Nostalgie


Quand le Père Hunwicke relit l'homélie de Pentecôte de Benoît XVI, du 23 mai 2010 (16/5/2016).

 

Il en profite pour "aligner" le cardinal Kasper, et ses divagations sur les "Eglises locales", auxquelles le Saint-Père, indirectement, répondait ici.
Si l'on tient compte de la réserve britannique, aux antipodes de l'exubérance latine, l'aveu que l'homélie lui a fait venir les larmes aux yeux est quelque chose de très fort, et de très émouvant.

Benoît XVI sur les erreurs de Walter Kasper


Fr Hunwicke
liturgicalnotes.blogspot.fr
15 mai 2016
Ma traduction

* * *

Voici le premier paragraphe d'un article que j'avais publié le 2 juin 2010:


«Je vois que le Saint-Père, le dimanche de Pentecôte, a une fois de plus énoncé la thèse qui avait conduit à la dispute très publique entre lui et Walter Kasper, peu de temps avant le Conclave: à savoir que l'Église universelle "précède" théologiquement l'Eglise locale .. Je me demande si le professeur Kasper va répondre, cette fois. Je suppose que la thèse du professeur Ratzinger doit maintenant être considérée comme ayant le soutien formel du Magistère».



Je viens de relire cette homélie de Pentecôte 2010 du Saint-Père émérite; pardon pour cette confidence personnelle embarrassante, mais me voir rappeler, après l'aridité des deux dernières années, l'élégance, la clarté, la perspicacité biblique avec lesquelles Benoît XVI parlait et écrivait - m'a fait venir les larmes aux yeux: relire cela, c'était comme boire, après une journée chaude et sèche et poussiéreuse et fatigante, un verre rempli d'une eau froide limpide, pure et rafraîchissante [*].

En voici un extrait [**] (au sens littéral, ceci fut prononcé ex cathedra!)


Le récit de la Pentecôte dans les Actes des Apôtres - que nous avons entendu dans la première lecture (Actes 2:1-11) - présente le «nouveau cours» de l'œuvre de Dieu commencé avec la résurrection du Christ, une oeuvre qui implique l'homme, l'histoire et le cosmos. Du Fils de Dieu, mort et ressuscité et retourné chez le Père, s'exhale sur l'humanité, avec un pouvoir sans précédent, le souffle divin, le Saint-Esprit. Et que produit cette nouvelle et puissante auto-communication de Dieu?

Là où il y a des larmes et la division, elle crée l'unité et la compréhension. Elle déclenche un processus de réunification entre les différentes parties de la famille humaine, divisées et dispersées; les personnes souvent réduites à des individus en concurrence ou en conflit, une fois atteintes par l'Esprit du Christ, s'ouvrent à l'expérience de la communion, qui peut les entraîner, au point d'en faire un nouveau corps, un nouveau sujet: l'Eglise.
(ndt: cette partie ne figure pas dans l'extrait cité par le P. Hunwicke)

* * *

C'est l'effet de l'œuvre de Dieu: l'unité; c'est pourquoi l'unité est un signe de reconnaissance, la "carte de visite" de l'Église tout au long de son histoire. Dès le début, depuis le jour de la Pentecôte, elle parle toutes les langues.

L'EGLISE UNIVERSELLE PRÉCÈDE LES ÉGLISES PARTICULIÈRES, ET CELLES-CI DOIVENT TOUJOURS SE CONFORMER À ELLE, SELON UN CRITÈRE D'UNITÉ ET D'UNIVERSALITÉ. L'Eglise ne reste jamais prisonnière de frontières politiques, raciales et culturelles; elle ne peut pas se confondre avec les États et même avec les Fédérations d'États, parce que son unité est de nature différente et aspire à traverser toutes les frontières humaines.

De cela, chers frères, dérive un critère pratique de discernement pour la vie chrétienne: quand une personne ou une communauté, se referme, dans sa manière de penser et d'agir, c'est un signe qu'elle s'est éloignée de l'Esprit Saint.

LE CHEMIN DES CHRÉTIENS ET DES ÉGLISES PARTICULIÈRES DOIT TOUJOURS SE MESURER À CELUI DE L'EGLISE UNE ET CATHOLIQUE, ET EN HARMONIE AVEC ELLE. Cela ne signifie pas que l'unité créée par l'Esprit Saint est une sorte d'égalitarisme. À l'opposé, c'est là plutôt le modèle de Babel, à savoir l'imposition d'une culture de l'unité que l'on pourrait appeler «technique». La Bible, en fait nous dit (cf. Gn 11:1-9) qu'à Babel, tout le monde parlait une seule langue. A la Pentecôte, au contraire, les Apôtres parlent des langues différentes afin que chacun comprenne le message dans sa propre langue. L'unité de l'Esprit se manifeste dans la diversité de la compréhension.
L'Eglise est par sa nature une et multiple, destinée comme elle l'est à vivre avec toutes les nations, tous les peuples, et dans les contextes sociaux les plus divers. ELLE NE RÉPOND À SA VOCATION, D'ÊTRE SIGNE ET INSTRUMENT D'UNITÉ DE TOUT LE GENRE HUMAIN (CF. LUMEN GENTIUM, N. 1) QUE SI ELLE RESTE INDÉPENDANTE DE TOUT ETAT ET TOUTE CULTURE PARTICULIÈRE. Toujours et partout, l'Eglise doit être vraiment catholique et universelle, la maison de tous où chacun peut se retrouver.


Et voilà pour les discours imbéciles à propos de l'acceptabilité des "différences" de doctrine, ou de disciplines doctrinalement apparentées entre les différentes églises particulières, comme cela pourrait être dicté par les cultures particulières et différentes dans lesquelles elles existent et auxquelles certaines personnes pensent qu'elles sont obligées de se conformer.

NDT


[*] Pour information, comparez avec la très brève homélie prononcée par François hier. Manifestement, le Pape n'avait pas grand chose à dire sur le sujet (désolée pour les papolâtres)....

[**] C'est ma traduction de l'époque d'après le texte original en italien (Le soulignement typographique est du Père Hunwicke).

Je ne résiste pas au plaisir de reproduire ici quelques photos de ce jour.