Benoit-et-moi 2017
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La croisée des chemins

Quatre ans après le début de ce Pontificat chaotique, un blogueur très actif (et très influent) se pose des questions incontournables. Qui valent aussi, au moins en partie, pour mon modeste blog, qui fêtera bientôt son 11e anniversaire (13/8/2017, mise à jour le 15)

Je ne m'interdis évidemment pas de continuer mon activité avec ce blog commencé dans l'enthousiasme et la joie il y a maintenant 11 ans (en août 2006, mais c'était dans un contexte bien différent, et Benoît XVI était une personnalité réellement inspirante, qui vous portait vers le haut), mais je pourrais aujourd'hui écrire pour moi-même, non sans une pointe de lassitude, une grande partie de ce que dit ici le rédacteur du blog OnePeterFive.

Extrait (où je me reconnais parfaitement) de son article Quo vadis - dont on trouvera une traduction sur le site Dieu et moi le nul.

Vous avez peut-être remarqué que notre publication a été légère cette semaine. J'ai aussi remarqué. Ce qui me demandait quelques heures à écrire semble prendre plusieurs jours. Mes réserves sont à sec. Je sens que chaque jour commence à être comme du déjà vu — les mêmes histoires ou une variation sur les mêmes thèmes, encore et encore, jusqu'à ce qu'on ne sache plus si on l'a déjà vu.

(...)
Y a-t-il un Catholique honnête sur la terre qui ne reconnaît pas la folie totale de ce qui se passe dans l'Église ? Lorsque j'ai commencé ce boulot, les défenseurs de cette papauté et des mesures prises dans son «programme de réforme» étaient légion. Le défi à l'époque était de les réveiller.
Aujourd'hui, le défi est d'empêcher les gens qui se sont réveillés de ne pas sauter par-dessus bord du navire.

(...)
Je ne veux plus vous raconter les mêmes vilaines histoires jour après jour. Je ne veux pas que ce soit l'endroit où vous allez lire le dernier outrage, raviver les feux du mécontentement, perdre votre paix d'âme. Ce que je commence à comprendre, c'est que la bataille a réellement glissé sur un front différent, et le moment est venu pour nous aussi.

Le scandale rend dépendant (/comme une drogue). Ce n'est pas nous qui le fabriquons ici, mais nous l'avons mis en évidence. Nous croyons que les fidèles ont le droit — et même le devoir — d'être informés. Mais à un moment donné, nous devons tracer une ligne.
Alors que faisons-nous maintenant? Où allons-nous maintenant?

(...)
Mon amie Hilary White m'a dit récemment qu'elle pensait que nous avons été trompés et que nous avons joué le jeu de l'ennemi. Ils font quelque chose d'horrible et nous réagissons. Encore et encore, ce cycle se répète, jusqu'à ce que nous réalisions soudain que cela fait longtemps que nous jouons à leur petit jeu. Vous avez peut-être remarqué qu'elle a fermé son blog, What's Up With the Synod? Cette prise de conscience — et la conviction alarmante que ce n'est bon pour aucun d'entre nous — a été parmi les raisons qui l'ont poussée à cette décision.

(...)
Je sais dans mes os que l'Ennemi s'est servi de nous — nous tous qui sommes frustrés et déçus — dans ses projets pour la papauté. François est peut être celui qui détruit la crédibilité de cette fonction mais il le fait avec notre aide. Tout comme aucun de ceux d'entre nous qui ont vécu la crise des abus sexuels ne fera encore confiance à un prêtre autour de nos enfants, même si nous le voulons ceux d'entre nous qui ont vécu cette crise de la papauté auront probablement toujours un réflexe de méfiance envers le Successeur de Pierre. Nous oublions comment respecter la fonction parce que l'homme occupant cette fonction s'est comporté de manière si irrespectueuse. Nous perdons une partie essentielle du sensus fidei. Nous devons faire très attention à nous protéger contre une amertume impossible à déraciner.

Dans le prolongement de cette réflexion, le dernier billet de Marco Tosatti rend compte d'une ouvrage de parution récente, au titre éloquent, “Disorientamento pastorale. La fallacia umanistica al posto della verità rivelata?” [Désorientation pastorale. La fausseté humaniste à la place de la vérité révélée] (Danilo Quinto, préface de Mgr Antonio Livi).
Même s'il est peu probable que mes lecteurs liront le livre (c'est sans doute dommage, mais il est encore moins probable qu'il sera traduit dans notre langue), le billet de Marco Tosatti vaut la peine d'être médité, et il n'est pas sans rapport avec ce qui précède car il explique d'une certaine façon les raisons pour lesquelles il est de plus en plus frustrant de suivre ce pontificat erratique.

Avec l'auteur, et Mgr Livi, il s'interroge:

Pourquoi la liberté du discours du pape, et sa désinvolture à traiter des problèmes en présence de journalistes et d'étrangers font-elles en sorte que beaucoup de discours et d'initiatives du Pape François sont «vus par l'opinion publique comme une réforme radicale, sinon une authentique révolution, de l'Eglise catholique, avec le rejet apparent du magistère d'avant le Concile Vatican II, l'adoption systématique du langage du libéralisme théologique et l'abandon complet au message évangélique en termes dogmatiques»?

Nous savons que tout ce qui est dit par le pape n'a pas une signification autentique de «magistère»; «mais les mots du Pape Bergoglio sont interprétés par les médias d'inspiration anti-catholique (c'est-à-dire malheureusement presque tous les médias) comme une expression de reformulation radicale de la doctrine chrétienne».

D'où la confusion et la désorientation, de plus en plus palpable parmi les «fidèles de la rue»; d'où le livre de Danilo Quinto, un livre très documenté et plein de citations et de références. Non seulement aux prises de position plus ou moins improvisées et surprenantes du Pontife régnant, mais aussi, en contrepoint, à ce qu'écrivaient et pensaient sur les mêmes arguments, les papes précédents, les docteurs de l'Église et les saints.

C'est, à mon avis, un livre précieux et déprimant. Déprimant parce que la répétition quotidienne efface une grande partie de la mémoire, et nous empêche de nous souvenir, l'un après l'autre, des motifs de doute ou de scandale pur et simple occasionnés par les paroles d'un pontife dont peut-être la prudence et le jugement pondéré ne sont pas les vertus les plus évidentes. «En pleine conscience», écrit Danilo Quinto, «je dirais que tous les jours - même l'homélie quotidienne est un fait surprenant - le pape utilise une langue qui se prête à l'ambiguïté et engendre la confusion par rapport aux dogmes de l'Eglise catholique».

La liste est longue. Épisodes, prises de position, éloges (celui à Emma Bonino est exemplaire dans son - disons les choses ainsi - ingénuité), lecture problématique de l'Evangile; si longue qu'il serait excessif de la compléter.
(...)

Mise à jour du 15/8

Deux réactions de lecteurs

"La croisée des chemins"
Vous donnez un extrait du blog OnePeterFive où vous dites vous reconnaître. Il semblerait au contraire que nous ferions vraiment le jeu des manipulateurs et donc de Satan, si par lassitude ou dégoût, nous arrêtions de dénoncer les scandales provoqués par ce pape. "A leurs fruits vous les reconnaîtrez".
Que se serait-il passé si St Jean Baptiste avait arrêté de dénoncer les scandales d'Hérode, si NSJC avait cessé de reprendre les Pharisiens, sous prétexte qu'ils représentaient l'autorité religieuse. Bien entendu, nous ne sommes pas Jésus, ni St Jean, mais nous avons un devoir de signaler les loups à nos frères. Il y a une complicité évidente entre ce pape et les forces de la contre-église et cela apparaît de plus en plus évident. Renoncer d'en parler sous-prétexte que c'est démoralisant pour les lecteurs me semble bien une tentation du Diable. Bien à vous et continuez
JD

D'accord avec vous sur votre billet du 13 août. Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets: François restera toujours égal à lui-même. Suite à son élection, il a choisi un nom de pape qui n'avait jamais été choisi; en plus pas de numéro. Était-ce avec l'idée de relancer l'Église dans une nouvelle orientation? Comme évêque de Buenos-Aires, il pouvait faire des déclarations, prendre des initiatives que personne ne contestait, n'analysait. Le Souverain Pontife ne le peut pas. Son style «bon-enfant» ne convient pas à la dignité de sa charge. Il n'a pas su s'entourer de conseillers sûrs qui connaissaient le milieu romain et les coutumes du Vatican. Son style de vie personnel ne regarde personne, mais quand le chef d'État et d'Église parle et agit on s'attend à plus. En plus, il y a l'ombre d'un grand pontife qui le domine et le fait paraître bien «petit». Je lis régulièrement les chroniques du P. Schall, jésuite américain, qui n'est pas tendre à son endroit. De même, au Catholic World Report, etc etc. Sans vous astreindre à un billet par jour, pourquoi pas un billet par semaine.
Merci pour votre «apostolat» à défendre la mémoire d'«grand». MC