Benoit-et-moi 2017
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Correction filiale: dénigrer les signataires

Telle est la stratégie des "ultra"-bergogliens. Un bel article de Marco Tosatti (26/9/2017)

La publication de la Correction filiale signée par 62 prêtres, théologiens et intellectuels, adressée au Pape à propos des hérésies figurant dans Amoris Laetitia a suscité dans la presse dite mainstream et les blogs des FDB (fans de Bergoglio) les réactions habituelles de dénigrement fielleux et de mépris affecté, destinées principalement à se rassurer eux-mêmes: les signataires seraient peu nombreux, pour la plupart inconnus (mais ils sont certainement très connus dans leur milieu), ne représenteraient qu'eux-mêmes, et - l'accusation qui tue - proches de l'extrême-droite et des mileux traditionalistes (position confirmée par la présence parmi eux de Mgr Fellay). Air connu. Qui oublie peut-être un peu vite les risques qu'ils courent pour leur carrière, et le courage qu'il leur a fallu pour sortir de l'ombre et cesser d'être des "anonymes", dans l'ambiance de chasse aux sorcières qui sévit actuellement, aussi bien dans la société que dans l'Eglise. Ceux qui les critiquent sont du reste les mêmes qui n'ont pas de mots assez durs pour villipender l'anonymat - justement - derrère lequel se cacheraint les blogueurs qui osent "critiquer" le Pape.

Chef de file et inspirateur de cette meute de "gardiens de la révolution" (bergoglienne!) l'incontournable Andrea Tornielli (qui aux dires de Riccardo Cascioli, jouit d'une «fréquentation assidue» du Pape [qu'il] informe systématiquement (...) faisant la liste des bons et des méchants»), lequel, sous une apparence fallacieuse d'objectivité, réagit dans un article fielleux sur Vatican Insider, au titre surréaliste (mais ô combien évocateur) «Il banchiere Gotti Tedeschi (con altri 61) accusa il Papa di 7 eresie». Le banquier contre le Pape des pauvres, tout est dit!!

Malheureusement, Tornielli, dont on ne dira jamais assez qu'il fut dans une autre vie un bon journaliste, cultivé et sérieux, a des disciples, moins talentueux que lui, qui passent leur temps, à grand renfort d'anathèmes et de non-arguments, à dénoncer tous ceux qui refusent de céder à la bergogliomania...

Cette mesquinerie du front bergoglien inspire à Marco Tosatti cette juste et apaisante réflexion: comme me l'écrit Isabelle «un vent frais de bon sens et d'honnêteté».

D'abord, dénigrer.
Les réponses à la correction: rapetisser, étiqueter, ghettoïser.
Et un silence du Pape, inacceptable

25 septembre 2017
www.marcotosatti.com
Ma traduction

* * *

Primum, dénigrer. Affubler l'adversaire d'une étiquette qui le mette de toute façon en difficulté par rapport à l'opinion publique, le placer sur la défensive. C'est un artifice rhétorique vieux comme le monde et bien connu de l'Église.
Ainsi, face à un événement certes exceptionnel et exceptionnellement difficile, comme la correction filiale signée - pour l'instant - par 62 personnalités du monde catholique, laïcs et prêtres (les cardinaux et les évêques, nous disent-ils, ont été volontairement exclus), nous avons deux réactions. La première, sur laquelle nous reviendrons, de la part de la personne directement concernée: le silence.
La seconde, de ses hommes de main, ou de plume, ou d'ordinateur, ou de télévision, si vous préférez: rabaisser, étiqueter sous forme ghettoïsante, faire comprendre qu'il s'agit de pauvres gens, et (horreur!) de droite. Autre réaction: prions pour eux, les pauvres, qui osent dire que le pape peut écrire des choses erronées! Ce n'est pas possible: le pape, c'est lui qui définit quelqu'un comme hérétique! Comment pourrait-il écrire des choses erronées?
Laissons à ceux qui en savent plus que nous le soin de réfuter cette thèse, qui semble attribuer au pape, toujours, de toute façon, et partout, des prérogatives dont il ne dispose pas et que personne n'a jamais revendiquées. Mais observons que dans les articles de critique, plus ou moins voilée, de l'initiative, il y a un élément qui est rigoureusement absent: l'évaluation si ce qui est dit dans la correction formelle a un sens, ou n'en a pas.

L'auteur de ces lignes est une personne lambda, sans titres académiques [ndt: saluons la vraie humilité de Marco Tosatti, surtout en Italie, où les titres universitaires sont un vrai marqueur social!!]. Il a reçu une formation classique, dans laquelle il a été formé à la logique. Or, la logique n'est pas catholique; c'est la base du raisonnement humain et c'est tout. Pour les catholiques aussi: parce que l'Esprit qui a tout créé a placé la logique comme fondement de sa création.
Voilà, tout cela pour dire, comme d'autres plus érudits et plus éloquents que l'auteur de ces lignes l'ont déjà fait, que lorsque les signataires de la Correction écrivent qu'en conséquence d'Amoris Laetitia et de ses interprétations confirmées: «Une personne, tout en obéissant à la loi divine, peut pécher contre Dieu en vertu de cette même obéissance» [Correctio, §4], ce n'est pas seulement la foi, qui peut éventuellement être blessée, mais la logique. Qui vient avant la foi. Et la même chose pourrait être observée pour toutes ou presque toutes les six autres observations. Ce que les coryphantes se gardent bien de relever: ils répètent «traditionalistes! conservateurs!» et ils pensent qu'ils ont résolu le problème, ou du moins qu'ils ont gagné leur salaire de la journée.

Je ne connais pas tous les 62 signataires; et même, je connais très peu d'entre eux; mais à un coup d'œil rapide à leur curriculum, il me semble que ce sont des gens d'étude et d'études (studio e studi). Liquider leurs souffrances et leurs efforts avec une étiquette est une opération de propagande qui hélas est désormais bien connue aussi dans l'Église. Certes, ils ont du courage; avec l'atmosphère qu'on respire depuis des années au Vatican et à l'extérieur, de contrôle, espionnage, punition et répression je ne dis pas de la dissidence, mais de toute idée qui n'est pas conforme, pour agir, ils doivent vraiment nourrir un grand amour pour l'Église, celle de toujours. Et préférer prendre des risques plutôt que de manquer au devoir de prendre la parole.

Cela nous ramène au début de notre réflexion. Depuis qu'Amoris Laetitia a explosé dans ses ambiguïtés dévastatrices au sein de l'Église, le Pontife régnant a reçu pétitions, appels, Dubia, lettres personnelles et privées de centaines de personnes, dont beaucoup ont consacré leur vie à l'Église et n'ont certainement pas - contrairement à d'autres - d'objectifs de pouvoir ou d'intérêt à défendre. A présent, presque comme un pas extrême, il y a la Correction.
À tout cela, il n'y a eu qu'une seule réponse: le silence. L'auteur de ces lignes comprend bien l'impasse dans laquelle les mauvais calculs, les bonnes intentions et les conseils empoisonnés ont pu conduire le principal protagoniste du drame. Et l'auteur de ces lignes comprend aussi l'effet dévastateur et dépressif que la reconnaissance de l'erreur pourrait avoir sur une personnalité particulière.
Mais le silence ne convient pas à celui qui est responsable de la foi d'un milliard deux cent millions de fidèles, parmi lesquelles la confusion augmente. Surtout s'il ne fait rien d'autre que parler, parler, parler... mais de tout autre chose.