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François n'est pas Charlie

Le Pape néglige (ou refuse) de faire entendre la voix forte du chef de l'Eglise en défense du bébé atteint d'une maladie rare qui doit être débranché par décision des tribunaux britaniques (2/7/2017)

Nous en avons brièvement et certainement trop peu parlé ici: Des prélats qui ont oublié le Christ .
En Italie, les blogs catholiques (la Bussola, Campari $ de Maitre, Corrispondenza Romana et bien sûr Antonio Socci) et les réseaux sociaux sont vent debout pour défendre le petit Charlie - ce bébé de 9 mois atteint du syndrome de déplétion de l'ADN mitochondrial, qui risque d'être supprimé car, selon les juges anglais, le garder en vie ne serait pas éthique -, et le combat de ses parents.
En France, c'est Jeanne Smits, bien isolée (mais je suis mal placée...) qui a repris le flambeau, ses articles sont à lire ici:

Mais le plus choquant, c'est l'attitude du Pape, comme en témoigne impitoyablement l'article publié hier par Antonio Socci sur Libero:

Le petit Charlie et nous.
Comment le peuple de la vie a mis Bergolio en échec pour son silence obstiné

www.antoniosocci.com
1er juillet 2017
Ma traduction

* *

La tragédie du petit Charlie a troublé l'âme de très nombreuses personnes, tant laïques que catholiques. Il y a en plus une torture supplémentaire, parce que les parents auraient au moins voulu ramener le bébé à la maison ...
Hier, au fur et à mesure que les heures passaient, une vague d'émotion et de douleur a traversé de nombreuses consciences, les téléphones de l'ambassade britannique et la messagerie électronique l'hôpital ont été saturés, si bien que quelques jours de répit ont été accordés à l'enfant.
Des centaines de veillées de prière se sont organisées spontanément, partout, et de nombreux catholiques ont pris d'assaut le standard téléphonique de la Secrétairerie d'Etat du Vatican et de Sainte Marthe pour demander une intervention urgente du Pape Bergoglio .
Lui parle de tout, tous les jours. Il a même tonné contre les gens qui se teignent les cheveux («Cela me fait mal quand j'en vois qui teignent leurs cheveux »). Mais - en dépit des requêtes - Bergoglio a obstinément refusé de dire un mot pour la défense de la vie de Charlie Gard - silence total comme pour Asia Bibi et pour tous les cas non «politiquement corrects».
Et pourtant, la vie du petit Charlie devrait être un peu plus importante que le problème de la teinture des cheveux qui hante l'évêque de Rome.
Alors, le bouche à oreille - sur internet - a fait circuler les numéros de téléphone vaticans et une invitation à le faire savoir à l'intéressé.
Un déluge d'appels téléphoniques s'est abattu sur Sainte Marthe (même le «Daily Mail» en a donné la nouvelle). Les sœurs du standard (qui a "sauté") répondaient: « ... il y a énormément d'appels».
Certains ont même tenté à douze reprises d'obtenir la ligne. Après un certain temps, les sœurs ont commencé à leur donner les réponses qui leur ont été suggérées d'en haut.
Un des innombrables coups de fil: «J'appelle pour demander d'urgence que le pape intervienne de façon concrète pour sauver la vie du petit Charlie Gard».
Réponse de la sœur: «Oui, le pape est en train de prier pour tous ceux qui doivent prendre une décision». Réplique: «Non, la décision, ils l'ont déjà prise. Il doit intervenir immédiatement pour le sauver». A l'autre bout du fil, silence embarrassé puis: «Oh, je comprends, nous prions ... ».
Certains demandaient d'en référer au pape et à Mgr Paglia, qui doivent sortir des palais du pouvoir, d'autres disaient qu'ils sont loin du cœur du peuple chrétien et doivent écouter le peuple de Dieu, ajoutant aussi qu'il y a beaucoup d'indignation.
Les sœurs répondaient: «D'accord. J'essaie de vous passer quelqu'un». Mais personne, dans les bureaux appelés, ne répondait.
Après un peu de temps, les sœurs ont commencé à répondre que «le pape a été informé». Puis à Sainte Marthe, quelqu'un qui souhaite constamment recevoir des applaudissements et des éloges (et se plie en quatre pour être encensé par les médias), a commencé à s'inquiéter et à se mettre en colère.
Alors, les sœurs ont eu des instructions plus dures et ont commencé à dire qu'il ne fallait pas encombrer les lignes et que Mgr Paglia s'était déjà exprimé.
Mais c'est précisément parce que les propos de Paglia avaient troublé [cf. l'article de Jeanne Smits] que le peuple chrétien exigeait une parole claire de Bergoglio en défense de la vie de l'enfant.
(...)

C'est une génération qui a grandi avec Jean-Paul II et Benoî XVI, une génération qui ressent dramatiquement la pente dangereuse que l'on suit depuis désormais des années (surtout en Europe), une pente idéologique ennemie de la vie humaine (il suffit de penser à l'avortement). Tous ont dit cette fois: «Je suis Charlie».
C'est la génération qui a encore dans le cœur les mots passionnés qui Jean-Paul II lui a confiés en guise de testament spirituel quand il a écrit cette prière-promesse:

«Nous nous lèverons chaque fois que la vie humaine est menacée ...
Nous nous lèverons chaque fois que le caractère sacré de la vie avant la naissance est attaqué.
Nous nous lèverons et proclamerons que personne n'a le pouvoir de détruire la vie à naître ...
Nous nous lèverons quand un enfant est considéré comme un fardeau ou seulement comme un moyen de satisfaire une émotion et crierons que chaque enfant est un don unique et irremplaçable de Dieu ...
Nous nous lèverons quand les faibles, les personnes âgées et les mourants sont abandonnés dans la solitude et proclamerons qu'ils sont dignes d'amour, de soins et de respect».


C'est le peuple de la vie qui seul (sans chefs), a élevé la voix: ce sont eux qui, hier, ont fait savoir au locataire actuel de Sainte Marthe qu'il n'est pas dans ce fauteuil pour traiter du sort des moustiques et des petits vers, comme Bergoglio l'a fait sur un ton douloureux dans son encyclique écologiste.
Les attaques contre ceux qui se teignent les cheveux, ça suffit aussi. Il faut défendre la vie humaine, en commençant par les plus petits et sans défense.
Ç'a été une insurrection, un «à présent, ça suffit» populaire. Hier, en début d'après midi, une invitation à une veillée de prière organisée pour le soir même, à 19 heures, devant l'Obélisque place Saint-Pierre a circulé via le téléphone mobile.
Le peuple de la vie s'est heurté à Sainte Marthe au mur de l'indifférence et de l'hostilité de Bergoglio (comme pour le Family Day). Il ne construit pas des ponts vers eux, seulement des murs.
Mais certains ecclésiastique se sont laissé entraîner vers la juste attitude. Le nouveau président de la CEI, Bassetti - peut-être dans un sursaut de conscience, qui lui a fait oublier pendant un instant le bergoglisme acquis, et se souvenir qu'il avait été nommé évêque par Benoît XVI - a été induit par la pression populaire, à faire une déclaration claire: «Cette histoire déchirante touche l'âme de chaque personne et ne peut laisser personne indifférent. Toute action qui met fin à une vie est une fausse conception de la liberté. Chaque vie du début à la fin doit être accueillie et défendue».
Ce n'est pas beaucoup, mais c'est déjà quelque chose.

Mieux que Bergoglio, il y a aussi le comportement du Président de la République Mattarella .
Ces derniers jours, plus de cinq mille personnes avaient signé un appel pour son intervention en faveur de Charlie.
Le président n'a pas été sourd et indifférent et a immédiatement activé ses bureaux pour voir s'il pouvait parcouvrir les voies suggérées dans l'appel.
Il a tenu ensuite à faire savoir qu'il avait essayé, mais malheureusement sans trouver d'ouverture. Ceux qui avaient fait appel à lui ont donc reçu sa réponse à travers son conseiller diplomatique.
La lettre (elle m'a été fournie par l'un des signataires, que je remercie) reconnaît que le «cas délicat et dramatique du petit Charlie Gard» est «une histoire particulièrement douloureuse, qui touche la conscience de chacun d'entre nous et soulève des questions complexes».
Dans la lettre (arrivée la veille de la décision de la Cour) on lit encore: «A la suite de votre demande, on a immédiatement approfondi la possibilité d'une intervention de caractère politique ou concernant le 'status civitatis' du petit Charlie, et les options, tant en raison de l'imminence de la décision de la Cour que de la circonstance qui voit l'affaire dans les mains du système judiciaire britannique, ne semblent malheureusement en aucune façon envisageables».
La lettre se termine par l'expression de «proximité personnelle et de solidarité» aux signataires «et dans l'idéal, au petit Charlie et à sa famille».
On peut concevoir que le Président Mattarella ne disposait pas des prétextes juridiques pour intervenir, mais au moins il a essayé d'étudier l'affaire, il a manifesté de l'intérêt et il a voulu exprimer ses sentiments de douleur et de solidarité à Charlie et à sa pauvre famille.
Cela semble peu, mais par les temps qui courent, un peu d'humanité et de sensibilité, c'est beaucoup.

PS: A 20h30 le Pape Bergoglio s'est partiellement rendu au siège avec un tweet hypocrite où il ne mentionne jamais Charlie : «Défendre la vie humaine, surtout quand elle est blessée par la maladie, est un devoir d'amour que Dieu confie à chaque homme».
Reste la mauvaise image. Un vrai pape ne se comporte pas ainsi.