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Autour du secret de Fatima

A deux mois du centenaire de la première apparition, un nouvel article de Maike Hickson, sur One Peter Five, rouvre le dossier de la révélation incomplète du Troisème Secret (14/3/2017)

En mai 2015, la blogosphère catholique s'enflammait pour un article de Maike Hickson publié sur le site One Peter Five.
L'auteur affirmait qu'au cours d'une conversation téléphonique, un de ses amis, un très vieux prêtre allemand, le Père Ingo Dollinger, théologien et "ami personnel de Benoît XVI", aujourd'hui retiré au Brésil, lui avait fait une révélation plutôt explosive. Le cardinal Ratzinger lui aurait confié en 2000 (donc peu après la conférence de presse de présentation du "Troisième Secret" de Fatima) qu'une partie dudit secret n'avait pas été publiée. J'en avais parlé ici: benoit-et-moi.fr/2016/benot-xvi/lenigme-du-troisieme-secret-de-fatima.
Très vite suivait un démenti officiel émanant (soi-disant) de Benoît XVI, en réalité un communiqué de la Salle de Presse du Vatican: un procédé qui ne lui ressemblait pas, avais-je remarqué à l'époque. Mais j'avais pris le démenti pour argent comptant... Avec le recul, je ne serais pas aussi catégorique (cf. benoit-et-moi.fr/2016/benot-xvi/fatima-ferme-dementi)

Aujourd'hui, Marco Tosatti consacre un éditorial sur la Bussola, et un billet sur son blog personnel Stilum Curiae à un nouvel article de Maicke Hickson sur le même sujet, dont il traduit de larges extraits. Lui-même connaît bien la question, étant l'auteur d'un livre sur Fatima, “Il Segreto non svelato” (le Secret non révélé) qui ressort ces jours-ci en italien dans une édition revue et augmentée.
Il écrit en particulier:

(...) En réalité, à la base de tout cela, il y a la méfiance substantielle des ecclésiastiques pour les révélations privées, sauf bien sûr quelques figures comme Pie XII et Jean-Paul II. Et relativement au Troisième Secret, je me souviens de ce que m'avait dit le secrétaire de Jean-Paul II, l'actuel cardinal Stanislaw Dziwisz. A la base, le problème était de savoir ce qui était de la Sainte Vierge et ce qui était de Sœur Lucie.
C'est justement l'incertitude de l'attribution qui peut avoir rendu les mains des dirigeants de l'Église très libres dans la gestion des documents.
Je me risque donc à dire que si une partie de la prophétie avait concerné par exemple, un sommet de l'Église "infiltré" par l'ennemi, et une Église en dérive vers l'apostasie, je pense que les responsables des Palais sacrés auraient préféré tout laisser tomber dans la corbeille. Même si les témoignages et les enquêtes menées au cours de décennies par des passionnés et des détectives religieux concordent pour indiquer qu'il manque au texte ces 24 lignes que l'évêque de Leiria-Fatima, Venancio, vit par transparence dans l'enveloppe adressée à Rome.
Le 13 mai prochain, on célébrera le centenaire de la première apparition. Je peux me tromper, mais je pense que d'ici là quelques nouveautés, y compris sensationnelles, pourraient émerger.

Voici donc ma traduction du très intéressant dernier article de Maike Hickson, elle-même citant un billet Giuseppe Nardi, le responsable du site catholique allemand Katholisches.info (que mes lecteurs connaissent bien), dont j'espère pouvoir fournir prochainement une traduction.

Nouvelle confirmation de la déclaration du Père Dollinger à propos du Cardinal Ratzinger

Maike Hickson
www.onepeterfive.com
10 mars 2017
Ma traduction

* * *

En mai 2016, OnePeterFive recevait un démenti public du Bureau de presse du Vatican pour l'histoire que nous avions publiée à propos de la partie apparemment encore manquante du Troisième Secret de Fatima. Le 15 mai 2016, le Dr Ingo Dollinger, un saint prêtre et ami de longue date du cardinal Joseph Ratzinger, nous avait confirmé que le cardinal - peu après la publication, le 26 Juin 2000 du Troisième Secret de Fatima - avait admis devant lui qu'une partie de ce secret n'avait toujours pas été publié.

Toutefois, dans le communiqué de presse du Vatican du 21 mai 2016, le pape Benoît XVI était lui-même mentionné comme ayant dit «ne jamais avoir parlé avec le professeur Dollinger à propos de Fatima» et, d'autre part, que «la publication du Troisième Secret est complète». Juste après ce démenti et l'affirmation ajoutée, le Dr Dollinger insista de nouveau pour apporter son propre témoignage. Dans le sillage de ce développement quelque peu troublant, nous avons donc enquêté pour avoir plus d'informations sur la vie vertueuse et le témoignage du Dr Dollinger - qui était également un proche collaborateur de Saint Padre Pio - et nous avons ensuite publié un court récit de sa vie, afin de donner plus de crédibilité et même une certitude morale à son histoire.

C'est donc avec beaucoup de gratitude, que nous pouvons annoncer aujourd'hui que Giuseppe Nardi, le responsable du site catholique allemand Katholisches.info, a trouvé une source personnelle supplémentaire qui confirme aujourd'hui notre précédente histoire, à savoir que le cardinal Ratzinger avait dit au Dr Dollinger qu'il y a encore une partie du Troisième secret de Fatima qui manque et n'a pas encore été officiellement publiée.

Giuseppe Nardi a pu rencontrer en Autriche, et ensuite interviewer un vieil ami proche du Dr Dollinger, Gottfried Kiniger. Kiniger est chapelier et vit dans le joli petit village de Sillian dans le Tyrol autrichien oriental. Il est aujourd'hui proche de 90 ans et durant sa vie, il a été très actif politiquement, ayant pris parti en faveur de la cause monarchiste et du Mouvement Pan-European (Paneuropa Bewegung) de Otto von Habsburg, et ayant également toujours été un défenseur public de l'église catholique. Comme il l'a dit à Giuseppe Nardi, il a rencontré régulièrement le Dr Dollinger au moins deux fois par an, après leur première rencontre dans les années 1990 à Salzbourg, en Autriche. Ce n'est que ces dernières années qu'en raison de leur âge avancé, ces deux amis n'ont plus été en mesure de se rencontrer en personne. Dans la mesure où le père Dollinger a vécu à Wigratzbad, en Allemagne, depuis sa retraite en 2004, les deux amis s'étaient souvent rencontrés dans ce village où se trouve aussi le séminaire de la Fraternité Saint-Pierre.
Comme le rapporte Nardi, il a rencontré pour la première fois Gottfried Kiniger le 21 Décembre 2016, et il a mentionné de façon tout à fait informelle l'histoire de Dollinger, telle qu'elle a été rapportée publiquement et diffusée plus largement après ce 21 mai 2016. Kiniger, qui n'utilise pas internet, n'avait pas encore entendu parler de cette histoire. Nardi poursuit, en disant:

Après avoir entendu parler du démenti [le 21 mai 2016] en provenance de Rome, Kiniger a été très bouleversé. Il ne pouvait pas imaginer que Benoît XVI ait fait une telle déclaration, parce que ce que lui avait rapporté Hickson était ce que lui avait dit Dollinger déjà en 2000. Pour cette raison, il y eut une seconde conversation au cours de laquelle le récit de Kiniger a été enregistré.

Cette deuxième conversation enregistrée a eu lieu trois semaines plus tard, le 17 Janvier 2017. Kiniger donna chaleureusement son accord pour la publication de son témoignage personnel sur l'affaire Dollinger. Dans ce qui suit, nous allons présenter le récit de Nardi et l'enregistrement technique des propres mots de Kiniger:

«Je ne me souviens pas de la date exacte» dit Kiniger , «mais on était encore en 2000, je suis sûr de cela. Je me souviens encore de la conférence de presse [à propos de la publication du troisième secret de Fatima] à Rome, comme elle avait été ensuite montrée à la télévision. À l'automne, je me suis rendu à nouveau, comme d'habitude, Dollinger avec qui je suis ami depuis de nombreuses années. A cette occasion, il m'a dit avoir rencontré le cardinal Ratzinger - alors préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi - peu de temps après [Juin 2000] la conférence de presse. Il a même ensuite con-célébré avec lui, ce qui Dollinger habituellement ne fait pas, mais Ratzinger l'avait invité à le faire. Après la célébration [du Saint Sacrifice de la Messe], Dollinger a parlé avec le cardinal et il a soulevé la question de Fatima et du Troisième Secret. Ratzinger lui a dit: "Ce que nous avons publié n'est pas tout le secret". ['Wir haben Veröffentlicht, ist nicht das ganze Geheimnis']. Dans la sacristie, il y avait d'autres prêtres, certains d'entre eux étaient des prêtres de haut rang - dont le cardinal dut s'occuper par intermittence. Mais il revint bientôt à Dollinger et lui dit: "Nous avons reçu l'instruction de le faire" [‘Es ist uns so aufgetragen worden.’] Cette même phrase, Dollinger l'a répétée une seconde fois:"Nous avons reçu l'instruction de le faire". Il [Dollinger] a interprété ces mots ainsi: que c'est Jean-Paul II qui le voulait et l'avait ordonné. Lors de cette réunion, quand Dollinger m'a dit toutes ces choses, d'autres personnes étaient également présentes, parmi eux mon propre compagnon.

Dans les années suivantes, Dollinger raconta cet épisode encore et encore, à plusieurs reprises, lors de nos rencontres. La plupart du temps, il y avait aussi plusieurs autres personnes présentes. Il n'y avait pas de secret, il n'y avait rien qu'il gardât secret. Voilà ce que le cardinal lui a dit, voilà ce qu'il a transmis à d'autres. Parfois, il y avait des prêtres et séminaristes également assis avec nous à la table, qui venaient du séminaire de la Fraternité Saint-Pierre à Wigratzbad. Je ne connais pas leurs noms. En tout état de cause, de nombreuses personnes ont entendu cette histoire au cours des années. Je peux personnellement témoigner de l'histoire depuis l'automne 2000, lorsque Dollinger me l'a racontée pour la première fois. Il n'y a pour moi aucun doute que le professeur Dollinger, en qui j'ai confiance totale, a décrit l'histoire d'une manière véridique. Quelle aurait été sa raison d'inventer une telle conversation et un tel contenu - et si peu de temps après la conférence de presse à l'époque - et puis aussi de le dire librement et ouvertement à tout le monde qui voulait l'entendre? Que Benoît le démente soudain, après 16 ans, est difficile à imaginer pour moi. Cela me semble assez peu plausible. Je ne sais pas pourquoi Rome fait cela. Je ne peux pas l'expliquer. C'est comme si quelqu'un voulait mettre le couvercle sur Fatima et de clore l'affaire. Mais ça ne marche pas. Mais, je ne sais pas pourquoi Rome a agi de cette façon».

Puissent ce nouveau témoin et ce nouveau témoignage apporter aujourd'hui un soutien supplémentaire digne de confiance au rapport honnête de Dr Ingo Dollinger. Puissent ces deux amis entrer maintenant dans l'histoire comme ayant contribué à faire ressortir la vérité complète sur Fatima et en particulier sur le Troisième Secret de Fatima. Puisse Rome enfin publier pour les fidèles et les autres la totalité du Troisième Secret de Fatima - dans notre époque de désordre et de confiance intimement rompue manque si cruellement.