Une statue polémique


.... décidément, ça ne cessera jamais. Les libres penseurs s'insurgent contre l'érection d'une statue de Benoît XVI à Sulmona... dont l'évêque est "anti-gender" (17/10/2016)

>>> Cf.
Une autre statue pour Benoît XVI

 

Plusieurs sites d'information en Italie se font l'écho de la polémique entourant l'érection d'une statue grandeur nature de Benoît XVI à Sulmona, dans les Abbruezes, pour commémorer la visite qu'y fit le Saint-Père en juillet 2010. Nous en avons parlé ici.
On apprend (par exemple ici) que l'UAAR (Unione atei, agnostici e razionalisti) s'est fendue d'une lettre ouverte au maire de Sulmona pour protester contre cette intolérable (!!) atteinte au principe de laïcité garanti soi-disant par la Constitution italienne (elle aussi!), et annoncer d'ultérieurs procédures légales.
Si l'on en juge par le résultats d'une simple recherche dans les actualités de Google sur les mots clés <Benedetto XVI Sulmona>, on se croirait presque revenus, disons 5 ans en arrière, quand le simple énoncé du mot "Ratzinger" faisait se dresser les cheveux sur la tête de tout ce que les médias comptaient de "forces de progrès", en opposition au présumé obscurantisme papal. Aujourd'hui, pourtant, les choses ont évolué, et l'obscurantisme a changé de camp. Ou plus exactement, il n'est plus du côté du Pape.... mais apparemment toujours de celui de "Ratzinger" et de ses partisans.




Et les belles âmes qui s'offusquent de l'atteinte à la laïcité sont parfaitement silencieuses sur les mutiples témoignages publics de "culte de la personnalité" qui entourent Jorge Mario Bergoglio, et sur son ingérence constante dans la vie politique (immigration, écologie).
On a changé d'époque!!

Rino Cammilleri, sur la Bussola, utilise le ton du persiflage pour remettre en place les promoteurs de cette polémique minable... et leurs relais politiques et médiatiques. Non sans insinuer malicieusement que les prise de position anti-gender de l'évêque de Sulmona n'y seraient pas étrangères...

La statue de Ratzinger dans le diocèse anti-gender


Rino Cammilleri
17/10/2016
www.lanuovabq.it
Ma traduction

* * *

L'agence Adista, le 15 octobre, a donné la nouvelle de l'érection d'une statue à Benoît XVI à Sulmona. Le bronze grandeur nature est derrière la cathédrale et le reportage nous informe qu'il a été fortement souhaité par l'évêque Angelo Spina. Il nous informe également que très peu de gens sont venus à l'inauguration. La statue devait célébrer la visite du Pape, le 4 Juillet 2010 et là encore, on est informé que même ce jour-là, il y avait très peu de monde.

On nous informe aussi de la colère de l'UAAR de L'Aquila (dont il n'est pas difficile d'imaginer la consistance numérique), car «une ville entière ne peut pas être représentée par la seule religion catholique». En effet, comme on le sait, à Sulmona passent tous les bouddhistes, shintoïstes, musulmans des deux observances (chiites et sunnites), animistes banthu, sikhs et même jaïnistent qui courent les rues.

Suggérons au maire (ndt: au féminin!) d'inviter leurs leaders respectifs afin de commémorer leur visite dans le bronze: ceux qui se rendent à Sulmona y seront accueillis par une forêt de statues de bronze grandeur nature, et la ville pourra entrer dans le Guinness, avec des retombées touristiques considérables. La même agence nous dit en outre que la loi interdirait les statues des personnes vivantes, et que cette loi a été habilement contournée en invoquant la visite historique du pape: Le monument est seulement un souvenir de l'événement, et pas une glorification de Ratzinger.

Enfin, la même agence a jugé bon de rapporter les propos de don Raffaele Garofalo, qui n'est pas un prêtre de Sulmona, mais de Pacentro, commune [du district] de l'Aquila. Et seulement les siens. Bien sûr, ces propos étaient dans le ton du reportage: «La réalisation de la statue de Ratzinger n'a pas été considérée comme une priorité par la majorité des citoyens, par rapport aux nombreux besoins de la société civile et religieuse de la ville».

Un prêtre de Pacentro, sûr qu'il sait ce que pensent les gens de Sulmona, pas l'évêque! Et encore: «La visite du pape émérite a été abondamment "témoignée" par le portrait de Ratzinger placé dans la lunette de la façade de la cathédrale, à côté de celle de Célestin V». Une lunette, comme chacun sait, est beaucoup plus «abondante» qu'une statue grandeur nature. Lunette, en outre, vénéneuse: les deux seuls papes démissionnaires ensemble. Mais il n'y a pas que la lunette: «Dans l'abside de l'église trône également une peinture avec les portraits de Benoît XVI et Mgr Spina, dans la plus pure tradition 'Renaissance' des hauts prélats». TRÔNE.
Mais ce n'est pas tout: «Un musée d'objets et de vêtements pontificaux utilisés et portés par Benoît XVI, qui nous l'espérons échappera à toute tentation d'idolâtrie, est en cours d'installation». LA TENTATION D'IDOLÂTRIE? Mais ne nous a-t-on pas dit que Sulmona avait snobé Ratzinger à deux reprises? Ouais...
Et voici le bouquet final: «En ce qui concerne les "fruits spirituels" de ces spectacles, il reviendra à Dieu d'exprimer son jugement impartial, mais il est certain que la foi évangélique parcourt d'autres routes que les manifestations clinquantes que le Christ condamnait dans les cérémonies des Pharisiens».

Ipse dixit, don Garofalo de Pacentro, qui stigmatise «une initiative arbitraire utile, peut-être, pour satisfaire à des objectifs instrumentalisés, certainement étrangers à la notion de spiritualité authentique».
Compris, Michel-Ange et Raphaël?
Mais (a pensar male...) [1] ne serait-ce pas que l'évêque de Sulmona est actuellement dans le collimateur pour ses affirmations anti-gender? Le site <La fede quotidiana> a en effet publié ces mots prononcés par lui: «Aujourd'hui , le monde est imprégné par une idéologie qui fait passer pour des droits ce qui en réalité est arbitraire. La politique en Italie elle-même en a donné la preuve, en se précipitant pour approuver la loi sur les unions civiles qui n'étaient certes pas une priorité, mais sont filles d'un lobby puissant et riche. Je ne discute pas les droits individuels, mais on ne peut pas comparer comme cela a été fait, la famille naturelle composée d'un homme et une femme, ouverte à la vie, avec d' autres types d'union. Il est navrant que les médias donnent souvent une très mauvaise information, orientée à faire croire que tout est légal et autorisé au nom d'une fausse liberté».

Immédiatement Monica Cirinnà [2] a explosé sur Facebook: «Il y a quelques Jours, j'ai fait deux réunions dans son diocèse, salles pleines de gens qui veulent respecter l'article 3 de la Constitution [3], c'est l'égalité, pas de libre arbitre. Peut-être que les assemblées, elle les a tenues à Pacentro. Oui, parce que Rodolfo De Mattei nous apprend que là-bas, ils détiennent le record national de la désertification des registres des unions civiles. Et que le diocèse (sauf pour les exceptions que nous avons énumérés ici), s'est rassemblé autour de son évêque. Qui semble être très aimé (à part de don Garofalo).
Enfin, avec lassitude, quelqu'un pourrait-il expliquer à la Cirinnà le concept théologique de «libre arbitre»? On dit qu'elle a étudié avec les religieuses ... Eh bien!!.

NDT


[1] Première partie d'un dicton populaire, en réalité une phrase attribuée à Giulio Andreotti: A pensare male si fa peccato, ma spesso ci si azzecca: en gros "ce n'est pas beau de voir le mal, mais souvent, on ne se trompe pas"

[2] Sénatrice du PD, rapporteur de la loi sur les unions civiles

[3] Tous les citoyens ont une même dignité sociale et sont égaux devant la loi, sans distinction de sexe, de race, de langue, de religion, d'opinions politiques, de conditions personnelles et sociales. Il appartient à la République d'éliminer les obstacles d'ordre économique et social qui, en limitant de fait la liberté et l'égalité des citoyens, entravent le plein développement de la personne humaine et la participation effective de tous les travailleurs à l'organisation politique, économique et sociale du pays