Benoit-et-moi 2017
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Désastre pastoral au Brésil (II)

Le billet du "curé madrilène" (8/1/2017)

Le Père Jorge Gonzáles Guadalix, après avoir évoqué la dé-catholisation de son pays (Le triste record de l'Espagne) et ses causes, se penche sur la situation du Brésil…

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Désastre pastoral au Brésil (I)

Débacle de l’Église catholique au Brésil


P. Jorge González Guadalix
Texte original ici: infocatolica.com/blog/cura
Traduction de Carlota

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On raconte, au sujet d’un sage, qu’un jour…
Eh bien c’est ce qui nous arrive à nous les Espagnols. Vous voyez bien comment les choses se passent pour nous. L’autre jour, je l’ai raconté dans un « post » qui a reçu un bon nombre de visites et un très important lot de commentaires. Les faits sont ce qu’ils sont.
Mais soyons tranquilles, il ne se passe rien, il y a même des gens qui sont dans une situation pire encore. Par exemple, le BrésiL Et j’en reviens au fait que les chiffres sont têtus. En deux ans l’Église catholique au Brésil a perdu neuf millions de fidèles, l’Église catholique qui rassemblait 60% de la population brésilienne est passé à 50% Dix points de perte en deux ans.
Et alors, quoi ? Des commentateurs de mon billet sur la perte de fidèles en Espagne, restent bien tranquilles en rejetant la faute sur Franco qui se trouve sous les dalles de la Vallée des Morts (ndt: Monastère de la "Valle de los Caídos") depuis plus de quarante ans. C’est peu. Il y en a qui continuent à rejeter la faute de toutes choses sur le pauvre Constantin (ndt: l’empereur Constantin et son édit qui permis la libre pratique de la religion chrétienne dans l’empire romain !). Nous avons eu du temps pour régler l’affaire.
Et au Brésil ? Sur qui allons-nous rejeter la faute ? Sur Getulio Vargas (ndt: chef d’état brésilien 1882- 1952, régime autoritaire) ou sur Juscelino Kubitschek (ndt autre chef d’état brésilien1902-1976, notamment à l’origine de la capitale moderne de Brasilia) ? Pas non plus sur l’Eglise rétrograde et immobiliste, incapable de comprendre et vivre les temps nouveaux du Concile. Tout ce que les plus rénovateurs demandent, se vit au Brésil depuis des décennies. Et en deux ans, dix points en moins.
Le Brésil a été le siège des évêques considérés comme les plus progressistes de Helder Cámara à Casaldáliga (voir ici) en passant pas Paul Evaristo Arns (ndt: il est question de lui dans l'interview de Leonardo Boff). Le Brésil, la terre des communautés chrétiennes de base, des Boff et des "Frei" Betto, de l’opposition frontale à tant de directives vaticanes. Le Brésil c’est l’Église du peuple, la libératrice, celle des compagnies de la fraternité. Le Brésil serait le paradigme d’une Eglise rénovée, celle du peuple, une Eglise libre, remplie de la Parole, solidaire. La terre où Leonardo Boff (cf. interview de Leonardo Boff) continue à célébrer la messe si on lui demande et où le cardinal Arns, selon Boff, invite des prêtres sécularisés à concélébrer avec lui. Une Église, qui semblerait, plus évangélique, solidaire, ouverte et engagée qu’aucune autre. Et plus encore.
Le Brésil c’est la Théologie de la Libération à la première personne. C’est la nouvelle Église et celle définitive du Christ, dépassé Constantin et évidemment ne parlons pas de l’évangélisation hispanique. Une telle Église devrait être un exemple et un miroir dans lequel il convient de regarder la catholicité universelle. Oui, où il convient de regarder si l’on veut en finir avec l’Église Catholique à court terme, pour ne pas dire très court terme.
Les gens, le peuple de Dieu, ce peuple de Dieu qu’il faut écouter, avec lequel il faut compter, qui est la voix d’en haut parce que son sens de la foi marque ce que doit être la vie de l’Église. Les gens qui selon les plus grands théologiens de la libération, doivent être les protagonistes de leur propre histoire, et dont la voix doit être écoutée, avant tout, pour connaître leurs désirs, leurs aspirations, leurs besoins, leurs expériences, regardez-donc où ils sont, je ne le dis pas en parlant, mais en criant. Et ces gens, ils l’ont fait en abandonnant une Église qui ne leur convenait en rien. Et ne rejetez pas non plus la faute sur le Vatican, parce que selon Leonardo Boff lui-même, « le Pape est des nôtres ».
Et sauf votre respect. Le Pape "des nôtres", la théologie de la libération, les communautés de base, nous qui sommes bons et ces gens qui, disent-ils, sont ceux qui savent réellement discerner la volonté de Dieu, ils prennent la poudre d’escampette pour ne pas revenir. Neuf millions s’en sont allés en deux ans. Dix points de moins. Au Brésil. Et eux tous, si heureux.
Il serait intéressant de savoir dans quel diocèse le pourcentage est le plus élevé ou le plus bas, peut-être qu’un lecteur le saura. Mais les chiffres sont là pour ne pas passer son temps à danser de nouveau la samba, les années à venir.