Un livre DE Benoît XVI


Un livre- interview avec Peter Seewald sortira en librairie en septembre prochain (1/7/2016, seconde mise à jour)

 

La nouvelle est donnée par Il Corriere della Sera, co-éditeur de l'ouvrage en Italie.

Benoît XVI, indépendammment de la personnalité de son ou ses successeurs, ne fera ni ne dira jamais rien qui puisse mettre en péril l'institution de la papauté.

Ratzinger se raconte: "J'ai donc décidé de quitter la Papauté"


www.corriere.it
30 juin 2016

Le 9 septembre sort dans le monde entier un livre du pape émérite. Une autobiographie sous la forme d'une interview.

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Un pape qui dresse le bilan de son pontificat. Après la démission de 2013, Benoît XVI rompt le silence et raconte dans un livre lui- même et son pontificat. C'est la première fois que cela se produit dans l'histoire de l'Eglise. La sortie, simultanément dans le monde entier, est prévue pour le 9 Septembre: en Italie le livre sera publié en librairie (ed. Garzanti) et en kiosque par le "Corriere della Sera". (Ultime conersazioni , 240 pages)

De l'enfance jusqu'au Vatican
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Le livre, un livre-interview écrit avec Peter Seewald, un journaliste allemand, auteur dans le passé de deux autres conversations avec le pape émérite (ndt: en réalité, trois!!), est une sorte d'autobiographie raisonnée et aborde toutes les étapes les plus importantes de la vie de Joseph Ratzinger: l'enfance sous le régime nazie, la découverte de la vocation, les années difficiles de la guerre, puis la carrière au Vatican, jusqu'à son élection au trône pontifical, avec l'angoisse des premiers jours en tant que successeur de Pierre, et à la fin, la décision douloureuse de la démission, et la renonciation au trône de Pierre.

«Aucun chantage»
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Joseph Ratzinger se raconte lui-même, sa foi, ses faiblesses, sa vie privée, les scandales (?) et les problèmes du pontificat, expliquant la raison de son choix - d'abord uniquement communiqué à quelques personnes de confiance pour éviter les fuites - et éloignant les doutes sur un présumé chantage qui l'aurait poussé à quitter sa charge.
Dans le livre, Benoît tourne également son regard vers son successeur, François. Un nom inattendu pour lui, à la veille du conclave. Deux personnalités différentes, deux façons différentes de comprendre la Papauté: le pape émérite décrit les différences et les particularités de Bergoglio.

Andrea Tornielli qui relaie la nouvelle sur Vatican Insider, ( à noter qu'a priori, La Stampa et Il Corriere, au moins dans une logique commerciale, sont deux titres rivaux...) écrit, sous le titre RATZINGER: J'AI RÉUSSI À DISSOUDRE LE LOBBY GAY AU VATICAN:


Le livre n'est pas encore sorti, mais il fait déjà discuter. Intitulé «Ultime conversazioni», c'est une interview réalisée par le journaliste allemand Peter Seewald, qui avait déjà à son actif trois livres tirés de conversations avec Joseph Ratzinger, deux comme cardinal et un comme pape. Il sera publié en Septembre 2016, en Italie par l'éditeur Garzanti. C'est le vaticaniste Luigi Accattoli, sur le Corriere della Sera, qui présentera la version en kiosque.

Parmi tous les contenus du nouveau livre, il y a un passage dans lequel Benoît XVI «admet avoir eu connaissance de la présence d'un "lobby gay" au Vatican, composé de quatre/cinq personnes, et affirme avoir réussi à dissoudre ce groupe de pouvoir. Une information - commente Accattoli - que l'on n'avait jamais eue».

Dans le livre, le pape émérite rejette les critiques ceux qui lui ont reproché d'être trop «académique» et de s'être concentré sur l'étude et l' écriture, et refuse d'être considéré comme un «restaurateur» dans le domaine de la liturgie. Il parle de ses tentatives de réforme de l'IOR et du fléau de la pédophilie , soulignant les difficultés qu'un pape rencontre quand il essaie d'intervenir sur la «saleté dans l'Eglise». Il raconte comment il a préparé en grand secret le renoncement, et admet avoir appris «avec surprise» le nom de son successeur: il avait pensé à des noms «mais pas à lui». Il parle de la «joie» de voir comment le nouveau pape priait et communiquait avec la foule et décrit la figure humaine et papale de François, pointant à la fois à ce qu'il a en commun avec lui, et ce qui le distingue.

Sandro Magister y va lui aussi de son commentaire - sans doute prématurément perplexe (attendons de voir le livre!)
Il a réactualisé le titre de son dernier billet sur Settimo Cielo, hier consacrée au discours prononcé le 28 juin dans la salle clémentine, en présence de François, qui était intitulé: "Opera Omnia du pape émérite. Sa dernière". Il vient de rajouter "et même son avant-dernière", avec ce commentaire dans un post-scriptum, où il annonce la parution prochaine du livre:

«Il est vraiment tout sauf silencieux, le nouveau cours du "pape émérite" inventé par Joseph Ratzinger - jusqu'à présent un "unicum" dans l'histoire» (....)

Seconde mise à jour


Voici l'article de Luigi Accattoli, tel qu'il est reproduit sur Il Simografo:

«MES ANNÉES EN TANT QUE PAPE»
Luigi Accattoli
30 juin 2016
Corriere della Sera, via Il Sismografo

Les nuits blanches après les Conclave, les luttes intestines, la démission. Joseph Ratzinger se raconte dans un livre à sortir en Septembre.

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Un livre de souvenirs du pape Benoît XVI va sortir: il part maintenant à l'impression, et sera dans les librairies du monde entier en septembre. Titre: "Benoît XVI. Dernières conversations", parce que ce sera un livre-interview avec l'écrivain allemand Peter Seewald, qui avait déjà publié trois volumes de dialogue avec Joseph Ratzinger, deux quand il était cardinal (en 1996 et 2000) un comme pape, en 2010, intitulé "Lumière du monde".
Des quatre volumes, celui-là promet d'être le plus intéressant, encore plus que celui qu'il fit comme pape, parce qu'un pape est un pape, mais un pape émérite est une nouveauté. Annonçant la publication, l'éditeur allemand Droemer, qui coordonne la sortie dans les différentes langues (pour l'Italie exclusivité est pour Garzanti dans les librairies, et pour le Corriere della Sera en kiosque), affirmait hier à juste titre que , pour la première fois en deux mille ans , nous avons «un pape qui dresse un bilan de son pontificat».
Aussi à cause du titre "Dernières conversations", l'ouvrage apparaît comme le testament de Benoît XVI: dans les trois ans et demi qui nous séparent de la "renonciation", il a parlé peu, et jamais à coeur ouvert comme il est annoncé qu'il le fait dans ce texte, répondant sans réticence à des questions sur le renoncement à la papauté lui-même, sur son successeur, sur l'histoire de l'homme, de sa famille d'origine aux tempêtes des huit années comme pape.

Des préparatifs de la "renonciation" à l'enquête sur le "lobby gay" au Vatican, et à la «surprise» que pour lui aussi a représenté l'élection du cardinal Bergoglio, nombreuses sont les émotions et les arrière-scènes racontés ici par le pape théologien qui, en avril prochain, aura 90 ans.
A propos de la renonciation, il dit l'avoir préparée avec peu de personnes qui lui étaient les plus proches et se souvient de la peur qu'il puisse y avoir une fuite d'information qui aurait enlevé de la force à l'annonce. Et il avait raison d'avoir peur, parce des fuites de nouvelles et de textes, il n'y avait jamais eu au Vatican autant que sous son pontificat.
Il argumente le choix de communiquer en latin une décision de cette ampleur en déclarant qu'il avait craint que s'il choisissait la langue italienne, il aurait pu commettre une erreur. Il avoue les doutes qu'il a dû surmonter dans le dialogue avec lui-même à propos de l'impact que sa décision pourrait avoir sur l'avenir de la papauté. Il dément une fois de plus tout chantage ou pression.
Il raconte comment il a suivi de Castel Gandolfo le reportages à la télévision sur les fumées [du conclave] et admet qu'il a appris avec "surprise" le nom de son successeur: il avait pensé à des noms, mais «pas à lui» Et du reste, nous avons fait la même chose, nous autres journalistes. A la surprise succéda la «joie» de voir comment le nouveau pape priait et communiquait avec la foule.
En réponse à l'intervieweur, Benoît aborde la figure humaine et papale de François et mentionne librement ce qui l'unit à lui et ce qui le différencie.
Dans le livre il y a des souvenirs de l'enfance et de l'adolescence dans l'Allemagne nazie de cette époque. La découverte de la «vocation», la prison à la fin de la Seconde Guerre mondiale dans un camp américain près d'Ulm. Les succès et les déceptions de la carrière universitaire, les publications qui en font un "expert" du Concile Vatican II. Des thèmes qu'il avait déjà racontés dans le livre Ma vie en 1997.
Venant aux années plus récentes que celles de l'autobiographie, le nouveau volume raconte le fort lien avec Jean-Paul II, à qui il a demandé à plusieurs reprises d'être relevé de sa charge, et les refus du pape polonais, qui le voulait à ses côtés jusqu'à la fin. Il y a aussi - dans le livre - la pensée de la mort et la confession de combien le pape émérite se sent faible devant elle, et le récit de la façon dont il se prépare
Il nous dit le sentiment d'«incrédulité» qu'il a connu lors du Conclave, quand il a réalisé que cela tombait sur lui. Le choix de ne pas s'appeler Jeann-Paul III , mais de lier son pontificat à saint Benoît et Benoît XV, le pape qui a défini la Première Guerre mondiale comme un "massacre inutile".
Nous apprenons la difficulté à trouver le sommeil dont il souffrit dans les premiers jours après l'élection à cause de l'anxiété qui était sur lui.
Il repousse l'idée ou la critique de ceux qui le considèrent comme un pape trop académique, concentré sur l'étude et l'écriture. Il refuse d'être considéré comme un restaurateur dans le domaine de la liturgie. Il évoque sa tentative de réformer l'IOR et rappelle les lois qu'il a promulguées contre le blanchiment d'argent, parle du fléau de la pédophilie, et ne manque pas de souligner les difficultés que même un pape rencontre quand il intervenir sur la «saleté qui est dans l'Église.»

Il admet avoir eu connaissance de la présence d'un "lobby gay" au Vatican, composé de quatre/cinq personnes, et affirme avoir réussi à dissoudre ce groupe de pouvoir: une information qu'on n'avait jamais eue. Il admet son manque de résolution dans le gouvernement. Il raconte qu'il a pris des notes pendant le pontificat sur de nombreuses questions, mais il dit qu'il les détruira, même s'il se rend compte que pour les historiens, ce serait «une invitation à des noces».

Enfin, Luigi Badilla en personne, le directeur du site semi-officiel Il Sismografo, offre son commentaire: c'est un peu la voix de la maison Sainte-Marthe.

Rédaction de "Il Sismografo"

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C'était dans l'air et on en parlait depuis des mois, mais il n'y avait pas de confirmation. La singulière "conversation" de ce mardi 28 juin, entre François et le pape émérite, lors de la commémoration des 65 ans de vie sacerdotale de Joseph Ratzinger, a laissé entrevoir plus qu'un indice et certains ont perçu une vague confirmation que Joseph Ratzinger avait "mis la main" à une réflexion longue et structurée sur son pontificat, sur sa démission et sur la papauté de François. Mais pas seulement.
Des premières anticipations, nous savons que dans les 240 pages du livre, en sortie mondiale simultanée, le vendredi 9 septembre, le pontife émérite - poussé par les questions de Peter Seewald - reparcourt toute sa vie, depuis l'enfance jusqu'à ce jour de la Déclaratio (11 Février 2013), en se concentrant sur les années de pontificat et ses moments de crise, sur la décision - méditée pendant de nombreux mois et communiquée à très peu de gens proches - d'ouvrir la possibilité d'une existence normale de pape émérite dans la vie de l'Eglise, sur sa relation avec François ainsi que sur les choix de fond de ce pontificat commencé le 13 mars 2013.
En somme, comme l'a dit hier l'éditeur allemand: «C'est la première fois dans l'histoire de l'Église qu'un pape fait le bilan de son pontificat».

Pour une réflexion de ce calibre et de cette exigence, on s'attendait à ce que Benoît XVI choisisse son ami allemand, le journaliste Peter Seewald, avec qui il a déjà écrit deux livres importants, pleins de notes autobiographique: "Dieu et le monde/Voici quel est notre Dieu" (2001) et "Lumière du monde" (2010). En 1996, Seewald avait déjà interviewé le cardinal Ratzinger et de la conversation était né le premier texte à quatre mains, "Le Sel de la terre."
Pour le pape émérite, la foi est vie et la vie sans miséricorde n'exprime pas la foi. C'est ce qu'il a fait et ce qu'il a dit dans sa vaste bibliographie, née avant tout de sa biographie. Le binôme vie-livres, chez Joseph Ratzinger est un héritage spirituel, religieux et humain incontournable; un moment très élevé de la parole écrite parce que vraie communication, où toute vérité, certitude, doute, souvenir et espoir a son emplacement ontologique précis.

[Là, Badilla reperend deux passages de l'entretien du Pape émérite avec Jacques Servais, ceux où il est question de la miséricorde, et notamment (sans surprise!) la phrase: «Le Pape François se trouve totalement d'accord avec cette ligne», qui a permis aux journaux de titrer "Benoît XVI appuie totalement son successeur"]

Peter Seewald, le biographe le plus autorisé du pape émérite, est né le 10 Juillet 1954 à Bochum, en Allemagne, dans une famille catholique. Comme journaliste, il a été directeur de "Der Spiegel" pendant six ans, puis comme journaliste il a travaillé pendant trois ans pour "Stern". Après une longue période de temps où il est resté loin de la foi, graduellemnt, il s'en est rapproché, au point de parler d'une "conversion", dans lequel, a-t-il confessé, «l'amitié avec Joseph Ratzinger a été déterminante».
En plus des livres fruits de ses conversations avec le pape émérite, Peter Seewald en a écrit d'autres dans lesquels il analyse et commente la vie et le magistère de Benoît XVI.
On pourrait dire que Seewald, en vingt ans de relation amicale et personnelle avec Joseph Ratzinger, a mûri dans le monde des médias la plus sérieuse, profonde et systématique connaissance du pape émérite. Entre eux, comme on peut le déduire des livres, non seulement il y a estime et confiance mutuels, mais aussi ouverture et sincérité, et ils partagent en plein de nombreuses "curiosités" qu'ils savent développer en questions et réponses profondes et cohérentes.

Ce qui ressort de tout cela, pour le moment - et je peux évidemment me tromper - , c'est qu'on n'apprendra pas grand chose de plus que ce que l'on savait déjà.
Et il se confirme (mais là encore, je peux me tromper) que Benoît XVI, indépendammment de la personnalité de son ou ses successeurs, ne fera ni ne dira jamais rien qui puisse mettre en péril l'institution de la papauté.