Benoît XVI et le "peuple pour la vie"



Un petit historique permet de saisir le contraste ave son successeur! (12/5/2016)

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¤ Pour ceux qui ne veulent pas voir
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Pourquoi François n'aime pas la Marche pour la Vie



L'angélus du 3 février 2013, "journée de la famille"

La froideur de François, témoignée dimanche dernier lors du Regina Caeli, envers les participants à la Marche pour la Vie de Rome, a fait quelque bruit, au moins de l'autre côté des Alpes.
J'en ai déjà parlé, mais il n'est pas superflu d'insister, car cette froideur permet non seulement de comprendre les vrais sentiments de François envers la frange de l'Eglise qu'il identifie avec le courant conservateur - mais surtout d'"apprécier", je ne dis pas la différence (on nous serine assez qu'elle est "naturelle", voire qu'elle nous "enrichit"!) mais le contraste, sinon la franche opposition avec Benoît XVI.

Pour commencer, je laisse la parole à Giuseppe Rusconi, sur Rosso Porpora, peu suspects d'extrêmisme traditionaliste, pour le récit de dimanche. Les faits qu'il rapporte sont directement vérifiables sur la vidéo, ou sur le site du Vatican. Et ceux qui persistent à chercher des "excuses" au Pape cherchent en réalité seulement des prétextes pour se rassurer!

SALUT À LA MARCHE POUR LA VIE (dimanche 8 mai 2016): après avoir rappelé la 50e Journée mondiale des communications sociales, salué les fidèles de Rome, les pèlerins en provenance d'Italie et de différents pays, les fidèles polonais de Varsovie, Lowicz et Ostroda, le Philharmonique de Vienne, le groupe irlandais de Mgr O'Flaherty, les étudiants néerlandais du collège Corderius , la Katholische Akademische Verbindung 'Capitolina', François a dit: «Je salue les participants à la Marche pour la vie», lesquels - présents par milliers sur la place Saint-Pierre - agitaient des drapeaux et bannières et ont crié pour attirer l'attention du Saint-Père. Celui-ci, pourtant, après un moment d'incertitude, a continué comme si de rien n'était avec les amis de l'Oeuvre Don Folci et du pré-séminaire Saint-Pie X, les Scouts d'Europe de Rome Ouest et Rome Sud, les «nombreux confirmants» du diocèse de Gênes, ces derniers gratifiés en outre d'un «Vous êtes bruyants, les génois!». Aucune 'caresse', en revanche - après la citation objectivement plus bureaucratique que pastorale - pour les milliers de marcheurs pour la défense de la vie, venant de toute l'Italie et de différents pays , pas seulement en Europe. Parmi eux le cardinal Burke, l'archevêque Negri, l'évêque auxiliaire de Astana Schneider. Mais le Pape sud-méricain des mouvements populaires, célébrateur par antonomase des vertus du pueblo, n'aime pas trop cette autre partie du peuple (surtout européen) qui semble même le déranger car il perturbe l'équilibre avec le relativisme culturel mondialiste dominant. C'est pourquoi il l'a laissé de facto (et une fois de plus) avec un goût amer dans la bouche. Une réalité difficile à digérer, mais cela passe (par?) Sainte Marthe.



Mon amie Teresa a eu la bonne idée de rechercher dans les archives du Vatican des éléments de comparaison, et c'est... édifiant.

La Marche pour la Vie de Rome - rappelle Teresa - a commencé en 2011.
Voici le message de Benoît XVI, au terme du Regina Caeli du 22 mai 2011:


(..) Ma pensée va ensuite à l’important groupe du Mouvement pour la Vie : chers amis, je me réjouis avec vous, en particulier de l’engagement par lequel vous aidez les femmes qui affrontent des grossesses difficiles, les fiancés et les époux qui désirent une procréation responsable ; ainsi, vous travaillez concrètement pour la culture de la vie. Je demande au Seigneur que, grâce à votre contribution, le « oui à la vie » soit un motif d’unité en Italie et dans tous les pays du monde.



En 2012, le jour de la marche pour la vie, il était en visite pastorale à Arezzo.
Et en 2013... "la main passait" à son successeur.

Sous Benoît XVI, le "Day for life" promu par la CEI le premier dimanche de février, était toujours un grand évènement, occasion de vastes rassemblements du "peuple pour la vie" avec leurs ballons verts caractéristiques.
Voici les mots de Benoît XVI à l'occasion du premier "Day for life" de son Pontificat, lors de l'Angelus du 5 février 2006:


Chers frères et sœurs !

On célèbre aujourd'hui en Italie la Journée pour la Vie, qui constitue une précieuse occasion de prière et de réflexion sur les thèmes de la défense et de la promotion de la vie humaine, en particulier lorsqu'elle connaît des conditions difficiles. De nombreux fidèles laïcs qui œuvrent dans ce domaine, et dont certains sont engagés dans le Mouvement pour la Vie, sont présents Place Saint-Pierre. Je leur adresse mon salut cordial, avec une pensée particulière pour le Cardinal Camillo Ruini qui les accompagne, et je renouvelle l'expression de ma reconnaissance pour l'œuvre qu'ils accomplissent, afin de faire en sorte que la vie soit toujours accueillie comme un don et accompagnée avec amour.
Tandis que j'invite à méditer sur le message des Evêques italiens, qui a pour thème "Respecter la vie", je repense au bien-aimé Pape Jean-Paul II, qui a consacré une attention constante à ces problèmes. Je voudrais rappeler en particulier l'Encyclique Evangelium vitae, qu'il publia en 1995, et qui représente une authentique pierre milliaire dans le Magistère de l'Église sur une question si actuelle et décisive. En insérant les aspects moraux dans un vaste cadre spirituel et culturel, mon vénéré prédécesseur a répété à plusieurs reprises que la vie humaine est une valeur primordiale à reconnaître, et l'Évangile invite à toujours la respecter. À la lumière de ma récente Lettre encyclique sur l'amour chrétien, je voudrais également souligner l'importance du service de la charité pour le soutien et la promotion de la vie humaine. À cet égard, avant de mettre en place des initiatives pratiques, il est fondamental de promouvoir une juste attitude envers l'autre. La culture de la vie est en effet fondée sur l'attention aux autres, sans exclusion, ni discrimination. Toute vie humaine, en tant que telle, mérite et exige d'être toujours défendue et promue. Nous savons bien que cette vérité risque d'être souvent contredite par l'hédonisme diffus dans ce que l'on appelle les sociétés du bien-être ; la vie est exaltée tant qu'elle est agréable, mais on tend à ne plus la respecter lorsqu'elle est sujette à la maladie ou au handicap. En partant en revanche de l'amour profond pour chaque personne, il est possible de mettre en œuvre des formes efficaces de service à la vie: à celle naissante comme à celle marquée par la marginalisation ou par la souffrance, en particulier dans sa phase terminale.
La Vierge Marie a accueilli avec un amour parfait le Verbe de Vie, Jésus Christ, venu dans le monde afin que les hommes "aient la vie en abondance" (Jn 10, 10). Nous lui confions les femmes qui attendent un enfant, les familles, les personnes travaillant dans le domaine de la médecine, ainsi que les volontaires qui se consacrent de nombreuses façons au service de la vie. Nous prions, en particulier, pour les personnes qui se trouvent dans des situations de plus grande difficulté.

* * *

À l'issue de l'Angélus

Aujourd'hui commence dans le diocèse de Rome la "Semaine pour la vie et la famille", dont le point culminant sera, dimanche prochain, le moment de fête consacré aux familles, au Sanctuaire de la Madone du Divin Amour. Pour cette initiative, qui exprime l'engagement prioritaire du diocèse dans la pastorale familiale, j'assure chacun de mon souvenir dans la prière.



Sept ans plus tard, voici le discours d'Angélus du 3 février 2013, l'avant-dernier avant l'annonce fatidique du 11 février.


Chers frères et sœurs,

En ce premier dimanche de février est célébrée en Italie la « Journée de la vie ». Je m’associe aux évêques italiens qui dans leur message invitent à investir sur la vie et sur la famille, également comme réponse efficace à la crise actuelle. Je salue le Mouvement pour la vie et je souhaite le succès de l’initiative intitulée « L’un d’entre nous », afin que l’Europe soit toujours le lieu où chaque être humain est protégé dans sa dignité. Je salue les représentants des facultés de médecine et de chirurgie des universités de Rome, en particulier les professeurs d’obstétrique et de gynécologie, accompagnés par le cardinal-vicaire, et je les encourage à former les agents du monde de la santé à la culture de la vie.



Enfin, pour compléter ce bref panorama, Teresa nous rappelle que le 12 mai 2008, Benoît XVI recevait les représentants du Mouvement pour la Vie, à l'occasion du 10e anniversaire de leur rencontre avec JP II (cf. w2.vatican.va):


Chers frères et sœurs,

C'est avec un vif plaisir que je vous accueille aujourd'hui, et j'adresse à chacun de vous mon salut cordial. En premier lieu, je salue Mgr Michele Pennisi, évêque de Piazza Armerina, et les prêtres présents. J'adresse un salut particulier à M. Carlo Casini, président du Mouvement pour la vie, et je le remercie vivement pour les aimables paroles qu'il m'a adressées en votre nom. Je salue les membres de la direction nationale et du conseil exécutif du Mouvement pour la vie, les présidents des centres d'aide à la vie et les responsables des différents services, du projet Bourgeon, du Téléphone vert, SOS Vie et du Téléphone rouge. Je salue en outre les représentants de l'Association du Pape Jean XXIII et de certains Mouvements pour la vie européens. J'étends, à travers vous, ici présents, ma pensée amicale à ceux qui, n'ayant pu venir en personne, sont spirituellement unis à nous. Je pense en particulier à tous ces volontaires qui, avec abnégation et générosité, partagent avec vous le noble idéal de la promotion et de la défense de la vie humaine depuis sa conception.

Vous effectuez cette visite 30 ans après que l'avortement a été légalisé en Italie et votre intention est de susciter une réflexion approfondie sur les effets humains et sociaux que la loi a produits dans la communauté civile et chrétienne durant cette période. En regardant les trois décennies passées et en considérant la situation actuelle, on ne peut que reconnaître que défendre la vie humaine est devenue aujourd'hui pratiquement plus difficile, parce s'est créée une mentalité de dépréciation de sa valeur qui est confiée au jugement particulier. Par voie de conséquence, il s'en est suivi un moindre respect pour la personne humaine, valeur qui est à la base de toute société civile, au delà de la foi qui s'y professe.

Les causes qui conduisent à des décisions aussi douloureuses que l'avortement sont certes nombreuses et complexes. Si d'un côté l'Eglise, fidèle au commandement de son Seigneur, ne se lasse pas répéter que la valeur sacrée de l'existence de tous les hommes plonge ses racines dans le dessein du Créateur, de l'autre côté, elle encourage la promotion de toute initiative de soutien des femmes et des familles pour créer des conditions favorables à l'accueil de la vie, et à la protection de l'institution de la famille basée sur le mariage entre un homme et une femme. Donner la permission de recourir à l'interruption volontaire de grossesse, non seulement n'a pas résolu les problèmes qui pèsent sur beaucoup de femmes et sur nombre de cellules familiales, mais a également ouvert une nouvelle blessure dans nos sociétés, malheureusement déjà affligées par de profondes souffrances.

En vérité, beaucoup a été réalisé durant ces années, et pas seulement de la part de l'Eglise, pour aller au-devant des nécessités et des difficultés des familles. Nous ne pouvons pas cependant ne pas voir que différents problèmes continuent à tenailler la société contemporaine, empêchant de donner l'espace au désir de tant de jeunes de se marier et de former une famille, du fait des conditions défavorables dans lesquelles ils vivent. Le manque d'un travail sûr, des législations souvent insuffisantes en matière de protection de la maternité, l'impossibilité d'assurer un soutien adéquat aux enfants, sont quelques-uns des empêchements qui semblent étouffer l'exigence de l'amour fécond, alors qu'ils ouvrent les portes à un sens croissant de la défiance en l'avenir. Il est nécessaire pour cela d'unir les efforts pour que les différentes institutions placent au cœur de leur action la défense de la vie humaine et l'attention prioritaire portée à la famille, dans le cœur de laquelle la vie naît et se développe. Il convient d'aider la famille par tous les instruments législatifs pour faciliter sa formation et son œuvre d'éducation, dans le difficile contexte social contemporain.

Dans ce cadre fondamental de la société, un champ d'apostolat et de témoignage évangélique urgent et indispensable demeure ouvert pour les chrétiens: protéger la vie avec courage et amour dans toutes ses phases. Pour cela, chers frères et sœurs, je demande au Seigneur de bénir l'action que, comme Centre d'aide à la vie et comme Mouvement pour la vie, vous faites pour éviter l'avortement dans des cas également de grossesses difficiles, en agissant dans le même temps sur le plan de l'éducation, de la culture et du débat politique. Il est nécessaire de témoigner de façon concrète que le respect de la vie est la première justice à appliquer. Pour qui a le don de la foi cela devient un impératif inéluctable, parce que le disciple du Christ est appelé à être toujours plus "prophète" d'une vérité qui ne pourra jamais être éliminée: Dieu seul est le Seigneur de la vie. Tous les hommes sont connus et aimés, voulus et guidés par Lui.

Ce n'est qu'ici qu'on trouve l'unité plus profonde et plus grande de l'humanité, dans le fait que tout être humain réalise l'unique projet de Dieu, chacun trouve ses origines dans cette même idée créatrice de Dieu. On comprend alors pourquoi la Bible affirme: qui profane l'homme, profane la propriété de Dieu (cf. Gn 9, 5).

On fête cette année le 60 anniversaire de la Déclaration des Droits de l'homme dont le mérite est d'avoir permis à des cultures, des expressions juridiques et des modèles institutionnels différents de se mettre d'accord autour d'un noyau fondamental de valeurs et, donc, de droits. Comme je l'ai récemment rappelé, lors de ma visite à l'ONU, aux membres des Nations unies, "les droits de l'homme exigent d'être respectés parce qu'ils sont l'expression de la justice et non simplement en raison de la force coercitive liée à la volonté du législateur", "la promotion des droits de l'homme demeure la stratégie la plus efficace quand il s'agit de combler les inégalités entre des pays et des groupes sociaux, quand il s'agit aussi de renforcer la sécurité". Votre engagement dans le domaine politique est à cet égard extrêmement louable en tant qu'aide et encouragement aux Institutions, pour que soit donnée la juste reconnaissance à la parole "dignité humaine". Votre initiative auprès de la Commission pour les pétitions du parlement européen, dans laquelle vous affirmez les valeurs fondamentales du droit à la vie depuis sa conception, de la famille fondée sur le mariage d'un homme et d'une femme, du droit de tout être humain conçu à naître et à être éduqué dans une famille de parents, confirme encore la solidité de votre engagement et votre pleine communion avec le Magistère de l'Eglise, qui proclame depuis toujours ces valeurs comme "non négociables".

Chers frères et sœurs, en vous rencontrant le 22 mai 1998, Jean-Paul II vous exhortait à persévérer dans votre engagement d'amour et de défense de la vie humaine, et rappelait que, grâce à vous, beaucoup d'enfants pouvaient faire l'expérience de la joie du don inestimable de la vie. Dix ans après, c'est moi qui vous remercie pour le service que vous avez rendu à l'Eglise et à la société. Combien de vies humaines vous avez sauvées de la mort! Poursuivez sur ce chemin et n'ayez pas peur, pour que le sourire de la vie triomphe sur les lèvres de tous les enfants et de leurs mères. Je confie chacun d'entre vous, et les si nombreuses personnes que vous rencontrez dans les Centres d'aide à la vie, à la protection maternelle de la Vierge Marie, Reine de la Famille, et alors que je vous assure de mon souvenir dans la prière, je vous bénis de tout cœur ainsi que ceux qui font partie des Mouvements pour la vie en Italie, en Europe et dans le monde.