout autre chose qu'un groupement d'hommes qui personnifient leurs idéaux dans une idole. Dans l’Église, c'est le Christ lui-même qui parle et agit. Celui qui comprend correctement le pape François, surmonte des vues partielles et crispées. En aucune manière, le pape ne construit de nouveaux antagonismes. La foi et la vie, l'adhésion à la personne de Jésus et la conviction de la réalité des œuvres de Dieu comme nous le professons dans le credo, sont les deux faces d'une même médaille.

ZEIT: Le pape a allégé la procédure d'annulation du mariage.
Le cardinal Müller: Il y a toujours eu des mariages, conclus suivant le rite de l'Eglise, qui furent reconnus nuls par la suite, si des éléments constitutifs étaient absents. Le pape a maintenant, dans une nouvelle disposition qui est entrée en vigueur le 8 décembre, déterminé plus concrètement la possibilité de l'annulation. Il l'a adaptée aux situations d'aujourd'hui, sans porter atteinte à l'indissolubilité du mariage. Jésus dit que la volonté salvatrice de Dieu est le chemin qui conduit au but, même quand ce chemin paraît difficile. Pour nous catholiques, et aussi pour les chrétiens évangéliques, la parole de Dieu est la vérité. Et dans les questions qui touchent à la vérité, il n'y a pas de compromis. Car nous ne sommes pas des partenaires qui négocient avec Dieu, mais nous devons écouter sa parole.

ZEIT: Trois cents pères synodaux ont débattu pendant trois semaines. Ce qu'est la vérité semble donc tout de même avoir fait l'objet de discussions.
Le cardinal Müller: Lors d'un synode d'évêques catholiques, la révélation, y compris les vérités de foi déjà définies par l’Église, ne peut être mise en question quant à sa substance. Ce synode concernait la mise en œuvre pastorale. Je sais que d'aucuns trouvent plaisir à jouer les uns contre les autres et, selon une technique éprouvée, à donner le mauvais rôle à la CDF. Les Allemands ont toujours besoin d'un bouc émissaire, sur qui faire passer leurs sentiments anti-romains et le préfet est une cible parfaite. Qu'il est rassurant d'être soi-même déjà tellement plus avancé ! Mais la dogmatique et la pastorale ne se prêtent ni aux jeux de pouvoir ni aux intimidations. Il y va de la vérité de l'Evangile et du salut des hommes.

ZEIT: Précisément, entre vous-même et le cardinal de curie Walter Kasper, il semble qu'il y ait eu auparavant des désaccords théologiques.
Le cardinal Müller: Le cardinal Kasper et votre humble serviteur sont des théologiens catholiques, qui partent du fait de l'auto-révélation de Dieu fait dans le Christ. Mais nous ne sommes pas des politiciens qui cherchent le compromis en équilibrant leurs intérêts. En tant qu'évêques, nous avons le devoir de rendre justice à la vérité de Dieu et aux hommes dans leur quête de salut. La foi n'est pas un programme de parti, rédigé par des hommes, que l'on doit à chaque fois adapter à la volonté des électeurs.

ZEIT: Il n'empêche : la question de ce qu'est la vérité a toujours été débattue dans l'histoire de l’Église, même avec des armes. Dieu merci, ces temps sanguinaires sont révolus. Nous vivons maintenant avec un pape qui souligne sans cesse que la vérité doit être cherchée. Elle n'est pas comme un bien que l'on se contente de défendre. Mais qu'est-elle alors ?
Le cardinal Müller: Sans aucun doute, la vérité n'est pas un bien dont nous disposons mais un trésor confié à l’Église. L’Église n'est pas un club de philosophes qui tend vers la vérité, mais la révélation nous est donnée pour que nous la gardions et l'interprétions fidèlement. La vérité ne veut pas seulement être recherchée. Elle attend aussi qu'on se décide pour elle. Au cœur inquiet, ce n'est pas le fait de se tenir à distance, tout en finesse, qui donne la paix ; mais c'est la vérité seule qui me rend libre, si je me laisse saisir par elle. Au IVe siècle, on discuta âprement pour savoir si Jésus-Christ était Fils de Dieu et de même substance que le Père ou seulement la plus réussie des créatures de Dieu. C'était là la ligne de démarcation entre l'orthodoxie et l'hérésie. Aux sceptiques et aux agnostiques d'aujourd'hui qui refusent la possibilité de la révélation, ces controverses apparaissent tout juste comme des luttes de pouvoir maquillées en idéologies ou comme l'expression d'une conscience non encore éclairée.

ZEIT: Comment savez-vous ce qu'est la vérité ?
Le cardinal Müller: En interprétant la sainte Ecriture comme parole de Dieu, suivant les règles d'une herméneutique théologique et historique. Il ne s'agit donc pas de simples variantes d'interprétation, conservatrices ou libérales, pas plus que d'un ciment religieux de la société, légitimant une hiérarchie des valeurs élaborée par des hommes qui recourent à de vagues références à la transcendance. Mais il s'agit de l'Esprit de Dieu qui, depuis 2000 ans, maintient l’Église dans la vérité de sa parole.

ZEIT: Et les changements de l’Église ? Le pape vient de le dire dans son allocution de Noël : "Ecclesia semper reformanda "!
Le cardinal Müller: Mais pas pour dire quelque chose de beau et de gentil et faire plaisir aux gens ; pas pour être applaudi comme l'homme de l'année, sur les pages glacées des magazines mais plutôt par fidélité à Jésus-Christ. La parole de Dieu demeure éternellement. Et l’Église n'annonce pas d'autre message que celui que lui a confié le Seigneur. Nous n'avons pas de théorie du développement du dogme, des sacrements et de la liturgie, qui relativiserait le contenu de la foi en en faisant un simple reflet de la conscience subjective changeante des personnes et des groupes. Dans l'histoire, la parole de Dieu demeure actuelle une fois pour toutes, cette parole s'empreint dans la vie de foi de l'Eglise et y déploie toute sa richesse. Dans cette mesure, nous avons une synthèse unique entre la permanence de l’Église dans la vérité et l'évolution de son expression. Nous devons proclamer la parole de Dieu, à temps et à contretemps. Nous mettons notre espérance dans le Dieu immortel, pas dans l'inconsistance des hommes.

ZEIT: Les critiques du nouveau pape lui reprochent de faire peu de cas de la doctrine et de nuire à son Eglise. Il y a même des catholiques qui l'insultent en le traitant d'hérétique. Que leur répondez-vous ?
Le cardinal Müller
: Je dois leur donner tort, non seulement en vertu de ma fonction, mais par conviction personnelle. Selon la définition théologique, l'hérétique est un catholique qui s'obstine à nier une vérité révélée et que l’Église prescrit de croire. C'est tout autre chose lorsque les docteurs de la foi officiellement désignés s'expriment d'une manière peut-être malheureuse, vague ou qui prête à des malentendus. Le magistère du pape et des évêques n'est pas au-dessus de la parole de Dieu mais il est à son service. Ainsi l'a déclaré le Concile Vatican II dans la Constitution dogmatique sur la révélation divine. Comme le pape et les évêques ne reçoivent pas de nouvelle révélation, ils doivent se consacrer avec soin et avec l'aide des sciences théologiques à « sa juste élucidation et à la présentation qu'elle requiert ». C'est là encore ce que dit le Concile Vatican II. L'histoire de l’Église contient plusieurs exemples qui montrent que cela ne s'est pas toujours passé paisiblement. Les déclarations pontificales ont du reste un caractère contraignant différent – selon une échelle qui va de la décision ex-cathedra la plus contraignante jusqu'à l'homélie qui sert plutôt à l'approfondissement spirituel.

ZEIT: Est-il vrai que votre congrégation a été saisie de plaintes à propos d'hérésies du pape ?
Le cardinal Müller: Non ! Car la congrégation est au service du pape dans son ministère, pour rectifier une erreur dans la foi. Au Moyen Âge, on a discuté pour savoir si le pape, comme personne individuelle (pas comme institution!) pouvait devenir hérétique. Avant le premier concile Vatican, on a aussi fait valoir, contre le dogme de l'infaillibilité, la lutte historique sur l'orthodoxie des papes. Ce sont là aujourd'hui des questions plus théoriques. Le point central de cette question réside dans cette manière de comprendre la foi : une doctrine ne devient pas vraie parce que le pape la proclame. C'est tout le contraire : le pape la proclame parce qu'elle est révélée.

ZEIT: Et qu'en est-il de la conscience des croyants ?
Le cardinal Müller: L'obéissance formelle à une décision doctrinale définitive du pape et du concile œcuménique est ordonnée et subordonnée à l'obéissance au contenu de la parole de Dieu.

ZEIT: Où passe la frontière entre cette revendication de vérité et le fondamentalisme pur et dur ?
Le cardinal Müller: Le fondamentalisme était à l'origine une forme d'interprétation littérale de la Bible. Mais nous le savons: la parole de Dieu parvient jusqu'à nous en langage humain. Les deux ne sont pas identiques, même s'ils sont inséparables. C'est pourquoi, à la lumière de la foi globale en la révélation divine dans l'Ancien et le Nouveau Testament, on ne peut extraire quelques passages isolés, sans tenir compte de leur contexte historique, pour réduire la liberté de religion et de conscience fondée dans la morale naturelle. Nous n'attendons pas de l'Etat qu'il impose de force, avec les moyens dont il dispose, l'adhésion à une foi déterminée. C'est légitimement toutefois que tous les citoyens attendent de leur Etat la protection de leurs droits civiques, y compris la liberté religieuse individuelle et communautaire. Le fondamentalisme, au sens d'une violence perpétrée contre autrui au nom de Dieu, est foncièrement anti-chrétien et immoral. Car celui qui, au nom de Dieu, blesse un autre être humain, dans son corps ou dans son âme, agit contre la volonté de Dieu, qui est le créateur de chaque vie humaine.

ZEIT: Il n'empêche : on a tué et on tue au nom de Dieu.
Le cardinal Müller: La « violence justifiée par la religion » est une contradiction en soi. Les actes de terrorisme et les attentats-suicides ne sont pas seulement un crime contre l'humanité mais ils sont un sacrilège commis envers le Dieu créateur. Cela vaut pour les trois religions: judaïsme, christianisme et islam. Je mentionne expressément l'islam, parce que Allah y est loué comme le créateur de la vie, le tout-miséricordieux et le très-miséricordieux. Et personne ne peut légitimer le fait de commettre le mal, parce que Dieu est l'auteur de tout bien. La religion est, comme vertu naturelle, culte rendu à Dieu. D'un point de vue chrétien, elle se concrétise dans l'amour de Dieu et du prochain. Et l'amour signifie toujours être pour et pas contre autrui.

ZEIT: Les jihadistes commettent donc une erreur de jugement ?
Le cardinal Müller: Dans l'islam, il y a en tout cas des autorités dignes de foi qui pensent que la violence est en contradiction interne avec le cœur de la foi musulmane. Celui qui, dans la première sourate, croit en Dieu, le miséricordieux, ne peut comprendre les sourates qui incitent à la violence contre les incroyants, que comme l'expression d'une interprétation du Coran imposée par des hommes, mais pas comme l'expression de la volonté d'Allah. Et se pose la question : quelle autorité légitimée par Dieu distingue entre les interprétations fausses et authentiques de la révélation originale ?

ZEIT: Avez-vous déjà testé cet argument auprès de collègues musulmans ?
Le cardinal Müller: Sur ce point, je suis réticent. Car je ne veux pas faire la leçon aux autorités de l'islam avec l'argument des « Lumières », comme si je me situais à un point de vue plus élevé, fort de l'adage: « Nous sommes évolués, les autres en sont restés au Moyen Âge ». Cela serait paternaliste et contre-productif. Selon moi, il doit être possible de développer, à partir des principes internes de l'islam, un respect pour les croyants d'autres religions et reconnaître leur vie comme un don de Dieu, jusque dans la liberté de conscience. Les savants et les hommes politiques musulmans devraient dire clairement et avec force de loi que la violence s'oppose diamétralement à la volonté de Dieu. La légitimation de la violence ne fait pas partie des cinq piliers de l'islam : confesser Dieu, le prier, faire l'aumône, jeûner, faire le pèlerinage à La Mecque.

ZEIT: La violence n'est donc pas inhérente à la prétention des religions à la vérité ?
Le cardinal Müller
: Les laïcistes aimeraient bien cela. Ils veulent évincer violemment la religion, sous toutes ses formes, de l'espace public, conformément à leur propre dogme : « la religion est une affaire privée ». Cela contredit diamétralement le droit de l'homme qu'est le libre exercice de la religion. Celui qui prétend que la vérité mène à la violence, se rend lui-même coupable de violence envers la vérité. La vérité ne menace pas, mais offre un fondement à toute morale individuelle et à toute éthique sociale. Dans la compréhension chrétienne, la vérité révélée de Dieu demeure aussi un mystère incompréhensible. Elle reste un mystère qu'on ne peut maîtriser rationnellement et qui ne légitime aucune prétention à une domination absolue de certains hommes sur d'autres hommes au nom de Dieu.

ZEIT: Comment un mystère peut-il être en même temps une vérité ?
Le cardinal Müller: La connaissance de Dieu dans sa révélation n'est pas de la nature d'une théorie mathématique, d'un code génétique déchiffré, etc. C'est seulement à la lumière de la foi et dans une libre adhésion que Dieu se révèle comme vérité et vie. Une interprétation positiviste de la révélation qui veut forcer l'adhésion contredit la transcendance permanente de Dieu et la finitude de la raison humaine. Nous ne pouvons pas connaître la parole de Dieu sans la lumière de la foi infusée par l'Esprit-Saint. La nature de la révélation et la manière dont les hommes l'ont reçue sont d'ailleurs significativement différentes dans le judaïsme et le christianisme d'une part, et dans l'islam d'autre part.

ZEIT: Que dites-vous à un combattant de l'« Etat islamique », qui soutient que combattre les incroyants est conforme à la volonté de Dieu ?
Le cardinal Müller: Que la volonté de Dieu ne va jamais contre son être, qui est la bonté, et contre son attitude toujours miséricordieuse. Nous avons aussi dans ce que l'on appelle le « volontarisme » des représentations absurdes de la volonté absolue de Dieu, selon lesquelles le bien ne représente pas son être mais est l'expression de sa volonté arbitraire. Par exemple : ce n'est pas parce qu'une chose est bonne que Dieu la veut, mais c'est parce que Dieu la veut qu'elle est bonne. Or cela aurait une conséquence qui défie toute description : si Dieu voulait que je tue ma mère, je devrais le faire. Le pape Benoît, dans son discours de Ratisbonne, a soutenu au contraire que Dieu est en même temps la vérité et la bonté, la justice et la miséricorde. C'est parce que Dieu est amour que la foi dans la liberté est possible.

ZEIT: Benoît XVI a été violemment critiqué pour ce discours.
Le cardinal Müller: Mais il était prophétique !
Comme l'a expliqué le pape Benoît : nous pouvons seulement témoigner de la vérité, mais nous n'avons jamais le droit de l'imposer aux autres ou de les contraindre par des menaces. La foi comme communauté de vie avec Dieu ne peut s'épanouir que dans la liberté. Bref : foi et contrainte s'excluent l'une l'autre. Même si les chrétiens, les adeptes d'autres religions et les incroyants n'ont pas vu les choses ainsi à toutes les époques. La vérité absolutisée et imposée par la violence n'est pas la vérité, mais une idéologie, – comme la « terreur vertueuse » des jacobins ou les formes actuelles de lavage de cerveau et de rééducation médiatique.

ZEIT: Vous êtes entre autres membre de la Congrégation pour les églises orientales. Que devons-nous faire maintenant, nous, chrétiens d'Europe, pour les chrétiens persécutés du Proche-Orient ?
Le cardinal Müller: Nous pouvons aider les chrétiens persécutés, qui sont tout près de l'éradication violente de leur tradition bimillénaire en Orient, par la prière et par les actes. Surtout, nous devons nous engager aussi politiquement pour que soit garantie la liberté religieuse dans tous les états à population majoritairement musulmane. C'est la raison pour laquelle, à Dresde en 2015 , j'ai prononcé, avec un représentant musulman, l'éloge du président du Sénégal, Macky Sall : il œuvre à une cohabitation pacifique des religions dans son pays et veut montrer que cela est compatible aussi avec la tradition musulmane.

ZEIT: Le pape a récemment, offert, aux protestants de Rome, un calice pour la Cène. Cela signifie-t-il que les deux Eglises peuvent célébrer la Cène ensemble ?
Le cardinal Müller: C'était un signe d'espérance que le jour viendra où sera atteinte la pleine unité de l’Église visible: dans la profession de foi, dans les signes sacramentels du salut et dans la constitution épiscopale, avec à la tête le pape.

ZEIT: Les protestants doivent-ils reconnaître le pape ?
Le cardinal Müller: La pleine unité de l'Eglise n'est possible, dans la conception catholique, qu'avec l'évêque de Rome comme successeur de Pierre. C'est pourquoi la primauté du pape est un thème classique de la théologie œcuménique. Mais des malentendus ne cessent de se produire, parce qu'on ne prend pas en considération le fait (malheureux, mais bien réel) que catholiques et protestants ont une conception différente de l’Église. Ces différences ne relèvent pas seulement des concepts théologiques mais de la profession de foi. Et tel est justement l'objet le plus important du dialogue œcuménique : il ne doit pas fixer le statu quo ou « embellir les choses », mais conduire le mouvement œcuménique à sa fin, à savoir l'unité institutionnelle visible de l’Église.

ZEIT: Vous même connaissez fort bien depuis longtemps la pensée protestante, déjà depuis votre doctorat sur Dietrich Bonhoeffer. Que devraient faire les églises évangélique et catholique pour promouvoir l'œcuménisme ?
Le cardinal Müller: Dietrich Bonhoeffer vivait à une époque où monde catholique et évangélique n'avaient aucun lien et s'opposaient souvent de manière brutale dans la patrie commune. C'est précisément la volonté national-socaliste de déchristianiser l'Allemagne et de détruire le christianisme qui a, en dépit de son intention, mis en route un œcuménisme du témoignage commun.

ZEIT: Et aujourd'hui ?
Le cardinal Müller: Le pape François parle d'un œcuménisme du sang des martyrs de différentes confessions, qui se mêle et lance vers le ciel un même cri. Mais ce n'est pas un cri de vengeance, mais un appel puissant à la glorification de Dieu. Le sang des martyrs est un témoignage de la réconciliation, qui est possible même entre ennemis. Car c'est dans le sang du Christ, qui fut injustement mis à mort, que le monde est réconcilié avec Dieu. Nous pouvons vivre de la réconciliation dans les familles, les communautés, dans la vie publique et dans l'humanité. Nous devons cependant nous garder de forcer une unité, en faisant violence à la conscience de la vérité. Une unité sans vérité, où le christianisme serait réduit au statut d'une religion civile, ne peut pas réussir.

ZEIT: Le pape François fera probablement en 2016 un voyage en Allemagne. Le cardinal Maradiaga a déjà dit : nous, les chrétiens, nous pourrions « célébrer 2017 ensemble », c'est à dire comme une fête du Christ. Que pensez-vous : Pouvons-nous célébrer ensemble ? Même surmonter la séparation des églises ?
Le cardinal Müller: Dans tous les cas, en 2017, nous n'avons pas le droit d'entonner les vieux refrains confessionanalistes, politico-culturels, national-allemands et anti-romains. Les événements qui ont provoqué la scission du christianisme d'occident sont jugés différemment par les catholiques et par les protestants. Mais la distinction reste toujours importante entre ce qu'était la préoccupation des protagonistes de l'époque et ce que cela a eu comme résultat dans les circonstances politiques et culturelles.

ZEIT: Qu'est-ce que les églises ont en commun aujourd'hui ?
Le cardinal Müller: Dans le passé, aujourd'hui et en tous temps, la préoccupation commune doit être celle-ci : voir Jésus-Christ au centre de toute pensée, de toute action et de toute aspiration chrétiennes. Nous voulons, en commun, témoigner dans une société séculière et pluraliste, que Jésus Christ est l'unique Sauveur du monde. Si les chrétiens faisaient cette profession commune aujourd'hui, l'effet serait, pour l'histoire du monde, aussi puissant que la Réforme évangélique et la réforme catholique du XVIe siècle mises ensemble.

ZEIT: De quoi vous réjouissez-vous dans cette année nouvelle, l'année de la miséricorde ?
Le cardinal Müller: Je me réjouis si les nombreuses portes saintes qui ont été ouvertes deviennent pour nous un signe, qu'il faut ouvrir la porte de notre cœur au Fils de Dieu, qui vient à nous dans l'humilité et le silence. J'espère que la porte de la miséricorde de Dieu s'ouvrira pour beaucoup de gens, car elle seule peut sauver notre monde déchiré par la haine et la violence.

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(1) Cf. http://benoit-et-moi.fr/2015-II/actualite/on-tire-a-balles-reelles.php