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Des prélats qui ont oublié le Christ

Ils se déchaînent contre Trump et sa décision de dénoncer les Accords de Paris, mais négligent de défendre un bébé menacé d'euthanasie par les tribunaux britanniques (8/6/2017)

Ce qui fait vraiment scandale, c'est la réduction de l'Eglise du Christ au bras exécutif de l'ONU; c'est de voir le Saint-Siège très occupé non pas à annoncer le Christ, à le rendre présent à tous les hommes, mais à organiser le consensus autour de politiques globales par ailleurs discutables.

Il y a quelques jours, Giuliano Guzzo, sur Campari & de Maistre attirait notre attention sur deux faits qu'il mettait en parallèle, parce qu'ils témoignaient avec une évidence flagrante de la triste (et inquiétante) dérive de l'Eglise d'aujourd'hui. D'un côté les propos d'un "proche" du Pape, commentant la décision de Trump de se désengager des Accords de Paris sur le climat. De l'autre, le silence assourdissant de la hiérarchie de l'Eglise face à la nouvelle de la décision des tribunaux britanniques de laisser mourir Charlie, un bébé de 9 mois atteint d'une maladie rare.

Vatican. Le problème n'est pas l'infanticide, mais le CO2?

3 juin 2017
Giuliano Guzzo
www.campariedemaistre.com

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«Un désastre pour l'humanité et pour la planète».
«Le diable est une figure symbolique créé par nous».

Les premiers sont les mots avec lesquels Mgr Marcelo Sanchez Sorondo, chancelier de l'Académie pontificale des Sciences, a commenté la décision de Trump de se dégager de l'accord de Paris sur le climat, tandis que les seconds sont ceux que le Père Arturo Sosa, le général des jésuites, a confiés à El Mundo. Cela me semble être de très graves accusations; mais pas pour Trump ni même pour la théologie, mais pour l'Eglise.

Nous, brebis de plus en plus perdues, nous avons en effet de nombreux pasteurs qui ne se rendent pas compte que si d'un côté, ils nient l'existence du diable et la certitude des paroles du Christ (comme l'a fait récemment le même Père Sosa), et de l'autre tonnent seulement sur l'environnement et l'immigration, peut-être augmenteront-ils les dons à Save The Children et à Greenpeace, mais ils continueront de perdre des fidèles, lesquels, s'ils ne peuvent pas avoir la vraie Église, rechercheront au moins le vrai associationisme.

Un conseil, donc, à ceux qui désorientent le troupeau: si vous aimez vraiment les priorités sociales, avant de parler de CO2, vous devriez dire quelque chose à la défense de Charlie, le bébé de neuf mois atteint du syndrome de déplétion de l'ADN mitochondrial, qui risque d'être supprimé car, selon les juges anglais, le garder en vie ne serait pas éthique. Quelqu'un en effet a dit: «Tout ce que vous avez fait aux plus petits, vous l'avez fait à moi» (Mt 25:40).
Affirmation, chers pasteurs 2.0, qui mérite d'être écoutée, même si elle n'est pas de Marco Pannella, non?

A Charlie, la Bussola consacrait hier un article bouleversant - qui mériterait d'être traduit.
Le même jour, sur le même site, le directeur Riccardo Cascioli revenait sur les déclarations pour le moins déplacées de Mgr Sorondo et de ses inévitables confrères - toujours les mêmes, et comme par hasard, partisans convaincus du "nouveau cours" - , très impliqués dans la critique de Trump, mais très en retrait sur les "valeurs non négociables" de Benoît XVI.

Prélats anti-Trump sur le changement climatique: ils ont oublié le Christ

Riccardo Cascioli
7 juin 2017
www.lanuovabq.it
Ma traduction

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Qu'est-ce qui est pire: l'ignorance, l'idéologie ou le conformisme? C'est une question inévitable quand on lit - sidéré - les déclarations et les interviews de hauts prélats qui commentent, scandalisés, le retrait américain des Accords de Paris sur le climat.

C'est l'ineffables monsignor Marcelo Sanchez Sorondo, président de l'Académie pontificale des sciences et des sciences sociales, qui a commencé, parlant d' «un désastre pour le monde entier», d'un choix irrationnel, car il va à l'encontre la science et de l'évidence indiscutable selon laquelle les changements climatiques «ont des conséquences négatives sur la santé des personnes dans le monde entier». Évidence indiscutable? Peut-être Mgr Sorondo pourrait-il jeter un oeil aux nombreuses interventions, faites en son temps également au Vatican par le professeur Antonino Zichichi, fondateur de la Fédération mondiale des scientifiques, qui en termes de science a quelques titres de plus que le monsignor et qui depuis des années rejette comme un canular la théorie du réchauffement climatique d'origine anthropique. Parce que c'est de cela que nous parlons, autrement dit de la théorie selon laquelle il existerait aujourd'hui une altération du climat causée par l'activité humaine, qui mène à la catastrophe la planète entière. Ou bien il pourrait écouter cette courte vidéo du professeur Carlo Rubbia, Prix Nobel de physique, qui tente d'expliquer à la Commission Environnement du Sénat, les idioties sur le climat et l'énergie qui sont vendues par la science.

Sorondo n'a évidemment pas été le seul: dans sa roue, il a été suivi par le cardinal Peter Turkson, préfet du Dicastère pour le développement humain, qui a accusé le président américain Donald Trump de «politiser» la question du climat qui est «un bien public mondial». Politiser? Mais c'est précisément la théorie anthropique du réchauffement climatique qui est «politique», comme le montre l'histoire de la façon dont ce concept a vu le jour (pour l' histoire complète cf. R. Cascioli, Il clima che non t'aspetti).

Ensuite, ne pouvait manquer le cardinal Reinhard Marx qui, en tant que président des Conférences épiscopales de la Communauté européenne (COMECE), a parlé de «dur coup infligé au climat de confiance global qu'avait engendré» l'Accord de Paris. Mais le cardinal Marx a-t-il jamais lu l'Accord de Paris? Parce que si quelqu'un croit vraiment à la théorie du réchauffement climatique anthropogénique et à la catastrophe prochaine, eh bien l'Accord de Paris ne peut que le jeter dans le désespoir, pas la confiance: réduction des émissions de dioxyde de carbone, mais sur une base volontaire et dans un temps allant jusqu'en 2100. A mourir de rire.

Enfin, à la surprise générale, le cardinal Gianfranco Ravasi a voulu lui aussi dire son mot, on ne sait pas bien à quel titre. En effet, il accuse Trump de ne pas avoir pris en compte «le tout, l'interconnexion, le général, le monde», parce que la personne humaine est «relation». Bref, Trump s'est «isolé», il a effacé la «solidarité» comme si la solidarité était une valeur en soi et non, au contraire, liée au bien commun à poursuivre.

Et puis, une fois de plus, la confusion entre le changement climatique et la pollution atmosphérique. Nous n'en pouvons plus [mais] essayons de réexpliquer: le dioxyde de carbone (CO2) non seulement n'est pas un polluant, mais il est la "brique" de la vie, sans CO2, il n'y aurait pas de vie. Le dioxyde de carbone est en revanche un gaz à effet de serre, considéré par une partie des scientifiques comme responsable du réchauffement climatique. Mais sur le total des gaz à effet de serre, le dioxyde de carbone ne représente pas plus de 5%, car le principal gaz à effet de serre (environ 90% du total) est la vapeur d'eau. Bien que l'utilisation de combustibles fossiles provoque à la fois les émissions de CO2 et la pollution, il n'y a pas de relation directe, tant il est vrai que dans le monde occidental, la pollution atmosphérique diminue et les émissions de CO2 augmentent. Mais même la relation entre le CO2 et le changement climatique reste à vérifier, au point que depuis 15 ans, il y a une pause dans l'augmentation des températures mondiales et les émissions de CO2 continuent d'augmenter.

Ignorance, approche idéologique, conformisme. Peut-être est-ce une combinaison des trois facteurs qui détermine les déclarations de ces éminents représentants de l'Église. Mais finalement, ce n'est même pas cela le plus important. Ce qui fait vraiment scandale, c'est la réduction de l'Eglise du Christ au bras exécutif de l'ONU; c'est de voir le Saint-Siège très occupé non pas à annoncer le Christ, à le rendre présent à tous les hommes, mais à organiser le consensus autour de politiques globales par ailleurs discutables.

Dans les Sièges internationaux, jusqu'à récemment, l'Eglise catholique était l'unique point de résistance à l'idéologie mondialiste; non par parti pris mais parce qu'elle avait à coeur uniquement l'homme, sa dignité, sa liberté, remises en question par cette idéologie. Aujourd'hui , non seulement elle a cessé de résister, elle semble même essayer de prendre la direction du Nouvel Ordre Mondial. D'où la colère de ces prélats pour la position assumée par Trump, qui s'est retiré de ce mondialisme dépourvu de sens.

Cela aussi est un effet de la protestantisation en cours dans l'Eglise: en effet, le catastrophisme écologique est né dans le monde de tradition protestante et provient de la conception totalement négative de l'homme issue de Luther et de ses successeurs. Et nous sommes en train de tomber dedans.

Cerise sur le gâteau (si l'on peut dire) ou plutôt, point d'orgue de cette argumentation: l'un des derniers tweets de @pontifex alias Pape François: