Le magistère de Benoît XVI de A à Z


Une brève anthologie alphabétique, sur le site Campari & de Maistre (24/2/2016)

 


En février 2014, pour le premier anniversaire de la renonciation de Benoît XVI, Marco Massignan, l'un des jeunes contributeurs du remarquable site <Campari & de Maistre>, avait eu l'idée d'un hommage original. Il avait collecté, et rassemblé en une anthologie alphabétique des extraits de ses discours et homélies, depuis la Messe pro eligendo Pontifice du 18 avril 2005 juqu'au Message de Carême de 2013.
Son choix est évidemment arbitraire, pour chaque entrée, beaucoup d'autres auraient été possibles, et les passages cités sont forcément tronqués, là encore arbitrairement.
Mais c'est un gros travail, et tel quel, l'hommage permet de mesurer la profondeur et l'amplitude d'un magistère papal limpide dont nous n'avons pas fini d'épuiser la richesse! Benoît est désormais "caché au monde", mais ses paroles sont plus présentes que jamais, plus actuelles - et plus nécessaires, aussi.
Je n'ai rien fait d'autre que remettre en page à ma manière, et rechercher, pour chaque entrée, les textes en français et les liens correspondants sur le site du Vatican. Donnant je l'espère, pour chacun d'eux, l'envie de lire ou relire ces textes en entier.

Article original ici: www.campariedemaistre.com
Lettrines ici: jeanclaude.mauchon.pagesperso-orange.fr .


AMOUR (de Dieu)


Le premier, il nous a aimés et il continue à nous aimer le premier; c’est pourquoi, nous aussi, nous pouvons répondre par l’amour. Dieu ne nous prescrit pas un sentiment que nous ne pouvons pas susciter en nous-mêmes. Il nous aime, il nous fait voir son amour et nous pouvons l’éprouver, et à partir de cet «amour premier de Dieu», en réponse, l’amour peut aussi jaillir en nous.
Dans le développement de cette rencontre, il apparaît clairement que l’amour n’est pas seulement un sentiment. Les sentiments vont et viennent. Le sentiment peut être une merveilleuse étincelle initiale, mais il n’est pas la totalité de l’amour (..) C’est le propre de la maturité de l’amour d’impliquer toutes les potentialités de l’homme, et d’inclure, pour ainsi dire, l’homme dans son intégralité.
La rencontre des manifestations visibles de l’amour de Dieu peut susciter en nous un sentiment de joie, qui naît de l’expérience d’être aimé. Mais cette rencontre requiert aussi notre volonté et notre intelligence. La reconnaissance du Dieu vivant est une route vers l’amour, et le oui de notre volonté à la sienne unit intelligence, volonté et sentiment dans l’acte totalisant de l’amour.
[Ce processus demeure cependant constamment en mouvement: l’amour n’est jamais «achevé» ni complet; il se transforme au cours de l’existence, il mûrit et c’est (...) L’histoire d’amour entre Dieu et l’homme consiste justement dans le fait que cette communion de volonté grandit dans la communion de pensée et de sentiment, et ainsi notre vouloir et la volonté de Dieu coïncident toujours plus: la volonté de Dieu n’est plus pour moi une volonté étrangère, que les commandements m’imposent de l’extérieur, mais elle est ma propre volonté, sur la base de l’expérience que, de fait, Dieu est plus intime à moi-même que je ne le suis à moi-même[10]. C’est alors que grandit l’abandon en Dieu et que Dieu devient notre joie.

(Deus Caritas est, n.17 )


Conscience


La conscience morale, pour être en mesure de guider correctement la conduite humaine, doit avant tout reposer sur le fondement solide de la vérité, c'est-à-dire qu'elle doit être illuminée pour reconnaître la véritable valeur des actions et l'importance des critères d'évaluation, de façon à savoir distinguer le bien du mal, même là où le climat social, le pluralisme culturel et les intérêts qui se superposent ne le favorisent pas.

La formation d'une conscience vraie, car fondée sur la vérité, et droite, car déterminée à en suivre les règles, sans contradiction, sans trahison et sans compromis, est aujourd'hui une entreprise difficile et délicate, mais indispensable. Et c'est une entreprise qui se heurte, malheureusement, à divers facteurs. Avant tout, dans la phase actuelle de sécularisation appelée post-moderne et marquée par des formes discutables de tolérance, croît non seulement le refus de la tradition chrétienne, mais on se méfie également de la capacité de la raison à percevoir la vérité, on s'éloigne du goût de la réflexion. Selon certains, la conscience individuelle, pour être libre, devrait même se défaire aussi bien des références aux traditions que des références fondées sur la raison. Ainsi, la conscience, qui est l'acte de la raison visant à la vérité des choses, cesse d'être lumière et devient une simple toile de fond sur laquelle la société des médias projette les images et les impulsions les plus contradictoires.

(Discours aux participants à l’Assemblée Générale de l'Académie Pontificale pour la vie, 24 février 2007)

CROIX


Sur la croix, Jésus est dans le même temps victime et prêtre: victime digne de Dieu car sans tache, et prêtre suprême qui s'offre lui-même, sous l'impulsion de l'Esprit Saint, et intercède pour toute l'humanité. La Croix est donc le mystère d'amour et de salut qui nous purifie - comme le dit la Lettre aux Hébreux - des "œuvres mortes", c'est-à-dire des péchés, et elle nous sanctifie en gravant l'alliance nouvelle dans notre cœur; l'Eucharistie, en rendant présent le sacrifice de la Croix, nous rend aptes à vivre fidèlement la communion avec Dieu.

(Messe du Corpus Domini, 11 juin 2009)


ÉCONOMIE ET ÉTHIQUE


L'homme, auquel Dieu dans la Genèse a confié la terre, a le devoir de faire fructifier tous les biens terrestres, en s'employant à les utiliser pour satisfaire les divers besoins de tous les membres de la famille humaine. Une des métaphores récurrentes dans l'Evangile est justement, en effet, celle de l'administrateur. L'homme doit donc, avec l'âme d'un administrateur fidèle, gérer les ressources que Dieu lui a confiées en les mettant à disposition de tous. En d'autres termes, il convient d'éviter que le profit soit seulement individuel ou que des formes de collectivisme oppriment la liberté personnelle.
L'intérêt économique et commercial ne doit jamais devenir exclusif, parce qu'il serait amené de fait à porter atteinte à la dignité humaine. Puisque le processus de mondialisation, en acte dans le monde, pénètre toujours plus dans le domaine de la culture, de l'économie, des finances et de la politique, le grand défi d'aujourd'hui est de "mondialiser" non seulement les intérêts économiques et commerciaux, mais également les attentes de solidarité, dans le respect et dans la valorisation de l'apport de toutes les composantes de la société. La croissance économique ne doit jamais être séparée de la recherche d'un développement intégral humain et social. A cet égard, l'Eglise dans sa doctrine sociale, souligne l'importance de l'apport des corps intermédiaires selon le principe de l'aide, pour contribuer librement à orienter les changements socio-culturels et les diriger vers un progrès authentique de l'homme et de la collectivité.

(Discours à la fondation "Centesimus Annus - Pro Pontifice", 31 mai 2008)

Espérance


Privé de sa référence à Dieu, l'homme ne peut pas répondre aux questions fondamentales qui agitent et agiteront toujours son coeur à propos du but et donc du sens de son existence. En conséquence, il n'est pas non plus possible d'introduire dans la société ces valeurs éthiques qui seules peuvent garantir une coexistence digne de l'homme. Le destin de l'homme sans sa référence à Dieu ne peut être que la désolation de l'angoisse qui conduit au désespoir. Ce n'est qu'en référence au Dieu-Amour, qui s'est révélé en Jésus Christ, que l'homme peut trouver le sens de son existence et vivre dans l'espérance, même dans l'expérience des maux qui blessent son existence personnelle et la société dans laquelle il vit. L'espérance a pour effet que l'homme ne se referme pas dans un nihilisme paralysant et stérile, mais qu'il s'ouvre à un engagement généreux dans la société dans laquelle il vit afin de pouvoir l'améliorer. C'est la tâche que Dieu a confiée à l'homme en le créant à son image et à sa ressemblance, une tâche qui remplit chaque homme de la plus grande dignité, mais également d'une immense responsabilité.

(Discours à l'Université Pontificale Grégorienne, 3 novembre 2006)

EUCHARASTIE


Ainsi l’Eucharistie, alors qu’elle nous unit au Christ, nous ouvre également aux autres, nous rend membres les uns des autres: nous ne sommes plus divisés, mais une seule chose en Lui. La communion eucharistique m’unit à la personne qui est à mes côtés, et avec laquelle je n’ai peut-être même pas un bon rapport, mais également aux frères éloignés, dans toutes les parties du monde. D’ici, de l’Eucharistie, dérive donc le sens profond de la présence sociale de l’Eglise, comme en témoignent les grands saints sociaux, qui ont toujours été de grandes âmes eucharistiques. Qui reconnaît Jésus dans la sainte Hostie, le reconnaît dans son frère qui souffre, qui a faim et soif, qui est étranger, nu, malade, emprisonné; et il est attentif à chaque personne, il s’engage, de manière concrète, pour tous ceux qui sont dans le besoin.
Du don d’amour du Christ provient donc notre responsabilité particulière de chrétiens dans la construction d’une société solidaire, juste, fraternelle. A notre époque en particulier, où la mondialisation nous rend toujours plus dépendants les uns des autres, le christianisme peut et doit faire en sorte que cette unité ne se construise pas sans Dieu, c’est-à-dire sans le véritable Amour, ce qui laisserait place à la confusion, à l’individualisme, à la domination de tous contre tous. L’Evangile vise depuis toujours à l’unité de la famille humaine, une unité qui n’est pas imposée de l’extérieur, ni par des intérêts idéologiques ou économiques, mais bien à partir du sens de responsabilité des uns envers les autres, car nous nous reconnaissons membres d’un même corps, du corps du Christ, car nous avons appris et nous apprenons constamment du Sacrement de l’Autel que le partage, l’amour sont la voie de la véritable justice.

(Messe du Corpus Domini, 23 juin 2011)


Foi et charité


Toute la vie chrétienne est une réponse à l’amour de Dieu. La première réponse est précisément la foi comme accueil, plein d’émerveillement et de gratitude, d’une initiative divine inouïe qui nous précède et nous interpelle. Et le « oui » de la foi marque le début d’une histoire lumineuse d’amitié avec le Seigneur, qui remplit et donne son sens plénier à toute notre existence. Mais Dieu ne se contente pas que nous accueillions son amour gratuit. Il ne se limite pas à nous aimer, mais il veut nous attirer à lui, nous transformer de manière profonde au point que nous puissions dire avec saint Paul: ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi (cf. Ga 2, 20).
Quand nous laissons place à l’amour de Dieu, nous devenons semblables à lui, nous participons de sa charité même. Nous ouvrir à son amour signifie le laisser vivre en nous, et nous conduire à aimer avec lui, en lui et comme lui; ce n’est qu’alors que notre foi devient vraiment opérante par la charité (cf. Ga 5, 6) et qu’il prend demeure en nous (cf. 1 Jn 4, 12).
La foi, c’est connaître la vérité et y adhérer (cf. 1 Tm 2, 4); la charité, c’est « cheminer » dans la vérité (cf. Ep 4, 15). Avec la foi, on entre dans l’amitié avec le Seigneur; avec la charité, on vit et on cultive cette amitié (cf. Jn 15, 14s). La foi nous fait accueillir le commandement du Seigneur et Maître; la charité nous donne la béatitude de le mettre en pratique (cf. Jn 13, 13-17). Dans la foi, nous sommes engendrés comme fils de Dieu (cf. Jn 1, 12s); la charité nous fait persévérer concrètement dans la filiation divine en apportant le fruit de l’Esprit Saint (cf. Ga 5, 22). La foi nous fait reconnaître les dons que le Dieu bon et généreux nous confie; la charité les fait fructifier (cf. Mt 25, 14-30).

(Message pour le Carême 2013)


JUSTICE


L’ordre juste de la société et de l’État est le devoir essentiel du politique. Un État qui ne serait pas dirigé selon la justice se réduirait à une grande bande de vauriens, comme l’a dit un jour saint Augustin: «Remota itaque iustitia quid sunt regna nisi magna latrocinia?» (...)
La justice est le but et donc aussi la mesure intrinsèque de toute politique. Le politique est plus qu’une simple technique pour la définition des ordonnancements publics : son origine et sa finalité se trouvent précisément dans la justice, et cela est de nature éthique. Ainsi, l’État se trouve de fait inévitablement confronté à la question : comment réaliser la justice ici et maintenant ? Mais cette question en présuppose une autre plus radicale: qu’est-ce que la justice ? C’est un problème qui concerne la raison pratique ; mais pour pouvoir agir de manière droite, la raison doit constamment être purifiée, car son aveuglement éthique, découlant de la tentation de l’intérêt et du pouvoir qui l’éblouissent, est un danger qu’on ne peut jamais totalement éliminer.
(...)
La foi permet à la raison de mieux accomplir sa tâche et de mieux voir ce qui lui est propre. C’est là que se place la doctrine sociale catholique : elle ne veut pas conférer à l’Église un pouvoir sur l’État. Elle ne veut pas même imposer à ceux qui ne partagent pas sa foi des perspectives et des manières d’être qui lui appartiennent. Elle veut simplement contribuer à la purification de la raison et apporter sa contribution, pour faire en sorte que ce qui est juste puisse être ici et maintenant reconnu, et aussi mis en œuvre.

(Deus Caritas est, n.28 )


LOI MORALE ET NATURELLE


L'histoire a montré combien dangereux et délétère peut être un Etat qui légifère sur des questions qui touchent la personne et la société en prétendant être lui-même la source et le principe de l'éthique. Sans des principes universels qui permettent de vérifier un dénominateur commun pour toute l'humanité, le risque d'une dérive relativiste au niveau législatif ne doit absolument pas être sous-évalué (...) La loi morale naturelle « appartient au grand patrimoine de la sagesse humaine que la Révélation, par sa lumière, a contribué à purifier et à développer davantage»

(Discours à l'Académie Pontificale pour la Vie, 13 février 2010)


PAIX


La paix ne peut être réduite à une simple absence de conflits armés, mais il faut la comprendre comme «le fruit d'un ordre qui a été implanté dans la société humaine par son divin Fondateur», un ordre «qui doit être mené à la réalisation par des hommes aspirant sans cesse à une justice plus parfaite». En tant que résultat d'un ordre fixé et voulu par l'amour de Dieu, la paix possède sa vérité intrinsèque et invincible, et elle correspond «à une aspiration profonde et à une espérance qui vivent en nous de manière indestructible».
Définie de cette façon, la paix apparaît comme un don céleste et une grâce divine; à tous les niveaux, elle demande l'exercice de la plus grande responsabilité, à savoir de conformer dans la vérité, dans la justice, dans la liberté et dans l'amour, l'histoire humaine à l'ordre divin.
Quand n'existe plus l'adhésion à l'ordre transcendant des choses, ni le respect de la « grammaire » du dialogue qu'est la loi morale universelle, écrite dans le cœur de l'homme, quand sont entravés et empêchés le développement intégral de la personne et la sauvegarde de ses droits fondamentaux, quand de nombreux peuples sont contraints à subir des injustices et des inégalités intolérables, comment peut-on espérer en la réalisation du bien de la paix? En effet, manquent alors les éléments essentiels qui donnent forme à la vérité de ce bien. Saint Augustin a décrit la paix comme «tranquillitas ordinis», la tranquillité de l'ordre, c'est-à-dire la situation qui permet, en définitive, de respecter et de réaliser pleinement la vérité de l'homme.

(Message pour la Journée Mondiale de la Paix, 1er janvier 2006)


Relativisme


Combien de vents de la doctrine avons-nous connus au cours des dernières décennies, combien de courants idéologiques, combien de modes de la pensée... La petite barque de la pensée de nombreux chrétiens a été souvent ballottée par ces vagues - jetée d'un extrême à l'autre: du marxisme au libéralisme, jusqu'au libertinisme; du collectivisme à l'individualisme radical; de l'athéïsme à un vague mysticisme religieux; de l'agnosticisme au syncrétisme et ainsi de suite. Chaque jour naissent de nouvelles sectes et se réalise ce que dit saint Paul à propos de l'imposture des hommes, de l'astuce qui tend à les induire en erreur (cf. Ep 4, 14). Posséder une foi claire, selon le Credo de l'Eglise, est souvent défini comme du fondamentalisme. Tandis que le relativisme, c'est-à-dire se laisser entraîner "à tout vent de la doctrine", apparaît comme l'unique attitude à la hauteur de l'époque actuelle. L'on est en train de mettre sur pied une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui donne comme mesure ultime uniquement son propre ego et ses désirs.

Nous possédons, en revanche, une autre mesure: le Fils de Dieu, l'homme véritable. C'est lui la mesure du véritable humanisme. Une foi "adulte" ne suit pas les courants de la mode et des dernières nouveautés; une foi adulte et mûre est une foi profondément enracinée dans l'amitié avec le Christ. C'est cette amitié qui nous ouvre à tout ce qui est bon et qui nous donne le critère permettant de discerner entre le vrai et le faux, entre imposture et vérité.

(Missa Pro Eligendo Romano Pontifice, 18 avril 2005)


Sacerdoce


Le prêtre doit être quelqu'un qui veille. Il doit être vigilant face aux pouvoirs menaçants du mal. Il doit garder le monde en éveil pour Dieu. Il doit être quelqu'un qui reste debout: droit face au courant du temps. Droit dans la vérité. Droit dans l'engagement au service du bien. Se tenir devant le Seigneur doit toujours, également, signifier profondément une prise en charge des hommes auprès du Seigneur qui, à son tour, nous prend tous en charge auprès du Père. Et cela doit signifier prendre en charge le Christ, sa parole, sa vérité, son amour. Le prêtre doit être droit, courageux et même disposé à subir des outrages pour le Seigneur, comme le rapportent les Actes des Apôtres: ils étaient "joyeux d'avoir été jugés dignes de subir des outrages pour le nom de Jésus" (5, 41)

(Messe Chrismale, 20 mars 2008 )


Tradition


La Tradition est la continuité organique de l'Eglise, Temple de Dieu le Père, érigé sur le fondement des Apôtres et tenu ensemble par la pierre angulaire, le Christ, à travers l'action vivifiante de l'Esprit (...)
Grâce à la Tradition, garantie par le ministère des Apôtres et de leurs successeurs, l'eau de la vie qui jaillit du côté du Christ et son sang salutaire rejoignent les femmes et les hommes de tous les temps. Ainsi, la Tradition est la présence permanente du Sauveur qui vient nous rencontrer, nous racheter et nous sanctifier dans l'Esprit à travers le ministère de son Eglise, à la gloire du Père.
(..) La Tradition n'est pas une transmission de choses ou de paroles, une collection de choses mortes. La Tradition est le fleuve vivant qui nous relie aux origines, le fleuve vivant dans lequel les origines sont toujours présentes. Le grand fleuve qui nous conduit aux portes de l'éternité. Et étant ainsi, dans ce fleuve vivant se réalise toujours à nouveau la parole du Seigneur que nous avons entendue au début sur les lèvres du lecteur: "Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde" (Mt 28, 20).

(Audience Générale, 26 avril 2006)


VALEURS
(non négociables)


Le culte agréable à Dieu n'est jamais un acte purement privé, sans conséquence sur nos relations sociales: il requiert un témoignage public de notre foi. Évidemment, cela vaut pour tous les baptisés, mais s'impose avec une exigence particulière pour ceux qui, par la position sociale ou politique qu'ils occupent, doivent prendre des décisions concernant les valeurs fondamentales, comme le respect et la défense de la vie humaine, de sa conception à sa fin naturelle, comme la famille fondée sur le mariage entre homme et femme, la liberté d'éducation des enfants et la promotion du bien commun sous toutes ses formes. Ces valeurs ne sont pas négociables. Par conséquent, les hommes politiques et les législateurs catholiques, conscients de leur grave responsabilité sociale, doivent se sentir particulièrement interpellés par leur conscience, justement formée, pour présenter et soutenir des lois inspirées par les valeurs fondées sur la nature humaine.

(Exhortation Apostolique post-synodale Sacramentum Caritatis, n. 83)

Vérité


On cherche à créer l'impression que tout est relatif: les vérités de la foi dépendraient elles aussi de la situation historique et de l'évaluation humaine. Cependant, l'Eglise ne peut pas faire taire l'Esprit de Vérité. Les successeurs des Apôtres, avec le Pape, sont les responsables de la Vérité de l'Evangile, et tous les chrétiens sont également appelés à partager cette responsabilité en acceptant leurs indications faisant autorité. Chaque chrétien est sans cesse tenu de confronter ses propres convictions avec les indications de l'Evangile et de la Tradition de l'Eglise, dans l'engagement pour rester fidèle à la Parole du Christ, même quand celle-ci est exigeante et humainement difficile à comprendre. Nous ne devons pas tomber dans la tentation du relativisme ou de l'interprétation subjective et sélective des Ecritures Saintes. Seule la vérité intégrale peut nous ouvrir à l'adhésion au Christ mort et ressuscité pour notre salut.

(Messe sur la Place Pilsudski à Varsovie, 26 mai 2006)