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La boule de démolition du Pape

Encore à propos de Malte. La brillante analyse du Spectator (28/1/2017)

>>> Voir aussi
¤ Démission du Grand Maître de l'Ordre de Malte
¤
La lettre du Cardinal Parolin à l'Ordre de Malte

>>> Ci-dessous: la fameuse boule de démolition qui illustrait un article de Damian Thompson dans le même "Spectator" en novembre 2015

Encore une semaine où François désoriente et punit les catholiques

George Neumayr
spectator.org/the-papal-wrecking-ball
27 janvier 2017
Ma traduction

* * *

Sous François, la nouvelle orthodoxie est l'hétérodoxie et malheur à ceux qui ne se conforment pas à elle. Des gros titres de cette semaine annonçaient que le pape «avait repris les Chevaliers de Malte à la suite d'un conflit [à propos] de préservatifs».
Dans le passé, un tel titre aurait suggéré une réprimande du pape motivée par la distribution de préservatifs. Ici, il se réfère à François punissant une organisation coupable d'avoir congédié un fonctionnaire impliqué dans la distribution de préservatifs. François avait été consterné par l'éviction d'un "officiel" des Chevaliers de Malte chargé de superviser la branche humanitaire de l'ordre, qui avait fait distribuer des contraceptifs aux prostituées et aux travailleurs humanitaires en Asie.

C'est une histoire complexe: en substance, cet officiel avait des amis "libéraux" haut placés au Vatican qui se sont précipités pour le faire réintégrer après qu'il ait été destitué par le chef des Chevaliers de Malte. Le résultat de tout cela est que le conservateur qui a viré le libéral est maintenant parti (forcé par François), le libéral a été réintégré à son ancien poste de grand chancelier, et l'ordre ex-souverain est désormais sous le contrôle du Pape François pour avoir dévié de ses intentions libérales.

Christopher Lamb, dans The Tablet (l'équivalent anglais de la Croix, ndt), qui est de facto le sténographe des prélats hétérodoxes qui dirigent aujourd'hui l'Eglise, résume la controverse comme une réprimande du pape aux traditionalistes de l'ordre, un camouflet au cardinal Raymond Burke (le conservateur américain qui sert comme chef de son cérémonial [sic] et dont les ailes ont aujourd'hui été rognées par le «délégué» du pape), et une victoire pour les libéraux allemands (que Lamb décrit comiquement comme des amoureux des pauvres à chapeau blanc, par opposition aux horribles conservateurs tellement obsédés par les manières «quasi-monarchiques» de l'Ordre). L' un de ces libéraux est le Cardinal de Munich Reinhard Marx, qui a été sans détour dans son opposition aux enseignements moraux de l'Eglise.

Une fois de plus, les priorités du pape se sont révélées. D'innombrables organisations catholiques, des écoles, et des ordres, à commencer par celui même du Pape, les jésuites, font la promotion de toutes sortes d'hérésies et de scandales. Pourtant , il n'a jamais levé un doigt pour recadrer le moindre d'entre eux. Au contraire, ils reçoivent ses louanges chaleureuses. Seuls les conservateurs tombent sous ses foudres. Il est indulgent pour tous les troupeaux, sauf celui de ses fidèles, qu'il arrose d'épithètes, de «rigides» à «enclins à juger» et «névrotique».

François a approuvé l'utilisation du préservatif (pour arrêter le virus Zika) et dit aux catholiques de ne pas reproduire «comme des lapins». Il est donc parfaitement cohérent que Paul Ehrlich, le plus extrême défenseur du contrôle de la population de l'histoire (qui a appelé à l'avortement et à la contraception obligatoire pour «sauver la planète»), ait été invité à une conférence du Vatican en Février sur le thème «Extinction biologique» (cf. Le Docteur Folamour au Vatican). Sous François, le Vatican est devenu un aimant pour la plupart des militants anti-catholiques d'Occident, dont beaucoup ont contribué à l'encyclique du pape sur le réchauffement climatique.

L'invitation d'Ehrlich jette une lumière sur la controverse des Chevaliers de Malte et le charabia relativiste que les collaborateurs du pape ont utilisé pour tenter de l'expliquer. Le secrétaire d'Etat du pape, le cardinal Pietro Parolin, a écrit au Chef des Chevaliers de Malte (il s'agit d'une lettre précédente, ndt) que mettre à la porte un fonctionnaire impliqué dans un scandale de distribution de préservatifs est contraire au «dialogue», mais le pape «n'a jamais parlé de renvoyer quelqu'un!». Sauf les conservateurs, bien sûr. Il a juste renvoyé le destinataire de cette lettre. Avec toute son incessante rhétorique sur l'«autonomie» et «le respect des différences», François est le pape le plus autocratique et le plus féru de purges depuis de nombreuses décennies. Il est le libéral «tolérant» par excellence qui a pris le pouvoir par la désobéissance (comme archevêque de Buenos Aires, il n'a pas tenu compte des directives du Vatican), puis conserve le pouvoir en exigeant l'obéissance absolue des autres.

S'il appelait à l'obéissance à l'enseignement de l'Eglise, personne ne pourrait le blâmer. Mais ce n'est pas le cas. Il appelle à l'obéissance à ses propres caprices modernistes. Alors qu'il purge les conservateurs de l'Église, il dégage la place pour ses ennemis. Des couloirs de l'ONU aux salles de La Havane et de Pékin, les hommes politiques anti-catholiques peuvent toujours compter sur lui pour minimiser leurs empiétements sur l'Eglise, comme le prouve sa scandaleuse récente interview (à El Pais, ndt) dans laquelle il dit que les catholiques chinois peuvent «pratiquer [leur] foi en Chine». Non, ils ne le peuvent pas. Ceux qui sont fidèles à l'orthodoxie catholique sont traités avec brutalité.

Comment se fait-il que le pape puisse regarder les communistes chinois avec tant de bienveillance tout en considérant les catholiques conservateurs si sévèrement? Les futurs historiens trouveront stupéfiant qu'au début du XXIe siècle, le pape n'ait pas tant protégé les catholiques qu'il ne s'est associé à leur persécution.