Benoit-et-moi 2017
Vous êtes ici: Page d'accueil » Actualité

Fatima: autour d'un faux scoop

Celui de Marco Tosatti, avant hier. Mea culpa. Et leçons à en tirer (24/3/2017)

Attention! Je n'ai pas l'intention de battre ma coulpe sur la poitrine d'autrui. Le "mea culpa" est le mien, il n'est pas question d'y associer Marco Tosatti, qui est et reste un très bon et honnête journaliste, et une source irremplaçable d'informations!

>>> Fatima, nouvelles révélations

Ce scoop, je l'avais aussitôt repris, et j'ai bien peur d'avoir péché par imprudence, ou au moins par précipitation. Du reste, les commentaires dubitatifs, ou ironiques ont immédiatement inondé le blog de Marco Tosatti, dont j'imagine l'embarras (encore que la prétention de certains, qui connaissent un sujet superficiellement et seulement par ouï-dire, à faire la leçon à des spécialistes ne laisse pas d'agacer). Dans un premier temps, j'ai pensé effacer mon article, et puis j'ai décidé de le laisser, considérant qu'une fois mis en ligne, un texte, d'une certaine façon, ne m'appartient plus mais vit sa vie propre, un peu comme une bouteille qu'on jette à la mer.

Bien qu'ayant gardé une réserve prudente, j'ai en effet pu donner l'impression de penser que le document reproduit par Marco Tosatti POUVAIT ÊTRE VRAI. Sans doute parce que j'avais envie d'y croire. Si j'avais effectivement noté avec une certaine perplexité qu'un texte de 1960 parlait du Pape Jean-Paul II (naïvement, j'avais seulement pensé qu'après tout, une "voyante" pouvait bien connaître certains faits du futur!), je n'avais pas relevé la date du 1er avril (encore que dans un article ultérieur, Tosatti parle aussi du 1er septembre - c'est vrai que dans l'écriture de Soeur Lucie, le "4" du mois d'avril ressemble au "9" du mois de septembre, comme on peut le vérifier sur le fac similé de la lettre). Un autre point intéressant, c'est que la première parution du document sur internet remonte comme je l'ai immédiatement vérifié, à 2010, ce qui exclut que le Pape "qui avait le regard du mal", évoqué dans la lettre apocryphe soit François. Que les bergogliens se rassurent....

Ce qui me console c'est qu'un connaisseur aussi sérieux et fiable que Marco Tosatti, lui-même auteur d'un ouvrage reconnu sur le Troisième Secret, y ait cru.
Le lendemain, il a d'ailleurs publié sur la Bussola un article embarrassé, pour tenter d'expliquer ce qui à mon avis (celui d'aujourd'hui, s'entend!) est inexplicable.
Je l'ai traduit, pour information.
Quant à Antonio Socci, lui-même grand spécialiste de Fatima, il dit sûr que la lettre est un faux (ce qui n'enlève rien au fait que les prévisions AVÉRÉES AUTHENTIQUES de Soeur Lucia sont "terrifiantes"), et il a écrit un article sur Libero en ce sens. Que j'ai également traduit.

En conclusion, je peux seulement citer deux adages populaires: 1. Tout le monde peut se tromper; 2. faute avouée est à moitié pardonnée.
Ce sont des lieux communs, mais tellement vrais!
En d'autres termes: lorsqu'on a fait une erreur, il faut avoir l'honnêteté de la reconnaître (une pratique peu répandue parmi les "opinionistes", malheureusement).
L'autre leçon, c'est la prudence et la rigueur plus que jamais de mise dans le choix des sources. Sinon, on risque d'être la victime de ce que Steve Skojec, sur One peter Five, nomme "fake catholic news" (cf. François 4 ans après (II)) propagées à dessein par ceux qui veulent discréditer certaines personnes ou certaines théories.

Les justifications de Marco Tosatti

Le mystère de la vision «inédite» de Sœur Lucie

Marco Tosatti
22/03/2017
www.lanuovabq.it

* * *

Comme c'était prévisible, le livre de José Maria Zavala, publié hier en Espagne, «El secreto mejor Guardado de Fátima», dont nous avons parlé hier, a provoqué une large discussion sur le web. En particulier, la partie relative à une présumée lettre de Sœur Lucie, qui pourrait être la partie « manquante » du Troisième Secret. Un texte analogue à celui publié par Zavala dans son livre est apparu pour la première fois en 2010, également en format numérique (c'est-à-dire que personne n'a vu ni ne peut dire avoir eu entre les mains un original papier) sur le site «Tradition in action» géré par un brésilien, Atila S. Guimarães, qui a affirmé l'avoir reçu 27 Avril 2010, par un de ses lecteurs.

A l'époque comme aujourd'hui, où le livre de José Maria Zavala en discute, après avoir demandé et obtenu une analyse graphologique à un graphologue expert auprès de la Cour de Madrid, Begona Slocker de Arce, rien de définitif ne peut être réellement dit; même si l'absence d'un document papier, et l'imprécision des sources sont un obstacle sérieux à la possibiité de se former une opinion qui soit suspensive de jugement.

Lorsque nous avons reçu et examiné le texte en PDF du livre de Zavala, nous lui avons demandé différents éclaircissements: s'il a essayé de remonter à l'expéditeur du mail anonyme, dont il disait avoir reçu le document, en utilisant l'adresse IP, ce qui est partiellement possible même pour un particulier; et surtout s'il dispose d'un document original, non numérique. L'hypothèse qui fait son chemin est que l'auteur avait (a) en fait un document original, obtenu d'une personne qui a été dans le passé proche de Sœur Lucie, et qui afin de « couvrir » sa source a déclaré une source anonyme du message. Mais les réponses à ces questions ont été reportées à la rencontre du 6 Avril, à Madrid, pour la présentation de l'ouvrage.

Si le texte publié par Zavala et celui de «Tradition in action» coïncident, les réserves exprimées dans la recension du livre s'avèrent également valides. Parce que, comme nous le font remarquer des experts dans ce domaine, en disposant de textes originaux manuscrits de Sœur Lucie, avec Photoshop, il serait possible de construire un nouveau document ou d'en modifier un existant. Et probablement - mais cela devrait être confirmé - si l'opération a été menée par un spécialiste qualifié, elle pourrait également affecter ce qui est le principal point d'intérêt et de force dans la présentation du document de Zavala, autrement dit l'expertise graphologique, même menée avec tous les moyens techniques à sa disposition par un professionnel très expérimenté.

Le texte reçu en Avril 2010 par «Tradition in action» venait du Portugal. Il est donc probable que s'il s'agit d'un document créé à une table, ou modifié en partie, il vient de là. Mais peut-être pas d'un Portugais; en fait, la date peut être interprétée comme le 1er Avril 1944, ou le 1er Septembre 1944, si elle est écrite comme c'était l'usage en en Europe et au Portugal à l'époque. Mais nous savons par d' autres sources que Sœur Lucie a écrit ce qu'elle devait écrire en obéissance à l'évêque dans les premiers jours - du 2 au 9 Janvier - de 1944. Donc , si le « 1 », le premier chiffre de la date, signifiait Janvier, cela voudrait dire que sœur Lucie - ou qui que ce soit à sa place - avait utilisé un système de datation en vigueur aux États-Unis. Ce qui semble certainement pour le moins problématique. À moins qu'on ait voulu introduire délibérément une erreur dans le texte; tout comme est problématique l'utilisation du terme «cathédrale de Rome»

Dans la recension du livre publiée hier, nous nous sommes demandés si quelqu'un avait voulu tendre volontairement un piège pour discréditer un auteur et journaliste fortement impliqué à diffuser et faire connaître l'œuvre et la personne de Padre Pio de Pietrelcina en Espagne. C'est une hypothèse qui reste valide, si d'autres éléments ne viennent pas à l'appui de l'authenticité de la lettre. En même temps, nous vous rapportons l'opinion d'Atila de Guimarães. Le directeur de «Tradition in action» suggère que le texte ainsi modifié a été rendu public pour discréditer ou invalider l'idée qu'il y a une partie du secret non révélé, et que celle-ci concerne (comme cela a été dit à plusieurs reprises dans le passé, y compris par des personnalités de premier plan), une crise dans l'Église.

Une fois mises en oeuvre toutes les précautions possibles, le problème central du message de Fatima tel qu'il a été traité reste pourtant non résolu. C'est-à-dire qu'on n'a pas clarifié les incohérences, les contradictions et les lacunes qui laissent supposer, non sans fondement logique que tout n'a pas été divulgué. Et que peut-être quelqu'un, même au Vatican, voudrait qu'au contraire.

Les réserves d'Antonio Socci

Nouveau texte apocryphe sur Fatima. En attendant, ceux qui sont authentiques sont ignorés et troublants

www.antoniosocci.co
22 mars 2017

* * *

Un livre de l'écrivain catholique José Maria Zavala vient de sortir en Espagne et fait déjà du bruit ici aussi. Il s'intitule “El secreto mejor guardado de Fatima” - le secret le mieux gardé de Fatima, parce qu'il enquête sur la possibilité que le fameux «Troisième Secret de Fatima» n'ait pas été révélé en totalité en 2000, lorsque le Vatican l'a publié.
A la vérité, l'auteur propose même le scoop (présumé) du texte manuscrit de Sœur Luca qui aurait été caché pendant des années.
Avant tout, je dois dire que pour moi, pour de nombreuses raisons, il ne semble pas s'agir d'un texte authentique de la voyante de Fatima. C'est pourquoi, bien qu'ayant reçu le PDF du livre par l'auteur, il y a quelques jours, je n'en avais pas parlé. Sauf qu'hier, l'"affaire" médiatique a éclaté et il est donc nécessaire de clarifier certaines choses.
Le texte publié par Zavala - s'il était authentique - concorderait avec la vision célèbre de «l'évêque vêtu de blanc» publié par le Vatican en 2000, celle qui se termine par le martyre du vieux «Saint-Père», d'ecclésiastiques et de fidèles, sous une grande croix .
Mais déjà ici, ça ne colle pas parce que le texte de cette vision a été écrit par Sœur Lucie le 3 Janvier 1944, et son évêque a été informé le 9 Janvier. Alors que le texte de Zavala est daté du 1er avril 1944 (poisson d'avril?) et commente une autre présumée vision qui en réalité n'a jamais été décrite précédemment par la voyante (surtout, il s'agit d'un commentaire de Sœur Lucie elle-même, et non de la Sainte Vierge). Ce qui supposerait de toute façon qu'il manque un passage (le vrai «quatrième secret»).

LE TEXTE
----
Quoi qu'il en soit, voici l'écrit - dont la traduction italienne a été proposée hier par Marco Tosatti (sans en accréditer l'authenticité):

«Maintenant, je vais vous révéler le troisième fragment du secret; cette partie est l'apostasie dans l'Eglise. Notre-Dame nous a montré une vision d'un individu que je décris comme 'le Saint Père', devant une multitude qui fait son éloge.
Mais il y avait une différence avec un vrai Saint-Père, le regard du diable, celui-là avait les yeux du mal.
Puis, quelques instants plus tard, nous avons vu le même Pape entrer dans une Église, mais cette Église était l'Église de l'enfer, il n'y a aucune manière de décrire la laideur de cet endroit, il ressemblait à une forteresse en béton gris, avec des angles brisés et des fenêtres comme des yeux, il y avait un pic sur le toit de l'édifice.
Nous avons tout de suite levé les yeux vers Notre-Dame qui nous a dit vous avez vu là l'apostasie dans l'Eglise, cette lettre peut être ouverte par le Saint-Père, mais elle doit être annoncée après Pie XII et avant 1960.
Sous le règne de Jean-Paul II (ndt: ???) la pierre angulaire de la tombe de Pierre doit être enlevée et transportée à Fatima.
Puisque le dogme de la foi n'est pas conservé à Rome, son autorité sera enlevée et donnée à Fatima.
La cathédrale de Rome doit être détruit et un nouvelle construite à Fatima.
Si 69 semaines après que cet ordre soit annoncé, Rome continue son abomination, la ville sera détruite.
Notre-Dame nous a dit que c'est écrit, Daniel 9,24-25 et Matthieu 21: 42-44».


* * *

En réalité, ce texte était déjà sorti en Avril 2010, sur un site internet: «Tradition in Action». Lequel le proposait de manière quelque peu critique.

EXPERTISE ET ERREURS
------
Zavala, qui est un écrivain catholique éminent, a pourtant soumis le texte à une minutieuse étude graphologique, par une experte de compétence reconnue qui travaille pour les tribunaux espagnols.
La graphologue a conclu que ce texte a été écrit par la même main qui rédigea il y a plus de 70 ans, les autres parties du Secret de Fatima, autrement dit Sœur Lucia dos Santos, la voyante de Fatima .
Cependant, il y a un problème: l'expertise n'a pas été faite sur l'original, parce que Zavala a reçu le document d'une source anonyme, par mail. Si j'ai bien compris, il ne dispose pas de la version papier.
Le doute très fort, donc, est que - à l' aide des nombreux textes autographes de Sœur Lucia sur le réseau - avec un bon programme , il était possible à quelqu'un, qui est resté anonyme, construire un texte apocryphe en utilisant l'écriture du même devin.

En dehors de cela , il y a des détails du texte qui suscitent le plus grand scepticisme, comme le terme « cathédrale » en référence à la basilique Saint-Pierre (la cathédrale de Rome est en fait Saint-Jean de Latran). D'autres choses sont très tordues, de la référence aux «69 semaines» du prophète Daniel (avec la destruction de Rome) à l'expression erronée relative à 1960.
Mais c'est l'ensemble qui apparaît insensé. Je pense donc qu'il s'agit d'un énième faux sur le Troisième Secret. Ces apocryphes prolifèrent parce que désormais, il est de plus en plus évident qu'il manque quelque chose au texte de la vision révélée par le Vatican en 2000.


PAROLE DE BENOÎT
----
En 2006, j'ai publié «Il quarto degreto di Fatima», une enquête mettant en évidence de nombreux indices qui indiquent l'existence d'une partie non publiée du «troisième secret».
Marco Tosatti lui-même a publié le livre «Il segreto non svelato»
et ces jours-ci est sorti «Fatima. Tutta la verità», de Saverio Gaeta, qui reprend méthodiquement tous les indices. Et ils sont désormais nombreux.

Le plus autorisé est venu de Benoît XVI lui-même qui - en pèlerinage à Fatima le 13 mai 2010, contredisant de fait ce qu'avait écrit son secrétaire d'Etat - affirmait: «Celui qui penserait que la mission prophétique de Fatima est achevée se tromperait» (w2.vatican.va).

En avion, conversant avec les journalistes, il expliquait que - en même temps que la souffrance du pape, que «nous pouvons en premier lieu rapporter à Jean-Paul II» - dans le Message de Fatima il y a beaucoup plus, parce que «sont indiquées des réalités de l’avenir de l’Église qui au fur et à mesure se développent et se manifestent ... et donc ce sont des souffrances de l’Église qui sont annoncées. [...]. Quant aux nouveautés que nous pouvons découvrir aujourd’hui dans ce message, il y a aussi le fait que les attaques contre le Pape et contre l’Église ne viennent pas seulement de l’extérieur, mais les souffrances de l’Église viennent proprement de l’intérieur de l’Église, du péché qui existe dans l’Église. En effet, a-t-il ajouté, «la plus grande persécution de l’Église ne vient pas de ses ennemis extérieurs, mais naît du péché de l’Église».

Donc - concluait Papa Ratzinger - «nous devons ré-apprendre cet essentiel : la conversion, la prière, la pénitence et les vertus théologales». Parce que - a expliqué le Pape - «la foi dans de nombreuses régions du monde, risque de s'éteindre comme une flamme qui n'est plus alimentée» (w2.vatican.va).

Mais cela, ajoutait le Saint-Père, a également une sombre réverbération sur le monde. En effet, rappelait-il «l’homme a pu déclencher un cycle de mort et de terreur, mais il ne réussit pas à l’interrompre».


LA VRAIE VISION DE LUCIA
------
Parmi les choses qui pourraient être contenues dans le Secret de Fatima, il y a justement une vision prophétique terrifiante sur le monde de Sœur Luca, celle-là authentique parce qu'elle a été publiés par ses sœurs de Coimbra dans un volume de 2014 qui puise dans les lettres de la voyante et dans son journal inédit.
C'est une vision glaçante liée précisément au Troisième Secret .

Soeur Lucie écrit:

«J'ai senti l'esprit inondé par un mystère de lumière qui est Dieu, et en Lui, j'ai vu et entendu: la pointe de la lance comme une flamme qui se détache, touche l'axe de la terre, et celle-ci tremble: les montagnes, les villes et villages et leurs habitants sont ensevelis. La mer, les rivières et les nuages sortent des limites, ils débordent, ils inondents et entraînent avec eux dans un tourbillon, hommes et maisons en nombre impossible à compter, c'est la purification du monde du péché dans lequel il est plongé. La haine, l'ambition, provoquent la guerre destructrice. Après, j'ai entendu dans la palpitation accélérée de mon coeur et dans mon esprit une voix douce disant: "dans le temps, une seule foi, un seul baptême, une deule Eglise, sainte, catholique et apostolique. Dans l'éternité le ciel!". Ce mot "ciel" remplit mon cœur de paix et de félicité».

Celui-là, c'est un texte vraiment authentique, il est relatif au troisième secret de Fatima et devrait faire réfléchir très sérieusement.

Antonio Socci